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[Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 11 mai 2012 17:02
par Isalula
Si un terme ou une expression vous semble obscur le Lexique de test de Tellement Nomade est là!
Salut à toi l’ami(e),

Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.

Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.

Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.

Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal. :headphone:

Isalula



… Vous pensiez peut-être, comme moi, qu’avec l’existence du GS1000 unique modèle dans la gamme Statement Series, la boucle était bouclée ? Et bien, nous avions tort ! En effet, il faut compter depuis mars 2009 avec un certain PS1000, fleuron du savoir-faire technologique de la marque. La bête, moi et quatre de ses congénères avons batifolé durant quelques jours.

Sans être un fin connaisseur des Casques de chez Grado Labs, je sais au moins que le PS1000 n’est pas le premier modèle à avoir arboré l’appellation Professional Series sur ses écouteurs, ayant eu l’occasion de contempler des photos du PS-1. Un Casque rare et très coûteux qui était estampillé, lui aussi, Professional Series.

Même si le PS1000 ne déroge pas aux « canons de beauté » de la célèbre marque américaine, il m’impressionne un tantinet par son aspect et ses teintes, dégageant en quelque sorte une aura de force brute que les courbes de ses écouteurs et pads ne parviennent pas à estomper. Comparé au PS1000, le HD 800 me paraît un zeste moins intimidant, le MS Pro fait plutôt exotique et le SR325i est devenu carrément… ludique.

Soyons clairs, je n’ai aucun grief vis-à-vis de quelque marque que ce soit et à fortiori envers Grado, j’en suis plutôt fan. Mais à ce niveau de gamme et fatalement de prix, peut-on rester insensible au fait qu’un Casque de cette classe soit vendu dans une boîte… en carton ?!! Pour ma part, une telle réalisation ne méritait pas moins en guise d’écrin que le classieux coffret boisé figurant au catalogue du constructeur. Dans le cœur de tout passionné, il y a un râleur qui sommeille, qu’on se le dise !

Hormis Sa Seigneurie trônant dans un écrin de mousse, on trouve dans un second emplacement ses compagnons, à savoir le fidèle adaptateur Jack 6,35/3,5 mm et la dévouée rallonge de 4,5 mètres. Un équipage de série qui me semble aller naturellement de soi en regard de la somme à débourser par chez nous (plus de 2 100,00 €) pour qu’il nous fasse vœu d’allégeance, loin devant celles de ses nobles rivaux d’outre-Rhin.

Les deux essais du GS1000 m’avaient laissé la même impression mitigée en termes de maintien, impression due à un arceau n’épousant pas suffisamment le crâne et des jumbo pads laissant mes oreilles un chouïa trop libres de leurs mouvements. Sur ce point, le PS1000 à l’architecture similaire et fatalement plus pesant (510 ? versus 320 grammes) ne me paraissait pas être en capacité de remettre ce constat en question. Difficile pour moi d’avoir un avis complet, car le bandeau d’arceau qui équipe « mon » exemplaire n’est pas de chez Grado Labs mais de chez JMoney Audio. Plus épais, plus large, il offre donc une stabilité accrue. Dans ce contexte, je dirais que l’arceau épouse davantage les contours de mon crâne, mais que la sensation de flottement avec mes oreilles lovées au sein de ses larges pads demeure, et m’a à nouveau incité à une certaine prudence dans mes mouvements, tout particulièrement lorsque j’inclinais légèrement la tête. A l’usage, je n’éprouverai aucune sensation de fatigue ou d’inconfort y compris après des sessions de plusieurs heures d’affilée. Néanmoins la victoire revient assez aisément au HD 800, plus léger (350 grammes) plus stable, plus ergonomique dans son réglage d’arceau, plus confortable avec ses pads et qui jouit d’une meilleure répartition de son poids, structure aidant.

Et oui, c’est que le PS1000 affiche son pesant de grammes supplémentaires, contrairement aux GS1000, GS1000i (pour improved) et aux deux modèles de la célèbre Reference Series, (RS1i et RS2i) puisque ses chambres sont une combinaison hybride de bois et d’alliage métallique. Un concept qui s’applique également au HF2, d’où le surnom de « baby PS1000 » que certains Head-Fi’ers lui ont attribué.

