[Feedback] A propos de l'Audio-Technica ATH-W3000ANV
Publié : 14 juil. 2013 14:35
Salut à toi l’ami(e),
Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… Ce n’est certes pas faute d’avoir exploré les alentours, mais les Casques issus du giron d’Audio-Technica brillaient invariablement par leur absence au terme de mes investigations. Qu’à cela ne tienne, je prends ma revanche aujourd’hui en étrennant un exemplaire de leur dernière édition de prestige, laquelle se limite à 2 000 exemplaires, en hommage au cinquantième anniversaire de la marque.
Hum…Y aurait-il désormais des Casques qui ont le chic pour me filer le blues rien qu’à les regarder ?
Ma foi, je ne jurerais plus du contraire depuis que j’ai contemplé rêveusement le chiffre 50 qui orne la fiche Jack laquée de l’ATH-W3000ANV… Et bien, je sais donc qu’Audio-Technica et moi avons une chose en commun avant même que je n’écrive le moindre mot à propos de l’une de ses dernières créations
A la contemplation des photos de la boîte qui abrite l’objet de ma revanche, je ne me sens pas en capacité de chasser le blues pour ne garder que le chic. En effet, un coffret de bois laqué ou en aluminium brossé et sérigraphié, sans aller jusqu’à prendre des allures de cure de jouvence aurait tout de même ragaillardi quelque peu l’auditeur quinquagénaire de fraîche date que je suis devenu. Rien de tel ici malheureusement, la touche classieuse prodiguée par Audio-Technica se cantonne donc à l’ATH-W3000ANV lui-même.
L’ATH-W3000ANV n’a donc esthétiquement rien à envier à ses illustres prédécesseurs, la marque ayant déjà à son actif un certain nombre d’éditions limitées ou spéciales. Pas de doute, le constructeur japonais n’a pas lésiné et nous offre ici un nouveau fleuron d’élégance et de raffinement… Sérigraphie stylisée, pads en peau d’agneau d’Espagne, coques en duramen de cerisier Asada d’Hokkaido, lesquelles faisant l'objet d’une finition à la laque traditionnelle japonaise d’Echizen.
Ergonomiquement, la démarche est nettement plus traditionnelle, puisque c’est comme à l’accoutumée le système d’arceau, dit 3D Wing, qui équipe l’ATH-W3000ANV. Qu’en est-il pour ce qui me concerne ? Et bien, je suis plutôt satisfait par son maintien et sa stabilité, même si d’autres me rassureraient un poil davantage à l’instar d’un Sennheiser de la série 6 ou d’un Beyerdynamic Premium ou Pro.
Les pads sont moelleux à souhait, prodiguant un haut degré de confort, et cela en dépit du fait que mes oreilles sont en quelque sorte enchâssées. A l’issue de la première session, je ressentirais une petite gêne en haut des oreilles, au niveau du cartilage. Adaptation ou accoutumance ? Quoi qu’il en soit, ce léger désagrément ne sera plus qu’un mauvais souvenir dès la session suivante.
C’est donc un Casque dont le port de tête s’avère finalement agréable, mais dont le concept d’arceau ne conviendra peut-être pas forcément à toutes les morphologies.
En parcourant ultérieurement ses mensurations, je serais surpris de lire qu’il avoisine les 350 grammes. Je l’imaginais plutôt se situer au-dessous de la barre des 300 grammes. Voilà un point positif que j’imputerais volontiers au crédit du concept 3D Wing.
Le câble symétrique de 3 mètres avec une fiche plaquée or au standard Jack 6,35 mm et assortie au coloris des coques ne surprendra pas davantage les habitués des Casques de prestige dont la marque les a déjà gratifiés à plusieurs reprises. Si l’inamovibilité du câble ne les surprendra toujours pas, je pense qu’une section plus épaisse, à l’instar de celle du HP-DX1000, n’aurait pas été une mauvaise surprise.
Quant à la structure, celle-ci se compose de magnésium, un matériau censé bannir les phénomènes vibratoires. Un attribut qui se confirmera au fil des extraits musicaux.
