Reid Heath Limited alias RHA est une entreprise de fabrication de produits audio basée au Royaume-Uni.
Son assortiment d’intras est composé de différents modèles allant de l’entrée de gamme, à laquelle appartiennent les S500i, jusqu’au fleuron de la marque, les T20i, déjà commentés, ici même, par notre camarade Squyzz.
La philosophie de RHA est de combiner des matériaux de grande qualité, une conception de précision et un engagement résolu dans le design se traduisant par une identité forte des produits proposés, aussi bien visuellement qu’acoustiquement.
De fait, RHA, c’est aussi un type de son particulier : riche en basses, à signature plutôt « fun » et percutante… ou plutôt c’était car il se pourrait bien que, de ce point de vue, les S500i augurent un tournant dans l’histoire de la marque.
Le prix
Nous avons testé ici la version avec micro (dont la présence est indiqué par l’« i » en suffixe du nom de l’intra). Elle est commercialisée à 49,95 €.
La version sans micro, baptisée sobrement S500, est proposée à 39,95 €.
Les specifications
Ecouteurs intra-auriculaires à micro-driver dynamique de 6 mm de diamètre (modèle 140.1)
Réponse en fréquence : 16-22000 Hz
Impédance : 16 ohm
Sensibilité : 100 dB
Poids : 14g
Câble : bi-matière, d'1,35 m de longueur
Fiche : jack 3,5 plaqué or
Comme vous l'aurez relevé, le modèle de transducteur utilisé est le 140.1. Pourquoi cette précision ?
Voici la réponse que notre camarade RHA nous a donnée en MP à cette question:
L’emballage et les accessoiresRHA a écrit :RHA n'utilise jamais de pièces "off-the-shelf", déjà fabriquées et disponibles dans le commerce. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas eu à considérer d'autres transducteurs. Nos ingénieurs conçoivent et développent ce qu'ils pensent être le transducteur le plus approprié pour ce que nous souhaitons accomplir avec le produit en question.
Le modèle 140.1 est le terme que nous avons choisi pour qualifier ce driver micro dynamique ultra-compact et léger, pensé par notre R&D pour offrir un son entraînant et riche en détails.
La firme britannique a emballé ses S500i dans un joli cartonnage plein de vide qui, outre les intras, contient une housse en mesh fermée par un lacet et garnie d’un sachet de dessiccateur, une pince et sept paires d’embouts : six paires d’hybrides en silicone à ailette simple (deux par tailles : S, M et L) et une seule paire (taille M) de silicone à double ailette – ou biflange — présentés sur un type de support assez caractéristique des accessoires de la marque.
Note : 5/5
Le design et la fabrication
Conçus au Royaume-Uni mais assemblés en Chine, les RHA S500i bénéficient d’une qualité de fabrication irréprochable. Leur finition est à l'avenant et nous a paru parfaitement maîtrisée.
L’aluminium usiné qui constitue le matériau des coques est une très heureuse surprise en entrée de gamme. Le câble, pour partie gainé de tissu, semble solide et durable et ne présente pas de tendance trop marquée à l’emmêlement. Son entrée dans la coque est par ailleurs protégée par un surgainage assurant un bon amortissement des tensions mécaniques et prévenant l’arrachage.
Le jack enfin, quoique relativement petit, a l’air solide et offre une accroche satisfaisante.
D’un point de vue matériel donc, le rapport qualité/prix de ces intras est tout simplement excellent — d’autant que les S500i disposent d’une garantie de 3 ans !
Leur design est à l’avenant : épuré mais technique, urbain et chic. En ce domaine encore, c’est pour nous un sans-faute.
Note : 5/5
L’ergonomie
Les dimensions réduites de ces intras (16,7 mm de long pour un diamètre de 7,5 mm au niveau de la coque et de 5,6 mm au niveau de la canule) font qu’ils se logent facilement dans le pavillon de l’oreille, autorisant même, si l’anatomie auriculaire du porteur s’y prête, une insertion profonde à l’intérieur du conduit auditif. A la longue, cependant, l’arrière biseauté de la coque, avec son arête coupante, peut finir par blesser l’anthélix, notamment au niveau de l’antitragus. DZ en a été un peu gêné après une heure de port.
