Les netlabels foisonnent, proposant en téléchargement, et le plus souvent gratuitement, des tracks ou des albums entiers qui sont parfois de très grande qualité (et pas toujours encodés avec les pieds).
Il existe des blogs, comme la Netlabels Revue, qui essaient de rester en prise sur leur actualité, mais je trouve qu'il y a quand même un manque flagrant de guide et de conseil en la matière.
Je fais donc appel à vos lumières pour essayer de commencer à établir l'embryon d'une base de données sur les netlabels.
Ayant ouvert le sujet, je m'y colle séance tenante, dans mon genre de prédilection, à savoir la techno (au sens très large).



Vous allez me maudire, mais le premier netlabel techno (et plus spécifiquement tech-ambient et electro-dub) qui me vient à l'esprit est Thinner, or son site est HS! (Et quel dommage! C'était l'un des plus beaux du net, tous styles confondus, avec pour chaque sortie une cover très design et animée: la classe de fou furieux.) Son back catalog est cependant toujours dispo sur l'Internet Archive.
Thinner a publié des artistes aussi profonds et deep que Joerg Schuster alias (entre autres) Digitalverein ou Holger Flinsch.
Un petit remix de Digitalis par le second, paru évidemment sur Thinner, pour vous mettre l'eau à la bouche (ou pas!):


Le second netlabel à proposer une bonne collection de free releases éminemment goûtues (et aussi de free wav. acidifiés, amis MAOistes! Trois volumes (remarquables) à ce jour...) est Deepindub la maison de disque virtuelle du grand pape italien de la deep tech: Maurizio. Pour son back catalog, plus fourni que la liste du site (véridique...), je vous renvoie de nouveau à la section qui lui est consacrée sur Internet Archive (loué soit-il mille fois!)
Bien dans le style général de Deepindub, ce beau petit track soulful du producteur hongrois Tamás Olejnik alias Dublicator:


Enfin, pour terminer ce premier épisode consacré aux netlabels techno, voici tonAtom, netlabel qui, pour sa part, est plus franchement orienté ambient que les deux précédents. Dans la section audio de tonAtom, il y a vraiment à boire et à manger. En émergent parfois quelques perles comme les sorties d'Aljen ou celles du prolifique Nightech, pour ne citer qu'eux.

Quelle différence entre un netlabel et un label normal? Car beaucoup de labels font aussi leur promotion sur la toile, donc, ceux là sont des pure-players? Dans ce cas, enregistrement se fait par l'artiste, et le label n'a qu'un rôle de diffuson, ici sur la toile?

Je te répondrais bien moi-même, Wardormeur, mais la déesse Wiki l'a déjà fait mieux que moi!
En résumé, toutefois, les trois points à retenir sont que:
1°) les netlabels diffusent quasi exclusivement des oeuvres sur support immatériel, en clair par voie de téléchargement;
2°) les oeuvres en question sont le plus souvent gratuites et proposées sous le statut juridique de la licence artistique libre;
3°) leurs artistes n'étant donc pas rétribués, ceux-ci gardent tous leurs droits sur leurs oeuvres (ce qui fait, par exemple, qu'un artiste repéré par une maison de disques "classique" peut très bien retirer ses titres gratuits du site du netlabel pour les proposer à la vente...)

Les netlabels ne sont donc pas des pure-players (si du moins je comprends bien ce que tu entends par là). Au contraire, ils ont pour vocation première la diffusion des oeuvres et, parfois, sur leurs sites, seuls des téléchargements (gratuits) sont proposés, sans possibilité d'écoute préalable. (A chacun de se faire sa preview chez soi, en quelque sorte.)
Par ailleurs, à la différence des labels "en dur", les netlabels ne proposent ni services de production ni suivi marketing. Il arrive cependant que des fondateurs passionnés remasterisent les titres de certains de leurs poulains (je crois savoir que Palancar l'a fait pour certains artistes de son netlabel ambient, Earth Mantra.)
Et puis, ce qui est très sympa sur les netlabels, c'est qu'ils sont souvent, justement, le rêve réalisé d'un seul homme, musicien lui-même dans la plupart des cas (et talentueux en général), et qu'en "signant" chez lui, on est plus ou moins promis à collaborer avec lui!
Je songe notamment à Webbed Hand, oeuvre du protéiforme et surprolifique artiste ambient Christopher McDill qui, je crois, a pondu des albums en commun avec tous ses artistes ou peu s'en faut.