On distingue sans difficultés à travers les grilles en tissu que l’Audio-Technica a bénéficié de drivers anglés. Un principe qui devrait générer une image plus en relief. Ici encore, cela se vérifiera.
Un bref regard suffit à confirmer que l’on a affaire à un modèle de type circum-aural et d’architecture fermée. Si je suis dans l’inconnu pour ce qui est son degré d’exigence et ses penchants en termes de synergie, son pilotage ne devrait pas soulever d’énormes difficultés avec la sensibilité (102 dB) et l’impédance (40 Ω) qui sont les siennes. Ce sera effectivement le cas.
Comme je l'ai écrit dans une de mes brèves de comptoir, chaque Casque a une signature, une couleur, une saveur... Peu importe le qualificatif que l'on décide de lui décerner. Peut-on dire de chacun d'entre eux qu'ils nous invitent à partager leur propre interprétation de la musicalité ? Oui, à l'évidence, et cela sans qu'elle soit systématiquement soucieuse de véracité.
Par le passé, j'ai donc acquiescé envers l'invitation que m'offrait, entre autres, le Sennheiser HD 650 et, ô combien, à celle de l'AKG K340, puis du Beyerdynamic DT 880 et surtout, contre toute attente, à celle de Grado par l'entremise de son SR125...
En sera-t-il de même aujourd'hui vis-à-vis de l'interprétation propre à l'ATH-W3000ANV ?
Et bien, à l’issue d’un premier galop d’essai, deux choses me paraissent aller de soi…
Primo, que mon Rega DAC n’est pas le meilleur choix avec l’Audio-Technica. La restitution est un tantinet étouffée, en dépit d’une amplification à partir de tubes alliant la transparence à la droiture. En guise de convertisseur, un Benchmark serait un partenaire plus adéquat ici, à mon humble avis. Mais il faudra que je me contente du convertisseur intégré de mon lecteur CD Thule en guise d’alternative.
Deuxio, qu'il serait dépréciateur de le confronter à mon PS1000. En effet, hormis sur le registre médium si tant est que l'on apprécie l'interprétation qu'en fait l’Audio-Technica, le Grado est plus abouti. Celui-ci est également plus ouvert, plus aéré et plus en relief. Seule la présentation plus frontale de l’Audio-Technica me sied davantage.
Evidemment, le registre médium du Grado n’a rien de capiteux, et de surcroit ce cousin d’Amérique n’a pas un tempérament à arrondir outre mesure les angles. Ce qui m’a d’ailleurs contraint à une démarche motivée par la compensation, celle consistant à jeter mon dévolu sur un convertisseur enclin à une certaine rondeur, à défaut de quoi le PS1000 et moi aurions d’ores et déjà emprunté un chemin différent. L’avenir dira si ma tentative sera couronnée de succès. Quoi qu’il en soit, force m’est de constater une fois de plus le fossé qui sépare la démarche d’exigence de la part de certains constructeurs et la philosophie empreinte de désinvolture de la part de certains éditeurs. Ceci dit… Si nous revenions à nos moutons ?
Alors soit, les systèmes mis en œuvre ne sont pas les mêmes, qu’il s’agisse de convertisseur ou d’amplificateur, mon SinglePower Special Edition n’étant pas de la trempe d’un Eddie Current Balancing Act, pas plus que mon Rega DAC n’avoisine un TotalDac, Néanmoins je dirais que l’ATH-W3000ANV me semble plus affiné dans le bas du spectre, plus raffiné dans le médium et plus lumineux que son homologue l’ATH-W1000X, pour avoir écouté ce dernier à deux reprises et sur des systèmes de haute volée comportant pour l'un d'entre eux les maillons précités.
Il ne me faudra pas longtemps pour réaliser que sa séduction s’opère par le biais d’une signature acoustique onctueuse, dénuée d’aspérités. Qu’il s’agisse du grave, du médium ou de l’aigu, c’est un trait de caractère tout simplement omniprésent, y compris dans sa spontanéité. En effet, même ses attaques me semblent empreintes d’onctuosité.
