Si un terme ou une expression vous semble obscur le Lexique de test de Tellement Nomade est là!
Salut à toi l’ami(e),Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… Jamais deux sans trois !
Un dicton en guise de prologue ? Pourquoi pas ? Après tout, il est exact qu’il y eut une première fois, trop brève, en 2007… Suivie d’une deuxième fois, toute aussi brève, en 2010. Et puis… Il y a enfin cette troisième fois, celle où j’ai donc eu tout le loisir de Le découvrir.
Honneur au Grado GS1000 ! Puisque c’est de Lui qu’il s’agit, et de nouveau, merci à toi superfred21!
Pour avoir précédemment croisé la route du PS1000, je ne suis pas dépaysé par ce qui s’offre à mon regard… La boîte à pizza en carton de qualité supérieure et sa garniture de mousse, la rallonge de 4,5 mètres, l’adaptateur Jack 6,35/3,5 mm sans oublier le feuillet estampillé Grado Labs… La routine ? N’exagérons rien, j’ai été habitué à moins au gré de mes rencontres passées chez Grado en dépit d'un niveau tarifaire élevé à l’exportation pour certains de ces modèles.
Actuellement, PS1000 et GS1000 ont ceci en commun d’être seul et unique au sein de leur gamme respective, celle du GS1000 étant la Statement Series. Ceux qui, à l’époque de sa sortie, avaient imaginé le GS1000 s’inscrire dans une démarche de pure continuité en furent pour leurs frais, jusqu’à susciter une certaine déception parmi les aficionados de la marque si j’ai bien compris. Après tout, la parenté semblait aller de soi au regard de spécifications coutumières (98 dB & 32 Ω) de son célèbre look vintage, des tons, des matériaux et des lignes employées. J’imagine volontiers que pour un familier des modèles de la gamme Reference, il n’a pas dû manquer de faire impression. A t-il intrigué les amateurs avertis ? Je le pense, par ses larges coques coiffées d’énormes oreillettes et par le fait que le GS1000 en cette année 2006 était le tout premier Casque d’architecture circum-aural de la marque américaine.
Le second point commun entre PS1000 et GS1000 réside donc dans la taille conséquente de leurs écouteurs et oreillettes. Mais coiffer le GS1000 s’avère bien plus plaisant. Pourquoi ? Parce qu’en dépit de sa masse, le GS1000 surprend agréablement par sa légèreté (320 grammes) Je l’avoue, je n’ai pas toujours pensé ça, mais il n’est jamais trop tard pour changer d’avis n’est-ce-pas ? Comme je l’avais ouïe dire, le secret est dans l’arceau. Car une fois qu’il épouse parfaitement la forme de mon crâne, le port et le maintien du GS1000 deviennent synonymes de confort et de stabilité. Point de câble Moon Audio Black Dragon ici, mon exemplaire est tout bonnement équipé de son câble de série (2,10 mètres) symétrique et inamovible, ces deux dernières caractéristiques étant une constante chez Grado.
Comme le RS-1 l’avait fait avant lui, le charme agit. Ah ! Ces woodies ont décidément un look face auquel il m’est difficile de rester de… bois.
Jesse SYKES & THE SWEET HEREAFTER drinking with strangers
Une guitare à gauche et la chanteuse à droite (0.52 mn)
Effet bulle inexistant, mais le contraire m’aurait étonné venant d’un Casque totalement ouvert. La scène est plus large avec le Grado, chanteuse et guitare s’éloignant davantage l’un de l’autre vis-à-vis de celle du Sennheiser.
Jesse SYKES & THE SWEET HEREAFTER drinking with strangers
Une seconde guitare se manifeste, cette fois à la droite de la chanteuse (1.02 mn)
Il n’y a pas la moindre confusion à déplorer. L’aération et la définition dont fait preuve le GS1000 n’ont rien à envier à celles du HD 800.
DIRE STRAITS Edition Super Bit Mapping love over gold
Les notes du clavier, papillonnantes, progressent de la gauche vers la droite pour revenir à leur point de départ, semblant tâtonner quelques instants avant de s’éteindre graduellement (5.26 mn/6.07 mn)
C’est éloquent, l'ouverture du GS1000 est bien plus panoramique que celle du HD 800. Les notes sont plus lumineuses, le tâtonnement est plus explicite avec le GS1000 à l'équilibre plus montant.
FREDERICKS GOLDMAN JONES des vies
Guitares et batterie s’expriment d’emblée avec fougue. Les accords et les impacts se succèdent les premières secondes à un rythme effréné sans dureté ni projection.
