Beyerdynamic DT 1350 - un petit test !
Publié : 27 juin 2011 09:54
Si un terme ou une expression vous semble obscur le Lexique de test de Tellement Nomade est là!
Introduction :Je suis sans doute un des rares sur ce site à avoir posé les oreilles sur ce casque (euh... ne devrait-on pas dire l’inverse ?), alors voilà un retour !
Je me suis mis à l’audio il y a de cela quelques années, et depuis je me suis équipé d’enceintes correctes et d’un très bon casque sédentaire, mais, curieusement, j’ai beaucoup plus de mal avec tout ce qui touche au nomadisme. Pourtant, je ne recherche rien de techniquement exceptionnel (il faut rester réaliste). Mais pour je ne sais quelle raison je trouve la plupart des intras universels et casques portables assez franchement mauvais. Je n’ai pas essayé de moulés car j’ai des problèmes de mâchoire et je ne suis pas sur de la pérennité d’un tel achat à cause de cela. Et puis, je n’ai pas envie de mettre 800 balles dans du nomade de toute façon (autant mettre l’équivalent sur le matos sédentaire).
J’ai donc essayé pas mal d’intras, et j’ai possédé pendant un certain temps les Audio Technica ESW9, ESW10, les B&W P5, et écouté assez longuement les HD-25 (sans recablage) et les Audio Technica ES10, le tout sur Cowon S9, puis iPhone. Dernièrement je me suis acheté un Hifiman HM 601 sur lequel j’ai pu réécouter les P5, HD-25, et le dernier venu : le DT 1350. Vu cette liste vous pouvez déjà vous dire que l’argument sur le prix des moulés ci dessus, c’était du pipeau :D.
I - Le casque :
I.1 - Aspect esthétique :
Excellentissime. Je suis de ceux qui considère les Monster Beats comme une injure au design. Celui du DT 1350 est sobre, élégant, pas m’as-tu-vu, et saura se fondre parfaitement dans un environnement urbain sans attirer l’attention. Les matériaux sont bien choisis, mais le P5 de B&W fait mieux.
I.2 - Design industriel :
J’entends par là l’intelligence qu’il y a eu dans la conception extérieure de ce casque. C’est à dire, pour un casque nomade, comment les designers ont approché la problématique de la portabilité. Le bilan ? je trouve ça correct, mais il y a mieux (les P5 de B&W).
Le bon :
- l’arceau qui se sépare
- les cups qui peuvent s’orienter à 90° afin de dégager une oreille
- le confort
- l’isolation, une des meilleures si ce n’est la meilleure dans sa catégorie
- le câble, qui pour moi est ni trop fin ni trop lourdingue, et fait de matériaux qui me semblent sérieux (allô Audio Technica ?)
- Les pads, faits d’un très bon cuir synthétique, pas irritant du tout
Le raté :
- le câble non détachable
- le jack droit (mais la cible professionnelle doit apprécier, donc c’est un point que l’on ne peut pas trop reprocher à Beyer).
- l’endroit duquel le câble reliant les deux cups entre elles sort est trop proche de la structure en alu ce qui fait que celui-ci rentre dedans lorsqu’on essaie de mettre les cups à plat. Le potentiel d’usure est ici assez important, et c’est stupide, car il aurait suffit de décaler la sortie du câble de quelques millimètres pour régler le problème.
- le système de rotation des cups à 90° est trop flexible en position écoute, ce qui oblige à souvent réaligner celles-ci par rapport à l’arceau. C’est difficile à exprimer sans montrer le casque, mais sachez juste qu’il est pénible de devoir réajuster la chose à chaque fois qu’on le remet sur le crâne.
- la structure de l’arceau fait que ce casque ne supporte pas les cheveux longs et bouclés. Direction le coiffeur si vous êtes comme moi.
Le complètement raté : la housse.
Permettez-moi de râler un coup, ça me fait plaisir. Si la housse ne vous intéresse pas, ou bien mon épisode épidermique, passez au chapitre suivant.
