Voici un petit test qui concerne un casque : l'Ultrasone Edition 8. J'ai rédigé ce test il y a un bon moment mais je ne l'avais jamais publié.
I. Introduction :
D'abord petite présentation personnelle :
J'ai 39 ans. Cela fait plus de 20 ans que je pratique l'audio. Cela ne signifie pas que je suis un spécialiste de quoique ce soit, cela démontre juste ma passion de longue date.
Cela fait presque autant d'années que je fabrique mes propres enceintes acoustiques également. J'assouvis donc ma propre obsession du son unique que l'on cherche tous…(je parle des malades mentaux comme moi, passionnés du son, et donc à jamais insatisfait…) en fabriquant des enceintes et en cherchant le système nomade ultime.
Pour le nomade, j'ai eu en ma possession toutes les marques de baladeurs (à commencer par les walkmans sony, mais auto-reverse s'il vous plait! jusqu'aux Cowon ou autres Rio) et de casques. Il y a quelques années, j'ai mis un pied ou une oreille plutôt dans les intras avec Etymotics, alors que les intras n'avaient pas encore vraiment migrés en Europe et étaient totalement inconnus. Puis Westone, etc…
Après pas mal d'économies, je suis passé au moulés avec les EM2 puis EM3-Pro. Pour information, très honnêtement, je ne partage pas le même enthousiasme que la plupart des utilisateurs de moulés. Je trouve que les EM3 par exemple sont très sombres et totalement déséquilibrés. Mais je le répète, je suis très exigent.
Je me suis donc mis récemment à la recherche d'un casque nomade mais dit "classique". Et là c'est le drame.. on regarde tout ce qui existe, on teste pas mal de choses.. mais le cahier des charges est lourd et force est de reconnaitre que peu de modèles sont aptes a remplir nos exigences nomades. Donc j'ai commencé par un HD25-II. Pas mal, mais manque d'ouverture, grave anti-naturel, avec des redondances sur des fréquences dans le bas du spectre..mais une bonne isolation pour ce type de casque. Revers de la médaille, il tient chaud aux oreilles et sert un peu. Et puis, il n'est pas à la hauteur surtout de la qualité attendue. Mon casque de référence étant le CD-3000, là on en est loin.
Ares je suis passé a l'ATH-M50. Beaucoup mieux que le HD25. Défauts dans le bas du spectre mais le reste de la bande passante est beaucoup plus plaisant. Donc clairement, le rapport qualité prix est imbattable. Mais on restait encore très loin de mes exigences personnelles idiophiles.
Alors en regardant le haut de gamme, après quelques économies et revente de matos, j'ai vite vu qu'il y avait peu de références disponibles. Car, pour ce genre de tarif, le cahier des charges se doit d'être lourd….faible impédance, bonne sensibilité, type clos, bonne isolation, portabilité (dans le sens où si possible, je voulais éviter que les gens se retournent sur moi dans la rue).
Et là, je me suis arrêté sur deux modèles : le T5P et l'Edition 8 d'Ultrasone.
Ce qui m'a décidé sur l'Edition 8, c'est la portabilité. Il est moins imposant que le T5P. Car au niveau des caractéristiques, on était proche. Malheureusement, j'ai lu certains avis anglosaxons ou francophones qui se contredisaient sur plusieurs points sur l'Edition 8, au niveau de son isolation, et de sa courbe de réponse subjective. Mais j'ai trouvé peu de feedbacks sur le T5P (à l'époque..). Donc je suis allé vers le moins inconnu et le plus portable.
Donc vas-y que je me lance dans un achat ultra déraisonnable : l'Edition 8. Oui, déraisonnable, car mettre une telle somme dans un casque sans l'avoir écouté avant, c'est juste suicidaire.
Refusant de le payer le prix fort (1200€ en France), je commande aux States. Je me suis fait attraper par la douane évidemment.
