[Feedback] A propos de l'AKG K1000 (revisited)
Publié : 08 mai 2012 18:35
Si un terme ou une expression vous semble obscur le Lexique de test de Tellement Nomade est là!
Salut à toi l’ami(e),Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… Ce n’est pas l’AKG K1000 qui contredira le fait que certains Casques sont restés sans successeurs. Mais au fait, peut-on user du mot Casque pour l’évoquer ? Pas vraiment, l’appellation dynamic earspeaker est effectivement plus conforme à ce qu’il était par nature.
Tout a commencé quatre ans et demi plut tôt lorsque dub me fit une offre que je ne pouvais pas refuser. Je vous fais grâce du Director’s cut, la version courte se résumant à veux-tu que je te prête le K1000 ?
Mettez-vous à ma place ou plutôt non, abstenez-vous dans votre propre intérêt car les essais, c’est sacrément dangereux. Et nous voilà donc, James Dub matricule n° K1000 et moi, quelques jours plus tard attablés à deviser de tout (de Casques) et de rien (de Casques) Et hop ! Pas de jaloux : Chacun était reparti avec un nouveau joujou sous le bras, lui avec mon HD 650 et moi avec son K1000. Petit veinard, mon Sennheiser allait pouvoir se faire plein de petits camarades. Je sais, je le gâtais trop (mon HD 650, pas dub, qu’est-ce que vous allez imaginer ?!)
Quant à moi, je n’avais plus que le K340 à mettre en lice face au K1000. Rien de rédhibitoire là-dedans, je savais déjà que ces deux boîtes à musique-là étaient plus transparentes et moins abouties dans le grave vis-à-vis du Sennheiser. Donc, si le K340 avait terrassé le HD 650, ce n’est assurément pas le K1000 qui bouleverserait l’ordre établi.
A l’issue de ces quelques semaines passées en sa compagnie, j’avais été très impressionné, et pourtant mon attrait pour le K340 était demeuré le plus fort. Ceci dit, j’étais tout à fait prêt à remplir un formulaire d’adoption, le K1000 remuant ses écouteurs dès que j’ouvrais sa boîte qui lui faisait office de niche. Mais j’étais convaincu, sniff, que son propriétaire n’aurait pas consenti à le contresigner. En effet, le K1000 était déjà rare et prisé à cette époque. Je ne comprends d’ailleurs toujours pas pourquoi AKG en avait stoppé la production, le K1000 était réellement unique. La politique des constructeurs est parfois incompréhensible pour les aficionados que nous sommes, en voici sans doute un exemple des plus flagrants.
Il y a eu durant les années qui ont suivi cette première rencontre des occasions manquées, sa réputation et l’arrêt de sa fabrication en 2005 en ayant trop majoré la valeur à mon goût. Mais j’ai eu aussi des périodes de doute et de renoncement, jusqu’à ce jour de novembre 2008…
En 1989 AKG semble avoir été plus loin dans l’innovation que les autres constructeurs avec le K1000, ne s’arrêtant pas à un « simple » ensemble Casque et ampli dédié (SAC K-1000)
Le concept avait été plus développé, incluant un switcher (K 1000 Selector) qui n’était pas un adaptateur d’impédance comme je le pensais à l’époque, soit dit en passant. Mais enfin et surtout avec un processeur DSP nommé BAP 1000 Audiosphere qui était destiné à allier le meilleur des deux mondes :
http://www.akg.com/site/products/powers ... ge,EN.html
Grosso modo, la fonction de ce processeur consistait à recréer artificiellement le champ acoustique inhérent à un système d’enceintes en fonction de la perspective auditive inhérente à chaque auditeur... afin qu’elle soit restituée à quelques millimètres des oreilles de ce même auditeur par le biais du K1000.
Je ne connais aucun autre exemple de ce type à cette époque, mais je suis aussi très loin d’en connaître suffisamment sur le Casque et son Histoire pour affirmer haut et fort que la firme autrichienne fut la seule à avoir conçu et commercialisé un tel concept.
