[Comparatif] Grado RS-1/AKG K340
Publié : 21 nov. 2010 22:27
Si un terme ou une expression vous semble obscur le Lexique de test de Tellement Nomade est là!
Comparatif Grado RS1/ AKG K340
INTRODUCTION
Le RS1 a longtemps été le modèle le plus haut de gamme du constructeur américain Grado, exception faite de certaines éditions limitées. D’autres modèles encore plus onéreux et plus ambitieux sont depuis venus enrichir la gamme, dont le GS1000, et le fameux PS1000, censé synthétiser les qualités du GS1000 et des anciennes éditions limitées PS (conçues par Joseph Grado himself).
Quoiqu’il en soit, le RS1, reconnaissable entre tous de part son esthétique très “vintage”, fait partie des légendes en matière de casques, et ce pour plusieurs raisons : il existe depuis le milieu des années 90, a été décliné et légèrement remanié d’un point de vue cosmétique, mais se maintient inlassablement au sommet de la gamme « Reference Series ». En outre, il est connu pour son parti-pris sonore atypique, extrêmement dynamique et relativement coloré, là où nombres de constructeurs font le choix, du moins dans cette gamme, d’un rendu moins typé, plus « hifi », plus sage. Ce n’est pas pour rien que le RS1 est très souvent recommandé aux audiophiles et mélomanes amateurs de rock, à la recherche d’un casque alliant sens du détail et propension à faire taper du pied.
L’AKG K340 est lui aussi un casque notablement atypique du constructeur autrichien. Tout d’abord, c’est un modèle extrêmement ancien. Sa production remonte au début des années 80, et s’achève vers le milieu de cette même décennie. En outre, d’un point de vue de sa conception technologique, il est unique, purement et simplement. Au sein de la petite guerre qui oppose, dans le haut de gamme, les casques électrodynamiques classiques et les électrostatiques tels que les Stax, le K340 emprunte à ces deux univers : il est le seul casque hybride jamais conçu.
Sans trop entrer dans les détails techniques, chaque oreillette possède un haut parleur dynamique, mais aussi une « capsule » à electret, dont le fonctionnement se rapproche dans une certaine mesure de celui d’une membrane électrostatique. Ces deux technologies se marient au sein d’un seul et même casque, et chaque transducteur s’occupe d’une partie du spectre sonore. (un peu à l’image des enceintes, qui possèdent un boomer pour les graves, et un tweeter pour les hautes fréquences)
Une dernière chose : il existe au moins deux versions du K340, une Bass Light et une Bass Heavy. Il n’existe aucun critère permettant de les différencier à l’œil nu. Le mien, d’après le forumeur qui me l’a vendu et qui est un fin connaisseur de ce casque (Salut, Isalula ! ), est un Bass Light.
PHOTOS, COMMENTAIRES
Ce comparatif porte sur :
le casque ouvert électrodynamique Grado RS1
le casque semi-ouvert hybride AKG K340
Caractéristiques techniques
Grado RS1
Réponse en fréquence : 12 Hz à 30 KHz
Sensibilité : 98 dB
Impédance : 32 ohms
AKG K340
Réponse en fréquence : 16 Hz à 25 000 Hertz
Sensibilité : 88 dB (!!!)
Impédance : 400 ohms
Je n’aime pas beaucoup gloser à partir des caractéristiques techniques, mais une chose transparaît clairement à la lecture des caractéristiques du K340 (elle se confirme à l’usage) : c’est un des casques les plus difficiles à piloter qui existe, bien davantage qu’un Sennheiser HD650 (pourtant réputé gourmand) ou qu’un AKG K701. C’est surtout dû à la très faible sensibilité de 88dB (la gigantesque impédance n’y est pas non plus étrangère, dans une moindre mesure). Prévoyez un ampli sédentaire costaud. (Les amplis sédentaires un peu faibles et l’intégralité des amplis nomades se casseront les dents dessus). Je n’ai jamais eu à pousser le potard mon ampli (RSA HR-2) à plus de midi de part son alim’ surdimensionnée, mais certains amplis réputés comme le Meier Audio Corda Aria sont à deux tiers voire presque au maximum, d’après certains tests tels que celui de Max.