Le seal de ces intras est également un peu délicat, surtout en insertion profonde (avec des embouts Spinfit, par exemple), alors même que les S500i sonnent bien mieux ainsi, avec des timbres plus pleins et une meilleure assise fréquentielle. En tout cas, l’occlusion dans ce type de port s’obtient moins aisément qu’avec des Zero Audio Carbo Tenore et il faut, pour y parvenir, se soumettre à toute une série de manipulations assez fastidieuses — à savoir : présenter l’intra muni de son embout en face du conduit, tirer sur l’helix pour dégager ce dernier en même temps qu’on y introduit l’S500i, relâcher la traction sur le pavillon et ajuster très légèrement l’intra dans le conduit jusqu’à obtention de l’effet ventouse… Et encore n’est-on pas au bout de ses peines à ce moment-là car ces intras présentent un autre défaut, relatif à l’occlusion auriculaire elle-même: la propension au « driver flex », c’est-à-dire à la tension du diaphragme des trasnducteurs sous la pression du seal, tension pouvant aller jusqu’à leur blocage pur et simple ce qui entraînera le mutisme de l’intra affecté. C’est là un travers que présentent la plupart des micro-drivers dynamiques (à commencer par ceux des Tenore) mais il prend, hélas, des proportions assez alarmantes sur les RHA . Lorsqu’il se manifeste, il est malaisé d’y remédier sans nuire au seal puisqu’il faut alors décompresser un minimum la chambre acoustique que scelle justement l’embout… Une fois obtenue, l’occlusion est durable et se trouve peu compromise par les mouvements.
L’autre point noir de l’ergonomie des S500i est leur sensibilité acoustique aux frottements sur le câble. Nous nous trouvons là, en fait, devant une aberration, car c’est un plastique particulièrement propice à ce genre de parasitage mécanique qui a été choisi pour gainer la partie du câble la plus difficile à immobiliser, à savoir celle allant du séparateur aux coques, alors que le reste dudit câble, entre le jack et le séparateur, bénéficie pour sa part d’un gainage en tissu bien plus isolant ! L’inverse, pensons-nous, aurait été plus logique.
Dernier détail agaçant : si toutes les commandes disponibles (pause et volume), sont pleinement fonctionelles sur iPhone, sur smartphone Android seule la touche de pause est effective, celle réglant le volume demeurant inopérante.
Note : 3/5
Sources
iBasso DX50 (sous firmware 1.5.0) + LOD ultra-court JDS Labs + BG8DX MX (un clone d’Objective 2 vendu en Chine)
Xuelin Ihifi 760 + LOD Forza Audioworks + C&C BH2
Xuelin Ihifi 960 « Modify » rockboxé + LOD Forza Audioworks + C&C BH2
Cowon J3
Sandisk Sansa E280
Play-list de test
AC/DC – [Tout ce qu’il est possible d’écouter…]
Adèle – 21 + Live
A Perfect Circle - Thirteenth Step - “The Package”
Barlow Girl – Our Journey So Far
Biosphere - Substrata - “Kobresia”
Christine and the Queens – Chaleur Humaine
Com Truise - Galactic Melt - “Futureworld”
Coors (The) – Unplugged
Eagles (The) – Grand Collection
Eels - Daisies of The Galaxy - “Daisies of The Galaxy”
Fugees - The Score – “Fu-Gee-La”
GASSIN Emilie – Curiosity
HARVEY P. J. - Stories From The City, Stories From The Sea - “One Line”
HEPBURN Alex – Together Alone
Karma to Burn - Karma to Burn - “Mt. Penetrator”
Metallica – Metallica –“Enter Sandman” + “The Unforgiven”
MILLER Marcus – The Sun Don’t Lie
Nirvana - Unplugged In New York - “Dumb”
Nostromo - Ecce Lex - “Still Born Prophet”
OBEL Agnès – Aventine
RICH Robert & LUSTMORD Brian - Stalker - “Elemental Trigger” + “Synergistic Perceptions”
Spacek - Curvatia - “Sexy Curvatia”
STILETTO Gianni - Kognitive Devide - “Reality Port”
STIRLING Lindsey – Shatter me
Swell - Whenever You're Ready - “In The Morning”
TCHICAI John & REK Vitold - Satisfaction – “Hullo”
Transwave – Phototropic - “Byron Bay”
Willis Clan (The) – Heaven
Zaz – Paris
Au sortir de leur boîte, ces intras diffusent un son clair et tubulaire à la fois, plutôt aéré mais assez métallique. Leur restitution des voix, par exemple, est aussi lointaine que sibilante et celle des médiums en général globalement dure. Déjà, cependant, avant même le moindre rodage, nous avons pu noter l’équilibre du spectre des S500i qui nous ont paru présenter des basses bien dosées et des aigus présents mais sans agressivité. Seule la partie médiane de leur réponse fréquentielle nous a donc fait tiquer avec son côté acide et voilé qui nous a donné l’impression d’un effet « radio », avec des hauts-médiums très crissants et distordus et des mid-médiums manquant de corps, creux, comme évanescents.