Fruit d’une démarche encore plus atypique que celle du K340 avec, entre autres, ses écouteurs orientables, ses ergots télescopiques, ses drivers… Le K1000 est assuré de demeurer en bonne place dans les annales des modèles High-End et à juste titre.
A modèle d’exception, packaging d’exception ? Il est, ou plutôt était, vendu avec un coffret de bois disponible en deux coloris, à l’intérieur duquel le Casque était enchâssé dans un habillage en mousse. De facto, c’est le meilleur packaging pour un Casque que j’ai eu entre les mains… En attendant d’effleurer celui du Stax SR-007 ou de l’Ultrasone Edition9, qui sait ?
S’il faut être méticuleux quant à son positionnement, coiffer ce Casque de 270 grammes est un plaisir. Assez léger, on l’oublierait presque tellement le port via ses deux paires de coussinets en cuir positionnés sur les tempes est confortable. D’emblée, je suis convaincu que c’est LE compagnon idéal pour de longues heures d’écoute. Plus agréable à porter que lui ? Je n’en ai pas encore rencontré. Il est si discret comparé à ses congénères que j’en serais même troublé les premiers temps. Sur ce critère, le K1000 me paraît être sans rival.
Il figure également parmi les modèles les plus ouverts qui soient, un environnement silencieux est donc la condition sine qua none afin d’être en mesure de pouvoir apprécier son chant.
Le qualificatif qui me vient à l’esprit quant à son aspect est : Racé. On peut lui préférer le design d’un Stax SR-007, d’un Audio-Technica ATH-L3000 ou d’un ATH-W5000 qui sont plus séduisants, à mon goût du moins. Mais le design du K1000 ne me déplait pas foncièrement pour autant. Son look high-tech est à l’instar de son esthétique sonore : Surprenant !
La connectique sort aussi de l’ordinaire. En effet, à la place de la traditionnelle prise Jack équipant son câble symétrique de 2,50 mètres, on trouve une Neutrik mâle XLR 4 broches. La connexion vers un ampli Casque traditionnel n’est donc possible qu’en acquérant ou bricolant un adaptateur XLR/Jack dans la mesure où la plupart des amplis sont dotés de ce type de sortie. Mais, tout compte fait, vu le sort qu’il réserve à la plupart des amplis Casques traditionnels… Cela perd beaucoup de son intérêt. Rien qu’avec cet aspect, on pouvait d’ores et déjà en déduire que le K1000 avait appartenu à une catégorie de Casques en marge de la production courante. En dépit du fait que son câble ait été fabriqué exclusivement pour le K1000, AKG aurait pu le doter d’une connectique amovible. Dommage pour les adeptes du changement, car il leur faudra en passer par le fer à souder.
Dernier point : Il serait erroné de considérer la rallonge équipée d’un adaptateur XLR femelle 4 broches comme un accessoire plus ou moins superflu. En effet, le K1000 a été pensé pour être alimenté par le biais d'un amplificateur de salon.
Une fois que le K1000 est correctement positionné, l’aération, l’image et l’ouverture dont il sait faire preuve sont tout simplement exceptionnels. La Musique vous enveloppe à un degré inédit et déborde des écouteurs et ce sans le concours de son processeur. Malgré leur potentiel respectif, tous les Casques que j’ai possédés ou rencontrés ne peuvent pas rivaliser sur ces aspects. Il faudrait s’orienter vers les Ergo pour retrouver, éventuellement ? Cela. Alors, si l’on n’atteint pas l’image d’un système acoustique traditionnel avec le seul K1000, c’est sans doute celui qui s’en approche le plus à ma connaissance.
Toute médaille a son revers : Je lui décerne volontiers le titre de Casque le plus difficile à associer et à alimenter. En effet, lui associer un ampli à même de lui fournir la puissance nécessaire est une chose, le faire chanter juste en est une autre. Quand on sait que le K1000 met la plupart des amplis Casques K.O. debout, cette quête est beaucoup plus « aisée » en s’orientant d’emblée vers un ampli de salon.
