Allez, on va se jeter à l'eau. Pour ma part, j'ai identifié quatre situations-types où j'aborde l'analyse d'un casque (plus rarement d'un intra, ça fit pas
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) sous un angle différent et avec une méthodologie différente :
A. L'enfer des meetings
1. Casque inconnu, musique inconnue et temps limité
C'est souvent le cas dans certains meetings où on arrive en touriste ou que la chaine audio à diposition est déjà montée et qu'on te passe le casque avec un grand sourire en disant "Tiens, tu vas voir !". Dans ces cas-là, en absence de pistes de références chéries, je me lance directement dans l'écoute du casque et pas spécialement de la musique proposée. Je cherche surtout à ne pas comparer ou à retrouver quelque chose de connu mais plutôt à identifier les tendances au sein des différentes grandes parties du spectre : Basses - Medium - Aigus. C'est un peu comme tracer un graphe de fréquences à la main, c'est imprécis, on manque de subtilité mais les différences de volume sonore sont généralement audibles. Souvent, j'arrive à identifier plusieurs éléments lors de ce genre d'écoute :
- L'allure de la signature du casque ;
- La nature de soundstage grossièrement sur base de la signature ressentie ;
- Les registres sub-bass & basses ;
- Le niveau d'écourtement des aigus/haut-mediums et leurs places dans la signature identifiée.
C'est la moitié de mes feedback de meetings qui se construisent sur cette méthodologie. Du ressenti brut que je laisse décanter un peu avec des annotations mentales pour pouvoir retranscrire ça par écrit. C'est un peu un système de tags que je colle à un casque dans ma tête et puis je brode autour.
2. Casques inconnus, musique inconnue/connue et temps limité
Qu'importe si la musique est connue ou non ici, l'idée est de comparer relativement deux casques l'un par rapport à l'autre. Un exemple type est l'écoute comparative faite lors du meeting parisien avec Sorrodje entre le Beyerdynamic T1 et le Sennheiser HD800. Le meilleur des mondes veut que le comparse connaisse au moins un des deux casques et choisisse la musique. Pourquoi ? Car il va volontairement choisir des musiques qui pointent les différences entre les deux casques. On peut facilement identifier les points suivants pour de courts feedbacks :
- Le type de signature et les différences entre chaque casque ;
- Les différences de soundstage et de présentation ;
- Les différences de tonalités et de rendu des timbres ;
- Les gros points faibles et points forts de chaque casque ;
- Les pics qui font mal ou pas.
Il faudra toujours penser qu'il s'agit surtout d'une comparaison à une échelle relative aux deux casques et il est difficile d'extrapoler à un avis absolu sur le rendu d'un des casques. On aura toujours tendance à grossir les traits car c'est une approche grossière des différences entre chaque casque et sans un avertissement préalable, on risque surtout de fausser l'avis des lecteurs.
3. Casque inconnu, musique connue et temps limité
C'est de ce cas-ci qu'on se fourvoie le plus, pour ma part, vu qu'on se base sur des sets de musique connues, on fera plus facilement des comparaisons avec son matériel plutôt que de vraiment identifier la nature du casque qu'on écoute. Généralement, je n'ai pas spécialement de pistes types pour réaliser mes tests dans ces cas-là pour trois raisons : (1) Je n'utilise pas de microSD en nomade donc ça me gonfle de perdre de la place pour des pistes de tests (2) Vu que je n'utilise que la mémoire interne de mes DAP, les albums dessus ont tendance à rester durant deux à trois semaines avant que je ne vire la moitié pour en mettre d'autres (3) Si je suis avec un de mes pc, il y a de grandes chances que je ne sois pas avec celui sur lequel se trouvent les pistes que je veux (Murphy quand tu nous tiens). Dans ces cas-là, je profite de ce que j'ai sous la main et c'est rarement des albums totalement inconnus. Si c'est le cas, je ne les écoute pas ou retour au point 1. Toutefois, s'il faut citer certaines pistes/albums que j'ai souvent eu, par chance, sous la main pour divers tests : Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss, Angel de Massive Attack, n'importe quelle piste de The Heist de Macklemore & Ryan Lewis, Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, du Deen Burbigo/Némir/Lucio Bukowski/Anton Serra, Beautiful Love de Sophie Milman et un album de Ben Harper dont j'ai oublié le nom (Celui où se trouve "She only happy in the sun"). Comme je le disais, ce ne sont pas toujours les albums que j'ai sous la main mais ils ont été souvent là lorsque j'ai pu faire de nombreux tests.