II. Presentation de l'Ultrasone Edition 8 :
Au déballage :
Casque rutilant par définition, cet Edition en fait presque trop esthétiquement. On se demande s'il ne caricature pas les modèles bas de gamme clinquant qui fleurissent ces dernières années.
Mais force est de conclure en le regardant bien qu'il est réussi esthétiquement. Chromé de tout son long, mais chromé de plastique, c'est ce qui lui confère son potentiel doute de crédibilité luxuriante.
Mais rien a dire, il est beau. Je n'ai pas eu de réflexions désobligeantes de mon entourage sur son aspect, au contraire. Il est clairement luxueux avec son aspect brillant, chromé. Presque un peu trop, ca pourrait faire kitsch. On l'aurait préféré moins luxueux pour renforcer notre désir de passer inaperçu dans la rue. Mais bon, quand on revêt un casque de ce gabarit pour sortir, on accepte quelques concessions sur la discrétion de sa petite personne….
Au rang des regrets, on trouve le câble. Il fait sérieux, et il est épais. Mais deux regrets : il n'est pas détachable donc problématique sur un potentiel futur souci de faux contact… et la fiche n'est pas coudée. Préjudiciable sur les nombreuses fois où la prise sera pliée dans les poches intérieures..et puis ca prend plus de place. Dans notre quête de la miniaturisation, je le mets au rang des doléances.
III. Photos :
IV. Le confort :
Pas grand-chose a dire non plus. Il est très confortable. On peut le porter longtemps sans gêne. L'arceau n'est pas omniprésent. Les pads sont très confortables avec leur cuir de chèvre albinos génétiquement modifiée from Pentagonie (ou un truc dans ce genre). Pas de grosse pression sur la tête. Bref, tout va bien. Sauf que… Sauf que, sur ma tête, selon le placement dudit casque, si je tourne la tête a droite, je perds l'infra grave. Fâcheux me direz vous. En déplaçant le casque sur l'arrière, on limite le problème. Mais pas idéal. On peut donc se retrouver face au problème de devoir placer correctement le casque pour une écoute stable.
V. L'isolation :
Quand je l'ai mis la première fois, j'ai été agréablement surpris. Mais en fait je suis très mitigé. Je le mets certes dans des conditions chaotiques. Bon, pas en boite de nuit ou sur les circuits de karting mais je l'utilise en nomade et en plein centre ville, dans le bus bondé 90% du temps et dans le plus grand centre commercial d'Europe bondé lui aussi (donc j'imagine que le rapport signal/bruit de ce centre doit être proche du catastrophique).
Bon et bien dans la rue, il n'est pas au top pour l'isolation, on entend encore les bruits extérieurs, surtout les voitures. On est moins bien qu'un HD25. Mais bon, après tout, tout ca est subjectif, et dépend du volume sonore écouté donc le ressenti sera différent selon chaque personne. J'ai lu un feedback disant qu'il ne passait pas les tests d'isolation urbaine, et un autre disant qu'il isolait très bien. Je me sens plus près du premier avis cité. C'est pas top en milieu urbain. Mais honnêtement, cela reste très écoutable et on profite bien de sa musique sans problème. Et puis étant habitué aux moulés, forcément, j'allais pas trouver l'isolation magnifique... Apres, les autochtones dans le bus doivent aussi percevoir je pense un fond sonore de la musique jouée si on met bien fort. Mais ca dépend aussi si vous écoutez du heavy metal trash hard core fucking donc a décibels positions 880 ou si vous écoutez le dernier Christophe Maé. Nan ch'uis bete, personne n'ecoute Christophe Maé….hein..? ..pas vrai ?
Donc pour l'isolation, même si l'écoute se passe sans souci, le verdict est "peut mieux faire". Et pour le prix versé par ma cb a qui j'ai dû faire un massage cardiaque, je sors mon panneau Déception.
