Hifiman HE-1000 - la Version 2
Épisode IV: La revanche du Senn?
Bon, c’est pas le tout de ça, mais j’en entends qui râlent dans le fond: “tu commences à nous faire suer, papy, avec tes casques qui ressemblent au HD600 – alors que, nous on déteste le HD600”! OK! OK! OK! De toute façon, la comparaison avec le HD600 n’était pas “équitable” (au point de vue du commerce du même nom): je ne l’ai faite que pour mon plaisir (car si tu crois que je ne pense qu’à toi……).
Puisque c’est comme ça, prenez vos cahiers et écrivez en titre: “Comparaison avec le HD800” (et je vous préviens, il pourrait bien y avoir interro la fois prochaine!).
Voilà un casque qui m’a longtemps à la fois beaucoup plu et laissé sur ma faim. D’ailleurs, la première écoute que j’en avais faite m’avait fait fuir (oui, c’est ça, et pas la peine de ricaner bêtement: il ne ressemblait pas assez à un HD600!) – ou presque. Le terme “ambivalence” décrirait bien la chose – un peu comme le HE-1000 V1 d’ailleurs… Les choses ont nettement changé depuis quelques temps avec le modd “Super Dupont” – grâce à l’ami Sorrodje, à sa ténacité et sa persévérance: car c’est bien lui qui a enfin réussi à vaincre le Senn (la force est puissante en lui!). Cela étant, autant le HE-1000 me paraît bien exploité par mon petit ampli à tubes, autant celui-ci ne convient pas vraiment au HD800 (je ne vais quand même pas acheter aussi un VIIIse), lequel est bien mieux marié avec l’AGD Phœnix (son petit côté soyeux dans l’aigu convient mieux). En un sens, d’ailleurs, ça facilite la comparaison, car il est plus facile de passer d’un casque à l’autre lors d’une comparaison directe – une fois les niveaux équilibrés (toujours avec la même méthode: petit signal glissant sur plusieurs fréquences). Bref, ce sont donc deux sets différents, mais en vue de mettre “tout au mieux” (c’est-à-dire, vu que je suis chez moi, “au moins pire”).
Et petits changements dans la playlist (car à force de zapper sur les mêmes pistes pendant des heures, ça rend chèvre): Fat Old Sun; le premier mouvement du Quatuor n°2 Lettres Intimes de Janacek; Sorry Angel;
Bach, Suites pour Luth par Hopkinson Smith, plage 11 du disque 1: suite BWV996, 5. Bourrée (CD Astrée/Auvidis E8641, ressorti en CD en 1986; on y ajoutera, pour une écoute plus complète, la “suite” de ces deux disques, le coffret comportant les pièces BWV1001 à 1006, sorti chez Astrée E8678 en 2000)
Dee Doo Dah par Jane Birkin; le troisième mouvement Lento du Quatuor n°2 de Bartok par les Parkanyi; Money For Nothing de Dire Straits (album Brothers in Arms de 1985); le troisième mouvement Turangalila de la Turangalîla-Symphonie d’Oliver Messiaen, dans la version d’André Prévin dirigeant l’orchestre symphonique de Londres, avec Jeanne Loriod et Michel Beroff, enregistrement de 1978 ressorti en CD chez EMI (#4793752) en 1994:
et enfin, Stairway to Heaven de Led Zeppelin.
Et donc David Gilmour pour commencer, et sur le HD800 – car j’écoute souvent Pink Floyd et Gilmour avec ce casque, que je trouve particulièrement adapté à ce type de rock – on disait, dans ma jeunesse: du “rock planant” – en vertu de ses capacités de spatialisation en particulier. Certes, comme dirait l’autre, ça “reste” un casque. Mais – et ceux qui sont déjà allés à ce type de concert le savent – à moins de passer au moins en 4.0, reproduire l’atmosphère du Pink Floyd sur scène est en soi une gageure, casque ou pas. Le HD800 ne propose pas une spatialisation aussi remarquable qu’un K1000 (ou même qu’un Float ou qu’un AMT) et on reste dans de la “2D”. Cela étant, l’assise dans le grave de ce casque donne quand même pas mal d’ampleur: il s’agit donc d’un certain type de compromis – ce qui est l’essence même des choses ici-bas à mon sens. Quoi qu’il en soit, je persiste à trouver ce type d’écoute splendide : belle assise dans le grave, belle largeur de scène (à l’horizontale), voix et guitares bien lisibles. Et surtout (je me répète, mais c’est le privilège des vieux singes dans mon genre!), l’espèce d’irritabilité agaçante de l’aigu, dont on a tant parlé, à raison d’ailleurs, a disparu – en tout cas pour mon goût.