Si Grado annonçait un nouveau câble symétrique inamovible spécialement conçu pour le PS1000, « mon » exemplaire a été recâblé avec du Moon Audio Black Dragon & fiche Jack Furutech. Les autres Casques mis en lice ne sont équipés que de leurs câbles d’origine. Le HD 800 marque encore un point ergonomiquement parlant, son câble symétrique étant amovible.

Le PS1000 en spécifications :

Conception : Ouverte
Type : Circum-aural
Bande passante : 5 - 50 000 Hertz
Sensibilité : 98 déciBels
Impédance : 32 Ω

Tous les Casques, ou boîtes à musique que j’ai pu rencontrer étaient certainement sophistiqués, éventuellement élégants et fatalement… muets. Le PS1000 n’est pas différent. Alors, à ce stade de la rencontre, il n’y a plus qu’une chose à faire : Me tapir dans mon bar, afin de me livrer à une débauche d’expériences auditives !!!

Je ne récupère le HD 800 que demain soir, alors soyons fous : La playlist attendra bien un peu, le RudiStor RP-33 SE aussi. Honneur à une invitée surprise dénommée Imogen HEAP avec speak for yourself. Et au vu des besoins théoriques du PS1000 en matière d’impédance et de sensibilité, j’ai très envie que le SinglePower PPX3-6CG7 se joigne à ma petite fête improvisée ! Un caprice qui ne posera aucun problème puisque je devrais juste positionner le potentiomètre du SinglePower à un cran supplémentaire (vers 9h00)

Un BANG va-t-il retentir ? Une sorte de mur du Son va-t-il être franchi à l'écoute du PS1000 ? Attachez vos ceintures et redressez votre siège, on va décoller.

Si la sonorité de cet album Electro Pop aux accents délicieusement fantasques et subtilement oniriques (à moins que ce ne soit l’inverse ou les deux à la fois ?) m’avait rapidement séduit avec le SR325i, c’est le coup de foudre avec le PS1000. Ca peut sembler franchement inégal, je suis d’accord, mais il fallait bien commencer quelque part.

Le PS1000 fixe illico les limites du SR325i en termes d’aération, de présentation et d’étagement des plans (pour un Casque) Une intro au piano plus excentrée dont les échos sont à la fois plus étendus et, ô surprise, plus modulés (the moment i said it) ou ce clavier dans have you got it in you ? (ma préférée) lui jusqu’alors sommairement confiné, aux notes désormais si lumineuses… Car sur le plan tonal le PS1000 fera également tituber le SR325i avec son grave plus texturé, plus opulent, plus abouti et sans sécheresse. Mais c’est surtout son aigu qui me laisse pantois, si lumineux et sans avoir à en payer le prix par une quelconque dureté. Son médium est magnifique de douceur et d’abondance. Toute la sensibilité et la fraîcheur contenues dans le chant d’Imogen en sont transcendées.

Ampleur, nuance et maitrise… Car si le « ton monte », c’est le PS1000 qui a le dernier mot. Là où le SR325i devient plus éprouvant par sa sécheresse et sa compacité, le PS1000 ne cède pas un pouce de terrain. Que le message s’intensifie ou se complexifie, il reste imperturbable et ne laisse pas son auditeur être soumis à rude épreuve à l’instar de loose ends que j’écoutais difficilement avec mon SR325i.

Je continue la fiesta dans un registre plus musclé avec…

THE MOTELS - essential collection
Choc dans la poitrine dès la première écoute de leur single total control, et bien trente ans plus tard, ça fait toujours autant mouche. De Martha DAVIS, l’âme du groupe à la voix ravageuse, à ces mélodies nerveuses et parfois carrément endiablées de ce groupe de New Wave californien… Enjoy !
Si j’avais pris pour argent comptant ma première impression sans chercher plus loin, j’aurais réglé en un clin d’œil le compte du SR325i et signé le chèque pour un PS1000 (mouais, le rêve est toujours plus beau que la réalité, nan ?) Car là où il fallait se concentrer pour entendre tel ou tel instrument en arrière-plan, tout est là, perceptible sans le moindre effort. De facto, le PS1000 m’avait vraiment scotché. Instruments, voix, ambiances… Tout s’était accru. Plus confiné, plus sec, plus simplifié… Le bilan sentait donc le sapin pour le SR325i !