A mon avis, une housse nomade réussie répond au problématiques suivantes :
- un minimum de rigidité, afin de protéger le câble et les drivers. Allô Audio Technica ?
- il faut qu’elle soit le plus fine possible, afin de se glisser dans les sacs messengers qui sont bien plus répandus aujourd’hui que les sacs à dos.
- il faut qu’elle puisse être rapide d’utilisation : sortir le casque ou le ranger ne doit pa être un calvaire lorsque l’on a un sac en bandoulière + un sac de courses par exemple.
A ce petit jeu celle du DT 1350 est très mauvaise :
- rigidité : OK, aucun problème à ce niveau.
- finesse : elle est bien trop épaisse pour l’utiliser avec un sac messenger. Et de toute façon suffisamment imposante pour prendre pas mal de place dans un sac à dos. 0/20.
- rapidité d’utilisation : Vous auriez beau être Flash Gordon qu’il vous faudrait un sacré paquet de temps pour sortir ou ranger le DT 1350 dans sa housse. Tout d’abord, le design de son rabat est tel qu’il faut la sortir complètement du sac. On ne peut pas y glisser le casque, il faut ouvrir la housse, et le déposer dedans. Enfin le velcro est lui aussi pénible.
Bilan : elle m’est complètement inutile et prend la poussière. Un exemple de housse parfaitement réussie (ou presque) : celle du P5 de B&W (que j’utilisais systématiquement au quotidien car bien conçue).
On m’opposera l’idée que le DT 1350 est un outil professionnel et qu’à ce titre la housse doit privilégier la rigidité au prix de tout le reste. Sauf que, Beyer vend la même avec le T50p, qui n’est pas pour les pro. C’est donc une réelle bêtise de leur part à mon avis (en plus, ça ne coûte pas plus cher de faire une meilleure housse).
I.3 - Qualité de fabrication :
C’est du fait à la main, made in Germany. Ce que j’en pense ? C’est pas mal, mais je préfère le fait à la main + machine, made in China du P5 de B&W.
Les coupes des pièces en alu et plastique ne sont pas très bien ajustées par exemple. Sur mon exemplaire cela résulte en un problème de câble, qui pourrait s’user prématurément à cause de cette erreur de construction, mais il est trop difficile de décrire le comment du pourquoi sans voir le casque.
II - Le son :
II.1 - Amplification :
Les DT 1350 me semble être en l'état exigeant au niveau de l'amplification. L'iPhone m'a semblé insuffisant, ainsi qu'un Hifiman HM601. Avec le TTVJ Slim, un ampli portable de qualité, le résultat est bien plus convaincant. S'agit-il d'une question de puissance ? Je ne saurais dire.
L’amplification apporte surtout au DT 1350 un gain aisément identifiable de corps, de substance, de présence. Ils sonnent trop éthérés, désincarnés sans une amplification de qualité. Tout du moins dans leur état actuel (cf le dernier paragraphe pour voir qu'on peut améliorer cet aspect du son d'une autre manière).
II.2 - Description du son :
Réponse en fréquence : équilibrée. Aucune fréquence n’empiète sur les autres. Cela dit j’ai noté une dépression vers les 3000 - 4000 hz (hauts médiums). Les guitares, les voix, par exemple, sont moins immédiates, moins intimistes. En revanche cela permet de se concentrer sur d’autres aspects de ces “instruments”, comme par exemple les harmoniques de la voix humaine, trop souvent malmenées par les casques nomades. Elle ne me semble pas changer avec l'amplification.
Détails : il y en a à la pelle. Et surtout, à cause de cette dépression dans les hauts médiums, on ne peut pas accuser Beyer d’avoir voulu produire du “faux détail” en boostant artificiellement cette plage de fréquence, chose bien trop fréquente à mon goût. Cet accroissement des détails est donc dû à une réelle avancée technologique au niveau du driver. Celui-ci doit sans aucun doute être très rapide, et très précis, avec une réponse clean et sans trop de distorsion. Une mauvaise amplification atténue ces qualités. Si je devais faire une comparaison, je pense qu’un DT 1350 correctement amplifié est le meilleur casque de sa catégorie question détails. La séparation des instruments est très importante, ce qui permet de suivre aisément les différentes lignes mélodiques lors de passages complexes. Une meilleure amplification augmente de façon assez remarquable le niveau de détail. A ce titre, un combo iPhone + TTVJ Slim est plus détaillé que le HM 601 seul.