…Et envers laquelle je reste hermétique. Est-ce le fait d’être accoutumé depuis plusieurs années comme je le suis aux signatures plus trempées venues de Brooklyn ? Quoi qu’il en soit, je suis d’ores et déjà convaincu qu’il va falloir nous laisser un peu de temps au temps. Parallèlement, il ne me faudra pas longtemps pour apprécier sa présentation assez frontale.
L’image de l’ATH-W3000ANV ne manque pas de relief. L’écoute de Jesse SYKES et de son groupe sur l’extrait habituel drinking with strangers en atteste, guitare et chanteuse ne se mélangent pas, l’instrument étant légèrement en arrière-plan. Relief et cohérence sont donc également deux traits à inscrire à son avantage. Certes, le déploiement des échos dans l’espace est plus limité, reflet de son architecture close. Cela dit, l’image de l’Audio-Technica est tout de même spacieuse, au point que je le soupçonne de pouvoir se mesurer avec succès à celle de certains Casques semi-ouverts, voire ouverts.
Evidemment, d’autres Casques excellent à ce jeu-là. Mais l’ATH-W3000ANV n’a pas oublié d’être véloce, détenteur d’un sens du rythme à vous insuffler rapidement l’envie de battre du pied la mesure. Ici encore, je perçois que cet esthète n’est pas chiche de subtilités, mais il n’a pas la véracité requise afin que je me repaisse joyeusement de l’ultime album de la bande à KNOPFLER on every street. Si son architecture fermée transparait davantage lorsqu'elle est soumise à une instrumentation plus fournie, ce ne sera pas pour autant un obstacle à une restitution dénuée de confusion. Bien sûr, sa capacité à imager reste tout de même en deçà de celles de certains ténors nommés HD 800, GS1000i ou T 1 et aussi de cette exception qui a pour nom HP-DX1000, s’agissant cette fois d’un Casque à l'architecture fermée.
Au terme de plusieurs jours passés en sa compagnie, et en dépit du fait que j’ai un affect certain pour l'ATH-W1000X, j’en ai conclus qu’entre lui et moi, c’est une simple, et je le crains fort, incontournable question de goûts. En effet, mon ressenti n’évoluera pas. Mais encore me direz-vous ?!!
Et bien, j’entendais, mais je ne vivais pas, je ne ressentais pas la musique. Elle m’entourait sans m’atteindre puisque je cherchais davantage d’incarnation sur les instruments, de ferveur dans les envolées, d’éclat dans les cuivres, de grain sur les labiales... J’ai eu la sensation d’être alangui par son interprétation, dénué de la conviction de faire corps avec ce que j’entendais, si j’ose l’exprimer ainsi. L’ATH-W3000ANV se fera invariablement doucereux, lissant partiellement certains aspects et dans la foulée certains défauts. Le fait est qu’aucune agressivité ou acidité n’émanent de lui, ce qui ne l’empêche pourtant pas de savoir faire acte de nuance dans le haut du spectre. Son interprétation s'avère énergique, cohérente, riche, et aussi un tantinet sirupeuse d’un bout à l’autre du spectre avec pour conséquence de manquer cruellement de l’éclat nécessaire pour que je vibre à l’unisson si j’ose dire. Aurait-il été plus judicieux d’user d’un ampli Casque à transistors ? La question peut effectivement se poser.
C’est donc sur ce sentiment persistant que j’ai décidé de mettre un terme à ma rencontre avec cette boîte à musique venue du Pays du Soleil Levant, à la signature acoustique que je ressens à la fois extrêmement typée et relativement équilibrée. De facto, aucun registre ne m’a semblé faire preuve d’emphase. Cela dit, j’imagine aisément que l’expressivité, ou autrement formulé, la saveur inhérente à son registre médium en envoûtera plus d’un.
A l’instar des Grado, je pense que l’ATH-W3000ANV est de ces Casques qui ne laisseront jamais le loisir à leurs auditeurs de pouvoir lui témoigner de l’indifférence lors de sa découverte, mais bel et bien provoquer en eux le coup de cœur ou… susciter la déception.