Ce dernier va tout de même sauver sa peau sur la compil des MOTELS. D’emblée par sa présentation plus frontale, puis sa sonorité plus mordante et plus carrée qui colle pile-poil au genre à mon goût. Bref, je kiffe davantage.

Je prévoyais trois phases au fur et à mesure des confrontations. La première située dans un rapport de supériorité (PS1000 versus SR325i) La seconde dans celui de la complémentarité (versus MS Pro & RS-1) et la dernière dans celui de l’alternative (versus HD 800) A l’issue des réjouissances, la première phase est passée à la trappe. On est de plain-pied dans la deuxième.

Dans la mesure où le HD 800 ne sera des nôtres que dans quelques heures, je sors de son tiroir mon Alessandro MS Pro. Mark KNOPFLER (sailing to philadelphia) prends donc le relais d’Imogen et de Martha. A bientôt très chères…

Si l’album d’Imogen HEAP m’avait laissé imaginer que le PS1000 arrondissait les angles, ce dernier me ramène sur Terre. Le PS1000 ne fait pas de cadeaux si le pressage n’est pas satisfaisant. Les tubes du SinglePower n’y changeront rien : La voix de Mark sur el macho me crispe ponctuellement là où un MS Pro, au bas-médium plus charnu, calme le jeu. J’entre dans le vif du sujet avec speedway at nazareth. Le PS1000 suit bien le rythme, mais tout de même pas autant qu’il le faudrait pour me faire battre le tempo. Le Grado a beau ne jamais se prendre les pieds dans le tapis, l’Alessandro fait un peu mieux. Dame ! Tout comme son compère, le RS-1, ces gars-là sont nés pour emmener leurs auditeurs plus loin, jusqu’à leur filer vite fait une furieuse envie de se joindre aux musicos, pour faire jaillir à leur tour ces accords de guitares exaltés ou à marteler cette batterie la fièvre au corps et le cœur en fête !

Okay, le PS1000 ne semble pas être du genre impulsif. Ce que le RudiStor devra confirmer ou infirmer. Avec le SinglePower, il ne m’en a pas mis plein la « vue » comme un RS-1 l’avait fait. Mais il a un sacré talent, en dépit du fait qu’il n’ait pas été totalement convaincant avec ce qu’exigeait l’album de Mark KNOPFLER et celui des MOTELS. L’image est plus ouverte et plus aérée que celle du MS Pro et à fortiori du SR325i. L’équilibre tonal est plus cohérent, la bande passante est plus étendue mais la signature de l’Alessandro l’a emportée, plus exaltante avec ces guitares aux élans aguicheurs, ses basses plus promptes. A contrario, quand j’ai écouté la guitare de junkie doll en intro avec le PS1000 puis le MS Pro, je suis resté sur le cul avec le Grado. La richesse des accords, la perception du vibrato des cordes dans l’air est bel et bien… surlecutante. Là, le MS Pro parait subitement caricatural. Ca sonne, certes, mais exhale trop peu en comparaison. Et enfin, tout Pro qu’il puisse être homologué, Il n'est pas en mesure d'atteindre la cohérence inhérente au PS1000.

Aucun Casque n’est partout au top, haut de gamme ou non. Le PS1000 ne fait pas figure d’exception. Avec Mark KNOPFLER, je préfère quand c’est le MS Pro qui mène la danse parce qu’il est plus intimiste, plus charnu, plus alerte en dépit du fait qu’il est plus sommaire dans ses timbres et plus typé. Ce qui s’avère plutôt salvateur avec ce mastering d’ailleurs. J’attendais la complémentarité, elle est au rendez-vous.

C’est la fin du jour… Le HD 800 est enfin arrivé : Roulements de tambours et tapis rouge ! Zou ! Direction la playlist, le RudiStor RP-33SE et fissa siouplaît !

Jesse SYKES & THE SWEET HEREAFTER reckless burning - drinking with strangers
Une guitare à gauche et la chanteuse à droite (0.52 mn)
Aucun effet bulle à déplorer, ça respire même si le K1000 dicte encore et toujours sa loi à nos deux guest stars. Si le PS1000 semble être un soupçon plus large et plus proche dans sa présentation, ce n’est pas celle d’un RS-1 non plus.