Le Grado, lui, présente des caractéristiques assez communes de ce côté-là, en alliant une sensibilité moyenne à une impédance très standard. Néanmoins, comme je le disais, il faut se méfier des fiches techniques, parfois : à l’usage, le RS1 profite grandement d’une amplification de qualité, sous peine de voir (ou plutôt d’entendre) le bas du spectre s’effondrer, et de trouver la signature trop « montante ».
Photos
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Packaging
Il m’est difficile de répondre concernant le K340, pour une simple raison : le casque n’est plus produit depuis plus de 20 ans, et ne se trouve plus qu’en occasion. Difficile donc de détailler précisément le packaging d’origine. Le mien est un exemplaire NOS (new old sotck : exemplaire non utilisé), et la boite ne contient que le casque, maintenu dans un écrin en polystyrène. Je ne veux pas trop m’avancer, néanmoins, ne sachant pas si le K340 était fourni ou non avec de quelconques accessoires, lors de sa sortie.
En revanche, il y a pas mal à dire sur le packaging Grado, en commençant par une chose : il est à mourir de rire pour un casque de cette gamme : la boite est en carton grisâtre, type « boite à pizza ». Il s’agit d’une boite standard utilisée pour tous les Grado, et seul un autocollant indique qu’il s’agit du packaging d’un RS1. On trouve à l’intérieur : le casque, maintenu dans un morceau de mousse découpé aux contours du casque, une rallonge de câble, et un adaptateur 6,35mm vers 3,5mm. Bon, le principal est là, c’est ce qui importe, je ne suis pas très regardant là-dessus, mais il faut avouer que cela fait un peu tache pour un casque vendu près de 1000 euros en France (le prix double ou presque entre les USA et la France), là où le packaging d’un Sennheiser HD650 vendu plus de trois fois moins cher est bien plus riche et soigné. Par le passé, Grado livrait les casques de sa série RS dans un coffret en bois. Si vous tenez à acquérir cette jolie boite en bois, il vous faudra vous la procurer séparément, directement auprès de Grado Labs, pour la « modique » somme de 75 dollars, à laquelle il faut ajouter les frais de port. On ne peut que déplorer l’économie actuelle, assez mesquine pour un casque de cette tenue.
Confort
Les deux modèles sont extrêmement différents au niveau du confort, ce que leur conception laisser supposer : le Grado est un casque ouvert supra-aural (les pads se posent sur les oreilles au lieu de les englober), l’AKG est un semi-ouvert circum-aural (les pads entourent les oreilles : ils ne les touchent pas ou les effleurent à peine.
L’AKG est relativement lourd (280 grammes) mais s’avère très confortable : le système de bandeau souple surplombé par un double arceau propre aux AKG haut de gamme est un modèle de confort. Le K340 ne serre pas le crâne, il s’y pose très naturellement.
Néanmoins, sa conception « semi-ouverte » le rend moins confortable qu’un K701, dans la mesure où les pads en similicuir (très doux) peuvent tenir un peu chaud au bout de quelques heures. En outre, chez certaines personnes, l’oreille touche légèrement la grille protégeant les haut-parleurs, ce qui peut s’avérer gênant. Ayant des oreilles plutôt petites, ce n’est pas mon cas, mais il vaut mieux le signaler. Des tweaks sont d’ailleurs possibles afin de remédier au problème.
Hormis ces petits détails, le K340 est un casque des plus confortables et sera le compagnon idéal des longues écoutes.
Le cas du Grado est assez différent.
Commençons par les bonnes choses : le casque est très léger, vraiment. Les modèles de la série SR jusqu’au 225 inclus possèdent un arceau en plastique pas terrible , et les versions alu (SR325) sont lourdes. Le RS-1 n’a pas ce problème : l’arceau est en acier gainé de cuir (aucun grincement intempestif), et les coques en acajou ne pèsent pas grand-chose. Bon point de ce côté.
