Cette publication a pour objectif de vous faire partager mon ressenti sur mon installation audio sédentaire.
La découverte de ce site il y a 2 ans maintenant, m’a permis de me rendre compte de l’importance du matériel audio dans le plaisir d’écoute de la musique.
J’ai commencé comme beaucoup par repenser mon système audio nomade et je suis aujourd’hui arrivé à une combinaison qui me comble tous les jours : le Colorfly C4 + Audio Technica ATH-ES10.
Puis en 2013, j’ai émis le souhait d’acquérir un système audio sédentaire, exclusivement haut de gamme. Des mois de recensement des produits, de lecture des tests, d’échange sur les forums, de réflexion sans fin, pour un choix insensé du fait de son caractère « à l’aveugle » (peu de produits distribués en France), sans compter l’aspect financier !
Bref, Février 2014, mon nouveau jouet a pris place dans mon petit appartement :
- Wyred4Sound DAC2
- Ampli Eddie Current Zana Deux SE
- Casque Fostex TH-900
- Câblage RCA Atlas Equator MKIII
Budget investi (yc TTC, douanes) : 4 300€
Nb : le casque et le DAC ont été acquis d’occasion, me faisant économiser 800€
Je vous ai sollicité jusqu'à maintenant, et j’essaierai à présent de vous le rendre…bonne lecture à tous !
En préambule, je tiens à vous avertir que ce feedback est complètement subjectif, et surtout non professionnel. Je m’excuse donc d’avance pour les éventuelles approximations, et le vocabulaire d’audiophile du dimanche. Aussi, je n’ai pu comparer mon système avec un autre.
Le matériel compte une centaine d’heures d’écoute, et est selon moi « rôdé ». En effet, j’ai noté une évolution significative du son au fil des écoutes : moins d’agressivité sur les aigus, avancée des médiums.
La source utilisée est la suivante :
- PC multimédia grand public Asus EeePC
- Lecteur Foobar2000
- Encodage Flac, depuis des CD via Foobar
- Transmission des données en Bitperfect (pilote Asio4all)
- Câblage USB Atlas Element
Côté volume sonore : le DAC est au maximum, et l’ampli en low gain avec un potard sur 3-4/10 (et Dieu sait que c’est déjà bien au-delà de ce que certains peuvent supporter).
Ma CDthèque personnelle est exclusivement dédiée aux musiques extrêmes à base de Punk : Hardcore, Punk Rock et dérivés, Thrash Metal, Grindcore.
J’en ai tiré une playlist de test sur la base de ma connaissance avancée de ces groupes et chansons, ainsi que la (très) bonne qualité des productions. Certes, il faut baigner dans ce milieu pour apprécier les subtilités entre les sous-genres
Aussi j’ai rajouté d’autres titres sur des registres plus variés et accessibles.
• Côté Hardcore (HxC)
- CHAMPION, Different directions : du pur Youth Crew HxC, positif, énergique, sautillant
- KID DYNAMITE, Living daylights : Old School à souhait, rapide, catchy et mélodique
- NO TURNING BACK, Never again : version européenne du New York HxC, 100% tough guy
- TRAPPED UNDER ICE, Stay Cold : New School HxC, durcissement et variété du jeu musical, KO direct
- SCREAMING SILENCE, Bad Mood : Beatdown HxC, simple, lourd, massif, rouleau compresseur
• Côté Punk Rock
- RANCID, Timebomb : la chanson Ska Punk Rock, tout en contretemps
- THE RABBLE, Burning In The Fire : du Street Punk Rock, mélodique et burné à la fois
- ANTI-FLAG, Turncoat : Punk Rock mélodique
- STREETLIGHT MANIFESTO, The Hands That Thieve : Punk Rock bien cuivré
• Côté Metal
- PANTERA, Strength Beyond Strength : LE groupe de Groove-Thrash Metal, musique violente
- MUNICPAL WASTE, Guilty Of Being Tight : du pur Crossover-Thrash Metal, rapide, sautillant, énergique
- JIGSORE TERROR, Gorging On Exposed Arteries : le Death-Grindcore dans sa splendeur, gras, épais, dark
- WORMROT, Black Stabber Mission Aborted : Power-violence Grindcore, juste épileptique
• Autres
- ANTONIO VIVALDI, Summer 3, Presto (by Karajan) : classique pour violons
- YIRUMA, River Flows In You : classique pour piano
- STROMAE, Ta Fête : électro avec des influences africaines
- RIHANNA, Diamonds : du pur R’n’B
- EMINEM, Without Me : chanson de Rap pleine de groove
- NAUGHTY BOY, La La La : la valeur sûre de la Pop
• W4S DAC2
- Puce Sabre ES9018, pas de DSD.