VI. Tester d'accord..mais comment ?
Pour l'instant, je n'ai que deux sources nomades : un Ipod G5 (avec Rockbox, pour échapper au dieu Big Brother Apple) et un Cube C30. Pour les personnes ne connaissant pas le C30, c'est un tout petit lecteur mp3 intégrant un mini amplificateur et la même puce audio que sur les feu Karma. Il développe ainsi une puissance confortable de 2x65mw sous 32 ohms. Mais c'est malheureusement son seul atout, car le firmware est désastreux.
Donc le son du C30 est de très bonne qualité. Et largement suffisant pour un Edition 8. Et ce pour 50€.
Mais comme la mémoire (4 Go) est très insuffisante et qu'il a de nombreux bugs liés au firmware, je compte soit investir sur un ampli TTVJ ou Alo couplé a la sortie ligne de l'ipod, ou un Hifiman HM-601 ou 801, voire un feu Karma, bref ca reste a determiner.
Je l'ai testé aussi en sortie du pc, sortie son classique, pas d'ampli externe. L'investissement va venir mais je suis encore en recherche du meilleur compromis.
VII. Le son :
And the sound is
1. L'équilibre général :
Pour les musiques, j'ai écouté un peu de tout. Ca allait des Doors, en passant par du Yes, David Bowie, Oscar Petterson Trio, puis à pas mal de morceaux de Michael Jackson que je connais parfaitement : Stranger In Moscow, Speechless, et autres morceaux plus dynamiques de pas mal d'artistes différents de tous styles confondus. Je ne ferais pas d'analyse sur chaque morceau.
En écoute nomade mine de rien, la qualité sonore est intimement liée à l'isolation. Car ce fameux rendu sonore aura beau être précis, enveloppant, aéré.. si la BMW M3 qui passe à coté couvre le son de votre quintet de violoncelles a flute, ca n'aura pas grand intérêt.
Pour les tests, je l'ai donc branché en direct sur le Cube et sur l'Ipod sans ampli dédié (forcément, j'en ai pas).
Alors..
l'équilibre subjectif au premier abord est en V. Décevant. Mais c'est fait de manière très habile. Car on ne sent pas de rupture. Les fréquences se confondent et se mêlent dans une unique voix. Le plus impressionnant est ce haut medium qui ne se détache pas de l'aigu ou plutôt l'inverse, merci d'avoir corrigé. Très aéré, ces deux registres sont fins et jamais agressifs. Ils peuvent néanmoins paraitre un peu en avant selon certains morceaux, mais surtout si la source ne produit pas assez de courant, si celle-ci ne le drive pas correctement.
Mais je m'attendais à plus de punch. J'avais lu qu'on avait envie de le pousser ce casque tellement le grave et la dynamique étaient bien représentés. Certes, mais bon, ce n'est pas ce qui m'a sauté aux oreilles. J'aurais même aimé un peu plus de dynamique. Mais ca, c'est l'habitude des EM3, encore plus dynamiques. La sensibilité étant moyenne (96 db), cela peut expliquer ce ressenti aussi. Mais au fil des morceaux, le casque se soustrait très bien aux enregistrements. Quand ceux-ci sont atypiques ou prononcés vers une ambiance particulière, il ne fabrique rien et n'enjolive rien. Il rend très bien l'ambiance. Il n'en fait pas plus, et n'est pas extravaguant. Ce phénomène est d'ailleurs bien expliqué par Mike d'Headfonia sur son compte rendu de l'Edition.
Très bon point : Les voix ne sont pas colorées et sont très justes (je suis très sensible a cela) avec un beau naturel et une très bonne cohérence, ce qui prouve une certaine neutralité. Pour comparaison, on est très loin au dessus d'un HD-25 ou M50, et heureusement vu le prix. On est dans les hautes sphères des casques traditionnels haut de gamme. Par comparaison toujours, un HD800 sera plus aéré bien sur mais c'est normal c'est un ultra-ouvert… mais l'Edition est très aéré pour un casque clos et les plans sonores se distinguent bien. Le HD800 se montrera plus neutre aussi. Mais perso, avec le souvenir que j'en ai, je confère au HD800 un manque de dynamisme en haut et de finesse.