La méthodologie est bien sûr de chercher à retrouver ce que je connais dans la musique et à trouver ce qui diffère ou semble bizarre/faux/dégueulasse. On se retrouve d'abord plus à écouter la musique que le casque en lui que dans le point 1. On retrouve tout de même les éléments suivants qu'on cherche à identifier :
- Signature générale du casque (basses-mediums-aigus) ;
- Niveau de détails à la grosse louche ;
- Nature du soundstage ;
- Partie du spectre mise en avant et trou dans le sepctre perceptible -> types de transitoire entre les registres ;
- Étagement des plans et surtout séparation entre les différents protagonistes ;
- Sensibilité à l'enregistrement.
Comme on connaît notre musique, on peut dégager déjà quelques subtilités en plus qu'avec de la musique inconnue mais en contre-partie, on est plus biaisé par rapport au rendu auquel on est habitué et en réalité, on se retrouve entre la découverte du casque et la comparaison entre deux casques. Sur un temps limité, on doit prendre ce biais en considération aussi.
B. On est mieux chez soi
Vous faîtes face à un casque
inconnu tranquillement chez vous pour une durée
illimitée alors c'est la fête du slip. Dans mon cas, si c'est du matériel en test, je vais porter mon attention sur le casque comme pour la partie A. Et passer plus de temps à essayer de le comprendre qu'autre chose et à appliquer les trois cas durant la durée du test mais sur des échelles de temps plus importantes. Toutefois, comme je fais pas de tests, je reçois pas de matos. Je procède complètement autrement
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. Je m'en fous du casque et j'en profite. Je porte de temps à autre mon attention sur certains détails parce qu'ils sont marquants, je passe le casque sur différents matos à disposition ou que je peux essayer en meeting. Je lui fais endurer un écartèlement mental juste pour le plaisir de le voir souffrir. Bref, je l'intègre dans mon mode de vie. C'est dans ces situations que j'ai personnellement le plus de mal d'analyser et de parler d'un casque qui me suit au quotidien car je ne cherche pas à l'analyser, il est utilisé comme l'outil qu'il est pour écouter ma musique. Un exemple très simple : ça fait depuis septembre que je possède le Beyerdynamic DT-150, je pense maintenant (depuis avril en fait) pouvoir en parler sereinement et me mettre à rédiger dessus. Le pire dans cette histoire c'est que je suis persuadé que je dirais la même chose de lui que si je l'avais rencontré lors d'un meeting dans une optique de test, tout du moins dans les grandes et moyennes lignes. Je pense qu'au final, l'analyse qu'on porte sur un casque dépend du contexte dans lequel on se met. Je préfère tester des casques durant des meetings car je suis dans cet état d'esprit et que je cherche activement quelque chose que d'avoir un casque chez moi où je cherche passivement parfois si j'ai le temps. Bien sûr, le mieux c'est de pouvoir faire des allers-retours au bout d'une bonne période d'accoutumance au casque (entre deux semaines à 3 mois selon le matériel) avec différentes sources/amplis/casques pour partir dans une optique comparative. Au final, je n'ai jamais autant appris sur mon casque que lorsque je l'amenais à des meetings.
Pour en finir la fin du monde
Je n'ai pas d'outil-type pour analyser l'ensemble du spectre sonore ou plutôt des points précis de celui-ci. Je cherche à embrasser un maximum la cohérence du casque et son identité avant de partir dans les "petits" détails. Pour ce qui concerne le type de ressenti physique selon telle ou telle accentuation du spectre sonore, personnellement, j'ai les impressions suivantes :
- Les sub-bass/infra-basses participent partiellement à la sensation de corps des basses et à la sensation de texture. Une présence importante dans ce registre ne permet pas d'obtenir la notion de "black background" qui reste propre, selon moi, aux casques ayant cette partie du spectre écourtée ou réduite.
- Les basses, en général, sont caractérisées par rapport à l'ensemble du rendu du casque selon que ce soit les mediums ou les haut-mediums ou les aigus en retrait/en avant.
Sur base de ça, je reste persuadé que c'est la classification des casques par type de signature (descendant, montant, linéaire, V-shape, W-shape, etc.) qui tendent à permettre d'identifier les variations au sein d'un type. Et de là, on peut regarder les variations comme où se trouve le minimum d'un casque V-Shape par rapport à un autre. Exemple concret : Certains V-Shape (comme le DT-150) possèdent leur minimum aux alentours de 500-700 Hz alors que d'autres sont plus dans les 1-2 kHz.
En général, je trouve aussi que c'est l'accentuation des haut-mediums (plutôt que des aigus) qui apportent un sentiment de détails. Une accentuation des aigus apportant plutôt un sentiment d'aération, d'espace ou de séparation accrue dans le rendu.