Headphone Road
Juin 2012
Un grand merci à toi R.
Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… Ce n’est certes pas faute d’avoir exploré les alentours, mais les Casques issus du giron d’Audio-Technica brillaient invariablement par leur absence au terme de mes investigations. Qu’à cela ne tienne, je prends ma revanche aujourd’hui en étrennant un exemplaire de leur dernière édition de prestige, laquelle se limite à 2 000 exemplaires, en hommage au cinquantième anniversaire de la marque.
Hum…Y aurait-il désormais des Casques qui ont le chic pour me filer le blues rien qu’à les regarder ?
Ma foi, je ne jurerais plus du contraire depuis que j’ai contemplé rêveusement le chiffre 50 qui orne la fiche Jack laquée de l’ATH-W3000ANV… Et bien, je sais donc qu’Audio-Technica et moi avons une chose en commun avant même que je n’écrive le moindre mot à propos de l’une de ses dernières créations
A la contemplation des photos de la boîte qui abrite l’objet de ma revanche, je ne me sens pas en capacité de chasser le blues pour ne garder que le chic. En effet, un coffret de bois laqué ou en aluminium brossé et sérigraphié, sans aller jusqu’à prendre des allures de cure de jouvence aurait tout de même ragaillardi quelque peu l’auditeur quinquagénaire de fraîche date que je suis devenu. Rien de tel ici malheureusement, la touche classieuse prodiguée par Audio-Technica se cantonne donc à l’ATH-W3000ANV lui-même.
L’ATH-W3000ANV n’a donc esthétiquement rien à envier à ses illustres prédécesseurs, la marque ayant déjà à son actif un certain nombre d’éditions limitées ou spéciales. Pas de doute, le constructeur japonais n’a pas lésiné et nous offre ici un nouveau fleuron d’élégance et de raffinement… Sérigraphie stylisée, pads en peau d’agneau d’Espagne, coques en duramen de cerisier Asada d’Hokkaido, lesquelles faisant l'objet d’une finition à la laque traditionnelle japonaise d’Echizen.
Ergonomiquement, la démarche est nettement plus traditionnelle, puisque c’est comme à l’accoutumée le système d’arceau, dit 3D Wing, qui équipe l’ATH-W3000ANV. Qu’en est-il pour ce qui me concerne ? Et bien, je suis plutôt satisfait par son maintien et sa stabilité, même si d’autres me rassureraient un poil davantage à l’instar d’un Sennheiser de la série 6 ou d’un Beyerdynamic Premium ou Pro.
Les pads sont moelleux à souhait, prodiguant un haut degré de confort, et cela en dépit du fait que mes oreilles sont en quelque sorte enchâssées. A l’issue de la première session, je ressentirais une petite gêne en haut des oreilles, au niveau du cartilage. Adaptation ou accoutumance ? Quoi qu’il en soit, ce léger désagrément ne sera plus qu’un mauvais souvenir dès la session suivante.
C’est donc un Casque dont le port de tête s’avère finalement agréable, mais dont le concept d’arceau ne conviendra peut-être pas forcément à toutes les morphologies.
En parcourant ultérieurement ses mensurations, je serais surpris de lire qu’il avoisine les 350 grammes. Je l’imaginais plutôt se situer au-dessous de la barre des 300 grammes. Voilà un point positif que j’imputerais volontiers au crédit du concept 3D Wing.
Le câble symétrique de 3 mètres avec une fiche plaquée or au standard Jack 6,35 mm et assortie au coloris des coques ne surprendra pas davantage les habitués des Casques de prestige dont la marque les a déjà gratifiés à plusieurs reprises. Si l’inamovibilité du câble ne les surprendra toujours pas, je pense qu’une section plus épaisse, à l’instar de celle du HP-DX1000, n’aurait pas été une mauvaise surprise.
Quant à la structure, celle-ci se compose de magnésium, un matériau censé bannir les phénomènes vibratoires. Un attribut qui se confirmera au fil des extraits musicaux.