Revenons à l'Edition. Clairement, une fois branché sur le pc, l'équilibre est meilleur. Nul doute qu'il s'exprimera donc mieux avec un Hifiman ou un ampli externe Alo ou TTVJ je pense, donc mieux alimenté. L'équilibre est là mais le CD3000 se trouve être meilleur sur tous les plans. Donc ce sentiment d'équilibre un peu tiré vers le haut dépend aussi surtout de l'alimentation et de la source. Sinon, avec un Cube C30, le niveau sonore est largement suffisant. Mais avec un Ipod (sans rockbox donc avec la limitation sonore made in apple pour la CEE), ce n'est pas suffisant. Donc il faudra des baladeurs qui en ont sous la semelle…au moins des cowon avec leur 30mw ou prévoir un ampli en sus.
2. Le grave
Il y a un registre sur lequel je me suis pas mal posé de questions… le grave. J'avais lu qu'il était magistral sur ce plan. Il est très bon effectivement mais nécessite un rodage. Aujourd'hui après pas mal d'heures d'écoutes, il est effectivement très bon, nuancé, il descend extrêmement bas (le plus bas que j'ai eu a entendre sur un casque), bien plus bas que le cd3000 (ok, c'est pas dur). En fait, il ne descend pas plus bas, il est plus imposant et très rond. Il a peu d'impact dans le haut grave mais cela le rend chaleureux, voire un peu pneumatique. A l'écoute, je trouvais donc, que la zone 70-150 était un peu creusée, ce qui donnait un extrême grave généreux, beau, précis mais cela manquait donc d'impact et d'assise sur le haut grave ce qui pouvait faire regretter un petit manque dans le coté charpenté des bas registres. Mais ce registre grave est clairement sensible aux sources et a l'amplification. Mieux alimenté, on retrouve une charpente plus évidente et une virilité qui s'affirme. Donc, bon grave mais en fait trop, clairement.
3. Le médium
Ce registre est capital, c'est le plus important même. Paradoxalement, ce n'est pas ce registre qui nous interpelle, nos oreilles (le cerveau plutôt) étant souvent plus alerte quand on entend un grave ou aigu de bonne ou mauvaise qualité, pourtant le registre medium est LE registre capital sans qui la musique n'existe pas. Et c'est le registre le plus délicat à retranscrire. Car Je ne parle pas du fait qu'il soit mis en avant ou pas, mais il est très difficile d'avoir un registre medium exempt de coloration, ou de déséquilibre même pour un casque. En plus, nous avons tous une définition différente du naturel, de la beauté d'un registre etc.. Le médium de notre numéro 8 est...coloré. Il semble équilibré. Il est même des fois naturel. mais si on le compare à un HD800 ou un PS1000, le médium est clairement coloré. On aimerait plus de présence dans la zone 800-2000 pour lui donner plus de présence. Il est donc plus discret que le grave et haut médium aigu, ce qui lui donne cette signature en V.