Réponse fréquentielle
Après rodage, le son de ces intras reste globalement clair et présente une signature plutôt en V, avec un creux au niveau des médiums.
fréquentielle des RHA S500i. (Source: RHA.)
Les S500i offrent des infra-graves absolument magnifiques et d’une qualité inouïe jusqu’alors dans leur secteur tarifaire. Que ce soit dans l’interprétation des compositions d’Agnès Obel, dans le rendu de la grosse caisse folk du « Daisies of Galaxy » des Eels ou encore dans celui de la ligne de synthé du début de « Synergistic Perceptions », le morceau dark ambient de Robert Rich et Lusmord, ces intras restituent les plus bas registres, à partir de 80 Hz et en deçà, non seulement avec de l’impact mais aussi avec du corps, de la texture, et cela sans jamais autoriser le moindre débordement des infra-graves sur les graves. La liaison entre les deux sous-registres, comme on peut également le constater sur le titre de Rich et Lustmord, est constamment magnifique de présence et de propreté, de définition et d’extension.
L’un dans l’autre, grâce à la qualité exceptionnelle, à ce jour — y compris parmi les autres écouteurs à drivers micro-dynamiques —, de leur rendu des infra-basses, les S500i nous paraissent constituer une nouvelle référence dans le traitement du registre grave dans leur secteur tarifaire… voire au-delà. La note que nous avons attribuée à leur restitution de ce registre reflète ce constat.
Note : 6/5
Médiums
Nous n’aurons certes pas la même aménité à l’égard de leur traitement des médiums, hélas.
Le rodage a certes maté les sibilances et chuintements dans la partie haute de ce registre, au niveau de sa liaison avec les aigus (vers 2-3 kHz) mais des duretés s’entendent encore dans l’articulation des sifflantes sur les RHA et des acidités viennent trop souvent entacher la restitution des instruments ayant leur tonalité fondamentale dans ce sous-registre — comme, par exemple, la caisse claire de « The Package », le titre metal progressif d’A Perfect Circle.
Mais le plus dommageable, dans la restitution de ce registre par les S500i, n’est pas là. Il réside dans la spatialisation particulière que ces intras confèrent aux médiums, en mettant en avant les hauts-médiums tout en reculant les bas-médiums vers le fond de la scène. Il en résulte une impression d’incohérence qui s’entend très bien, par exemple, dans l’interprétation unplugged que le groupe grunge Nirvana a donné de son « Dumb » pour MTV : la caisse claire du batteur Dave Grohl s’y trouve comme projetée sur le devant du soundstage alors même que la guitare de Kurt Cobain et, surtout, la basse de Chris Novoselic donnent l’impression de résonner en fond de scène — a contrario de leurs localisations respectives sur l’estrade, pendant l’enregistrement.
Note : 2/5
Aigus
Les plus hauts registres sur les S500i n’ont rien de remarquable ni de répréhensible : ils font leur boulot. Certes très brillants et bien définis, ils ne sont guère filés.
Note 3/5
Soundstage
L’incohérence du traitement spatial des médiums a, bien évidemment, des effets dommageables sur le soundstage, notamment dans sa dimension frontale, en nuisant à la lisibilité de l’étagement des plans en profondeur. Maintenant, cette défaillance se remarque surtout dans le rendu des morceaux dont les sources, dans leur grande majorité, s’expriment précisément dans ce registre, à savoir essentiellement les musiques acoustiques et/ou vocales. Par ailleurs, la profondeur n’est justement pas un axe selon lequel la scène sonore des S500i a particulièrement tendance à se déployer.
