Episode 1 : 3 lecteurs à l'épreuve du Grado RS2
Le Grado RS2 est équipé d'origine d'un jack 6,35mm. C'est à l'aide d'un adaptateur mini-jack 3,5mm que je l'ai branché aux 3 lecteurs. La sortie symétrique 4,4mm du Cayin N6ii R01 n'était donc pas évaluée ici (ça viendra avec le Sennheiser HD650 et les intras).
J'ai conduit cette écoute comparative avec une attention particulière sur les 4 albums suivants.
Je livre pour chacun les qualités que la confrontation a mise en avant à mes oreilles.
Album référence n°1 : Keb'Mo', par Keb'Mo' (1994)
Le Calyx et l'Acoustic Research proposent des restitutions si différentes, d'aucun diraient complémentaires, qu'il m'a été difficile de choisir laquelle avait ma préférence. ici A la première écoute, j'avais placé le M devant l'AR-M2, pour finalement noter l'inverse une semaine après. Le N6/R01, lui, a conservé la couronne à chaque écoute.
- AR-M2 : Il offre de façon nette et indiscutable la scène sonore la plus large des 3 protagonistes. C'est aussi la moins profonde cependant. On a donc l'impression d'être "on stage" avec les musiciens. Ce lecteur offre par ailleurs des aigus étendus et détaillés en comparaison du Calyx. Le Cayin ne cède rien sur ce terrain je pense. Il manque de "netteté" par rapport aux deux autres lecteurs, c'est à dire que les sources sonores sont moins détourées, plus floues dans ce très (trop ?) vaste espace sonore qu'offre le lecteur d'Acoustic Research. L'extraordinaire capacité de séparation de l'AR-M2 est au détriment de la résolution.
- Calyx M : C'est le plus étriqué des trois dans la scène sonore qu'il produit, mais il a pour lui de compenser cela en étendant cette scène en profondeur, ce qui ajoute à la "densité sonore" qui distingue pour moi ce lecteur des autres. Instruments et voix paraissent plus "charnues" avec le Calyx.
- Cayin N6ii/R01 : Savant mélange des deux autres ou presque. Bien que l'impression de profondeur qu'il produit le rapproche davantage du Calyx dans la mise en scène, il propose une très belle séparation des instruments, bien supérieure au Calyx, sans égaler l'AR-M2 qui demeure imbattable sur ce registre. Cette séparation est au service d'une définition supérieure à ces challengers du jour : je distingue systématiquement plus d'informations dans le message musical avec le Cayin, sur tous les titres écoutés. Qui a dit que Grado offrait une illusion détails ? Mon (vieux) RS2 était donc bridé par mes autres lecteurs jusqu'ici... voilà qui me laisse pantois ! J'ajoute avoir été très vite marqué par la transparence du Cayin. L'illusion de réalisme est ici un cran au dessus des deux autres. Et si toutes les qualités précités y participe, c'est aussi le lecteur qui dessinent aux chanteurs et instruments les contours les plus précis, autant en largeur qu'en profondeur.
Album référence n°2 : Sultans of Swing - The very best of Dire Straits (1998)
Cet album ne regroupe peut-être pas les meilleurs enregistrements du groupe mais un titre tel que Private Investigations est un joyaux parmi les pépites que le groupe a composé ! Là encore, j'ai du mal à choisir si je préfère le Calyx ou l'AR-M2. Les deux me régalent, à leur façon. Heureusement que le Cayin met tout le monde d'accord là encore en s'imposant comme le meilleur choix.
- AR-M2 : Il offre une lecture plus articulée que le Calyx et évidemment plus immersive ! Sa signature sonore est comparable à celle du Cayin, soit plus neutre que le Calyx.
- Calyx M : En dépit d'une moindre séparation, ce lecteur offre une écoute fun avec un supplément de charme. Les percussions les plus graves me prennent aux tripes plus qu'avec les deux autres DAP. Elles sont plus de matière ou de densité je dirai, encore une fois.