Il y a des morceaux qu'on connait par cœur et dont on connait les conditions d'enregistrements. S'ils ont été écoutés sur beaucoup de systèmes différents, cela permet de cerner le son enregistré. Speechless de Michael Jackson a été enregistré avec un Neuman U47 s'il vous plait, sorti de la collection personnelle de M. Swedien… Notre cher ingé-son Bruce son altesse, maître incontesté du numérique, avait ressorti de sa caverne un pourtant très préhistorique U47, surement l'un des micros les plus connus au monde. Pourtant, très coloré… Mais ce micro donne une tessiture, une couleur à la voix très particulière. Malheureusement, je dois dire que sur l'Edition 8, on perçoit peu ce fameux grain si particulier. On a là un beau V avec ce haut médium aigu bien présent qui donne à la voix ce son de caisse qui ne devrait pas être présent. On l'entend par contre très bien sur le CD3000 où le medium y est magistral. Bien que le médium du CD-3000 soit aussi coloré si on le compare à un Grado ou HD800.. Sur l'Edition, la tessiture médium presque cartonnée du micro avec ce haut medium réverbérant très ouvert et clinquant ne rend pas, et est même en retrait, rendant cette intro presque sans vie alors qu'elle explose littéralement les tympans sur un CD3000 donnant vie à cet U47 d'outre tombe. Il semble que les impacts et finesse médiums lui échappent quelque fois. Même souci rencontré sur les percussions claires de They Don't Care About Us qui manquent alors d'impact et d'extinction de notes. Bref, on manque de niveau dans la zone 800-2500 à peu près.
4. L'aigu et le reste :
L'aigu est fin et dynamique et se mêle très bien au medium. Il est ciselé et peut être très fin comme incisif selon les enregistrements. L'aération est bonne malgré le type fermé de ce casque. Les plans sonores se dessinent bien, on imagine très facilement le placement des musiciens et autres chœurs.
Le jeu des phases sur les enregistrements ressortent très bien, ce qui est paradoxal au vu de mon écoute sur l'acapella de Speechless. L'exagération voulue et déterminée des jeux de phase sur les enregistrements jazz de Chesky est un bon exemple et y est très bien retranscrite. Mais cette parfaite retranscription provient plus de la bonne gestion de l'aération du casque et de son aigu superbe que de sa dynamique du medium qui est en retrait.
5. Comparaison sans fondement :
Face à des EM3 :
La comparaison n'est pas juste. Comparer des moulés à un traditionnel n'est pas forcément la comparaison la plus juste qui soit. Deux technologies diamétralement opposées. Mais on peut se poser la question pour plusieurs raisons. Ils sont dans la même gamme de prix…et pour une écoute clairement nomade, on peut hésiter entre l'adoption d'un traditionnel ou de moulés car chacun possède ses propres inconvénients et avantages.
Seul le plaisir final que l'on prend à l'utilisation d'un matériel compte.
Par rapport à des EM3-Pro non égalisés, autant le dire de suite, la comparaison n'est même pas envisageable. Je garde définitivement l'Edition 8.
Pour autant… On peut noter que le niveau de dynamique est bien meilleur sur les EM3. Que le niveau de détail également est bien meilleur sur les EM3.
Notons par exemple l'introduction de Stranger In Moscow. Cette intro est très parlante. Car elle met en avant les conséquences de l'air sur la perte des informations retranscrites proportionnellement à la distance. Elle met en avant aussi la conséquence de la rapidité ou non de la membrane (donc du rapport légèreté/rigidité). Sur ce morceau, après la pluie (qui n'a aucune valeur audiophile), vient la beat box électronique. Sur les beats de caisse clair du centre, au quatrième temps, l'écho est parfaitement retranscrit sur les EM3 avec une extrême précision du détachement de chaque répétition de l'écho. L'extinction des notes est ici très précise. Sur l'Edition 8, l'extinction des notes dans l'écho est déjà moins perceptible, et cela devient beaucoup moins précis. Quand à une écoute sur des enceintes, cet écho pourtant évident au casque, disparait comme par enchantement. On perd là un détail essentiel du morceau. Preuve exacte s'il en faut de la conséquence de la rapidité d'une membrane et de la perte d'information que produit l'air et donc la distance sur un son.
