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Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 09 oct. 2016 13:27
par Dub
Épisode I: L’attaque du clone
Hifiman persiste et signe: leur nouveau vaisseau amiral se dénomme, une fois encore, HE-1000 – mais avec en sous-titre: V2. Rien à voir avec la bruyante invention de Wernher von Braun, puisque le terme “Vergeltungswaffe” n’a jamais voulu dire “casque audio pour mélomane”, et que l’abréviation vaut ici pour “version 2”. Il se trouve que, grâce à Pierre Paya, j’avais eu la chance de pouvoir essayer son prédécesseur et que, de mémoire – car je n’ai, je l’avoue, pas relu mon CR et les dieux de l’Olympe m’ont, je le concède, heureusement affligé d’une mémoire sinon déficiente, du moins plus du côté du poisson rouge (la vraie, quand même, pas la légendaire) que de celle du dauphin ou de l’éléphant.

Quoi qu’il en soit, il me semble que j’avais, lors de ma Rencontre du premier type, éprouvé certaines réticences, puis finalement apprécié le HE-1000 “premier du nom”. En gros, j’étais passé de quelque chose comme: “ah oui? mais en fait non…”, à un: “euh… non, mais finalement: oui!”. Tout ça pour dire qu’on imagine bien que j’étais fort curieux face à l’attaque récente du second, qui est récemment monté au front, à Hong Kong, au début du mois d’août passé (un peu plus de 100 ans, jour pour, après le début de la guerre de 14 – ce qui suffirait, si besoin était, à justifier la métaphore militaire). S’agit-il d’un rhabillage cosmétique, autrement dit d’un simple clone, celui d’un rétrospectivement dénommé V1 ou d’un nouveau petit frère, certes de la même famille, mais dont le prénom indiquerait une personnalité distincte? Je le redis, je ne suis pas sûr de pouvoir répondre par une vérité absolue, car ma mémoire n’est pas parfaite, comme je le disais il y a à peine 10 lignes – j’espère que tu n’as pas déjà oublié. Et surtout parce que, comme on le verra, le HE1000 ne peut selon moi en aucun cas être honnêtement apprécié en sortie de carton…
Il y avait de quoi être curieux: aussi ai-je immédiatement accepté la proposition conjointe de Pierre Paya et de Josselin Marvie (de Hifiman Europe) d’avoir le dit-casque en prêt, avec un petit CR à la clef (ce que je fais, depuis quelques temps, à chaque fois que je croise un casque*).
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Dans toute rencontre, l’essentiel, c’est aussi les préliminaires. Que dire sur le V2 à réception? Pour ceux qui ont déjà vu le HE1000 V1: rien, ou pas grand chose. Même boîte luxueuse qu’on n’a aucune envie d’aller abandonner dans une cave ou un grenier, et qui permettra de ranger son casque, bien à l’abri de la poussière et de la lumière. Même casque superbement construit, dans les mêmes matériaux que son prédécesseur (harmonisés, ton pour ton avec ceux du coffret). Casque extrêmement confortable (je l’ai quand même gardé 4-5h en continu sans aucune fatigue) et ce malgré un poids annoncé à 420g (contre 480 pour le V1). J’y insiste, car c’est l’un des critères dont on finit par mesurer l’importance sur la durée, on est très largement au niveau des HD800 et autres AKG K70X, alors que le premier n’affiche que ~330g (soit un très gros tiers de moins) et mon K702, 235g (soit largement deux fois moins), et que je les range parmi les plus confortables du marché actuel.

Le bandeau, à la fois très souple et aéré, et le système de réglage haut/bas à cliquets couplés à des oreillettes montées sur pivot garantissent un ajustement à la fois parfait et rapide de manière presque automatique. Ajoutons-y, livrés avec le casque, ses trois câbles: un asymétrique à terminaison jack 6.35, un symétrique avec XLR 4 points et un asymétrique avec mini jack 3.5 – en cuivre OCC, mais surtout d’une très confortable longueur de 3m! Enfin un constructeur qui a compris qu’un câble d’un mètre ou même 2, c’est loin de suffire, et que, selon les contextes, l’utilisateur apprécie énormément de ne pas se demander, dès réception, juste après l’achat, quelle rallonge il va bien pouvoir utiliser. Bref, ici, même moi qui écoute assez loin de l’ampli, je ne suis pas obligé de me coucher par terre et, si le câble ne traîne pas par terre, au moins, il n’y a aucune tension mal venue.
De ce point de vue donc, c’est un quasi sans faute, qui mettra puisque tout le monde d’accord, des adeptes de l’asymétrique (qui doivent avoir le droit de pratiquer librement leur culte!) aux membres de la secte du full symétrique (dont je fais partie, mais sans prosélytisme!), en passant par les disciples du nomades. Et ce, même si – j’en préviens à l’avance – ça m’étonnerait que ces derniers puissent obtenir des résultats au-dessus de corrects ou moyens dans ce genre de configuration, à moins (mais même là j’ai des doutes) d’en passer par du matériel bien choisi et pas d’entrée de gamme. Hors de question, par exemple, de brancher ce casque sur son téléphone portable! Parfait donc? Et bien, juste pour chipoter, pour ma part, j’aurais tout de même préféré une liaison câble/casque sur des mini connecteurs XLR (à verrouillage) à des ultra mini jack… Pas forcément parce que je croirais dur comme fer à une différence de résultat audible, mais plus simplement parce que, sur la très grande durée, les mini connecteurs XLR seront plus fiables (je ne crois pas un mot du contraire), et aussi parce qu’ils permettront d’utiliser beaucoup d’autres marques de câbles, au lieu d’être enfermé dans une seule via les connecteurs.
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J’ai cru lire quelque part que les ultra mini jacks seraient vissables… Pour ma part, je n’ai trouvé de tel – et de toutes façons, si on vissait les ultra mini jacks côté oreillettes, le câble s’entortillerait immanquablement, ce qui rendrait ce système peu pratique. Tu me diras qu’il vaut mieux des ultra mini-jacks qui se déconnectent que des mini connecteurs XLR qui s’arrachent quand on marche sur le câble. À quoi je répondrai que si tu marches sur le câble, faut surtout pas que tu achètes un casque, et encore moins celui-là, et que de toutes façons, si je devais acheter le HE1000, je le ferais recâbler en liaison directe par qui tu sais.