Tout n’est malheureusement pas rose : la conception supra-aurale du casque induit une certaine pression sur les oreilles, qui peut s’avérer gênante au bout d’une heure et demie d’écoute. Rien de dramatique, ceci dit. Par défaut, le casque serrait pas mal. Heureusement, l’arceau se détend à l’usage, et la pression qu’exerce actuellement mon RS1 est très raisonnable. Mes oreilles, avec le RS1, ont par contre tendance à être un peu écrasées contre les grilles de protection des haut-parleurs, parfois.
Les pads sont réalisés dans une mousse relativement souple, qui atténue la sensation de pression mais ne l’annule pas.
Le confort du RS1 est en corrélation avec son esthétique : vintage. Il n’est pas inconfortable, mais il n’a rien d’un canapé pour oreilles.
Il est possible de changer les pads par d’autres, plus épais et confortables, ou encore plus fins (les flat pads, qui équipaient les casques Grado par le passé), je n’ai pas testé, mais le rendu sonore en serait modifié, la distance entre l’oreille et le haut-parleur étant modifiée.
Qualité de construction
Commençons par le K340. Ce n’est pas mal du tout, surtout pour un casque de cet âge. Les plastiques sont de qualité, l’assemblage n’a pas de jeu, c’est assez typique du haut de gamme AKG. Les pads en similicuir sont doux, et inspirent confiance. Le tout semble apte à tenir dans le temps. On reprochera peut être l’excès de plastique dans la construction, si on le compare à un K701, mais soyons lucide, cela permet aussi de contenir le poids de la bête, déjà relativement conséquent.
Le câble, relié à l’oreillette gauche, est spiralé et extensible (à l’image des vieux téléphones), ce qui n’est pas plus mal, et évite d’avoir un câble de trois mètres qui traîne sur le bureau, ou par terre.
Deux reproches néanmoins : la connexion entre le jack et le câble est vraiment vraiment cheap, et exige qu’on en prenne soin : elle semble ne demander qu’à prendre du jeu et à générer des faux contacts. En outre, la connexion câble/casque est dans la même veine, fine et plutôt fragile.
A l’occasion, je ferais remplacer ce jack, voire même recâbler le casque, il le mérite.
Chez Grado, c’est un autre genre.
Commençons par une évidence : c’est bien construit. Les matériaux sont nobles, font la part belle au bois, à l’acier (intérieur de l’arceau), au cuir (le bandeau), et les plastiques durs respirent la qualité.
La finition est faite à la main, et ça se voit, dans tous les sens du terme : c’est bien fait, assemblé proprement, avec quelques petites imperfections de ci de là. Vous ne trouverez jamais, je pense, un RS1 qui n’ait pas un petit défaut de finition. Mais soyons honnêtes, il s’agit vraiment de broutilles, et le casque respire indéniablement la solidité.
Le câble (relié à chaque oreillette et non à une seule) est dans le même genre : il est gros, lourd, la séparation au niveau du Y est énorme et hideuse, mais le câble semble pouvoir résister à un usage intensif. En fait, il ressemble assez aux câbles reliant les guitares électriques aux amplis.
Ce n’est donc pas un modèle d’ergonomie, mais j’avoue que je préfère ça à un truc ultra-léger, mais fin comme du fil dentaire.
Conception simple sérieuse donc, sans fioritures particulières. Un petit côté brut qui s’accorde bien à l’esthétique du bestiau.
Isolation
Pas grand-chose à dire de ce côté-là : le RS1 est ouvert, il n’isole rien, et fait office de mini-enceinte vers l’extérieur, comme tous les casques ouverts. On entend clairement, à un mètre de vous, ce que vous êtes en train d’écouter.