Mais…encore une fois, sans égalisation des EM3, tout le reste n'est pas comparable. Le coté descendant et terne des EM3 les met tellement loin déerrière, derrière la justesse des timbres, la clarté de l'Edition. La scène sonore également. Le grave, n'en parlons pas. Et puis, avec l'Edition, mais c'est propre aux casque traditionnels, c'est agréable de ne pas entendre ses propres pas résonner comme dans les ears quand on marche… Evitez de chanter aussi ou de manger en écoutant vos EM3, vos mouvements de mâchoires se répercutant immédiatement sur vos oreilles.
Mais en égalisant correctement (c'est moins évident qu'on ne le pense) ses EM3, ils ont alors vraiment des avantages. L'EM3 retrouvant un équilibre correct, il possède une plus grande dynamique que le 8, une absence totale de coloration dans le medium aigu. Et une excellente précision. Mais le 8 va de toute façon définitivement plus loin dans les plans sonores, l'aération, la finesse de l'aigu et l'extrême grave. Et meme la dynamique de l'aigu sera dépassée sur l'EM3 au profil de l'Ultrasone qui saura avoir cet impact sur les hautes fréquences. Et puis le son a un autre volume sonore sur l'Edition, une autre enveloppe.
VIII. Point de vue sur les conditions d'écoutes :
Mais le principe de la comparaison en elle même.
Est elle bonne ? Mauvaise ?
J'ai longtemps pratiqué les comparaisons de maillons haute fidélité en aveugle (platines cd, préamplificateurs, blocs de puissance et bien sur enceintes) et cela est très cruel et cela remet en cause bien des généralités et des croyances populaires sur pas mal de registre.
Le cerveau est LE moteur de l'oreille et donc l'oreille n'existe pas dans la perception que l'on se fait des sons. Le cerveau joue des tours incroyable et décide seul ce qu'il veut que l'on entende. Pour une écoute parfaite, il faudrait qu'elle soit aveugle, c'est-à-dire que nous ne sachions pas ce que nous écoutons, pour que l'influence inconsciente et même consciente ne modifie pas le point de vue que le cerveau a décidé de nous faire admettre et donc entendre. Mais cela ne suffirait même pas car notre mémoire, notre éducation auditive, nos points de vue, notre mentalité jouent de toute façon des rôles prépondérants sur notre cerveau et donc sur ce qu'on entend. Ainsi une comparaison non aveugle est presque par principe inobjective par opposition même a la subjectivité encore trop forte. Je pourrais citer tellement d'exemples de mise en scène, de paroles, faites et dites pour influencer notre oreille (lire Cerveau) avant l'écoute. Nous n'entendons pas la même chose dans le noir et ce n'est pas une question d'absence de frontières visuelles réductrices, c'est bien plus que cela. Mais alors pourquoi comparer, car une comparaison amène beaucoup de questions mais elle nous amène pourtant bien des réponses. Mais la question n'est pas de savoir si la comparaison nous amène des réponses car le simple fait d'ajouter un élément supplémentaire a l'écoute initiale seule amènera de toute façon des réponses mais la question est : que valent ces réponses ? Si vous écoutez un casque dont la réponse subjective (dans les définitions même audiophiles, on établit déjà que tout est subjectif..) est tirée vers le haut, si vous passez tout de suite après sur un casque dont la réponse est descendante ou même plate, celui ci vous apparaitra plus descendant qu'il ne l'est réellement, voire terne. C'est comme une empreinte. C'est comme si vous mettiez du feutre sur votre peau et que vous effaciez cette marque. En y regardant de plus près, il en restera. Cette empreinte modifie tout. Pour notre cerveau, les écoutes comparatives modifient tout. Mais d'un autre coté, elles semblent nous apporter tant de réponses. Mais c'est parce que l'on ne part pas vierge, on part avec une empreinte laissé par l'écoute antérieure, et plus la comparaison est proche (en temps), plus l'empreinte est importante et donc plus le son suivant sera modifiée de sa réelle valeur et donc déformé. On peut parler de mémoire auditive ou plutôt d'empreinte auditive.
