[Feedback] A propos du Beyerdynamic DT 990 PRO 250 OHM
Publié : 22 mai 2012 11:39
Si un terme ou une expression vous semble obscur le Lexique de test de Tellement Nomade est là!
Salut à toi l’ami(e),Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… Pour ne rien vous cacher, j'avoue qu'à l’issue de cette rencontre, j'ai eu temporairement la sensation d’avoir en quelque sorte "bouclé la boucle" en ce qui concerne Beyerdynamic.
En effet, j’ai d’abord rencontré le DT 770 pro/80 Ω, puis succombé à la mélopée de l’Edition 2005 du DT 880/250 Ω, puis celle de sa version en 600 Ω, et enfin aujourd’hui, en m’étant essayé cette fois au DT 990 PRO/250 OHM.
Heureusement, l'avenir me prouvera que j'étais dans l'erreur.
Une fois n’est pas coutume, parlons gros sous en guise d’entrée en matière.
Pourquoi donc ? Et bien, parce que la différence tarifaire entre les versions PRO et Premium du DT 990 ne peut qu’interpeller : Bigre… 145,00 € pour la PRO versus 250,00 € pour la Premium.
Bien difficile pour le profane d’être catégorique sur les différences justifiant un tel écart, sauf sur l’aspect extérieur, évidemment.
La version PRO est dotée d’écouteurs en plastique, d’un épais bandeau d’arceau déclipsable en simili cuir et d’un cordon de type spiralé. L’ensemble respire la robustesse et le fonctionnel, ce qui semble correspondre sur ce plan à un cahier des charges professionnel, du moins tel que je l’appréhende.
La version Premium affiche éloquemment sa différence : Ecouteurs en aluminium, caractères anodisés, bandeau d’arceau plus moelleux, cordon droit asymétrique et étui de transport en cuir.
En ce qui concerne les composants internes, là ça devient plus aléatoire. Il semblerait que les drivers de la version Premium bénéficient d’un appairage plus drastique et que l’âme du câble soit différente.
Les versions professionnelles, chez ce constructeur, sembleraient faire preuve d’une pression d’arceau plus importante (clamping) un aspect qui accentuerait focalisation des registres et impact dans les basses fréquences. De facto, mon DT 880 Premium mis en lice ici serre moins la tête. Cela étant, le port du DT 990 PRO ne m’a pas posé de problèmes. La pression d’arceau est effectivement plus accentuée sans que j’en aie ressenti de la gêne, et ce même après des sessions de plusieurs heures d’affilée. Son poids n’est pas pénalisant : 270 grammes versus 290 grammes pour la version Premium. On est dans la norme, si j’ose dire.
Je reste en terrain connu, les pads et les fourches étant communes à plusieurs modèles du célèbre constructeur allemand. Pour ce qui est de la construction, c’est pareil. Elle respire, comme de coutume, la fiabilité et la solidité.
Les deux versions bénéficient évidemment de la même architecture ouverte, et à l’instar des autres modèles de cette gamme, d’une conception circum-aural.
Alors, la différence de prix se justifie-t-elle ? Bienheureux celui qui pourrait le confirmer ou l’infirmer avec certitude. Il lui faudrait disposer simultanément des deux versions, et quand bien même, sa réponse serait-elle réellement autre chose que le reflet de l’échelle de valeurs qui est la sienne ?
A tel endroit, on évoque une meilleure linéarité pour la version Premium. Ce qui me laisse perplexe, le DT 990 étant aussi décrit comme un Casque à la signature physiologique. C’est-à-dire favorisant les deux extrémités du spectre. Et à un autre endroit, il se dit que les drivers utilisés sur les DT 770, DT 880 et DT 990 ne seraient en fait… qu’un seul et même modèle à la base ?
Quoi qu’il en soit, la sensibilité et la bande passante sont identiques à ces trois modèles, fer de lance de la marque à l’époque où j’écris cette brève de comptoir : 96 déciBels de sensibilité et une bande passante de 5 à 35 000 Hertz à l’exception du DT 770 M (105 déciBels, 5 à 30 000 Hertz et 80 Ω pour ce qui concerne l’impédance)
Ooooh, le joli casse-tête… Sans compter qu’à l’inverse de la Premium Line, les versions professionnelles ne peuvent pas être déclinées avec différentes impédances via la Manufaktur en Europe… Quoique le DT 770 PRO est, lui, disponible en versions 80 Ω et 250 Ω !