On distingue sans difficultés à travers les grilles en tissu que l’Audio-Technica a bénéficié de drivers anglés. Un principe qui devrait générer une image plus en relief. Ici encore, cela se vérifiera.
Un bref regard suffit à confirmer que l’on a affaire à un modèle de type circum-aural et d’architecture fermée. Si je suis dans l’inconnu pour ce qui est son degré d’exigence et ses penchants en termes de synergie, son pilotage ne devrait pas soulever d’énormes difficultés avec la sensibilité (102 dB) et l’impédance (40 Ω) qui sont les siennes. Ce sera effectivement le cas.
Comme je l'ai écrit dans une de mes brèves de comptoir, chaque Casque a une signature, une couleur, une saveur... Peu importe le qualificatif que l'on décide de lui décerner. Peut-on dire de chacun d'entre eux qu'ils nous invitent à partager leur propre interprétation de la musicalité ? Oui, à l'évidence, et cela sans qu'elle soit systématiquement soucieuse de véracité.
Par le passé, j'ai donc acquiescé envers l'invitation que m'offrait, entre autres, le Sennheiser HD 650 et, ô combien, à celle de l'AKG K340, puis du Beyerdynamic DT 880 et surtout, contre toute attente, à celle de Grado par l'entremise de son SR125...
En sera-t-il de même aujourd'hui vis-à-vis de l'interprétation propre à l'ATH-W3000ANV ?
Et bien, à l’issue d’un premier galop d’essai, deux choses me paraissent aller de soi…
Primo, que mon Rega DAC n’est pas le meilleur choix avec l’Audio-Technica. La restitution est un tantinet étouffée, en dépit d’une amplification à partir de tubes alliant la transparence à la droiture. En guise de convertisseur, un Benchmark serait un partenaire plus adéquat ici, à mon humble avis. Mais il faudra que je me contente du convertisseur intégré de mon lecteur CD Thule en guise d’alternative.
Deuxio, qu'il serait dépréciateur de le confronter à mon PS1000. En effet, hormis sur le registre médium si tant est que l'on apprécie l'interprétation qu'en fait l’Audio-Technica, le Grado est plus abouti. Celui-ci est également plus ouvert, plus aéré et plus en relief. Seule la présentation plus frontale de l’Audio-Technica me sied davantage.
Evidemment, le registre médium du Grado n’a rien de capiteux, et de surcroit ce cousin d’Amérique n’a pas un tempérament à arrondir outre mesure les angles. Ce qui m’a d’ailleurs contraint à une démarche motivée par la compensation, celle consistant à jeter mon dévolu sur un convertisseur enclin à une certaine rondeur, à défaut de quoi le PS1000 et moi aurions d’ores et déjà emprunté un chemin différent. L’avenir dira si ma tentative sera couronnée de succès. Quoi qu’il en soit, force m’est de constater une fois de plus le fossé qui sépare la démarche d’exigence de la part de certains constructeurs et la philosophie empreinte de désinvolture de la part de certains éditeurs. Ceci dit… Si nous revenions à nos moutons ?
Alors soit, les systèmes mis en œuvre ne sont pas les mêmes, qu’il s’agisse de convertisseur ou d’amplificateur, mon SinglePower Special Edition n’étant pas de la trempe d’un Eddie Current Balancing Act, pas plus que mon Rega DAC n’avoisine un TotalDac, Néanmoins je dirais que l’ATH-W3000ANV me semble plus affiné dans le bas du spectre, plus raffiné dans le médium et plus lumineux que son homologue l’ATH-W1000X, pour avoir écouté ce dernier à deux reprises et sur des systèmes de haute volée comportant pour l'un d'entre eux les maillons précités.
Il ne me faudra pas longtemps pour réaliser que sa séduction s’opère par le biais d’une signature acoustique onctueuse, dénuée d’aspérités. Qu’il s’agisse du grave, du médium ou de l’aigu, c’est un trait de caractère tout simplement omniprésent, y compris dans sa spontanéité. En effet, même ses attaques me semblent empreintes d’onctuosité.