Alors, forcement quand je me suis prêté au jeu de la comparaison, cela déforma mon point de vue initial. Soit parce que mon point de vue initial sur le 8 n'était pas correct parce que cela souffrait d'un manque de repères, de comparaison, soit parce que cette comparaison vint déformer les sons que j'entendais lors de l'alternance.
Alors je l'ai comparé avec le CD-3000, et je peux presque dire aujourd'hui que finalement le medium de l'Ultrasone n'est pas si ouvert et il manque de vie. A contrario, le CD-3000 avait tellement de vie, un si beau medium. Alors voila, après cette comparaison, je pourrais modifier tout le test…et indiquer tous les défauts que j'ai cru entendre par cette comparaison cruelle. Le problème aussi est que l'on s'habitue. A tout. Aux défauts comme aux qualités. Notre ressenti et point de vue lors des premières écoutes ne seront pas les mêmes après quelques semaines de pratique. Et cela ne vient pas de notre sens de l'analyse aigu qui demande de prendre du temps et du recul pour savoir interpréter correctement les sons. Non, l'écoute est transformée d'elle même au fil du temps, notre cerveau prenant comme familier ces sons, ces timbres et les interprétant de ce fait différemment au fur et a mesure qu'il les reconnait, sans les prendre comme nouvelle entité.
J'ai néanmoins comparé l'Ultrasone avec du HD25 et M50 et CD3000 et EM3. J'aurais bien aimé le comparer au HD800 ou T5P.
IV. Finalement :
Pour définir d'une manière très subjective ce casque, je dirais les choses suivantes :
- Je suis d'accord avec Mike. Ce casque n'a rien d'impressionnant aux premiers abords. Vraiment rien. Pas de registre qui nous subjugue. Mais au fil des écoutes, on s'aperçoit a quel point il sonne "agréable" et est appréciable sur tous les registres. Et de cette spatialisation juste est excellente pour un fermé.
- Dans chaque domaine (sauf le grave), on pourra trouver un concurrent allant plus loin que l'Edition 8 (aigu mieux défini, scène sonore, précision du medium…), mais peu de casques recouvrent la somme des qualités dont fait preuve cet Ultrasone
- Le grave est assez impressionnant. Il est néanmoins non dominant, ce qui est très plaisant.
- La scène est large et cela est surprenant au vu de la taille de la zone d'écoute (conjugaison de la taille des transducteurs et de leurs cavités) et de la technologie fermée
- Dans les "jaurais aimé" , je citerai : un peu plus de tout ! medium plus détaillé et charnu
- J'aurais aimé également une fiche coudée et un câble détachable
- J'aurais aimé également et surtout une meilleure isolation
- Une construction plus soignée ! car au bout de quelques mois, un pad s'est décollé. Et il m'a semblé lire que je n'étais pas un ca isolé...
Donc, à la question, vaut-il son prix, soit 1200€ ? Ma réponse est clairement Non. C'est beaucoup trop cher.
Mais quel casque peut se justifier d'un tel prix ? Un HD 800 vaut il vraiment ses 1000€, les Stax valent ils vraiment leurs milliers d'euros ? Une Ferrari vaut elle vraiment nos 50 ans de salaires ?
La question est malheureusement differente :
Pour ce prix, qu'ai-je de mieux ?
Pour une utilisation sédentaire, je pense qu'on trouve mieux. Mon CD3000 va plus loin sur tous les registres, sauf le grave. Le HD800 peut etre aussi, à écouter... Et il faudrait écouter des T1 ou autres.
Pour une utilisation nomade, je n'ai pas trouvé mieux, même pour le prix car des exigences supplémentaires rentrent alors en ligne de compte : isolation, sensibilité, impédance, encombrement. Et là, il y a, dans ce domaine de qualités, peu de concurrents. Je ne connais que le T5P pour ma part. Et je ne l'ai pas écouté.
A bon écouteurs… (j'adore trop ma fin, elle tue tout je trouve)