Stoooop ! On ne va pas y passer la nuit, alors, on poursuit avant d’entrer dans la raison d’être de cette brève de comptoir : L’écoute du DT 990 PRO/250 OHM.
Bon, apparemment pour Beyerdynamic, un professionnel n’a aucun besoin de l’étui de cuir dont bénéficient les modèles de la Premium Line et, à fortiori, de la Manufaktur.
En effet, il est livré avec une boîte en carton et… basta. Un point commun tout de même entre les deux gammes : L’adaptateur Jack 3,5/6,35 millimètres doré, à vis.
Cette fois-ci, j’ai décidé d’être plus sérieux qu’avec mes dernières rencontres américaines en piochant davantage dans ma playlist de test.
On commence, comme bien souvent, avec Jesse SYKES & THE SWEET HEREAFTER drinking with strangers…
Oui, je dois admettre qu'un "effet bulle" se ressent, dans une certaine mesure, avec le DT 880. J’ai un peu l’impression d’entendre Jesse SYKES, en quelque sorte "collée" à la paroi. Attention, on est très loin du carcan, mais je réalise d'emblée que le DT 990 PRO a hérité d'une image plus panoramique que celle du DT 880.
C’est éloquent, le DT 990 PRO offre bel et bien une ouverture plus large. L’écoute de la fin du morceau love over gold de DIRE STRAITS me le confirme, si besoins est : Les notes de clavier surgissent plus loin à ma gauche, leur progression papillonnante et l’hésitation quelques instants avant leur extinction sont plus éloquentes. La restitution de ce passage est effectivement plus resserrée avec le DT 880, sans que l’on puisse honnêtement la qualifier pour autant d’étriquée.
Je poursuis mes « investigations » (petit clin d’œil) avec it never rains : L’espace s’ouvre davantage avec le DT 990 PRO. Guitares, batterie, clavier s’en donnent à cœur joie. L’écoute est plus démonstrative qu’avec le DT 880, mais aussi moins riche, moins expressive à mon goût. Pour preuve, l’émotion qui m’envahit habituellement à l’écoute des clameurs des guitares n’est pas aussi forte.
Petite entorse à ma playlist de test avec l’écoute de one, extrait de l’album in the red de Tina DICO : Nous y voilà, le DT 880 marque sa différence, les inflexions sensuelles de la talentueuse artiste d’origine danoise sont plus subtiles, le grain de sa voix est plus prononcé. La palette de timbres est plus riche, plus nuancée. Le DT 990 PRO offre une meilleure ampleur, plus de présence et d'extension dans le bas du spectre, mais il est desservi par un registre médium plus « effacé »
Cela dit, je constate à cette occasion que les labiales incisives qui ponctuent cet album se font moins ressentir sur le DT 990 PRO qu'avec le DT 880 Premium.
Poursuivons dans cette voie… L’album de Mark KNOPFLER sailing to philadelphia est, malheureusement, tout indiqué pour confirmer ou infirmer le fait. Les morceaux se succèdent… prairie wedding, junkie doll, speedway at nazareth… J’en suis décontenancé, le DT 990 PRO s’avère bel et bien plus tempéré que le DT 880 dans les hautes fréquences. Je n’ai pourtant pas le sentiment que l’aiguë coupe court, mais il n’agresse pas. Idem pour le haut-médium. Le grave, quant à lui, est tenu fermement. Las, il me manque toujours quelque chose dans le médium... Un manque qui fait toute la différence, en ce qui me concerne.
Allez ! On reprend le droit chemin en choisissant l’ultime morceau dans la playlist, à savoir les passantes de Francis CABREL…
Une fois encore le DT 990 PRO fait une belle démonstration de sa capacité d’ouverture : Les applaudissements qui ponctuent le début et la fin de la chanson donnent une dimension live plus ample que son homologue. La restitution est plus puissante, offrant une assise dans le bas du spectre, cette fois-ci un tantinet excessive à mon goût. Passer au DT 880 à la volée laisse durant les premières secondes la sensation d’une sonorité famélique et étroite, mais très vite le DT 880 reprend l’ascendant avec une plus grande richesse instrumentale et vocale. La guitare, l’accordéon sont plus expressifs. Les mots prononcés, le timbre de voix de CABREL exhalent davantage d’émotion. Je ne dirais pas que c’est le jour et la nuit, mais le DT 990 PRO est tout de même en deçà.