Le K340, semi ouvert, atténue modérément (très modérément…) les sons provenant de l’extérieur, mais les fuites demeurent dans le domaine du raisonnable.
LE SON
Bon, trêve de verbiages, et passons enfin à ce qui nous intéresse : le son. Bien évidemment, ce point de vue est subjectif. Je tenterai de retranscrire mes impressions le plus clairement possible, mais n’hésitez pas à poser des questions sur le sujet dédié si un point vous semble obscur.
Matériel de test
Ces casques étant clairement dédiés à un usage purement sédentaire, la configuration de test est la suivante :
- -Ordinateur, en utilisant le lecteur Foobar, avec le plug-in Asio4All émulation bit-perfect (Asio4All permet de bypasser les éventuelles modifications que Windows pourrait appliquer au son)
-DAC Cambridge Dac Magic
-Amplificateur casque Ray Samuels Audio HR-2
Je me suis efforcé de choisir un panel de morceaux relativement large incluant un nombre de genres relativement conséquent, même si mes goûts personnels entrent forcément en ligne de compte.
Lecture…
1°) The Doors – Riders on the storm
Voix, piano, guitares, un jeu de batterie subtil. Un des plus célèbres morceaux des Doors, planant et parcouru de tension.
K340: Le morceau s’ouvre sur le son de la pluie, un orage. Le tout est superbement rendu, avec une certaine douceur, un certain sentiment d’intimité. La batterie vient doucement se poser, très légère, très aérienne. Le jeu de batterie possède peu d’impact (d’un point de vue quantitatif), mais il est bien défini, sec et franc sans le moindre soupçon d’agressivité. On a un très léger écho, bien rendu, qui confère une bonne impression d’espace. Chapeau bas pour la guitare électrique et peut être encore davantage pour le piano : ces deux instruments sont reproduits avec beaucoup de détails et une grande douceur. La voix est en avant, avec là aussi, un très léger écho. Le morceau sonne aéré, très doux, même sur les passages un peu plus nerveux. On est dans une ambiance assez « méditative », si je puis dire, assez dans l’esprit du morceau.
RS1 : La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que tout est plus proche. La batterie tape de façon plus sèche, très détaillée, la basse ronronne davantage (elle passe assez inaperçue sur le K340). Le piano est très détaillé, il marque davantage les attaques…peut être peut-on lui reprocher, à une ou deux reprises, un poil d’agressivité dans les aigus… Enfin, la voix perd ce léger effet d’écho, et sonne peut être un poil trop claire. Mentionnons enfin que le placement et la séparation des instruments sont excellents, malgré une scène sonore assez réduite.
Un petit faible pour le K340 sur ce morceau.
2°) Katie Melua – Crawling up a hill
Un morceau de blues léger en entraînant, aux accents jazzy, sur lequel se pose la voix de Katie Melua.
K340: La première chose que je me dis, c’est: “la voix est géniale!”. C’est indéniable, la voix de Katie Melua est en avant (on discerne déjà la prédominance des mediums), limpide, claire, avec un léger voile dans les mediums et haut mediums empêchant toute sibilance ou agressivité. Le rendu de la batterie et du piano sont très…jazzy, à savoir clairs, subtils, sans agressivité. Ils ne sont pas outrancièrement présents, et semblent vraiment être là pour soutenir la voix. Les cuivres jouent haut, et ne sont pas tronqués, mais n’agressent jamais l’oreille. On est vraiment dans une ambiance club de jazz. Difficile de faire mieux, à mon gout.
RS1 : Le RS1 s’en sort très bien sur un terrain où on ne l’attend pas forcément. Bon, tout de suite, on a moins d’espace qu’avec l’AKG, mais il me semble que le placement des instruments est plus précis. La guitare est tout simplement parfaite: la guitare est très lisible, claquante, avec une superbe énergie contenue, bravo. La batterie claque avantage qu’avec l’AKG, avec un réalisme saisissant, une grande netteté, mais sans sècheresse extrême. Peut-être peut-on lui reprocher d’être un peu trop “directrice” sur ce morceau. Le piano est dans la même veine, marquant les attaques avec brio…il lui manque néanmoins le petit soupçon de magie que procure l’écoute avec le K340. Pour finir, la voix est claire, un poil en retrait…peut être un poil trop claire, justement. On est donc en présence d’une restitution qui n’a rien à envier à celle de l’AKG, mais sans doute manque-il cette petite touche jazzy, l’émotion passe un peu moins bien.