Les deux Casques font preuve d’une vitalité et d’un sens du rythme très convaincants au point que je serais bien en peine de les départager. C’est superbe de fluidité et d’énergie. Si l'ouverture plus large du Grado ne se fait pas vraiment notable sur ce morceau, je ressens la présentation du HD 800 plus frontale. Le GS1000 se fait plus démonstratif au cœur des salves de cette batterie qui se déchaine. Il m’abreuve d’une pluie de basses qui ne sont pas plus impactées mais plus rondes et plus en nappes que celles du HD 800. Et puis si le GS1000 n’est pas le RS-1 je retrouve à nouveau, toutes proportions gardées, ce rendu des guitares qui sont pour ma part l’apanage des Grado. Elles modulent dans leurs élans un poil davantage avec le GS1000 qu'avec le HD 800, me prenant davantage aux tripes. Mais attention, si le Grado est plus exaltant que le Sennheiser, il est aussi plus incisif dans les labiales. Brimar, Sylvania, Tung-Sol… Quels que soient les tubes mis à contribution sur mon SinglePower MPX3, cela n’y changera rien. Le GS1000 semble posséder un haut-médium encore plus délicat à amadouer que celui du HD 800.
Loreena McKENNITT dante’s prayer
Les chœurs s’élèvent, solennels, semblables à une lame de fond (0.43 mn) Les divers bruits émis par l’auditoire avec les chœurs au second plan : Chuchotement sur la droite (0.54 mn) et crissement (1.00 mn)
Le GS1000 mène la vie dure au HD 800. Son ouverture est plus ample et sa présentation plus en recul fait merveille ici, la solennité s’en trouve accrue. Comparativement, le HD 800 me donne l’impression de s'exprimer, si j'ose dire, en étant coincé entre deux murs : Saisissant ! Le Grado, encore lui, offre une restitution des chœurs de toute beauté, un peu plus découpée que celle du Sennheiser pourtant déjà de haute volée, un étagement des plans plus accentué amenant davantage de présence dans les bruits qui émanent de l’auditoire. Et enfin, il y a cette ferveur majestueuse émanant des chœurs que je ne ressens ici pas aussi fortement avec le HD 800.
Katie MELUA learnin’ the blues
Une voix cristalline, les notes perlées qui s’échappent langoureusement du piano… Une ambiance feutrée au rythme sensuel à laquelle il est difficile de rester de marbre.
Quel talent… Ces deux esthètes connaissent le sens du mot raffinement et le prouvent, mais chacun à leur façon comme de juste. Avant d’aller plus loin, il faut garder à l’esprit que si j’avais décidé de m’attacher les services du HD 800 c’est pour sa justesse et sa présentation dans mes écoutes jazzy ou en Classique symphonique. Car ce sont des genres où j’aime une restitution plus distante et plus droite. Cruel dilemme… Le Grado m’en offre davantage en termes d’image et le Sennheiser en termes de timbre. Et oui, la perfection n’est pas de ce monde… Le HD 800 est plus cohérent avec un haut du spectre moins tranchant, un médium plus imbriqué et un bas du spectre plus maîtrisé. Cette atmosphère de feutre… Ce piano aux notes plus charnues… Tout cela est à l’avantage d’un Sennheiser à l’équilibre tonal plus tempéré que celui de son rival. Inutile de se bercer d’illusions : Les pointes vocales de la jeune jazzwoman ne pardonnent pas avec le GS1000 là où un HD 800 fait toujours autant preuve d’un équilibre subtil laissant à l’auditeur que je suis le meilleur de ses labiales sans qu’elles s’accompagnent de crispations. Les morceaux se succèdent… Indéniablement, les deux Casques rivalisent de détails et de nuances à foison. De facto, le Grado est, toutes proportions gardées, plus typé et plus éprouvant. Mais il faut rendre à Caesar ce qui est à Caesar, car le GS1000 offre une assise impressionnante dans le bas du spectre et cela sans générer d’effet de masque. La balance aurait donc tout de même penché en faveur du HD 800, mais le GS1000 détient encore un atout maître dans son jeu : Son image. Avec lui, les parois s’écartent, les instruments et l’interprète prennent du champ, les échos se déploient magnifiquement dans l’espace… Le Grado offre une perspective ample et malgré tout précise, comme je les aime à l’écoute de cet album. Le Sennheiser, même si il ne lui cède rien en termes d’aération et de cohésion, est devenu subrepticement plus ramassé. Trop pour moi néanmoins, je dois bien l’avouer.