Une seconde guitare se manifeste, cette fois à la droite de la chanteuse (1.02 mn)
Même topo, le K1000 reste au-dessus de la mêlée. Ni le Grado, ni le Sennheiser ne sont aussi aérés. Ceci étant, instrument et interprète n’empiètent pas l’un sur l’autre. Ils sont très proches, mais parfaitement détourés. Simplement, l’air ne circule pas entre les deux challengers comme le K1000 me l’avait susurré. Je concède volontiers que j’ai pu constater une fois de plus que l’AKG a laissé définitivement son empreinte sur ma route pour rester inégalé en termes d’aération et de présentation.

Match globalement ex aequo donc entre le PS1000 et le HD 800, mais qui a permis à certains traits de caractères de pointer le bout de leur nez. Je serais même chiche de donner d’ores et déjà un gage au HD 800. Le PS1000 ayant davantage de présence, ce qui ne me correspond pas vraiment ici. Plus éthéré (les chœurs vers 0.35 mn) et aussi plus délicat, ma préférence irait plutôt au Sennheiser. Je découvre un coté abrupt sur les pointes vocales auxquelles je ne m’attendais pas avec le Grado. Ouaip ! Associé au RudiStor, il n’est plus le même. La perspective d’être amené à réviser, au moins partiellement, mon appréciation sur le PS1000 s’impose à l’évidence. Mais mon SinglePower étant davantage adapté aux Casques de basse impédance, je n’ai pas d’autre choix que celui du RudiStor, plus polyvalent vis-à-vis des 300 Ω d’impédance moyenne du HD 800.

Francis CABREL l’essentiel 1977-2007 - les passantes
L’intro pour son ambiance à la fois live et intimiste, la guitare du poète et une petite sélection de mots aux intonations vocales caractéristiques de l’artiste …qu’on aime… (0.24 mn) …fluette… (1.14 mn) …court… Le r qui roule, magique ! (1.33 mn) Et enfin …descendre… (1.46 mn)
Avec le PS1000 les applaudissements sont un peu trop relégués en arrière-plan au profit de la guitare. Un rendu de l’instrument appuyé, proéminent qui est inopportun. Je trouve l’équilibre applaudissements/guitare plus cohérent, plus harmonieux avec le HD 800. De nouveau, le Grado va se faire un tantinet rêche dans le haut-médium. Il est aussi plus étoffé dans le bas sans générer d’effet de masque. En changeant de Casque à la volée le Sennheiser en paraît un peu famélique, mais il offre une touche de sensibilité dans le timbre de la voix de CABREL que le PS1000 ne m’offre pas. Les deux Casques sont parfois au coude à coude : Le toucher des cordes, la subtilité des accords, la spatialisation... On a d’une part, énergie, étoffe et d’autre part délicatesse et harmonie. Diantre, ça commence à devenir cornélien tout çà. Mais, somme toute, cela correspond à la troisième phase : Celle de l’alternative.

FREDERICKS GOLDMAN JONES rouge - des vies
Guitares et batterie s’expriment d’emblée avec fougue. Les accords et les impacts se succèdent les premières secondes à un rythme effréné, sans dureté ni projection.
Okay, le RS-1 possède une dynamique plus élevée. Ce qui, vu les styles musicaux où il est incontournable depuis belle lurette, n’est pas surprenant et le positionne dans une logique de complémentarité. En effet, pour les adeptes purs et durs qui seraient en quête d’une restitution encore plus mordante, plus fulgurante et aussi "full live" que celle d’un RS-1, le PS1000 décevra. Mais en termes de versatilité, ce flagship est largement mieux armé pour y répondre. Si je sais donc déjà que la fougue et l’allégresse d’un RS-1 demeurent son apanage, les deux Casques assument correctement le tempo au point que je n’arrive pas à les départager. Ca sonne plus dépouillé avec le HD 800. La guitare en tire avantage au détriment d’une batterie au rendu plus sec. Comme précédemment, ça arrache de temps à autre sur le haut-médium avec le Grado et ça pousse davantage. Le Sennheiser est décidément plus délicat sans pour autant être voilé. Qu’il n’y ait pas d’ambiguïtés, même plus accrocheuses avec le HD 800, les guitares ne chatoieront jamais comme elles le font avec le RS-1.