Les pads aussi ont changé, puisque là variation d’épaisseur avant/arrière est nettement plus large. Reste que, pour re-chipoter un re-petit re-peu, si on n’est plus sur des pads en velours, c’est pour un plastique polyester, c’est-à-dire du simili cuir massif. En soi, je n’ai rien contre, mais sur les très longues durées, j’aurais préféré un effort de recherche vers des pads en cuir véritable avec un perçage étudié pour obtenir le même effet de filtrage général. Ça n’est pas tant la soi-disant noblesse du matériau que j’ai en tête (et dont je n’ai pas grand chose à faire), que le fait qu’un casque de ce genre doit pouvoir se garder au moins dix ans (voire trente), et que, par expérience, les coussinets en simili finissent toujours par dessécher et tomber en poussière. Il est possible, cependant, que cette solution ait été envisagée, puis écartée – ou encore qu’Hifiman sorte un jour d’autres pads en option… Raison de plus pour ne pas concevoir la boîte de rangement (à laquelle il ne manque qu’un cliquet qui permettrait de la garder ouverte sans risquer de la prendre sur les doigts quand on retire le casque) comme un simple gadget, mais comme un lieu de rangement isotherme et à l’épreuve des rayons du soleil.
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Ces deux réserves très mineures mises à part, ce casque est un modèle de confort et d’ergonomie, et le packaging est bien pensée, complet et sans mauvaise surprise.

Sur les spécifications de ce casque, RAS dans l’ensemble – certes, dans le détail, il faut aller voir sur le site du constructeur pour prendre connaissance des différences fines – puisque ce sont les mêmes: 35 Ohms, comme pour un certain Kennerton Odin, mais avec une sensibilité très moyenne, à la limite de basse: 90dB [annoncées à 1kHz] pour 1mW. On est donc au-dessus des 85db de l’Abyss (et largement au-dessus des sensibilités du HE6 ou de l’AKG K1000), mais même si le paraît, au moins sur le papier, réclamer environ 4 fois moins de puissance, le couplage basse impédance/sensibilité moyenne demandera un ampli capable de tenir, en particulier en tension. Encore une fois, il y a “pire” (ainsi les… 3 Ohms de l’Ergo AMT), mais il faut tout de même s’attendre à ne pas parvenir à amplifier ce casque avec n’importe quoi – du moins, à ne pas l’amplifier comme il faudrait. Dont acte d’ailleurs, puisque, une fois branché sur mon Audio-GD Phœnix, il faut monter le potentiomètre autant qu’avec mon HD800, alors que les caractéristiques en sont à l’opposé, pour obtenir le même volume subjectif. Et même chose sur le Little Dot VI+. Je te vois plisser le museau, un peu comme mon chien quand il aperçoit un hérisson: concrètement, par quel bout prendre ce machin? À mon sens, il faudra commencer par éviter tous les amplis dont les constructeurs refusent d’indiquer la véritable puissance disponible, voire ne donnent aucune donnée utile (appareils qui, d’ailleurs, devraient être interdits à la vente, car àmha ça revient à vendre des chaussures par correspondance en refusent d’indiquer leur taille, et en rendant presque impossible de les essayer: même sur les tongs il y a les indications qu’il faut!). Bref, mieux il faudra se diriger vers un ampli procurant au minimum 1 vrai Watt sous 35 Ohms (et j’ai bien dit au minimum).

Des exemples? Me viennent à l’esprit, sous la barre des 300€, Lake-People G103 ou mieux encore, Amity HPA-9, sous celle des 800€, Violectric HPA-V200 ou (re-mieux r’encore) Amity HPA-10 – ou encore, vers les 1200/1500, on pourrait penser à deux “tout-en-un” comme le Moon Audio 230HAD ou l’Audio-GD NFB27 [version 2014] (celui-ci étant utilisable en symétrique). Dans les tubes, en symétrique et autour de ~1200€, je songerais (évidemment) au Little Dot VI+ (que je connais bien), ou, autour de ~2300 et en asymétrique, à l’Audio Valve RKV-2 (quitte à regarder quelles PCL805 y inclure). Au-dessus, comme chacun le sait fort bien, on pourra se lâcher autant qu’on veut, et ce ne sont pas les solutions qui vont manquer, de Viva au Pinacle, en passant par Luxman, Pass Labs, Eddie Current BA, WooAudio etc., etc.

J’y ajoute de mon côté, pour faire bonne mesure, une autre possibilité, qui consisterait à s’offrir un adaptateur Hifiman pour HE6 (voire, pour les puristes à le construire soi-même), et à l’utiliser sur un Prima Luna Prologue, un Leben CS300, un Audio Valve Assistent, un Manley Stingray 2, ou un Atma-Sphere S30… Là encore, les possibilités sont largement ouvertes (et je n’ai pas même compté les petits intégrés à transistors, ni les modèles vintage à tubes auxquels on pourrait songer).

Cdlt ;-/

(à suivre)

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 09 oct. 2016 13:28
par Dub
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Bon… Et chez moi tu vas me dire? Et bien, rien de neuf sous le soleil:

- un petit Audio-GD Phoenix à transistors :
http://audio-gd.com/Pro/Headphoneamp/Ph ... enixEN.htm – parfois un peu léger sur les très hautes impédances (je n’y brancherais jamais un Beyer T1, mais……), mais opérationnel dans ce cas, même si ça ne serait pas mon premier choix côté association ;

- un Little Dot Mk VI+ à tubes
http://www.littledot.net/forum/viewtopi ... c28078b837 – qui pourrait être un peu “léger” dans l’absolu sur des impédances très basses, mais s’avère tenir le choc en l’occurrence (et aurait ma préférence).
Et derrière, un DAC 2 de chez Wyred4Sound, un Mac Mini (embarquant désormais Audirvana) en lecteur, et quelques autres bricoles, histoire de pouvoir aussi se passer des 33t, des DVD etc. Il y a mieux comme ampli casques? Oui, évidemment, mais l’essentiel, c’est surtout qu’il y a nettement pire, d’une part – et aussi que, dans des tarifs encore accessibles au commun des mortels, il n’y a pas tant de choix ce que l’on pourrait croire, surtout si on veut du symétrique, voire du symétrique et du tubes (quand au reste, et pour les autres “objections” que j’ai déjà entendues, en particulier sur le Little Dot, mieux vaut que je n’en dise rien).
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Bon, c’est pas le tout de ça, mais je t’entends déjà râler que “c’est bien gentil, mais comment ça sonne, et que d’abord c’est pour écouter et que gnagnagna” (alors que t’avais qu’à sauter des lignes, non mais sans blague!).