Si son impédance de 120 Ω peut faire illusion, ses 74 dB de sensibilité font l’effet d’une douche froide. Au fur et à mesure de mon galop d’essai en sa compagnie, j’avais vite pressenti qu’il lui fallait plus que mon ampli Casque C.E.C. pour qu’il montre toute l’étendue de son talent. C’était satisfaisant, ça permettait de se faire une petite idée, mais pas davantage. Une impression qui sera confirmée par le feedback d'un Head-Fi’er ayant fait la même association que moi et à fortiori avec l’arrivée d’un Stingray dans mon bar.
En effet, à la recherche d’un ampli pour alimenter convenablement mon premier K1000, j’ai eu la chance de rencontrer un modèle fonctionnant à merveille avec un Stax. L’association me paraissait prometteuse, car j’ai tendance à croire que si il y a bien un Casque électrodynamique le plus à même de s’apparenter à un électrostatique, c’est bien l’AKG K1000.
Ce Stingray, je l’ai rangé dans le genre « force tranquille » autrement dit, une combinaison de fluidité, d’ampleur, de richesse et de maitrise. Si on n’atteint pas le punch de son équivalent en transistor, cet ampli-là est très loin de pouvoir être qualifié de mollasson.
Le charme fonctionne sans que cela soit imputable à une restitution un tantinet euphonique de ses tubes. En effet, la coloration est bien là, mais demeure mesurée. La meilleure synergie, je l’ai obtenu avec le mode ultra linéaire. Le mode triode apporte un grain et une densité accrues, mais au détriment de l’amplitude de la scène sonore, ce qui se ressent dramatiquement avec le K1000.
De facto, on en finit par oublier à quel point le K1000 peut s’avérer acide ou agressif dans le haut et famélique dans le bas du spectre lorsqu’il est associé à cet ampli et peut-être également grâce au câble dédié de chez Stefan AudioArt qui l'équipait
Son grave n’a qu’un seul défaut, celui d’être écourté, en deçà de celui du K340. Même si je peux confirmer pour avoir possédé deux K1000 que certaines séries ont un grave plus appuyé. Pour autant, je trouve l’appellation Bass-Heavy très exagérée. Il y a une différence, certes, mais elle est vraiment minime. La meilleure solution pour pallier ce qui pourra être ressenti comme une carence pour certains sera d’utiliser conjointement un subwoofer.
Son aigu est nuancé et ciselé. Son médium est riche et subtil. Le K1000 est plus limpide, plus juste, plus modulé. Plus voilé, le K340 en deviendrait presque pataud, mais il détient encore et toujours cette touche de charme qui le caractérise, en dépit de timbres plus simplifiés.
Casque haut de gamme rime encore moins avec polyvalence à mon humble avis. Le K1000 ne me démentira pas pour exceller avec les enregistrements acoustiques par exemple et pour marquer le pas avec les genres exigeant une dynamique élevée et/ou un rythme soutenu comme le Rock. Ce qui finira par peser, entre autres, dans la balance.
Evidemment les mauvais enregistrements ne trouveront pas davantage grâce à ses yeux avec le degré de transparence qui est le sien, mais on ne peut pas lui en faire le reproche. La transparence a ses avantages et ses inconvénients. Apprécier les premiers implique d’accepter les seconds.
Le K1000 ne plaira pas à tous, atypisme oblige. C’est une restitution différente d’un Casque de facture classique. Tantôt j’étais soufflé, tantôt j’étais frustré durant l’année passée en sa compagnie. Je réalise pleinement aujourd’hui pourquoi le K340 avait conservé ma préférence en 2006, tout en faisant partiellement abstraction du charme unique de son médium. En effet, s’il est impératif de déployer jusqu’à un certain point les écouteurs du K1000 pour former l’image, j’ai eu le sentiment de perdre un aspect que j'apprécie énormément : Cette complicité, cette proximité avec l’interprète, la musique.
C’est ainsi que, non sans regrets, l’AKG K1000 et le Manley Stingray finiront par emprunter une autre route que la mienne. Mais je suis convaincu qu’ils auront su combler les desideratas de leurs nouveaux auditeurs respectifs.
Headphone Road
Décembre 2006
Novembre 2008
Merci de ta confiance et de ta générosité, dub !