Voilà longtemps que je n'ai éprouvé autant d'émotions à la vue d'un film...
Ce long-métrage représente pour moi l'exemple même d'une synthèse réussie entre cinéma (notamment pour le cadrage et le montage, admirables) et le théâtre, avec une direction d'acteur qui prend aux tripes en ce qu'elle laisse le comédien user librement de son texte pour mettre son personnage à nu.
J'ai trouvé Matt Dillon à la fois juste et inspiré. (A noter aussi l'apparition de William Burroughs dans un rôle aussi provocant que savoureux...)
Et la bande-son... La musique vient si parfaitement se mêler au propos et en nuancer subtilement l'interprétation que ça m'a plus d'une fois procuré la même jouissance esthétique qu'un cocktail miraculeusement parfait.
Un grand Van Sant selon moi, une oeuvre sur l'errance (comme le sera le film suivant, My Own Private IDaho) tournée à la manière d'un polar, avec toute l'intensité sulfureuse du genre et aussi son penchant à jouer des structures du récit pour désigner autre chose et conduire doucement vers une forme de métaphysique concrète, à base de fumée et de lumière sale.