- Connectique : elle est excessivement complète à savoir 2 x coax, 2 x toslink, 1 x USB, 1 x symétique AES/EBU, 1 x I2S Hdmi, 2 x paires RCA sorties, 1 x paire symétique, fonction bypass. Fonction pré-ampli possible.
- IHM : l’écran digital est simple et clair. Plusieurs types de réglages sont possibles au moyen des boutons en façade comme le volume numérique, la balance, la sélection des entrées, et d’autres éléments de configurations plus techniques. A noter un bouton mise en veille et un switch de mise hors-tension, ainsi qu'une télécommande fournie qui marche à merveille.
- Qualité de construction : du solide !
- Esthétique/visuel : sobre tout en noir, texture structure rugueuse à l’exception d’une partie de la façade avant bénéficiant de matériaux lisses! les rainures d’aération façon requin, du plus bel effet, laissent entrevoir le circuit et la diode de bonne marche.
- Taille et poids : imposant surtout sa profondeur (32cm). Il pèse aussi assez lourd (6kg).
- Nuisances : pas de chaleur, ni bruit à signaler.
• Eddie Current Zana Deux SE
- Ampli tubes : 2 6D22S rectifier, 1 6SL7 driver, 2 6C33C-B power triodes.
- Connectique : totalement asymétrique, 3 x paires RCA entrées, 2 x paires RCA sorties pour fonction pré-ampli, 1 x jack 6.5mm.
- IHM : 100% mécanique à savoir switch d’entrées, switch de gain (low ou high), potard de volume, switch de mise hors-tension.
- Qualité de construction : respire la solidité ! on notera le côté artisanal avec la numérotation au stylo (71 !), les traces de ponçage et d’ébavurage, le nombre hallucinant de vis.
- Esthétique/visuel : les bordures sont noires et les plaques haute et basse sont en alu gris donnant un côté classieux. Les lampes s’érigent, fières, brillant de mille feux lorsque la luminosité baisse, telle une ville la nuit. « Zana deux » écrit sobrement sous la diode de marche, et le logo « Eddie Current » posé au centre de plaque haute. En deux mots, MAGIQUE et MAGNIFIQUE !
- Taille et poids : imposant (30x35cm) et haut avec ses lampes (20cm). Prévoir de la place pour le bloc d’alimentation séparée ! Le tout pèse dans les 8kg.
- Nuisances : pas de bruit mais très forte chaleur. Une demi-heure après l’allumage, l’ampli est brulant, et les lampes intouchables, dégageant une chaleur à 30cm à la ronde (plus besoin de chauffage).
- Divers : service client exceptionnel de la famille Uthus, délai de production 1 mois maximum, customisation possible.
• Fostex TH-900
- Casque fermé dynamique 25ohms.
- Connectique : câble non détachable ! longueur 3m un poil court.
- Qualité construction : respire la solidité, et est exempt de défauts ! le réglage des pads se fait facilement, on sait qu’on ne cassera rien lors de la manipulation.
- Esthétique/visuel : le cuir synthétique est réalisé à partir de membranes de coquilles d’œufs, bluffant de réalisme ! les coques sont en bois de bouleau japonais, avec une finition « Urushi » donnant un aspect unique en son genre. Assurément un casque d’une rare beauté !
- Confort : la taille du casque est dans la moyenne, et le poids de 400g est largement acceptable même sur de très longues écoutes. L’arceau et les pads sont d’un confort extrême.
- Nuisances : le casque fuite malgré tout pas mal.
- Divers : le packaging est trop light pour cette gamme de prix. Cependant le support ST300 est offert, bon point !
• Câblage
Mr Craig Uthus m’avait conseillé des câbles Monster câbles à 40usd, avançant que c’était largement suffisant. Ne les ayant pas trouvés en France, je me suis rabattu sur des câbles Atlas moyen de gamme. Ils sont beaux, bien finis, et suffisant pour le boulot qu’on leur demande (jackpot détracteurs ?).