Non que le soundstage de ces intras soit désespérément plat. Au contraire, il offre parfois de belles résonances en profondeur — comme, par exemple, dans le rendu de l’« Elemental Trigger » de Robert Rich et Lustmord — mais il faut bien reconnaître qu’il donne plus l’impression d’avoir la forme d’un écran légèrement concave que de présenter une véritable volumétrie.
Note : 4/5
Dynamique
La macro-dynamique des S500i, c’est-à-dire leur capacité à négocier les brusques changements d’intensité sonore, est un peu défaillante. Trop souvent nous avons trouvé que leur rendu des impacts, par exemple, manquait d’attaque, de mordant.
Côté micro-dynamique et scansion fine du signal, ce n’est guère mieux : les RHA n’ont pas beaucoup de swing. Sur les morceaux les plus groovy, tel le « Mt. Penetrator » du groupe de stoner Karma to Burn, leur prestation est tout juste correcte (même si, en l’occurrence, c’est leur relative mollesse macro-dynamique qui affecte surtout leur cadencement de ce genre de track).
Note : 2/5
Rapidité
Les S500i ne sont pas des intras rapides. Leur tendance à escamoter les attaques en est en partie responsable. Sur une rythmique sèche et claquante comme celle de « Reality Port 23 », le morceau drum’n’bass de Gianni Stiletto, on les sent perdre pied et leur restitution se brouiller, voire sombrer dans l’incohérence, leur déroulé temporel des salves de syncopes devenant même heurté et donnant l’impression d’être tantôt en avance, tantôt en retard sur le tempo !
Bref, les S500i sont des intras lents.
Note : 2/5
Timbres
Avec leur problème de restitution des médiums, leur dynamique en berne et leur relative lenteur, les RHA ne peuvent pas faire de miracles dans le rendu des timbres et si, à l’occasion — comme sur le « Daisies of the Galaxy » des Eels, par exemple — il leur arrive de sortir de belles voix, présentes et articulées, pleines et définies à la fois, en règle générale ils peinent à offrir des timbres une image sonore suffisamment réaliste et caractérisée, « authentique » en un mot.
Globalement, et en dehors de certaines exceptions donc, les S500i restituent des voix très en retraits par rapport au signal d’origine, même sur les pistes qui auraient plutôt tendance à les mettre en valeur, tel « Fu-Gee-La », le célèbre titre hip-hop des Fugees : sur les RHA, le timbre des trois rappeurs sonne globalement trop clair et parait manquer de chair ainsi que de présence.
Il n’y a pas que les voix dont les RHA ont tendance à travestir le timbre. C’est aussi le cas du trio traditionnel d’instruments du rock (batterie, guitare et guitare basse) ainsi qu’on peut le constater dans leur interprétation du « Still Born Prophet » de Nostromo : la guitare y noie la basse qui y noie la batterie, en une sorte de camaïeu indifférencié.
La pire contre-performance est atteinte dans ce secteur par le rendu du violon — en particulier celui de l’artiste Lindsey Stirling, dans ses compositions hybrides mêlant classique et dubstep : son instrument, tel que les RHA le restituent, y sonne parfois comme une guitare !
Note : 2/5
Soundstage : 4/5
Réponse fréquentielle :
Grave : 6/5
Médiums : 2/5
Aigus : 3/5
Dynamique : 2/5
Rapidité : 2/5
Timbre : 2/5
Moyenne son : 3/5
Usage
Emballage et accessoires: 5/5
Design : 5/5
Fabrication : 5/5
Ergonomie et fonctionnalités : 3/5
Moyenne usage : 4,5/5
Note finale
La note attribuée au son compte double :
((2 x 3) + (1 x 4,5)) ÷ 3 = 10,5 ÷ 3 = 3,5/5
Les défauts réellement gênants que présentent les RHA S500i, surtout dans leur rendu, sont cependant compensés par des qualités parfois remarquables et absolument inédites dans leur gamme de prix.