3°) The Gathering – You promised me a symphony
Un piano, la voix haut perchée et fragile de Silje Wergeland, et un texte déprimant.
K340: Bon, comme avec Katie Melua, comme je m’y attendais, c’est superbe. Le piano a une très bonne assise, une touche véritablement magique. De même en est-il pour la voix, qui parvient à être haute, claire, détaillée, ET dénuée d’agressivité. C’est aérien et aéré, minimaliste, tout simplement…ouaouh.
RS1 : La voix est plus en retrait, et peut être un peu trop « brillante » ? ça se discute… Le piano marque davantage les attaques, et fournit peut être un niveau de détails un peu supérieur. La restitution en elle-même est très bonne, mais après la performance du K340…
4°) PJ Harvey – One line
Un des morceaux les plus calmes de Stories from the city, stories from the sea, de la rockeuse Polly Jean Harvey. Calme mais parcouru d’une tension latente, très bon morceau pour mettre la dynamique à l’épreuve.
K340: La guitare rythmique (électrique) gagnerait peut être à être un peu plus agressive, abrasive, du moins à mon goût. La voix un peu rauque de PJ Harvey est très bien restituée, comme d’habitude avec ce casque. La batterie marque les temps au fond, discrète. Quand le morceau décolle et s’énerve un peu, le tout manque un peu de dynamique, en particulier au niveau de la guitare et de la batterie. L’impression d’espace est convaincante, la chanteuse est proche de nous, les instruments plus laid back.
RS1 : On a plus de détails et plus d’assise au niveau de la batterie, le grave descend clairement plus bas et de façon plus convaincante. La voix est plus en retrait, mais elle est aussi plus « directe ». Je crois que sur ce morceau, sur cette voix assez rauque et assez rock, j’ai un faible pour le RS1. Quand le morceau s’énerve, le RS1 démontre son extraordinaire dynamique : la batterie est très nerveuse, la guitare électrique légèrement saturée est agressive mais sans excès. Les instruments et la chanteuse sont proches de nous, mais la séparation est très bonne, et rien ne se mélange. Sur ce morceau, les deux partis pris sont défendables : Le K340 propose une écoute plus intimiste, plus posée, tandis que le RS1 se montre plus direct, plus entraînant, plus rock, et fait ressortir l’impression d’urgence et de tension qui parcourt le morceau.
Ici, malgré la performance très honorable de l’AKG, je préfère le Grado.
5°) Stevie Ray Vaughan – Crossfire
Un blues électrique endiablé à la manière de SRV. Un son chaud et gras, et la voix cassée du bluesman.
K340: Moui…la batterie, bien que ses impacts soient secs et nets, manque tout de même de présence et d’énergie. La basse est clairement en retrait, assez anémique. C’est mieux au niveau de la guitare, lisible, nette, assez entraînante, bien que personnellement, j’apprécierais davantage d’agressivité. La voix est en avant, très bien rendue, les instruments sont plus laid-back. Le tout sonne carré, détaillé, on a une bonne aération…mais le tout est justement trop carré, trop aéré, et manque d’immédiateté, de spontanéité, de sueur.
RS1 : L’impact et l’assise de la batterie sont excellents. Le tout est nerveux, sec, entraînant. La basse ronronne bien, elle est bien plus audible qu’avec l’AKG. La guitare (avec ce son lourd et saturé typique de SRV) est… époustouflante, il faut le dire, agressive et grasse. La voix est moins présente, mais râpeuse, cassée, peut être encore meilleure qu’avec l’AKG. La scène sonore est resserrée, on a peu d’espace, mais tout est à sa place. On a la tête en plein dedans, ça bouge. Un sans faute !!!