Pas un grand démonstratif le PS1000 ? Méfiance, car je sélectionne par erreur un autre titre de l’album (frères) Wow ! Le punch, la restitution du PS1000 insufflés par le RudiStor battent en brèche le HD 800 même si c’est parfois au prix d’une certaine rudesse. Je retrouve partiellement le PS1000 d’avant, celui que j’avais découvert en compagnie d’Imogen HEAP. C'est-à-dire celui faisant face au crescendo avec une aisance et une maîtrise époustouflantes. Ferveur des mots, expressivité des instruments, ambiances exacerbées… Il vient de me la jouer bête de scène, là !

Chris REA auberge - set me free
La guitare électrique est à son paroxysme, lançant ses accords comme un ultime cri de défi… Top émotion ! (6.06 mn)
Amen, la messe a déjà été dite. Le RS-1 reste divin, par cette alliance d’énergie, de luminosité et de chaleur qui est la sienne. Avec lui, le ciel s’était ouvert, traversé de part en part par cette guitare aux accents flamboyants. Comment oublier l’ivresse ressentie à cet instant ? Ni le PS1000, ni le HD 800 n’ont cette flamme en eux. Comparé au RS-1, les écoutes de ce passage s’avèrent frustrantes pour n’effleurer que le flanc des nuages.

L’écoute du morceau complet me le confirme. La force, l’énergie sont avec le PS1000. Avec cette batterie qui pulse davantage, cette guitare plus brillante, ces cymbales plus éclatantes. Et aussi la rudesse qui transparait ici et là, sur la voix, le clavier et les cymbales.

Instrumentalement plus subtil, vocalement moins abrasif, le HD 800 me donne le sentiment de plus de sensibilité, de délicatesse sans être lissé. Il sait donner un certain peps au morceau mais d’une façon moins abrupte : Un piano aux notes plus perlées, une guitare aux accords un soupçon plus modulés, un clavier aux notes moins cassantes, une voix sans accents crispants. Mais au final je suis tout de même resté à terre, aucun des deux Casques n’ayant soufflé assez fort pour m’emporter sur son passage.

DIRE STRAITS love over gold (Edition Super Bit Mapping) - love over gold
Les notes du clavier, papillonnantes, progressent de la gauche vers la droite pour revenir à leur point de départ, semblant tâtonner quelques instants avant de s’éteindre graduellement (5.26 mn/6.07 mn)
C’est confirmé, le PS1000 est bel et bien un poil plus large dans sa présentation. Que ce soit avec l’un ou l’autre, la progression des notes est restituée avec netteté. Celles-ci sont plus enjouées avec le HD 800.

J’en ai assez entendu, changement de registre à présent…

John BARRY dances with wolves (Edition Super Bit Mapping) – the death of timmons
Un grave au ton sépulcral, lent et profond (1.20 mn/1.29 mn) & (1.48 mn/2.16 mn)
Rien de neuf à vue de pays depuis ma première rencontre avec le HD 800. Un grave toujours aussi propre, tendu et profond. Et celui du PS1000 ? Wow… Le grave est plus pléthorique. Il ne possède pas une plus grande extension mais davantage de force, d’opulence. La tension dramatique du morceau s’en trouvera renforcée.

John BARRY dances with wolves (Edition Super Bit Mapping) – pawnee attack
Les impacts puissants et tendus se succèdent en salves soutenues. Pas de quartier ! La mollesse ou le trainage n’ont pas leur place ici.
Les attaques sont plus marquées avec le PS1000. Il faut ici davantage de force, d’emportement que de finesse pour magnifier le morceau. Le PS1000 prend donc l’avantage. L’écoute complète de cet extrait me laisse avec le sentiment d’un HD 800 un soupçon plus modulé dans le haut-médium mais qui me prend moins aux tripes avec ses basses devenues relativement plus policées après avoir goûté à celles du PS1000.

Kenji KAWAI avalon - voyage to avalon (orchestra version)
Le voyage commence… Les chœurs de l’Orchestre National s’élèvent en nappes successives, légères et limpides.
Qui a parcouru mon feedback du HD 800 sait à quel point j’avais été stupéfait par la qualité de restitution de ce voyage légendaire par le Sennheiser. Le PS1000 a-t-il fait mieux ? J’aurais tendance à dire Oui, mais… Oui, de prime abord, dans un étagement des plans plus holographique. Les différents chœurs se détachent mieux les uns des autres. Le HD 800 quant à lui, est plus aérien.