(Mais je reparlerai de tous ces netlabels plus en détail, promis.)

Les netlabels ne sont pas qu'une source gratuite de musiques de qualité sous format numérique pour les boulimiques de sons que nous sommes tous ici, mais aussi, "de l'autre côté de la barrière", un formidable espace de visibilité et de travail pour les artistes.

Pour avoir une petite idée de l'ampleur du phénomène, je vous invite à visiter le site Netlabels.org et à consulter son catalogue qui ne comporte pas moins de 500 catégories.(Edit: avec, semble-t-il, certains liens morts et des fakes, je viens de le découvrir en fouillant dans des genres qui ne sont pas vraiment ma tasse de thé, comme le hip-hop.)
D'où, il me semble, la pertinence de mon idée de départ: défricher dès maintenant ce territoire, chacun dans son genre de prédilection, avant qu'il ne s'étende au point qu'on ne puisse plus y distinguer les mauvaises herbes de l'espèce à protéger!

L'autre jour, j'écoutais l'émission Electromania sur France Musique et dedans, Christophe Bourseiller (animateur et acteur bien connu de par chez nous) avait l'air lui aussi de découvrir les netlabels, c'est étonnant vu que ça fait au moins dix ans que ça existe et que ç'a explosé par chez nous depuis les années 2004 - 2005 (quand la bande passante a permis leur généralisation). C'est vrai qu'ils sont majoritairement, outil oblige, consacrés à la musique électronique mais ç'a tendance à s'élargir ces dernières années.



Quelques noms en passant (3 français, 1 belge, 1 suisse) mais je reviendrai dessus plus tard :

• - Abyssa Netlabel > http://abyssa.netlabel.free.fr/albums.html
  
  - Chase Rds > http://chaserecords.free.fr/
  
  - Earsheltering > http://earsheltering.free.fr/
  
  - Vaatican Rds > http://gestrococlub.org/VVVAATICANmeset-3.html
  
  - Insubordination Netlabel > http://www.insubordinations.net/releases.html

Waouh, Denis Gaudineau, ça c'est du lien! Merci, merci, merci... (Tu me vois pas, là, mais j'suis à genoux.)
Le premier netlabel que je suis allé visiter, bien évidemment, c'est Vaatican Rds (avec un nom pareil...) et là-bas t'es accueilli (en ce moment du moins) par un track ébouriffant de Bobby Peru , "Gasper". C'est mixé avec le bras gauche (ou alors le clipping est voulu, va savoir), mais quelle inspiration, quelle puissance!
Bref, grâce à toi, me voilà nanti d'une nouvelle mine de titres électro pour garnir mon X7.

Denis Gaudineau a écrit :L'autre jour, j'écoutais l'émission Electromania sur France Musique et dedans, Christophe Bourseiller (animateur et acteur bien connu de par chez nous) avait l'air lui aussi de découvrir les netlabels, c'est étonnant vu que ça fait au moins dix ans que ça existe et que ç'a explosé par chez nous depuis les années 2004 - 2005 (quand la bande passante a permis leur généralisation). C'est vrai qu'ils sont majoritairement, outil oblige, consacrés à la musique électronique mais ç'a tendance à s'élargir ces dernières années.

Bien résumé, je n'aurais su mieux dire.

A part ça, ton Christophe Bourseiller est parfaitement crispant, comme au cinéma.
Tu peux l'virer, steup'?