6°) Dire Straits – Sultans of Swing
Un des titres les plus connus du groupe. Un titre de rock très eighties, marqué entre autre par le jeu de virtuose du guitariste et chanteur, Mark Knopfler.
K340: La guitare de Knopfler est claire, légère et aérienne (très en accord avec son jeu, à mon humble avis). La partie guitare rythmique, assez claquante, sur les côtés encadre bien la voix. La voix, justement est présente, assez grave et légèrement cassée. Je regrette que la batterie manque légèrement de groove, les impacts étant claquants, propres, mais très légers. Ça reste néanmoins assez personnel. Au chapitre des regrets, la basse, qui est lisible, mais manque largement de présence.
RS1 : C’est un tout autre rendu ! La batterie est impactée, très détaillée, mais sans excès. La basse soutient bien mieux le rythme. La guitare est différente, plus sèche, plus mise en avant, plus brillante. Difficile de faire mieux, le rendu est extraordinaire. La voix de Knopfler est plus en retrait, mais la couleur du medium alliée à la clarté du RS1 fournit un très bon résultat, différent mais aussi bon que celui du K340, plus rock. On a globalement une perte d’aération par rapport à l’AKG, mais un énorme gain en dynamique, en énergie.
J’aime bien le côté aérien et «éthéré » du K340, mais le RS1 est clairement sur son terrain de jeu, apportant plus de corps, d’énergie. Et quitte à me répéter : la guitare, quel pied !
7°) Trivium – Anthem (We are the Fire)
Un titre dans la lignée des grands noms du thrash metal, par les jeunes surdoués de Trivium. Un son tranchant et agressif.
K340: Bon, je m’y attendais, c’est déloyal pour l’autrichien, mais quitte à être éclectique, autant jouer le jeu… La présentation est trop laid-back, le voile sur les mediums et haut mediums, certes très profitable au son sur des morceaux calmes, pour le coup, ne joue pas en sa faveur, la voix est départie de son agressivité. La basse est audible, mais elle est fluette. Quant à la batterie, elle sonne comme celle d’un jazzman et non comme celle d’un musicien de thrash déchaîné. Le solo de guitare est bien rendu d’un point de vue technique, mais le tout est bien trop policé. Le rendu est trop laid back, les extrêmes trop peu présents. Le casque ne se prend pas les pieds dans le tapis à proprement parler, car le tout est propre, net, mais je m’ennuie un peu.
RS1 : Là aussi, pas de grandes surprises. Le RS1 est en plein dans son élément, et rend à la perfection ce morceau de thrash moderne. Tout est à sa place, avec une grande précision, malgré la scène sonore réduite. Le tout est sec, agressif, mais sans vriller les oreilles, et les aigus pourtant très présents et ciselés n’ont pas ce rendu métallique et artificiel qu’on trouve souvent sur des casques ayant une certaine emphase à ce niveau. C’est le quasi-sans faute…pour chipoter, j’apprécierais peut être que la basse soit un peu plus présente, mais cela tient essentiellement au mix du morceau. Le RS1, tout comme avec Sultans of Swing, a de mon point de vue un rendu parfait sur ce morceau, même si les personnes un peu sensibles à l’aigu risquent de ressentir une certaine fatigue auditive pour de longues écoutes.
8°)Hubert-Félix Thiéfaine – l’Etranger dans la glace (live Scandale Mélancolique Tour)
Un chanteur, une guitare, des cuivres. Une interprétation live d’un morceau de l’album Scandale Melancolique. Un morceau acoustique et infiniment triste de ce compositeur de rock barré qui est aussi un très grand nom de la chanson française.