Les envolées à la fureur cataclysmique se sont tues sur un mouvement exhalant une profonde mélancolie…
La maitrise du HD 800 m’avait paru exceptionnelle, celle du PS1000 n’est pas en reste. Il n’y a aucune confusion au sein des élans dantesques. Il restitue tout avec une maestria qui force l’admiration, comme son homologue. Et il va repousser dans la foulée les frontières fixées par ce dernier avec une restitution du grave encore plus articulée. Je me répète, je sais, car ce n’est pas que son grave descende plus bas. Non, simplement, j’ai le sentiment que le Grado m’en dévoile davantage. Et il faut entendre l’écho des impacts produis par les grosses caisses… Powaaaa !

Après le oui, il y a donc le mais… Car sa suprématie n’est pas absolue. Outre une présentation scénique plus éloignée, le HD 800 recèle toujours cette subtilité harmonique, qui lui est propre dans les passages apaisés. Il y a toujours cette étincelle, ce petit supplément d’âme, dans cette harpe, dans la voix de la soprano… Sur un morceau moins chargé dans le bas du spectre, plus intimiste à l’instar du mélancolique gray lady (ash) C’est bel et bien le HD 800 qui reprend l’ascendant sur le PS1000. En effet, si je suis touché à l’écoute du Grado, je suis ému avec celle du Sennheiser. Y aurait-il de la coloration dans l’air ? Non, bien sûr, le HD 800 n'est pas de ces Casques colorés. De facto, son registre médium me fait l'effet d'être plus gracile que celui du PS1000, sans pour autant être évanescent, si je puis l'exprimer ainsi.

…Et me voilà parti buissonner en compagnie d’un séduisant duo d’étoiles issues de la nébuleuse jazzy.

LISA EKDAHL heaven, earth and beyond - now or never
Hop ! D'emblée, la Miss me chope par le cou et me fait battre la mesure de ce délicieux ultimatum ! Petite voix piaffante et sucrée surfant sur une rythmique instrumentale de plus en plus effrénée au sein de laquelle un piano sec et alerte va m'en fait entendre de toutes les couleurs...
Entre les deux, je n’hésiterai pas longtemps : Plus fin sur l’instrumentation, plus aérien, plus sensuel sur la voix, je préfère nettement savourer cet ultimatum quand j’ai le HD 800 sur les oreilles. Le PS1000 muscle trop l’ensemble. L’orchestration sonne trop impactée, les instruments sont trop charpentés, la voix est moins gracile. J’veux de la douceur, bon sang !

Terez MONTCALM voodoo - sorry seems to be the hardest word
Les guitares erratiques, qui n’expriment que désarroi et mélancolie, témoins résignés d’une histoire intemporelle sur laquelle batterie et percus acquiescent laconiquement. La voix de la jazzwoman québécoise est bouleversante de force et d’amertume. Et puis, il y a cette trompette qui rayonne, toute aussi dénuée de la moindre lueur d'espérance...
Que ce soit avec le Grado ou le Sennheiser, une touche de rondeur dans le haut du spectre ne serait pas malvenue ici, soit dit en passant. Ca arrache parfois méchamment sur la voix de la jazzwoman. A nouveau, l’énergie inhérente au PS1000 le dessert. Force, brillance et froideur dans les instruments, sibilance accrue sur la voix de Terez, pesanteur des basses. Le HD 800 est plus subtil instrumentalement, moins blessant vocalement. Bref, l’émotion passe, là encore, davantage avec le Sennheiser.

…Et histoire de finir le voyage en beauté.

Loreena McKENNITT the book of secrets - the mummer’s dance
Ce sixième album studio est mon chapitre préféré du grand livre de voyage musical façonné par cette talentueuse émissaire des musiques du monde qu'est pour moi Loreena McKENNITT. Fastueux mélange d'influences musicales orientales et occidentales dont la folk songwriter canadienne est l’une des seules à en détenir le secret. La richesse des sonorités, la sensualité des rythmes, les ambiances étourdissantes, la spiritualité métamorphosent ce joyau musical en un périple des plus envoûtants, sublimé par la pureté vocale de son instigatrice inspirée. Je jette mon dévolu sur the mummers’ dance qui en est assurément l'un des plus beaux reflets.
Là où la plus grande subtilité possible doit primer, le HD 800 commence à s’imposer naturellement à moi désormais. Le coté organique dont fait preuve le PS1000 le pénalise à mon goût. Si j’ai dû généralement écouter à plusieurs reprises chaque morceau ou extrait pour arrêter mon opinion, rien de tel, cette fois. Dès l’intro, la cause est « entendue ». L’énergie insufflée dans le bas-médium/grave du PS1000 est trop excessive, rendant la sonorité de la ligne de basse massive, sourde. Finesse, délié et harmonie reviennent au HD 800. A nouveau, je perçois cette rudesse dans les pointes vocales à la différence d’un Sennheiser, au tempérament apaisant. De facto, avec ce dernier, la crispation dans le haut-médium s’estompe sans altérer la nuance des inflexions vocales de la diva.