A l’issue de cette rencontre, je ne partage donc pas la teneur de certains avis à propos du caractère incisif imputable au DT 990, si ceux-ci incluent la version PRO.
Il déploie effectivement une image plus large (sans être plus profonde) conséquence directe d’une architecture ouverte. Dommage que le DT 880 n’en ait pas bénéficié, au passage. Cette image sonore qui est la sienne allie également aération et précision, sans s'affirmer pour cette dernière au travers d'une espèce de rigueur chirurgicale.
Là, je suis pleinement d’accord : Comparés au DT 880, les mids du DT 990 PRO sont bel et bien en retrait. Or, c’est justement cette partie du spectre que j’affectionne le plus. Et oui, une fois encore, je ne peux que constater que l’AKG K340 ne m’avait pas séduit par pur hasard. Son médium est décidément, pour moi, trop... austère ? Il manque clairement au DT 990 PRO, à mes oreilles du moins, ce grain, cette sorte d’étincelle qui demeure donc l’apanage du DT 880.
Ouch ! Les basses du DT 990 PRO sont bel et bien plus prononcées et plus pleines que celle du DT 880, voire « too much » parfois. Sur les passantes, j’avais par moment l’impression que le toucher des cordes provenait d'une guitare hybride, mêlant guitare sèche et guitare basse. Ceci dit, aucun effet de masque ne se fait sentir, à l’instar du DT 770 pro qui possède, lui aussi, un registre grave assez... démonstratif. Aucun phénomène vibratoire n’est à déplorer, contrairement à ce dernier. Allez, je l'avoue volontiers… Je mentirais en disant n’avoir ressenti, par moments, aucune frustration à l’écoute du DT 880 dans son interprétation du registre grave, même si celui-ci me paraît plus texturé.
Pour ma part, je le confirme si besoin est, je n’ai donc pas trouvé le haut du spectre du DT 990 PRO exacerbé jusqu’à en devenir sibilant comme j’avais pu le lire à plusieurs reprises. Mais cette opinion s’adressait-elle au DT 990 dans son ensemble ? En effet, différence il y a : Celle afférente aux matériaux qui composent ses chambres, à savoir du plastique pour la version PRO, de l’aluminium pour la version Premium. Une différence que je ne considère pas sans conséquences notables sur le plan tonal. Evidemment, seule une rencontre avec une version Premium confirmera ou infirmera cette théorie personnelle. Présentement, ce que je peux en dire, c’est que l’on est donc loin d’une restitution aiguisée, « digne » d’un Grado SR325i. Par conséquent, si le DT 990 PRO s’avérait crispant pour son auditeur, je suis d’ores et déjà convaincu qu’un DT 880/600 Ω ou 250 Ω, ne seraient pas salvateurs, tout au contraire.
En dépit du fait que j’ai toujours été soucieux à propos de certains traits de caractère inhérents aux associés (bécanes) qui officient dans mon bar, cela n'a pas empêché le Grado SR325i de me frictionner sévèrement les oreilles. C’est pourquoi, je pars du principe que ni la Thule (source) ni le RudiStor (ampli) ne sont de nature à fausser conséquemment la donne vis-à-vis de la signature inhérente au DT 990 PRO.
Et bien voilà, cette rencontre s’achève ici avec le sentiment de n’avoir entendu à aucun moment un Casque en V, autrement dit, à la signature physiologique.
Le mot de la fin sera celui-ci :
Le DT 990 PRO 250 ΟΗΜ m’aura laissé sur le sentiment d’une interprétation de la Musique empreinte d’une plus grande force et d’une plus belle ampleur, sans qu’il atteigne toutefois l’éclat et la sensibilité, qualités qui demeurent pour ma part l’apanage du DT 880 Edition 2005 Premium.
Headphone Road
Juillet 2009
Merci de votre concours et de votre confiance, Eric.