Enfin, je ne veux pas établir de règles sur ce thread simplement parce que je l'ai ouvert, mais ça serait vraiment sympa que tu nous mettes un track représentatif pour chacun des netlabels que tu cites, histoire de donner une idée de leur "couleur" sonore. Mais bon, il est vrai aussi que tu as promis de revenir dessus...

Allez, rien que pour le plaisir, je te précède un peu avec ce morceau de Mandragorod, paru sur Vaatican justement: "Out of Memory".

Bon, chose promise, chose due, je continue ma tournée des netlabels électro-techno dont j'ai épluché le back catalog et qui me paraissent valoir le détour.


Là, les enfants, c'est du lourd.
Fondé par Darell Burgan alias Palancar, artiste ambient live (il tient à ce titre) et créateur par ailleurs de la fameuse netradio ambient Still Stream, Earth Mantra propose en téléchargement gratuit près de 200 albums rassemblant la crème de la crème de l'ambient US: Palancar himself, Mystified, Stephen Philips, Phillip Wilkerson, Lucette Bourdin, etc.
Très représentatif de la couleur "space" de cette branche géographique de l'ambient, un track de ma défunte amie Lucette Bourdin, "The Man Whom The Trees Loved", extrait du dernier album solo qu'elle eut la force de nous livrer avant sa mort survenue le 17 février dernier, Rumors From Cypress Town:


Fondé en 2003 par Christopher McDill, Webbed Hand est un netlabel destiné avant tout à faire connaître la discographie surabondante de... Christopher McDill lui-même qui, pour donner le change sans doute, s'est inventé pour l'occasion une foule d'alias aux pseudos parfois... cryptiques: Akashic Crow's Nest, Rolling Calf Sinfonette, Rowboat Magicians, Tree Helicopter (le plus insensément imagé, je trouve) et j'en passe.
Déjà l'oeuvre de McDill, élaborée à partir de discothèques de sons du commerce et de field recordings faits maison, vaut à elle seule une écoute attentive (sauf dans ses errances les plus extrémistes où elle peut devenir suprêmement chiante, genre 1 heure de tonalité pulsée), mais notre homme a eu un jour l'idée géniale d'ouvrir une sorte de série d'albums intitulée "Rain" qui, pour certains d'entre eux (notamment ceux qu'il a publiés sous le pseudo de Saluki Regicide), sont des chefs-d'oeuvre quasi absolus d'ambient bruitiste à base de samples d'eau. Bien d'autres artistes que McDill ont depuis enrichi cette série sur Webbed Hand.
Les sorties de Webbed Hand trustent souvent la playlist de ma netradio ambient préférée, à savoir DroneZone (une des vingt stations et quelques du réseau californien de Soma FM).
Webbed Hand s'est créé une chaîne sur YouTube dans laquelle je vous ai choisi cette petite vid bien barrée, typique du label:




Pour terminer cette deuxième recension, un doyen dont la création remonte à l'an 2000, iD.EOLOGY, netlabel allemand electro et éclectique puisqu'il donne dans divers styles allant de la Drum'n'Bass à l'électro-bossa (si, si, ça existe) en passant par le Dub'n'Bit et le Hip-Hop.
iD.EOLOGY a au moins trois mérites. Le premier est de m'avoir permis de découvrir des artistes électro français de talent (je pense notamment à la génialissime Brigitte Bijoux), son catalogue comprenant des musiciens de nombreuses nationalités. Le second, comme je l'évoquais plus haut, est la variété de ce catalogue. Le troisième est le soin qu'ils apportent dans la conception de la partie graphique de leurs livraisons, chacun d'entre elles étant accompagnée d'un set complet d'illustrations au format boîtier de CD... La classe à l'allemande, quoi.
Sur ce, je vous laisse (provisoirement) avec la jungle primesautière, très classique mais bien fichue, du duo des Zengineers, une des grosses pointures d'iD.EOLOGY:

Pour Earsheltering, label franco-belge tenu en partie par un gars qui a (avait) une friterie sur la route entre Mons et Namur (authentique !!! ), voilà quelques albums que je recommanderais mais il y en a plein d'autres (une soixantaine) et je n'ai pas tout écouté, j'ai encore de quoi faire :