Jazz Vocal, Folk Celtique… Le PS1000 vient de trébucher et ça m’intrigue. Pas besoin de se triturer les méninges durant des heures, je remets le cap sur le SinglePower cette fois-ci en compagnie des deux flagship… Où seul le Grado arrivera à bon port redevenant, dixit ma fille, une fontaine d’émotions en étant associé au SinglePower.

Car, dans mon système et avec fatalement mes affinités, le SinglePower s’impose davantage avec le Grado, sans être incontournable. Le PPX3, moins dynamique, apaise son impétuosité parfois excessive dans le bas du spectre et atténue cette touche de rudesse dans le haut. Le HD 800 n’a pas le moins du monde démérité, allié pour le meilleur au RudiStor. J’en étais convaincu pour avoir déjà été invité à son bord. Par contre, celui-ci s’impose exclusivement au HD 800. En effet, pour avoir passé outre l’aspect théorique de la compatibilité Casque/Ampli, je sais que ma tentative d’association HD 800/PPX3 a coulé à pic. Le grave auparavant si profond s’est estompé, le médium si agréable a viré à la dureté, l’aigu si expressif qui scintille. Pfiou, je ne me souviens pas avoir d’un ampli à l’autre perçu un changement aussi significatif avec mes précédents Casques. Cela n’aurait sans doute pas pris au dépourvu un amateur passionné et averti, habitué à jongler avec les principes et mesures, mais j’assume sans complexe : Je ne suis qu’un amateur passionné tout court. Car si je connais la signification et l’impact de l’impédance et de la sensibilité, l’ensemble des lois garantissant une excellente synergie Casque/Ampli demeure globalement nébuleux. C’est parfois frustrant, mais au-delà d’un certain seuil, la complexité inhérente à l’aspect technique me rebute très vite. Il va de soi que bien d’autres associations avec le HD 800 et le PS1000 sont possibles et seront certainement meilleures encore que celles afférentes à mes amplis Casques, mais je ne connais que celles-là.

La troisième et dernière phase, celle de l’alternative est atteinte. Peut-il en être autrement au niveau de gamme des HD 800 et PS1000 ? N’évolue-t-on pas dans un contexte d’excellence qui fait la part belle à l’alternative, amoindrit la complémentarité et proscrit la supériorité ?

Oui, tout au moins pour le profane que je suis en termes de Casques hauts de gamme.

J’imagine que le Grado PS1000 devrait séduire davantage l’auditeur en quête d’une restitution plus organique, plus puissante. La vigueur de son registre grave en témoigne, même s'il ne possède pas plus d’extension que son rival. C’est peut-être là le trait qui les différencie le plus. Sans être fin connaisseur, ce Grado-là doit bigrement en imposer sur des œuvres symphoniques. Je ressens le Sennheiser HD 800 plus lyrique, plus fin, avec un grave moins pléthorique et un soupçon moins articulé. Ceci dit, l’upgrade de câble dont a bénéficié le PS1000 joue peut-être en sa faveur ? J’ai encore plus aimé le HD 800 en Jazz Vocal qu’à notre première rencontre. Sur des compositions Classique plus dépouillées, il devrait également faire des ravages, puisque de toute manière il n’est absolument pas à la ramasse dans ce style. Homogénéité, richesse, maîtrise, timbres, spatialisation… J’arrête là les superlatifs qui sont leur lot commun à l’absolue condition, je le répète, qu’ils soient associés à l’ampli adéquat. Tous deux font également jeu égal en termes d’aération, sans atteindre le niveau d’un AKG K1000. Leur présentation diffère légèrement, celle du Grado étant relativement plus large. Je dis bien relativement, car l’écart n’est pas aussi notable que celui inhérent aux Beyerdynamic DT 990 et DT 880, par exemple. Evidemment, le K1000 reste impérial. Le Sennheiser HD 800 possède une image moins frontale, sans être pour autant laid back à l’instar de celle d’un AKG K340. Grosso modo, le Grado RS-1 nous emmène au pied de la scène, le PS1000 nous installe dans les premières rangées, le HD 800 dans celles du milieu et le K340 dans celles du fond. Nos deux protagonistes sont suffisamment dynamiques pour restituer sans faiblesse ou confusion les écarts de niveaux, aussi conséquents soient-ils. Toutefois, leur sens du rythme reste en deçà de celui d’un RS-1 ou d'un MS Pro, son équivalent chez Alessandro. Ce qui les pénalise dans des styles musicaux qui imposent de coller au tempo plus que tout le reste. Ils affichent une belle transparence, peu disposés à jouer au jeu des concessions, mais sans se laisser aller à être à l’affut du moindre défaut. Leur restitution est superbe de cohérence, d’harmonie, plaçant les différents pupitres sans jouer du bistouri, plus holographique avec le Grado, plus diaphane avec le Sennheiser.