Je répète que je n’ai pu comparer cet ensemble à un autre. Je ne suis donc pas en mesure de dire quelle partie de ma chaîne procure tel ou tel effet. C’est pourquoi mon feedback devra être apprécié en considérant le système dans son ensemble.
On allume le DAC, puis l’ampli, on laisse chauffer les lampes 3 minutes, juste le temps de poser son casque sur sa tête et de s’installer confortablement dans son canapé. PLAY !
• Souffle
Musique éteinte, on n’entend pas l’ombre d’un parasite…le silence est royal.
• Soundstage
Ce qui marque dès la première écoute est que le son n’est pas collé à l’oreille, je ne retrouve pas ce côté un peu étouffé présent sur mon matériel nomade.
Le son a clairement de l’ampleur, il est 3D, et on se retrouve littéralement immergé au cœur de l’action. Le soundstage est vraiment idéal, ni trop large, ni trop étroit, avec une proportion entre la largeur et la profondeur…c’est naturel.
Les sons sont correctement répartis dans l’espace, et on arrive aussi à détecter les moments où les artistes ont voulu simuler l’espacement : plus particulièrement sur les chœurs des chansons de HxC, le break de No Turning Back à 1m45 quand la seconde guitare arrive, les chœurs et orchestre cuivré de Streetlight Manifesto, ou encore le placement des instruments sur Vivaldi.
De plus, c’est comme si le système audio savait s’adapter à la musique. Par exemple sur Vivaldi, on imagine allégrement l’orchestre jouant devant nous, réparti sur une scène immense, très large et profonde loin derrière. A contrario, sur Yiruma, on est assis à côté du pianiste, et non pas à le regarder seul sur cette même scène immense.
• Niveau de détail
La définition est exceptionnelle, le système capte tous les moindres détails : la respiration d’un Karajan ou des feuilles d’une partition que l’on tourne sur les passages calmes, les pieds et mains de Yiruma qui se baladent, un médiator trop appuyé sur les cordes du guitariste de Champion, le souffle de la salle d’enregistrement mal isolée de Rihanna (début), le batteur de The Rabble posant ses baguettes à la fin de la musique, les doigts du guitariste de Trapped Under Ice glissant sur son manche de guitare électrique lors des changements d’accords, etc.
Certains enregistrements (ex Screaming Silence, Jigsore Terror) qui sonnaient compactes sur mon rig nomade, prennent une autre dimension, le système sédentaire assurant une séparation incroyable des instruments.
De ce fait, on entend bien mieux les batteurs s’acharner sur ces pauvres symballes, les basses électriques arriver à se faire entendre plus qu’avant au milieu de leurs sœurs guitares. Tous ces détails (voulus ou pas) qu’on ne soupçonnait même pas…on redécouvre clairement la musique et se surprend à tendre l’oreille et focaliser sur un instrument en particulier pendant une minute, puis sur un autre, etc. jusqu’à rouvrir les oreilles à l’ensemble du groupe et apprécier l’harmonie.
Clairement déroutant au début, votre cerveau recevant trop de détails, mais carrément jouissif une fois habitué. Peut-être que certains trouveront cela fatiguant, ce n’est clairement pas mon cas.
Là où le système est épatant, c’est que le côté analytique voire chirurgical n’entraine pas de sensation de « musique froide, sans âme », bien au contraire.
• Basses
L’ensemble a une légère signature basseuse. Il faut être conscient qu’elles sont la force principale du casque, soutenues certainement par la chaîne amont.
Attention, le système ne les simule / exagère / force pas, elles sont au contraire très naturelles.
Les meilleurs genres musicaux pour s’en rendre compte sont l’électro, la pop et le rap/R’n’B, et les coups de tambours sur les genres extrêmes.
D’abord, elles descendent bas, voire très bas, quitte à faire vibrer votre intérieur (énorme gifle sur le final de Vivaldi, ou le beat de Naughty Boy). Puis, on peut les qualifier de franches voire sèches, percutantes, très dynamiques, en aucun cas à la traîne rendant le rythme endiablé (Stromae en est le meilleur exemple).
La réputation est largement justifiée et méritée !