La première chose à avoir en tête, c’est que les impatients auront sans doute du mal. En sortie directe de carton, sur un modèle tout neuf donc, c’est, pour dire le moins, “enrhumé” à tendance “bronchiteux”. Et ceci, pas seulement par rapport aux souvenirs qui subsistent ça et là dans ma cervelle de moineau, de l’écoute du son prédécesseur. Je veux dire que c’est certes “pas mal”, mais ça ressemble tout de même trop à ce qu’un DAC de chez Cyrus pourrait donner neuf, ou après qu’on l’ait débranché pendant quelques mois… De ce point de vue, un essai en magasin sur un exemplaire qui n’aurait pas tourné suffisamment ne pourra en rien être concluant – voire, c’est mon point de vue, sera déloyal. Donc, en brut de décoffrage, on sent bien un potentiel, très nettement, même, mais on entend surtout une sorte de tassement général de la dynamique, et une extinction générale du signal: même la Folia de Savall donne un résultat morne et monotone, et ça ne “respire” pas. Rien d’affolant, d’ailleurs, pour moi, car c’est très caractéristique d’un matériel qui est encore “froid” et réclame quelques dizaines d’heures pour se lâcher… Mais cela signifie qu’on aura probablement des retours très différents suivant que l’on aura pris soin ou pas de le faire tourner un certain temps avant de se prononcer. Or, il se trouve qu’ici, c’est particulièrement évident: gare aux avis trop rapides et inéquitables!

Ce qui me fait dire cela, c’est qu’après l’avoir laissé tourner (sur l’AGD) pendant une bonne vingtaine d’heures, c’est déjà mieux: il a déjà les alvéoles qui se déplissent et les sinus qui se dégagent. Le changement est très net: le même morceau de Savall (plage 1 du disque la Folia) commence à chanter comme il le doit, et le placement des instruments, auparavant imprécis, se met en place, avec une belle image, large et ouverte. Qui plus est, même si l’écoute me paraît, comme on dit “descendante”, dans le style des Sennheiser (540, 545, 560, 580, 600, 650, etc.), il ne manque pas d’aération dans le haut médium et l’aigu. J’ai même eu l’impression, en écoutant certains morceaux, comme un enregistrement public de Ferré à l’Olympia datant de 73, qui m’avait paru (presque) mélodieux sur le premier HE1000 (alors que sa qualité est, d’emblée, assez catastrophique, avec un son agressif, maigre et projeté), que ce disque redevient très normalement “difficile” – pas autant qu’avec un K1000, un HD800, un D1000 (etc.), mais ça me paraît très net. Il se pourrait donc bien que la version 2 soit nettement moins “descendante” que ne l’était la précédente, et ce même si l’air de parenté est plus qu’une apparence, une réalité.
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Voilà une perspective enthousiasmante: il se pourrait bien qu’Hifiman nous propose enfin un véritable “hyper-HD600”, doté de la même magie que ce Sennheiser d’anthologie, mais en XXL, et un successeur du HE-6, que j’ai possédé brièvement, mais qui m’avait plus que marqué comme un “très grand” casque, avec comme seuls bémols le confort moindre, et une petite facilité à se laisser irriter dans le haut médium. Ce qui, d’ailleurs m’indique clairement les essais qu’il faudra faire: les comparaisons les plus intéressantes pour moi seront avec le Jecklin Float PS2 et l’Ergo AMT, d’une part, et avec le Kennerton Odin, de l’autre, et l’enjeu sera celui de “l’euphonie”, comme on dit.

Car, qui plus est, l’association avec le Phœnix, lequel est un peu feutré dans le haut médium (ce qui marche bien, par exemple, avec le Sennheiser HD800), ne convient pas au HE1000. Le passage sur le LD6+ me l’indique très nettement: c’est tout de suite nettement plus chantant et plus beau, et ce, même si je continue à entendre des tassements et un côté un peu crispé – indice, selon moi, qu’il ne serait pas honnête d’attribuer au casque ce que j’entends! Il faudra donc à la fois soigner l’association avec l’ampli et consacrer du temps au rodage.

Quoi qu’il en soit, je me suis passé quelques morceaux durant ce week end, avec quelques intervalles – tirés de La Folia, de Ferré à l’Olympia 73, du premier disque de Cohen sorti en 1967, de Nougayork de Nougaro, de Gilmour à l’Albert Hall, des suites de Bach par Casals, etc. Et ce avec le même résultat à la fois encourageant et décevant s’il s’agit de faire un CR définitif : 1) c’est très beau, mais 2) impossible de se faire une idée après si peu de temps. L’écart entre le Samedi et le Dimanche, d’ailleurs, est très significatif: même progression dans l’ouverture et l’aération, dans le haut médium et l’aigu. Mais de plus, j’ai écouté, dimanche matin, Love on The Beat de Gainsbourg, entier alors que je n’avais écouté que la plage 1 la veille: le même phénomène de libération se produit dans le grave, qui gagne à la fois en ampleur et en précision. Ce qui me fait croire que le rodage sera long, tant ça ressemble à ce que j’ai déjà entendu – à deux reprises – lorsque j’ai acheté successivement deux AKG K1000 NOS.
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Vue la différence entre le point de départ et les résultats du lendemain et du surlendemain, il me paraît évident qu’il faut impérativement laisser du temps au temps, sous peine de passer à côté, car ce n’est pas là un casque qui se donne immédiatement au premier venu. D’ailleurs, c’est pas difficile, vu que j’ai le temps, le laisserais bien continuer à “se faire” tout doucement pendant six jours complets, ce qui fera un total passant le cap des 150 heures. Oui, tiens, voilà, puisque tu insistes, je fais ça, et je t’en recause après!