Headphone Road
Avril 2010

Rien de ce qui précède n’aurait pu être fait sans eux... Je tiens à faire part de toute ma gratitude envers superfred21 pour le prêt du Grado PS1000, ainsi qu’à vous-même Eric, pour m’avoir confié le Sennheiser HD 800. Un grand merci à tous deux pour votre aide et votre confiance !
:jap:

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 14 mai 2012 14:05
par Ony
Encore un très belle balade au milieu des sensations auditives, merci à toi! :jap:

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 14 mai 2012 18:05
par Isalula
Sympa, merci à toi !

Au plaisir d'échanger sur celles à venir, Ony :headphone:

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 14 mai 2012 18:09
par cpt_caverne
:rouge: Mais c'est qu'il va nous filer des complexes le petit "vieux" ... :mrgreen: A peine arrivé il nous sort 36 review...

bon heureurement que c'est un plaisir a lire... :mrgreen: ;-/

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 14 mai 2012 18:34
par Ony
D'ailleurs je me demandais, qu'elles sont les casques qui t'ont le plus marqué et pourquoi?

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 14 mai 2012 20:45
par cpt_caverne
:mrgreen: K340 ... & s'il repond non il me file le sien ... :(l)

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 14 mai 2012 21:06
par Isalula
Il y en a eu 3, et ce ne sont pas comme on pourrait aisément le penser, des modèles dits hauts de gamme.

Bien sûr, Cpt, le K340 occupe et occupera toujours une place à part. Le charme et la douceur de son médium restent inégalés. Et un jour prochain, je ne serai pas étonné que j'y revienne.

Le temps et la curiosité aidant, le Beyerdynamic DT 880 a pris l'ascendant. Par sa sobriété, une interprétation du médium différente, mais qui a eu un attrait décisif sur votre serviteur.

Jamais deux sans trois ? Bien vrai ! Et il se nomme Grado SR125. Vainqueur par sa présentation live, son allant, ce modulé des guitares propre à Grado, sa fluidité. Bref, j'étais devenu un Grado addict avant même de m'en rendre compte !

Voili, voilou :headphone:

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 14 mai 2012 21:10
par freevibration
effectivement à te lire...j'en reste coi...
...une pensée m'effleure, vivement que je reçoive le Grado RS2i... :headphone:

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 14 mai 2012 21:15
par Isalula
On ne peut pas être indifférent à l'écoute d'un Grado, à mon humble avis.

Soit on aimera, soit on détestera. Mais indifférent, ça je ne le crois pas.

Au plaisir de te lire à son propos, très prochainement ;-/

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 14 mai 2012 22:53
par cpt_caverne
;-/ J'avoue ça fait plaisir de lire que l'on peut "avoir un plaisir audiophile" avec des casques "abordables"

Bon ok tes amplis le sont moins... :mrgreen:

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 14 mai 2012 23:23
par Ony
cpt_caverne a écrit :
Bon ok tes amplis le son moins... :mrgreen:
Personne n'est parfait, merci d'avoir répondu :jap:

Re: [Feedback] A propos du Grado PS1000

Publié : 15 mai 2012 12:34
par Isalula
Vi vi, j'adore être imparfait :DD ;-/