Non satisfait de ma déception relative au HFI-2400, j'ai saisi ma « chance » sur ce modèle, dont le seul changement semble ne concerner que le look.
Les coussinets en velours, oranges, sont amovibles et peuvent être substitués par d'autres coussinets de la série « Pro ». Cependant, d'un point de vue audio, il semble que seuls ceux utilisés sur les Pro2500 / Pro2900 conviennent à ce casque. Ayant essayé ceux du Pro550i, ces derniers ne sont pas adaptés et étouffent littéralement le son.
La première écoute fut bien décevante, et si je n'ai pas détecté de pic vicieux à 7Khz, toute la jonction entre les haut-médiums et les aigus a quelque peu attédié mes tympans, accoutumés jusqu'ici aux haut-médiums sirupeux du HFI-780.
Globalement, la musique virait artificiellement dans l'aigu et quelque chose manquait aux médiums. Ils me semblaient très dégarnis, lointains, et des résonances parasites éteignaient tout le naturel et le charme de cette partie du spectre lorsqu'elle est bien restituée. Ces résonances avaient lieu entre 2Khz et 6Khz, et faisaient ressortir de façon embarrassante les bruits de respiration, les chuintements et les voyelles « iii / èèè ».
Un exemple : le mot « True », qui se prononce à peu près « Tchou », devenait ici « TCHHiiou » avec ce casque. Ça donne envie.
La scène sonore m'avait par ailleurs semblé étriquée, chose assez inexpliquable pour un semi-ouvert. En comparaison directe, le HFI-780, le Pro550i, le Performance 820 et le Pro2500 transmettaient un ensemble sonore plus vaste.
Ces incohérences avaient-elles une cause ? C'est fort possible !
Il y a quelques temps de cela, en introspectant de manière hasardeuse l'intérieur de mon HFI-780, je découvris une pastille blanche, collée juste derrière chaque transducteur. Après les avoir enlevées, je fus bien surpris de constater que le pic vicieux à 6-7Khz ne se faisait plus
Je démontai donc mon HFI-2200 de ce pas, et bingo ! La même pastille, perforée en bas, au même emplacement, qui n'avait pas l'air enchantée de savoir où elle allait finir !
Ok, là c'est autre chose. La plus belle évolution concerne les médiums, tant dans leur partie haute que dans la partie basse. Les bas-médiums sont devenus pelucheux et ont gagné en épaisseur, tandis que les haut-médiums ont maigri de leur substance chimique. Toutefois cette partie-là n'est pas encore tout à fait satisfaisante à mes oreilles ; certains « iii » continuent de percer et les chuintements ont toujours lieu. Cela reste malgré tout plus mesuré, et cette partie, certes toujours problématique, s'entrelace mieux avec le reste, n'est plus aussi isolée que lors des premières écoutes.
La scène sonore a elle aussi gagné en épaisseur, et force est de constater que l'aération des drivers y est pour quelque chose. Je n'ai toujours pas comparé avec le K702, mais de toute manière je sais que ce dernier ne sera pas égalé si facilement. À noter néanmoins que face aux autres Ultrasone cités précédemment, celui-ci déploie davantage la scène sonore, sans la laisser poreuse au milieu. La sensation de grosse bulle sonore est très agréable, c'est plus organisé qu'un simple « gauche / droite / profondeur ».
Les basses ne m'ont pas semblé avoir été affectées par le retrait des pastilles. Elles sont assez précises, bien rapides (semblables à celles du HFI-780) et leur extension dans les extrêmes est à l'image des autres Ultrasone, c'est-à-dire approximative et brouillonne. Ça doit taper fort en distorsion je pense. Le Signature Pro jouait dans une autre ligue je dois dire...
D'autre part, la jonction entre les basses et les médiums souffre d'une légère boursouflure, renforcée lorsque le volume s'accroit. De plus, si le casque est porté un peu trop en avant, de sorte que les conduits auditifs se retrouvent trop loin des ridicules trous par lesquels sortent le son (merci le S-logic !), on frôle la sensation d'étouffement et les basses deviennent presque boomy. Il faut donc jouer avec la position des oreillettes, gare alors aux problèmes d'imbalance.
Et je n'ai toujours pas parlé des aigus en attendant ! Ça tombe bien, on garde le meilleur (cela peut être ironique lorsqu'il s'agit de cette marque) pour la fin !
J'avais été violenté par le HFI-2400, mais étonnamment, moins par son pic à 7khz que par la plupart des reviews, qui vantaient un casque très reposé dans cette partie-là. Le mot « forgiving » est passé plusieurs fois. Je m'étais dit alors que soit j'étais dix fois plus sensible que la moyenne face à cette partie-là des aigus, soit que les autres n'entendent déjà plus rien au-delà de 5Khz, soit que mon modèle était défaillant. Les quelques graphiques de sa réponse en fréquence, dont celui d'Innerfidelity, montraient pourtant bel et bien un
Et bien ici, avec ce HFI-2200, j'ai envie d'utiliser un adjectif doux concernant l'aigu. Il y a bel et bien un pic qui oscille entre 6Khz et 7Khz, mais je préfère plutôt évoquer le terme de « bosse », plutôt que de « pic », car l'aigu ne remonte pas de façon soudaine et vicieuse à un endroit bien précis.
La principale emphase opère vers 4-5Khz, se maintient jusqu'à 7Khz environ, avant de laisser les sur-aigus souffrir d'un gouffre impossible à rattraper à l'equalizer. Ils reviennent en force dans leur partie extrême, ce qui se traduit par des « fff » qui sonnent aussi forts que des « sss », ainsi que par ce que j'appelle des « bruits d'étoile ».
Par ailleurs, même si les aigus sont exempts de réelle agressivité (à prendre avec des pincettes hein), leur tonalité n'en reste pas moins sensiblement métallique. À ce propos, enlevez une oreillette et collez votre oreille au driver (essayez cela avec un Pro900 pour voir). Vous comprendrez concrètement ce que signifie « aigu métallique ».
En somme, dans l'ensemble le son est assez bien fichu, et hormis un léger accident au début des aigus, ainsi qu'une légère tendance boomy, je trouve que ce casque propose un univers sonore rapide, engageant, costaud (quand ça doit taper ça pousse fort, quand ça doit chanter, ça fait preuve de beaucoup de nuances) et relativement bien aéré, toujours avec ce soin porté pour la clarté et le détail dans les extrêmes aigus.
Je viens néanmoins gâcher quelque peu ce constat pour mentionner une tendance à la saturation lorsque le volume atteint certains niveaux. Cela dépend des morceaux, et a surtout lieu sur des morceaux actuels, avec de très faibles indices de Dynamic Range. On peut également observer les driver se déformer affreusement à partir d'un certain niveau de volume.
C'est dommage aussi qu'il failli recourir au démontage du casque pour ôter ces fameuses pastilles. Sans ce mod, ce casque me parait presque inécoutable tellement les aigus résonnent.
M'enfin, pour qui veut s'amuser, vivre et danser avec ses morceaux, c'est vraiment un casque que je recommande. Pour celui ou celle qui recherche de la douceur, sans sacrifier sur la clarté, idem, ce casque sait retranscrire des médiums radieux et mélodieux, et monter très haut dans les aigus. Mais pour ceux qui sont sensibles aux sibilances et qui sont découragés par ce qui tape fort et qui déborde, passez votre chemin hehe.
Edit : voici les photos bonus.