Cdlt ;-/

[Fin de l’Épisode I]


* Histoire de rassurer ceux que ça “inquièterait”: non, le casque ne m’est pas “offert”; non, je n’ai pas l’intention de l’acheter, même à tarif réduit; et non, ça ne m’empêchera pas d’en dire “ce que j’en pense” (ceux qui ont au moins autant de mémoire que ma tête de linotte de chien savent que je n’avais pas du tout aimé l’Edition X, y compris branché sur mon iBasso DX50)…

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 09 oct. 2016 14:18
par alphatak
:8 :p :drool:
Énorme premier épisode ! Je conserve un excellent souvenir de la première version de ce casque et c'est peu dire que j'attends la suite de ton aventure avec impatience ! :jap:

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 09 oct. 2016 15:53
par Chemichti
Ah, Dub, que je trouvais silencieux, était à l'œuvre...
Dela belle ouvrage, comme d'hab...

On attend la fin des 150 h avec impatience....oh, pardon! "On" étant un imbécile, J' attends en rongeant mon frein...Merci pour cette première prise...de son!

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 09 oct. 2016 16:19
par oswald66
Toujours un plaisir de te lire :jap:

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 17 oct. 2016 17:12
par Dub
Épisode II: L’Empire contre attaque

Comme je suis rentré du boulot vendredi, à pas d’heure, la première chose que j’ai faite – après avoir vérifié que le rodage était bien en route, et que le HE-1000 avait bien régulièrement reçu tous les signaux lui demandant comment il répondrait – c’est d’aller me coucher! N’empêche donc qu’il est bien resté branché environ 170h jusqu’à ce samedi midi… Il est possible qu’il continue à évoluer par la suite, mais il me semble que ça devrait déjà avoir largement contribué à lui déplisser les alvéoles. J’ai donc pris le temps, pendant le temps que je consacre quotidiennement à m’humecter d’une bassine de café afin d’enclencher mon processus de résurrection matinal, de faire chauffer à feu doux mon petit Little Dot VI+. Car je reste quand même sur l’idée précédente, suivant laquelle l’AGD Phœnix n’est peut-être pas la meilleure association en l’occurrence (et de toute façon, les deux appareils provenant des lointaines contrées où le soleil se lève, l’infraction à l’impératif de l’écouter français que certains, en vertu d’un patriotisme renouvelé, nous assènent reste, dans les deux cas, de même gravité). Étant repassé de ma forme nocturne lyophilisée à un état plus consistant, j’attaque donc le second broc de café (j’ai beau être tombé dedans quand j’étais petit, j’y ai droit) et, simultanément une première session d’écoute.

Histoire de me remettre ce casque dans les oreilles, je me ressors donc les deux albums de Gaingain, Rock Around The Bunker et L’Homme à la Tête de Chou, sortis respectivement en 75 et 76 – en 33t.

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Le premier constat, c’est que ça a effectivement assez nettement évolué depuis la semaine dernière. Évidemment, c’est le “même” casque, car jamais un rodage ne transformera les chiens en chats. Mais ça s’est considérablement ouvert: terminé cette impression d’une sorte de voile ou de flou général, en particulier dans le haut du spectre, et même si je ne pense pas que le grave descende plus bas, mais l’assise dans cette zone s’est affermie et il en résulte une image un peu plus large (j’ai vérifié en réécoutant Love on the Beat, de l’album éponyme). Qui plus est, ça me donne l’impression d’une sorte de rééquilibrage général de la signature globale, qui tend vers une écoute à la fois précise dans le haut du spectre et très mélodieuse dans le médium, et surtout sans se trouver en retrait sur aucune zone – ce dont il résulte une écoute en rien agressive, durant laquelle tout passe sans faire froncer le museau à aucun moment. C’est bien l’une des premières fois que je découvre une utilité aussi évidente d’une radio comme Le Mouv’!…

Disons que c’est un peu comme si tu t’étais offert une ou deux caisses de Vin Jaune de l’Étoile (pour moi, ça sera du Vandelle, merci) et que tu en avais ouvert une bouteille juste avant de la pitancher… Le jour où, par hasard, vu qu’il t’en restait, tu as collé la bouteille dans la porte du frigo et où, trois jours après, tu la ressors pour la finir, d’un seul coup tu te dis… que si tu l’avais su plus tôt. Mais là, que ça soit pour le HE-1000 ou pour la pitanche (je le redis, histoire de me faire entendre: pour moi, ça sera une ou deux caisses de chez le même, merci), tu diras pas que je t’avais pas prévenu!

Et donc, comme on est là pour ça, entamons la première comparaison – histoire de voir lequel des deux, de l’Empire de Russie (Россійская имперія) ou de celui de l’Empire de Chine (voire trois si on compte l’Empire américain, qui n’est peut-être pas si en déclin qu’un certain film voulait nous le faire croire), va contre-attaquer le premier. Entre le mignon petit droïde dénommé HE-1000 et master Yodin (le mien est une version 1, mais moddé bandeau kékénerton + “new pads”), lequel des deux retrouvera Luke le premier? May the sound be with them…

Et pour commencer, qu’avons-nous dans la playlist? Rien de bien original, puisqu’on va commencer par la plage 1 du CD La Folia de Jordi Savall:
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Je t’entends déjà d’ici: encore de la viole de gambe! et que ça commence à bien faire, et que pourquoi pas de la flûte des Andes ou des clochettes chinoises pendant qu’on y est…… À quoi je rétorque que a) j’écoute ce que je veux, que b) voilà un instrument que j’ai déjà entendu in situ, ce qui a au moins l’avantage de me donner une référence un peu extérieure pour m’y retrouver et que c) de toute façon, y’a pas le son sur ce CR.