Francis CABREL l’essentiel 1977 - 2007
Un album-recueil de poésies musicales… Un aveu de la profondeur des sentiments au travers de la simplicité des mots et de la subtilité des notes qui les enlacent…
Le GS1000 est aussi, à sa manière, un sentimental. Il n’est pas réticent à distiller la gaieté, la tristesse, la gravité ou l’amertume contenue… Il sait restituer le cœur et l’âme de chaque page du recueil avec émotion et nuance… Le frissonnement d’une guitare, la virevolte d’un accordéon, le murmure d’une voix… Le HD 800 fait-il vraiment mieux ? Oui et non, car il le fait à sa manière et selon mon goût. Par un rendu des timbres qui me paraît plus sobre et surtout moins sec. Tantôt, la présentation plus ample du GS1000 est à son avantage… les passantes, la corrida aux échos superbes de portée, tantôt à son détriment… les gens absents, hors-saison où l’intimité d’un soliloque s’impose à moi telle une évidence. Si le GS1000 ne cherche pas à peser systématiquement de tout son poids dans le bas du spectre, le HD 800 est plus mesuré. Mais à nouveau la luminosité du GS1000 dans le haut du spectre le dessert, par ces sonorités plus brillantes, ces labiales plus blessantes. Le HD 800, plus tempéré sans être enclin à la rondeur conserve ma préférence.
Kenji KAWAI voyage to avalon (orchestra version)
L’ultime quête commence… Aux chœurs imprégnés de douceur et de pureté, tantôt témoins, tantôt compagnons d’un éloge vibrant ponctué d’élans à la fureur paroxystique… De ce prélude flamboyant… A l’inéluctabilité du final.
Le GS1000 l’emporte forcément de prime abord par son ouverture plus large et ensuite par son soundstage. Les différents chœurs se détachent davantage les uns des autres. La solennité et la grâce qui s’en émanent sont émouvantes de part et d’autre même si je les ressens un peu plus intensément avec l’interprétation que m’en fait le Sennheiser. Comme je le présageais, le GS1000 perd de sa superbe dès l’entrée en scène de la soprano, le HD 800 étant, comme précédemment, moins éprouvant sur les vocalises que son challenger. Face à l’impétuosité et à la complexité de la composition, le Grado ne déçoit pas, la maitrise dont il fait preuve est excellente. Tout comme avec le HD 800 la qualité de l’écoute est de haut niveau, prodiguant détail, énergie, cohérence et musicalité à son auditeur. Mais je l’avoue, je préfère néanmoins ce voyage to avalon à travers le Sennheiser, en dépit du fait qu’en Classique une présentation comme celle du Grado a ma préférence.
L’écart existe, forcément mince, rendant mon choix et ses raisons difficiles à décrire. Essayons tout de même, en guise de conclusion à cette rencontre espérée de longue date.
Doit-on qualifier le GS1000 de Casque en V ? Oui, sans que cela soit à l'extrême. Comparativement, le médium du HD 800 est de facto plus intégré, avec pour conséquence un équilibre spectral plus homogène. Je ressens le médium du Sennheiser, peut-être subjectivement, comme plus juste. Ce qui est certain c’est que ses harmoniques, sa définition du lyrisme me touchent plus profondément. Les choses sont plus éloquentes avec le haut du spectre, comme sur cet ultime extrait aux cymbales scintillantes, à ces sifflantes ponctuelles au sein des vocalises de la soprano… Le GS1000 s’avère à mon goût sec et acéré face à un HD 800 qui sait être aussi expressif et énergique que le GS1000 tout en étant moins incisif. Il possède une signature plus tempérée sans être le moins du monde voilée. Quant au bas du spectre, l’écoute de différents titres d’avalon a été déterminante. Certes, le GS1000 est extrêmement démonstratif avec des basses opulentes et amples, et pourtant... Si celles du HD 800 sont moins impressionnantes, elles sont mieux tenues. Sur voyage to avalon le roulement des grosses caisses est restituée par le Grado avec beaucoup de puissance et d’ampleur mais se révèle moins affermi vis-à-vis d’un HD 800 au grave mieux articulé.
Au terme de cette troisième rencontre, je comprends pleinement que certains aficionados du RS-1, entre autres Grado, aient pu être décontenancés voire déçus par le GS1000. En effet, si celui-ci peut être ressenti comme plus enjoué vis-à-vis d’un HD 800, on est loin par bien des aspects d’un RS-1 plus frontal, plus compact, plus fulgurant, plus enjoué dans son médium et plus restreint dans son grave. Pour ma part, j’imagine très bien ces deux Grado-là faits l’un pour l’autre pour le meilleur en termes de complémentarité.
Headphone Road
Août 2010