Rapidité, précision : elle est exceptionnelle. Encore une fois il ne s’agit pas de “fausse” rapidité mais bel et bien d’une très grande précision dans les mouvements du driver. Les effets de “départ - arrêté” des instruments sont très bien rendus. La guitare n’a peut-être pas le corps qu’elle peut avoir sur d’autres casque, mais le DT 1350 compense par sa rapidité - le moindre ziiing ou twang est discernable.
Image sonore : tout simplement le seul casque portable que j’ai pu essayé avec le T50p à avoir un début de commencement d’image sonore. Quelque fois, j’ai été surpris par certain sons comme apparaissant en dehors de ma tête - un effet que je trouve exceptionnellement rare en audio nomade. L’image sonore est assez rigoureuse : on peut commencer à discerner le placement des instruments en musique symphonique par exemple.
Texture : le son est très liquide (davantage que la majorité des casques nomades). Le grain est absent sauf vers les bas aigus lorsque mal amplifié. Les basses sont boomy à la sortie de l’iPhone, s’améliorent avec le HM 601 et s’améliorent encore avec le Macbook pour atteindre un niveau comparable à celui de sa catégorie.
Timbres : mal amplifié il a une coloration métallique et/ou plastique. Ou tout du moins y a-t-il un je ne sais quoi qui me pose problème. Le HM 601 lui donne plus de chaleur / rondeur, mais pourtant il ne parvient pas à dominer la tendance généralisée du casque. Le TTVJ Slim lui fait faire un bon an avant indéniable, mais là encore je n'arrive pas à supprimer la gêne.
Corps / Substance : LE point qui posera un problème irrémédiable à certains. Même si là encore le DT 1350 gagne en substance bien plus que tous les autres casques que je connais en passant d’une mauvaise amplification à une meilleure, je doute qu’il parvienne au niveau d’un HD-25 ou ES10 par exemple. Le son reste fin, peu engageant, plat, et je dirais même chiant. Le HM 601 ne change rien à l'affaire.
A l'inverse le TTVJ Slim permet de retourner quelque peu la tendance : au moins je ne m'ennuie plus sur la plupart des morceaux. Le son gagne en charge émotionnelle, en corps, en présence. C'est moins désincarné, même s'il n'atteint toujours pas le niveau d'autres casques.
Quel en est la raison ? Très simple, et je l'ai découvert tout récemment. Comment ? Parce que je suis un peu taré. J'ai démonté en entier ma paire de DT 1350 et j'ai découvert à l'intérieur tout un tas de mousse. On recense :
- un filtre à l'arrière de l'aimant du driver obstruant 7 trous sur 8.
- une triple épaisseur de filtre (papier, mousse de type latex, et "tissu" en plastique fin sur les côtés de la plaque du driver
- une "colonne" de mousse à l'arrière de la cup écrasée entre l'arrière de celle-ci et le derrière du driver.
Tout ces éléments ont peut-être des avantages en matière de son (quoique - après expérience j'en doute), mais ils étouffent le driver. J'ai tout enlevé ou presque. Le résultat ? Un des casques portables les plus dynamiques que j'ai jamais essayé. Pour faire simple : ça cogne comme jamais, et avec une précision redoutable. Le driver est véritablement exceptionnel et vient concurrencer des casques bien plus chers, mais il est desservi par la structure de la chambre acoustique . Je ne souhaite pas en dire plus pour l'instant, car je suis en train de bidouiller ma paire pour en savoir plus. Sans pouvoir me permettre de faire mieux que Beyer (je ne suis pas ingénieur après tout), je pense être au moins capable de comprendre l'intérêt de chacune de ces mousses et filtres en tout genre et peut-être de changer la signature du casque de telle sorte qu'il me satisfasse davantage.