Dès le début du morceau, je suis rassuré avec le HE-1000, car ça n’est pas vraiment une écoute “descendante”: c’est plutôt que l’on n’a pas affaire à une écoute “chatoyante” dans le haut, mais que rien ne manque et que tout est en place, depuis les petites percussions du début, jusqu’aux cordes. La scène est relativement large et n’a plus la tendance un peu “collée dans les oreilles” que j’entendais la semaine passée, et elle est cohérente, malgré une petite tendance à être décalée un peu “en arrière”, comme sur pas mal de casques, électrodynamiques comme orthodynamiques. Pour mon goût, je trouve que, dans l’absolu, un peu d’aération ou de volume de salle, mais il faut préciser que j’écoute ce genre de musique (Savall et le baroque en général) presque exclusivement avec un AKG K1000 et un Jecklin PS2, ce qui oriente mon écoute. Reste que l’assise dans le grave est très confortable, ce qui produit un effet d’ampleur qui compense largement ce détail – d’ailleurs, la plupart du temps, on a tendance à confondre l’ampleur, la largeur de scène et l’effet de salle…

De plus et surtout, on peut ranger le HE-1000 dans le (petit) club des ortho qui ne proposent pas cette légère matité sur le médium et le haut médium que l’on retrouve souvent avec eux, et que pour ma part, surtout avec de la musique baroque ou avec du free jazz j’ai toujours tendance à regretter. Et j’ajoute qu’à mon goût propre, même s’il est évident que je n’ai pas tout essayé, ils ne sont pas si nombreux qu’on pourrait le croire: HE-6, Odin et…… HE-1000. J’ai aussi essayé d’ajuster le HE-1000 de différentes manières, en jouant sur la position du bandeau (le casque ne me paraît d’ailleurs fait pour ce type d’essais), sans obtenir de changement significatif (on est dans les nuances). Mais ça m’a permis de noter qu’il est aussi sensible que le HE-6 à son environnement: il suffit de rapprocher ses mains pour entendre que ça détimbre nettement. Et donc, attention à la position de la tête relativement au dossier, coussin, appui-tête de votre siège préféré durant l’écoute, car ça peut fausser la donne.

En passant sans transition à l’Odin, celui-ci me paraît immédiatement légèrement plus brillant dans le haut du spectre, et d’autre part, plus enrobé dans le médium et sur la viole, laquelle, du coup, paraît aussi un peu plus “grasse” (sans aller jusqu’à une matité, on est dans cette direction. Par ailleurs, le côté “plus de chair autour de l’os” procuré par le Kennerton donne des instruments qui sonnent de manière plus consistante, et principalement la viole de Savall, qui est un peu plus en avant, comme plus proche. La scène sonore est effectivement un peu moins large qu’avec le HE-1000, mais aussi mieux latéralisée, sans la tendance un peu “en arrière” entendue précédemment (j’ai fait quelques comparaisons directes et répétées sur le tout début du morceau et ça me paraît assez net).
Mais surtout, le médium me paraît plus charnu, plus plein. J’ai fait plusieurs aller et retour entre les deux casques sur ce morceau, histoire de cerner cette différence. Disons que les timbres sont peut-être plus riches avec l’Odin, mais qu’ils sont alors plus raffinés avec le HE-1000. Car il serait faux de croire que ça sonne plus décharné avec celui-ci, alors qu’avec le précédent, ça serait empâté. Et c’est la même chose pour le côté plus clair du Kennerton contre le côté plus sage du Hifiman. Il est évidemment impossible de savoir lequel des deux a “raison”, car même si j’avais été présent dans la salle le jour de l’enregistrement, ça dépendrait de la place choisie pour écouter. Il me semble qu’avec le HE-1000, on est un peu plus loin de l’orchestre, vers le milieu, avec une écoute plus globale, qui forme un ensemble unifié, alors qu’avec l’Odin, on est quelque part vers le premier tiers ou le premier quart de la salle, de sorte que l’écoute est plus directe, la séparation des différents musiciens plus accentuée et la viole de gambe est plus en avant et plus présente. Question de goût, je pense, car les deux espèces de place sont intéressantes quand on va au concert.

Passons à autre chose: Too Much Rope de Waters, tiré de l’album de 1992, Amused To Death, mais dans la version revisitée sortie l’année passée, et que j’ai achetée dans un format de fichier annoncé pour du 24/192:
http://www.qobuz.com/fr-fr/info/hi-res- ... eath177461


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Bon, je ne fais pas forcément toute une affaire du format du fichier, ne serait-ce que parce que j’ai aussi cet album en CD, en version long box, en 33t, en SACD et en Blu-ray…… L’album est aussi, voire surtout, intéressant en lui-même, à la fois parce que c’est, pour moi, sans doute l’un des rares albums solo de Waters dans lequel il ait réussi son coup (peut-être même le seul…), et que, de plus, le mixage, qui utilise le procédé QSound (comme PULSE du Pink Floyd), donne des effets intéressants pour se rendre compte de ce dont un casque (ou une paire d’enceintes) est capable.

Avec l’Odin – sur le passage entre ~0’58 et ~1’21 – la “calèche” (célèbre dans certains milieux) circule bien d’une oreille à l’autre sans creux ni à coup. Ce qui n’est déjà pas si mal, si j’en crois tout ce que j’ai pu entendre en faisant cet essai. Évidemment, la capacité à image du Kennerton étant ce qu’elle est, à savoir bonne, mais nettement en retrait par rapport à mon AKG K1000 préféré (ou par rapport à un Ergo AMT, un Jecklin PS2), ni, d’ailleurs, au niveau d’une (bonne) d’une paire d’enceintes, elle ne “tourne” pas en fin de course. Elle continue simplement à s’éloigner latéralement, jusqu’à extinction — et c’est le même phénomène pour son arrivée, qui vient simplement “de loin” de l’autre côté. En d’autres termes, on a la transcription latéralisée (aplatie en 2D) d’un mouvement de demi-cercle (3D). De même, vers 2’05, la moto (pilotée par le même type!) repasse dans l’autre sens avec la même facilité, mais avec le même effet de projection d’un mouvement spatialisé vers un mouvement latéralisé (un peu comme la projection d’une mappemonde sur une carte d’atlas). En revanche à partir de ~3’58 et spécialement vers ~4’23-~4’36, et c’est là qu’on apprécie (énormément!) la capacité de l’Odin à ne pas jeter un voile de matité sur le médium tout en restant modéré et sobre dans ce domaine, la voix de Waters, sans devenir mélodieuse (n’exagérons rien!), devient (presque) supportable, là où un K1000 ne lui pardonnerait sans doute rien (d’ailleurs, quelqu’un devrait se dévouer pour dire à Waters de ne plus chercher à chanter dans l’aigu, voire de ne plus chanter, vu que ça fait quand même bientôt un demi-siècle qu’il n’arrive pas à s’en apercevoir).