…Et envers laquelle je reste hermétique. Est-ce le fait d’être accoutumé depuis plusieurs années comme je le suis aux signatures plus trempées venues de Brooklyn ? Quoi qu’il en soit, je suis d’ores et déjà convaincu qu’il va falloir nous laisser un peu de temps au temps. Parallèlement, il ne me faudra pas longtemps pour apprécier sa présentation assez frontale.
L’image de l’ATH-W3000ANV ne manque pas de relief. L’écoute de Jesse SYKES et de son groupe sur l’extrait habituel drinking with strangers en atteste, guitare et chanteuse ne se mélangent pas, l’instrument étant légèrement en arrière-plan. Relief et cohérence sont donc également deux traits à inscrire à son avantage. Certes, le déploiement des échos dans l’espace est plus limité, reflet de son architecture close. Cela dit, l’image de l’Audio-Technica est tout de même spacieuse, au point que je le soupçonne de pouvoir se mesurer avec succès à celle de certains Casques semi-ouverts, voire ouverts.
Evidemment, d’autres Casques excellent à ce jeu-là. Mais l’ATH-W3000ANV n’a pas oublié d’être véloce, détenteur d’un sens du rythme à vous insuffler rapidement l’envie de battre du pied la mesure. Ici encore, je perçois que cet esthète n’est pas chiche de subtilités, mais il n’a pas la véracité requise afin que je me repaisse joyeusement de l’ultime album de la bande à KNOPFLER on every street. Si son architecture fermée transparait davantage lorsqu'elle est soumise à une instrumentation plus fournie, ce ne sera pas pour autant un obstacle à une restitution dénuée de confusion. Bien sûr, sa capacité à imager reste tout de même en deçà de celles de certains ténors nommés HD 800, GS1000i ou T 1 et aussi de cette exception qui a pour nom HP-DX1000, s’agissant cette fois d’un Casque à l'architecture fermée.
Au terme de plusieurs jours passés en sa compagnie, et en dépit du fait que j’ai un affect certain pour l'ATH-W1000X, j’en ai conclus qu’entre lui et moi, c’est une simple, et je le crains fort, incontournable question de goûts. En effet, mon ressenti n’évoluera pas. Mais encore me direz-vous ?!!
Et bien, j’entendais, mais je ne vivais pas, je ne ressentais pas la musique. Elle m’entourait sans m’atteindre puisque je cherchais davantage d’incarnation sur les instruments, de ferveur dans les envolées, d’éclat dans les cuivres, de grain sur les labiales... J’ai eu la sensation d’être alangui par son interprétation, dénué de la conviction de faire corps avec ce que j’entendais, si j’ose l’exprimer ainsi. L’ATH-W3000ANV se fera invariablement doucereux, lissant partiellement certains aspects et dans la foulée certains défauts. Le fait est qu’aucune agressivité ou acidité n’émanent de lui, ce qui ne l’empêche pourtant pas de savoir faire acte de nuance dans le haut du spectre. Son interprétation s'avère énergique, cohérente, riche, et aussi un tantinet sirupeuse d’un bout à l’autre du spectre avec pour conséquence de manquer cruellement de l’éclat nécessaire pour que je vibre à l’unisson si j’ose dire. Aurait-il été plus judicieux d’user d’un ampli Casque à transistors ? La question peut effectivement se poser.
C’est donc sur ce sentiment persistant que j’ai décidé de mettre un terme à ma rencontre avec cette boîte à musique venue du Pays du Soleil Levant, à la signature acoustique que je ressens à la fois extrêmement typée et relativement équilibrée. De facto, aucun registre ne m’a semblé faire preuve d’emphase. Cela dit, j’imagine aisément que l’expressivité, ou autrement formulé, la saveur inhérente à son registre médium en envoûtera plus d’un.
A l’instar des Grado, je pense que l’ATH-W3000ANV est de ces Casques qui ne laisseront jamais le loisir à leurs auditeurs de pouvoir lui témoigner de l’indifférence lors de sa découverte, mais bel et bien provoquer en eux le coup de cœur ou… susciter la déception.
Headphone Road
Juin 2012
Un grand merci à toi R.