• Médiums
J’avais lu que le TH-900 avait un médium en retrait. Au déballage oui, mais avec les heures d’écoute celui-ci s’est développé, peut-être grâce au Zana Deux.
Là encore, le système semble s’adapter aux chansons. Tantôt, ils sont ronds, pleins, charnus…Les pistes HxC, et particulièrement les breaks à la guitare en sont le parfait exemple (Champion, No Turning Back, Trapped Under Ice). Tantôt plus fins, rentre-dedans comme dans le Punk Rock et le Thrash Metal (ah les palm mute de The Rabble et Anti-Flag, et les riffs supersoniques de Municipal Waste). Ou encore, épais, gras, dégoulinants comme avec Jigsore Terror.
Et que dire de tous les instruments à vents ou cuivrés qui délivrent des médiums riche, doux de toute beauté (Vivaldi, Streetlight Manifesto).
Côté voix également, la performance est là : texture, richesse, douceur (Naughty Boy, Rihanna, Streetlight Manifesto, chœurs Kid Dynamite).
• Aigus
J’avais lu aussi que le TH-900 avait un aigu prononcé, voire sibilant et fatiguant…pareil au déballage oui, mais avec les heures d’écoute celui-ci s’est adoucit.
Cela monte haut certes, très haut s’il le faut également (refrain Naughty Boy, solo Pantera), mais sans jamais agresser les oreilles. Les aigus peuvent même se révéler extrêmement soyeux et raffinés (solos de violons sur Vivaldi, piano de Yiruma).
• Immersion
Je vous vois déjà souligner que je m’emballe trop vite et qu'il y a trop d'enthousiasme dans mes propos…l’euphorie du débutant !
J’ai à mon compteur plusieurs années de participation à des concerts, dans des petites salles, et j’arrive à retrouver grâce à ma configuration plusieurs sensations :
- Intensité/implication : le système possède une dynamique et une énergie hors-paire, et ce sans agressivité. De ce fait, l’auditeur est inévitablement plongé dans la musique, et on se retrouve à taper du pied très facilement, à headbanguer ou faire des bons dans l’appartement.
- Justesse, naturel, transparence : les basses, médiums, aigus sonnent tous naturels, sans artifice. Les instruments et voix sont saisissants de réalisme. Je n’ai jamais entendu des timbres et sons aussi justes et proches que quand je suis devant une scène de concert.
- Musicalité : le tout semble respirer, être organique, vivant. On arriverait presque à ressentir la douleur des chanteurs (Trapped Under Ice). Le DAC et les lampes y sont sûrement pour quelque chose.
Enfin, pour les autres genres de musique que je n’affectionne pas vraiment, je me suis aussi surpris à être impliqué dans la musique. Quand vos poils se redressent étonnamment sur Vivaldi, où que restez estomaqués devant la voix de Rihanna, je pense que l’on peut qualifier le système audio de performant !
• Mauvais enregistrements
Comme beaucoup de configurations de haut de gamme, la tolérance aux mauvais enregistrements est faible. L’écoute peut s’avérer très pénible si le mix met en avant certaines parties du spectre audio (graves, médiums, etc.) ou laisse place à des défauts (son étouffé, souffle, etc.).
Quelques-uns de mes CD sont dans ce cas et je suis un peu déçu de ne plus pouvoir les écouter sur mon système sédentaire. Autre exemple, Pantera dans cette playlist a un enregistrement mettant en avant beaucoup trop d’aigus sur la batterie. Le résultat est un poil sibilant et fatiguant, alors que ma configuration nomade légèrement basseuse vient gommer ce défaut de mix.
Vous l’aurez compris, je suis bluffé par mon système audio sédentaire.
La synergie entre les éléments est excellente, rendant vraiment honneur à la musique.
C’est un ensemble viscéral, procurant beaucoup d'émotions, qui vous accompagnera sur des écoutes polyvalentes, intimiste façon « canapé » ou grandiose et énergique façon « concert ».
Sa beauté physique finira par vous convaincre…courrez !
Je vous laisse sur ces derniers mots. La prochaine étape pour moi sera de tester d’autres genres musicaux, et bien sûr débuter les études comparatives avec d’autres configurations.
Un GRAND MERCI encore à tous ceux qui m’ont orienté dans ce projet !