Le passage au HE-1000 révèle un léger effet d’estompage sur les impacts de hache (dans le haut grave/bas médium) et ça paraît “moins chargé dans le grave” ou moins “physiologique” – à la comparaison directe, s’entend, car prise en elle-même cette écoute est tout à fait satisfaisante de ce point de vue. Le (même) passage de la (même) calèche s’effectue là aussi sans à-coup ni “trou” ou “saut” d’un point à l’autre, et elle amorce même un léger virage (difficile de savoir si c’est l’effet d’une latéralisation “un peu en arrière”): mais, quoi qu’il en soit – et cela vaut aussi pour l’autre passage évoqué ci-dessus –, la scène est à la fois plus large et plus latéralisée. L’impression générale est celle d’une sorte d’“allègement” général de la restitution, un peu comme si l’Odin avait été cuisiné au beurre et au confit de canard, quand le Hifiman aurait été préparé avec moins de matière grasse. Cela s’entend assez nettement, me semble-t-il, sur les chœurs féminins, qui sont bien en place dans les deux cas, mais plus clairs et plus distincts avec le second qu’avec le premier. Le registre grave peut donner l’impression de descendre moins dans l’infra, mais cela tient, je pense, surtout à ce qu’il se présente de manière plus dégraissée, ce qui le rend aussi plus lisible et moins redondant. Enfin, sur le même passage que celui évoqué ci-dessus, Waters ne chante (évidemment) pas mieux, mais on sent moins qu’il force sur la voix (qu’il n’a pas) pour monter en tessiture (n’est pas Gilmour qui veut!). Bref, c’est sans doute moins précis dans l’exploration du médium/haut médium que pas mal d’autres modèles à tendance crystal clear, mais avec un effet cosmétique en l’occurrence appréciable, qui procure une écoute plus globale et plus intégrée.

Un peu de quatuor à cordes pour continuer, tiré du coffret de chez Decca, dans lequel est ressortie en CD l’intégrale des quatuors de Chostakowitch par les Fitzwilliam:
http://www.deccaclassics.com/us/cat/4557762
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et qu’on peut trouver pour pas cher sur à-ma-zone, ainsi qu’en fichiers, chez qobuz. Et plus précisément l’Élégie du Quatuor n°11 en fa m. op.122.

Ce que j’ai dit, précédemment, à propos des différences de consistance entre les deux casques doit évidemment être modéré: ni l’alto ni le violoncelle ne manquent de corps ou de poids avec le HE-1000, et il ne s’agit certainement pas d’un casque qui transforme l’alto en violon, ni même un violon monté avec des cordes en or, en violon monté en boyau traditionnel. En débutant l’écoute avec ce casque, je n’éprouve aucun sentiment de manque et la restitution est très “méditative”, ce qui convient parfaitement à ce type de musique. Tu vas me dire: “mais bordel! c’est quoi une écoute méditative?!”… À quoi je répondrai que d’abord faut rester poli, et que j’entends par là que c’est le contraire d’une écoute agitée façon Saturday Night Fever. Je veux dire, qui présenterait des excès dans le haut médium et trop d’impact dynamique sur certains instruments, comme le premier violon – comme le font certains casques (que je ne nommerai pas), qui ont tendance à transformer l’écoute des quatuors de Chosta, en y introduisant, de façon inattendue, une ambiance de bal folk… Ce type de restitution peut, bien entendu, être sympa pour écouter du rock (ou les œuvres complètes du dernier nobélisé), mais en l’occurrence, ça revient un peu à s’habiller grunge pour aller à l’enterrement de sa grand-mère. Alors que l’écoute méditative est, comme son nom l’indique, est faite de calme et de sérénité, qu’elle ne te jette pas le médium et le haut médium à la figure, ce qui est très propice à rendre l’atmosphère de ce quatuor n°11, lequel est plus proche de l’expression d’une fin de monde, d’une journée d’hiver où l’on s’approche du tombeau, au milieu de la neige et des nuées de corbeaux, pour enterrer son dernier proche avant de se retrouver seul au monde que d’une fête d’anniversaire: ça n’est pas une légende, Chosta n’était pas d’une humeur aussi enjouée que celle de Cyril Hanouna!

Avec l’Odin, et ce, même en ayant pris soin d’équilibrer les volumes (je m’y suis repris à plusieurs fois avec mon panel de signaux habituels mixés en mono), ça sonne à la fois plus ample et plus volumineux, – le terme “plus” ne signifiant pas “mieux”. Ce que je veux dire, c’est que la “distance” entre l’alto, le premier violon et le violoncelle est plus grande, de sorte que les contrastes sont plus accentués qu’avec le HE-1000. Si l’on y ajoute l’impression de renforcement du haut médium sur le Kennerton, cela donne, dans le premier cas, plus de tension et d’angoisse et, dans le second, une restitution qui tend plus vers l’intime et l’expression d’une intériorité. En somme, c’est réellement une question de goûts, car, là encore, je n’étais pas dans la salle le jour de l’enregistrement, et n’ai jamais entendu les Fitzwilliam sur scène – sans compter que ça ne porte évidemment pas sur le jeu lui-même, mais sur la coloration générale de l’interprétation: à nouveau, c’est un peu comme si on avait choisi d’être plus près ou plus loin des interprètes lors d’un concert.

Changement de décor, avec un morceau de Gilmour, enregistré lors de la tournée “solo” relative à On An Island, le Live in Gdansk: Fat Old Sun. On a quand même au clavier, Richard Wright, donc au total la moitié Pink, ou moitié la Floyd, du Pink Floyd, ce qui est d’autant plus précieux que ce dernier, comme on le sait, nous a quittés à la mi-septembre 2015, juste avant la sortie de l’album. Et bien sûr Guy Pratt à la basse et Phil Manzanera à la guitare.