K340: La guitare sèche est limpide, les cuivres montent très haut sans jamais agresser l’oreille. Quant à la voix…elle est splendide, ni plus ni moins. Le K340, sur un morceau assez dépouillé comme celui-ci (une voix et deux instruments), fait preuve d’un très bon sens du détail. Le fameux « voile » sur les mediums et haut mediums est bien présent, et confère une touche vraiment exceptionnelle. Les applaudissements à la fin du morceau sont détaillés, les claquements sont audibles et détaillés. Le léger écho donne une bonne idée de l’espace de la salle de concert.
RS1 : La guitare acoustique est d’une limpidité assez hors du commun ! C’est meilleur que l’AKG, qui se débrouillait pourtant bien. Néanmoins, elle tend, parfois, à passer légèrement devant la voix. La voix, justement, est chaude, claire, c’est une très belle prestation, peut être techniquement supérieure à celle que retranscrit le K340, mais il lui manque la petite touche qui me fait préférer l’AKG sur ce point. Certains trouveront les cuivres un peu brillants et agressifs…je n’ai pas eu cette impression et j’ai surtout été marqué par leur niveau de détails et leur naturel, mais peut être est-ce mon habitude du RS1 qui me joue des tours… Enfin, pas de surprise : du fait de la présentation très frontale du RS1, la sensation de l’espace de la salle de concert paraît moins évidente.
CONCLUSION
Nous sommes en présence de deux excellents casques, mais diamétralement opposés, bien qu’ils tendent tous les deux vers un rendu montant (mettant en valeur le milieu et le haut du spectre).
Le K340 possède un extrême grave un peu écourté et un grave sec mais peu présent (plus présent qu’un AKG K701, néanmoins), il est centré sur le medium et met clairement les voix en avant (il a d’ailleurs plus de corps et de nuances que le K701 pourtant très réputé à ce niveau). Les haut mediums et les aigus sont présents, clairs, mais dénués d’agressivité et de sibillance. Je dois dire que j’apprécie beaucoup cette alliance de clarté et de douceur.
Au niveau de l’extrême aigu, la prestation est honorable, mais il coupe tout de même plus tôt que le Grado ou qu’un K701.
Concernant la largeur de scène (le K340 est parfois critiqué à ce niveau), c’est une question de point de vue : il n’a clairement pas la largeur de scène d’un AKG K701 ou d’un Sennheiser HD650…qui sont des casques ouverts. Semi-fermé ne veut tout de même pas dire grand-chose, le K340, dans sa conception est plus proche d’un casque fermé qui isolerait assez peu et émettrait un peu de fuites vers l’extérieur. Et pour un casque fermé, la largeur de scène est très bonne….prévoyez tout de même une amplification plutôt musclée, sans quoi le casque sonnera très renfermé. (Je me demande si cette réputation de scène sonore un peu « limite » ne vient pas aussi d’amplifications un peu légères.)
Le RS1, lui est le casque énergique par excellence. C’est un casque ouvert qui à peine plus de largeur de scène qu’un bon casque fermé. Les graves sont secs, il a une certaine emphase dans les aigus (mais j’insiste, ils ne sont jamais métalliques), c’est une boule de nerfs. Enfin, les mediums méritent qu’on s’y attarde : Ils sont légèrement en retrait d’un point de vue quantitatif, mais certes pas qualitatif ! Probablement du fait de la bosse vers les 2000Hz (du moins c’est par là que je l’estime, à l’oreille), ils allient chaleur et clarté.
On est donc en présence d’un casque certes très typé et coloré, mais alliant une extrême dynamique à un grand sens du détail.
Bon, il ne s’agit pas de départager le RS1 et le K340, ils sont trop différents pour cela, il s’agissait surtout de mettre en lice deux casques assez mythiques et typés. D’un point de vue relativement objectif (et sans considération pour la signature sonore) le Grado est tout de même un cran au dessus, question niveau de détails, ainsi que placement et séparation des instruments, tandis que l’AKG a pour lui son confort, son rendu clair et doux, et ses mediums très typés.
Assez complémentaires, en fait…