- Cayin N6ii/R01 : Il a pour lui des timbres magnifiques, un très bon équilibre entre densité et articulation, plus de transparence que les deux autres, Les attaques de notes me paraissent un peu plus franches que sur l'AR-M2.
Album référence n°3 : Maria Callas - La renaissance d'une voix (2016)
Intéressant de mettre ces DAPs à l'épreuve d'enregistrements à très grosse dynamique pour voir s'ils ont de la réserve de puissance. J'ai testé aussi un album de Nathalie Dessay, plus sévère encore. Il mettait le Calyx M à genoux (manque de volume).
- AR-M2 : Bonne réserve de puissance ici, ce lecteur est très puissant (plus que le Cayin peut-être sur le port 3,5mm). La fantastique séparation dont il fait preuve permet de "zoomer" sur une foultitude de détails et donne une place plus importante aux coeurs.
- Calyx M : Le Calyx est "au bout de sa vie" (comme disent mes adolescentes). Le volume est (presque) à fond. Pourtant, ça sonne encore magnifiquement ! En dépit d'une scène sonore étriquée en comparaison de l'AR-M2, le Calyx offre à la Callas un supplément d'incarnation (densité et détourage), plus un accent dramatique, qui me font préférer le Calyx à l'AR-M2 dans ce registre vocal.
- Cayin N6ii/R01 : Les timbres du Cayin sont un délice auquel je ne me vois plus renoncer ! Et toutes ces nuances dans la voix de la diva... une grande transparence là encore !
Conclusion
Ce test ne traduit pas vraiment les qualités absolues des 3 DAPs en lice. Il met seulement en exergue les qualités d'un lecteur par rapport aux autres. Je prends du plaisir à écouter ma musique, longuement, avec chacun d'eux. Quand j'utilise le Calyx M ou l'AR-M2, je suis tenté d'écouter comment l'autre rendrait ce même morceau tant ils sont différents et complémentaires dans leurs interprétations. Maintenant que j'ai le Cayin N6/R01 cependant, je ne cherche plus ce qui ne me manque pas. Le résultat me paraît (nettement) plus réaliste. Habitué à une restitution plus chaleureuse et flatteuse, produite par le Calyx M, mon cerveau est d'abord resté un peu décontenancé par la sonorité quelque peu "crue" de la carte R01 en comparaison. Mais j'y ai vite pris goût finalement !
Si d'autres casques et intras restent à tester pour servir de révélateurs, les lignes caractéristiques de chacun de ses lecteurs se dessinent déjà nettement :
- L'AR-M2 m'impressionne par se capacité de séparation hors du commun. Mes écoutes avec lui s'apparentent plus à du sédentaire qu'à du nomade. Passer du Calyx M à l'AR-M2 c'est un peu comme passer d'un écran plat de 32 pouces à un écran de cinéma. Le défaut, c'est que cela dilue un peu la résolution.
- Le Calyx M offre une restitution typée "dramatique" et "intense" qui rend l'écoute très musicale à mes oreilles.
- Le N6ii/R01, c'est pour moi le grand écran 4K avec une balance des couleurs juste, qui scotche le spectateur par la finesse et le réalisme saisissant de l'image.
Si le DAP n'est pas le composant le plus influant de la chaîne audio, car changer de casque à bien plus d'influence sur le résultat audible, force est de constater que le lecteur est néanmoins un filtre majeur dans lequel il convient d'investir tôt ou tard pour révéler vraiment les plus subtiles qualités de nos casques et intras préférés. C'est un filtre plus ou moins opaque aux qualités natives de nos casques. De temps à autre, une synergie bien heureuse peut même compenser les faiblesses natives.
Le prochain épisode mettra en scène le Hifiman Sundara, un casque qui ne m'a jamais donné de grandes émotions, sauf avec l'AR-M2 avec lequel je vois une synergie évidente. Nous verrons si le N6/R01 change la donne.