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Fat Old Sun est une ballade belle et simple, dont l’auteur est Gilmour lui-même, et qui date de 70 (donc ça fait un bail que je l’écoute régulièrement). Il en existe plusieurs versions, certaines, d’anthologie, et parfois assez longues: ainsi celle qui figure dans les BBC Archives 70-71. À mes yeux, la version contenue dans le Live in Gdansk se range parmi les meilleurs. Et pour le reste, chacun peut aller lire le fameux entretien “Full of Secrets” de 2006. Dans la mesure où j’utilise souvent l’Odin pour écouter du Pink Floyd, à force, je n’ai plus grand-chose à en dire, car, à part la scène sonore qui pourrait être plus large pour correspondre entièrement à mon goût, j’ai le sentiment que “tout y est”.
Avec le HE-1000, la scène est plus large, ce qui convient sans doute mieux à du “rock planant”. Certes, la voix paraît un peu moins proche, mais franchement, sur ce type de musique, ça ne change pas grand-chose. C’est peut-être légèrement moins percutant ou “impactant”, comme on dit, dans le grave, mais sans que ça puisse réellement faire objection. Sur l’entrée du solo, vers 3’15, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas “s’y croire”: moins d’impact et de punch, peut-être, mais ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. Pour tout dire, il existe peu de casques sur le marché qui soient capables d’offrir cette qualité et ce résultat. Là encore, c’est bien plutôt une question de goût et, à franchement parler, entre ces deux manières de rendre le même morceau, il me serait difficile de choisir… et je suis donc réellement chanceux de ne pas avoir à me poser la question! En revanche, à la comparaison directe, on entend clairement qu’il ne s’agit pas de deux casques complémentaires, mais plutôt de proches voisins ou de cousins (ou encore, de concurrents). Sur une échelle allant du plus sage au plus exubérant, je rangerais pour ma part: le HE-1000, puis l’Odin et, si ma mémoire ne me trompe pas, HE-6.

Bon c’est pas le tout de ça, mais c’est l’heure de la pause et comme disait l’autre Jacques: café, cigare et pousse cigare!!

M’étant humecté, renicotisé et réhumecté, je passe à un peu de chanson – à de la voix. Soit, successivement: Sorry Angel de l’album de Gainsbourg Love on the Beat (plage 2), sorti en 1984, et, quasi contemporain, Di Doo Dah de Birkin, dans la version du Live au Bataclan de 1987

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Le HE-1000 rend bien justice au Gaingain de cette période: ça tape bien et le couple batterie/basse te me rentre dedans bien comme il faut. Les duretés, en particulier les sifflantes que l’on entend sur la voix – et qui sont présentes dans l’enregistrement lui-même – passent comme une lettre à la poste: voix caractéristique de Gaingain qui, au demeurant, est bien proche. Elles sont sans doute un peu estompées, mais bien présentes. D’autre part, le haut du spectre reste bien détaillé et les guitares sont à la fois présentes, distinctes et nettement localisées.

Le passage à l’Odin (toujours en comparaison directe) fait nettement entendre qu’il sonne plus “clair”. Sans pour autant être plus “brillant”, car on n’a pas affaire à des sibilances engendrées ou soulignées par le casque. La restitution se marque aussi par plus d’ampleur et d’impact dans le grave. Les deux phénomènes additionnés favorisant une voix plus soulignée et un rythme plus “rentre-dedans”. Difficile de savoir lequel des deux est préférable, car le HE-1000 est certes moins démonstratif et moins joueur que l’Odin, mais ce dernier souligne un peu plus les chuintantes et les sifflantes (qui sont dans l’enregistrement, ce qui n’est pas la faute du casque), de sorte que, pour ma part, j’hésite.

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Sur le morceau de Birkin, écouté avec le HE-1000, là encore, on a de la descente (sur le pied de grosse caisse), et sa voix me semble moins proche, moins en avant que d’habitude. Mais là encore, comment savoir exactement, dans la mesure où je n’étais pas au Bataclan à cette époque?… Quoi qu’il en soit, c’est une restitution superbe pour une chanson superbe, écrite en 73 par Gaingain pour un disque solo (le premier, je crois) de son égérie, et sur la base, dit-on, des souvenirs de celle-ci: «mélancolique et désabusée, je suis l’portrait d’mon père tout craché»… Cette chanson, comme toute réussite en ce domaine, raconte une histoire, brosse un portrait et pose un thème. Reprise ici, 15 ans après sa première sortie, par une chanteuse parvenue à maturité et en pleine possession de son art, ça demande malgré les apparences des précautions sur la restitution. Du coup, je repasse sur l’Odin: effectivement, l’entrée basse et percussions est plus franche et plus consistante, et la voix, plus proche et plus appuyée. Sur ce type de morceaux (et de prises de son!), mes préférences sont à l’inverse des précédentes, car, avec le Kennerton, la plus grande proximité de la voix de Jane fait mieux entendre les passages pendant lesquels elle sourit (t’as qu’à écouter vers ~2’35-2’40 si tu me crois pas!)…


Histoire de finir cette petite comparaison en lâchant un peu les chevaux, le dernier morceau sera Money For Nothing tiré de Brothers In Arms de Dire Straits (1985).

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Commençons par l’Odin. Je ne connais pas trente-six casques permettant d’écouter ce classique du rock avec autant de punch et, à mon goût, sans aucune autre frustration (ou regret net) sur d’autres points. Pour ma part, je mettrais dans la liste le HE-6, l’Abyss, le LCD-X (et je dois reconnaître que je n’ai pas pu essayer le LCD4). On dirait que le Kennerton a été conçu pour ce morceau, voire pour cet album. Ça tape dans le grave, et – surtout avec les nouveaux pads, le haut médium et l’aigu sont bien posés, ce qui permet une belle aération et l’écoute d’une guitare hyper précise, qui s’impose avec autorité. Le médium extrêmement consistant assure à la voix à nouveau énormément de présence. Difficile avec ça, ne pas taper du pied, comme au premier jour plus 30 ans après, sauf si tu n’aimes pas ça évidemment (mais là, je suis au regret de… non… rien!!).