- Der Brotman (ambient zarbi)




- Planetaldol & Rohypnoise : Et ensuite la viande (ambient malsain)



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- Planetaldol : Trevor's nightmare (ambient encore plus malsain )




- Planetaldol : Le pavillon des morts-vivants (ambient encore encore plus malsain )




- Gorgô : Aucune complaisance (électro, accordéon, batterie)




- Thelmo Cristovam : Inneresteren (musique brésilienne foutraque et avant-gardiste sensationnelle, proche du Laborintus II de Berio)




- Sigmund Stella Artois : Unstillbar (industriel expérimental allemand, de la witch house bien loin des récentes sorties à la mode)



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- Compilation 3 faces of Thalassa (une compilation en hommage à l'émission de FR3 Thalassa, c'est pas une blague et ç'envoie loin !




- Planetzoo : Life, this strange discharge (ambient, breakcore et breakbeat californien)




- Les 3 volumes des compilations Nektar (une dizaine d'heures d'écoute, aucune limite de style !). C'est sorti en collaboration avec le label Le Colibri nécrophile.



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Merci pour les découvertes dans ce topic, j'adore particulièrement ce que fait Earsheltering ; belle sélection d'albums, Denis Gaudineau, je vais continuer à explorer tous ces différents artistes. Le seul que je connaissais déjà était Planetaldol... Impossible à oublier, des pochettes d'albums pareilles! Donnez-moi quelques semaines pour parcourir tout ce que vous me donnez sur un plateau là! Avec un peu de bon son belge, en plus

PS : Z'avez un problème avec les friteries?

@ Baalka: pour un si petit pays, la Belgique est une immense nation artistique, et cela depuis la fin du XIXe siècle au moins. J'adore la culture belge parce qu'elle nous a donné à la fois les oeuvres les plus follement inspirées du symbolisme et, plus proche de nous, les albums les plus vivants (paradoxe) de la Cold Wave. Voilà, c'est dit. Et puis j'aime les frites aussi.
Edit: et, dans les chefs-d'oeuvre donnés par la Belgique à la culture mondiale, j'oubliais les contes de Jean Ray et, plus globalement, toutes les productions de son extraordinaire école d'écrivains fantastiques (Rodenbach, Thomas Owen...)!

@ Denis Gaudineau: merci d'avoir rajouté les vids.
Celle de Cybunk illustrant le track de Planetaldol est hallucinante. C'est très fort, très évocateur... Et ce final (faussement) apaisé... Edifiant! Cela m'a fait énormément penser au jeu Stalker, et particulièrement aux atmosphères urbano-apocalyptiques de "Call of Pripyat".

Oui, en plus la vidéo est de Vidioatak, un des meilleurs collectifs de vidéastes hexagonaux.

On descend un peu plus au sud maintenant avec le netalbel rémois Abyssa Netlabel. Il est en stand by actuellement mais c'est de la très bonne came dans l'ensemble, toujours dans l'électronique mais ça touche aussi au rock, trip-hop voire au slam (genre où je déclare forfait ) Voici quelques très bons disques tirés de son catalogue. Je mets des vidéos pour illustrer mais ce ne sont pas forcément des morceaux qui sont sur ces disques mais ça reste très similaire et du même auteur à chaque fois.

- Compilations La Brocante (2 vol., pas de style principal, ça part dans tous les sens)



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- Le Rêve silencieux (mise en musique d'un texte par différents artistes, ça confine au contemporain)




- Cruise me baby (compilation de remix du groupe belge Cruise [CTRL]), électronique analogique minimale évolutive



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- TAT : remixes, remix du groupe de dark-folk lyonnais TAT





- MHPM : Stunted times, ambient ultra-léché


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- Electronic Press Kit : Racines + Apports, de l'ambient racé de première bourre




- Roswell Conspiracy : Les fragments anodins (idem)



[video][/video] (c'est le nouveau nom du groupe maintenant)