De là donc, de ma part, un certain de scepticisme a priori vis-à-vis du HE-1000 – car il me semble me souvenir que la version 1 marquait un peu le pas sur ce genre de musique. Et d’où, en retour, la bonne surprise. Alors d’accord, on pourra dire que ça tape un peu moins dans le grave et que la voix est un peu moins en avant, etc. Ça n’est pas faux. Mais on obtient le même côté enlevé provoquant l’agitation rythmique escomptée des extrémités des jambes. Car la restitution de la dynamique y est, et même beaucoup. Évidemment, j’en profite pour redire qu’il faudra vraiment prendre soin de laisser à ce casque le temps nécessaire pour s’ouvrir et déployer ce dont il est capable et, dans la mesure où il est un peu plus difficile que l’Odin de ce côté-là, de lui trouver un ampli capable de l’alimenter comme il le faut et qui permette un mariage réussi (àmha, la classe A et, éventuellement, le tube sont des pistes à ne pas négliger). Un bref passage du HE-1000 sur un petit ampli que j’ai dans un coin d’étagère, un Présonus à pas cher, m’en a d’ailleurs convaincu, et ce, alors même que je ne fais pas partie de ceux qui écoutent “fort”. Car ça n’est pas de cela qu’il s’agit. Ce petit ampli n’est pas forcément à critiquer (surtout à son tarif d’une centaine d’euros), mais il n’est pas fait du tout pour ce type de casque (il préférera des casques à impédance moyenne et à sensibilité bonne, voire très bonne – toute autre différence, par exemple sur le silence de fonctionnement – mise à part). Quoi qu’il en soit, alors qu’il peut presque faire illusion avec l’Odin, avec le HE-1000, c’est une autre histoire: tout se tasse et ça devient terne et ennuyeux. C’est donc aussi une condition impérative, ce qui signifie qu’avant de prononcer un jugement négatif sur ce casque, il faudra avoir pris soin de bien le mettre en œuvre, sous peine de passer à côté, ce qui serait vraiment dommage (même si, comme on dit, ça en fait plus pour les autres).

On me dira: quelles conclusions tirer de tout ce baratin? Pas grand-chose de décisif, si on veut à toute force acclamer le winner et huer le looser. Ce qui serait à mon avis dénué de sens, dans la mesure où il s’agit de deux casques de grande qualité. L’un est plus exigeant que l’autre en matière d’ampli, quand l’autre s’avère d’un confort moindre, et même nettement moindre. L’un propose une restitution plus chantante, plus joueuse et plus enjouée, là où l’autre donne dans une écoute globale, plus posée, plus sereine, etc. En d’autres termes, le choix à faire se situe bien moins entre le bon ou le mauvais, ou même entre le meilleur et l’autre – qu’entre deux manières de proposer une restitution musicale. De quoi je conclus que, dans une large mesure, il s’agit d’une question de goûts personnels et qu’il faut bien se “résigner”: personne ne peut choisir à la place de personne…

Cdlt ;-/

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 17 oct. 2016 18:08
par aeux
:bravo: pour cet excellent CR qui en plus d'être instructif m'a bien fait rire.

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 17 oct. 2016 18:36
par Chemichti
Du Dub dans le texte!

Je crois qu'on le reconnaîtrait sans signature...

Merci...

Donc, en conclusion, des améliorations (grave, dynamique, précision, par rapport à la version 1...?

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 17 oct. 2016 18:36
par alphatak
Un régal de lire de tels comptes-rendus d'écoute. Merci Dub ! :jap:
Le même entre le HE-1000 v2 et l'Utopia et tu auras ta statue dans le patio de TN... :levit:

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 17 oct. 2016 19:12
par Dub
Chemichti a écrit :Du Dub dans le texte!

Je crois qu'on le reconnaîtrait sans signature...

Merci...

Donc, en conclusion, des améliorations (grave, dynamique, précision, par rapport à la version 1...?
Difficile à dire car je dois me fier à ma mémoire mais je crois quand même qu'il est plus précis et plus détaillé dans le haut médium et l'aigu. En tout cas je me souviens l'année passée avoir eu plus de distance et plus de frustration sur ce point là.
Après sur le grave et la richesse du médium, les timbres si tu préfères, là je pense que ça doit être là même chose ou fort proche, car je retrouve le même plaisir.
Mais bon, presque un an de distance, ça me rend prudent !

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 17 oct. 2016 19:15
par Dub
alphatak a écrit :Un régal de lire de tels comptes-rendus d'écoute. Merci Dub !  :jap:
Le même entre le HE-1000 v2 et l'Utopia et tu auras ta statue dans le patio de TN...  :levit:
Mais de rien. Oui évidemment mais réunir autant de casques (ajoutons stax, abyss, sonorous etc.) ça relève quasi du miracle !

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 17 oct. 2016 22:23
par g g
Quelle review, mais quelle review nom de Dzeus. :jap:
Merci de passer autant de temps à ravir nos esprits de si bonnes lectures. :headphone:

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 19 oct. 2016 12:46
par Hun7er
Bonjour,

merci pour la review.

Qu'en est-il est aigu ? De manière répété j'ai lu qu'il pouvait être dure.
Le medium est-il rehaussé ? Idem il ressort qu'il est en retrait.

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 19 oct. 2016 13:16
par Dub
Hun7er a écrit :Bonjour,

merci pour la review.

Qu'en est-il est aigu ? De manière répété j'ai lu qu'il pouvait être dure.
Mon opinion: non… Certes, on entend les duretés dans l'aigu sur les enregistrements qui en comportent (certains disques de Ferré par ex., idem Gainsbourg) — mais même là, d'une part, ça me paraît quand même normal (le contraire serait une coloration "forte"), et d'autre part, c'est légèrement estompé (mais moins, je pense, que sur la V1).
Quelqu'un qui trouverait ça dur, c'est possible, mais dans ce cas, il y a de forte chances pour qu'il supporte encore moins un grand nombre d'autres casques (dont Grado, le HD800 etc.)
Le medium est-il rehaussé ? Idem il ressort qu'il est en retrait.
Là, c'est plus relatif:
pour moi, c'est un très beau médium, riche et plein du point de vue de la restitution des timbres qui sont très consistants
mais moins, voire beaucoup moins que, par ex., l'Odin

Cdlt ;-/

Re: Hifiman HE-1000 - la Version 2

Publié : 19 oct. 2016 13:41
par Hun7er
Re bonjour,

Merci pour ces précisions.
J'ai actuellement un HD650 que je perçois comme ayant un très bon équilibre tonal. Cependant les basses manquent de punch et il y'a une élévation dans le bas medium.
Pense-tu qu'on peut voir dans le HE1000-V2 un véritable super-HD650 ?