Passons au HE-1000: première bonne surprise, la transparence et l’aération sont réellement au rendez-vous, et il me semble même qu’elle est supérieure sur le Hifiman (j’ai quand même fait l’aller et retour plusieurs fois de suite sur les 20 premières secondes, histoire de vérifier). Ça ne m’avait pas paru vraiment le cas sur la V1. En revanche, l’extension en largeur (la latéralisation) est légèrement supérieure sur le Senn, même s’il n’y a pas des kilomètres de distance, là où le Hifiman propose de plus un peu plus d’impact dans le registre grave. Il y a peut-être une petite nuance à apporter, car je ne veux pas forcément dire que le HE-1000 descendrait “plus bas” que le HD800, lequel, à la condition de lui fournir une amplification capable de répondre à sa remontée d’impédance dans le grave, reste l’un des électrodynamiques les plus réussis (avec quelques autres) dans le marché actuel. Simplement, il ne propose pas la netteté, l’impact et la lisibilité dans la modulation du signal qui sont typiques des (bons) orthodynamiques – et auxquels on a droit ici.
Passons à Janacek. Avec le HE-1000, les mêmes qualités sautent aux oreilles: c’est à la fois précis, détaillé, aéré et lumineux sans être agressif. Je me suis fait, juste avant, le matin, un petit programme de quatuors, écoutés avec un Float PS2: il faudra que j’approfondisse cette comparaison, mais ça me semble moins “remontant” avec le Hifiman. Quoi qu’il en soit, on est à la fois dans la douceur des instruments et dans la précision. Le premier violon est clairement présent sans empêcher que l’alto et le violoncelle restent à la fois très distincts et très lisibles. Et je me dis, une fois de plus, que je pourrais écouter ce type de musique pendant des heures avec le HE-1000 sans jamais m’en lasser. Comme on dit, c’est un casque “pour mélomane”, non pas un instrument d’analyse, mais qui propose une écoute entièrement tournée vers la musique.
La bonne nouvelle pour les amateurs du HD800 (donc pour moi: car tu penses bien que je ne vais quand même pas tout faire pour désespérer mon propre Billancourt!), c’est qu’il supporte très bien la comparaison. Faire la comparaison du HD800 vers le HE-1000, ça n’est pas la même chose que l’inverse, car les “retours en arrière” sont toujours plus attristants que les “bonds en avant” (raison pour laquelle, quand on améliore son système, on s’y habitue et, parfois rapidement, on se met à ne plus voir son bonheur). Alors, d’accord, le bas du spectre, le grave et le bas médium sont un peu moins nets, moins directement lisibles, et il y a une sorte de petit – léger, très léger – voile sur l’aigu. Un amateur d’orthodynamique dirait probablement, sur le premier point, que c’est assez typique des casques électrodynamiques, et les fans d’électrostatiques renchériraient de même sur le second point – ce qui n’est pas faux. Là-dessus aussi, il convient de dire quelques mots, car le HE-1000 s’en tire vraiment bien dans l’aigu – alors que je ne me souviens pas du tout avoir noté ce point sur la précédente version. Il propose un aigu plus “chargé” en tension, je veux dire non pas accentué ou plus fort, mais à la fois plus subtile et qui “dure” plus longtemps (en particulier sur les extinctions de notes). C’est particulièrement sensible sur ce type de musique – et peut-être plus sur du Janacek qu’avec d’autres quatuors, car cela fait mieux ressortir les contrastes entre les quatre instruments, en mettant les violons au même “niveau” que l’alto et le violoncelle. D’une certaine manière, le Hifiman donne le sentiment de jouer “plus clair”, je veux dire avec plus d’air entre les instruments, une dynamique meilleure et une transparence accrue. Un peu comme sur le petit électrostatique de chez Sennheiser que j’ai dans un coin (tout petit: ça n’est qu’un Unipolar). En tout cas, ça marque assez la différence pour être plus élégant et plus évident, et donner une impression plus grande de réalisme.
Sur Sorry Angel, je retrouve la même impression – que je n’aurais sans doute pas remarqué si je n’avais pas fait la même comparaison. Cette alliance d’impact dans le grave, de douceur dans le médium et de luminosité ou, pour mieux dire, d’aération dans l’aigu est très plaisante. Et il n’est pas si facile de trouver ce type de restitution dans le monde des casques. Le placement des guitares, de la voix et des percussions est très rigoureux et il n’y a jamais rien qui “recouvre” rien (ce qui n’était pas le cas hier, avec le HD600). La comparaison directe, en revenant vers le HD800, est beaucoup moins discriminante qu’avec le HE-1000. Malgré tout, si on zappe plusieurs fois de suite sur les passages où les guitares “dialoguent” d’un canal à l’autre, le Senn sonne un peu “éteint” sur tout le haut du spectre, à partir du haut médium jusqu’à l’aigu – ce qui paraître un peu paradoxal pour ceux qui reprochent justement à ce casque son côté chameau (d’Arabie: je veux dire la fameuse bosse!).
Au risque de passer pour celui qui raconte n’importe quoi (va savoir: si ça se trouve…), j’insiste sur ce point. Quand je dis “éteint”, je ne veux pas dire descendant dans le haut médium et l’aigu, mais comme si l’ensemble du message était à la fois plus terne et plus retenu: autrement dit, j’essaie avec cette métaphore de désigner la restitution de la dynamique dans le haut médium et l’aigu. Les guitares qui se répondent de chaque coté paraissent moins déliées, la réverb’ moins nette et tout est, pour ainsi dire, plus “collé” au casque – et si je disais “collé aux enceintes”, sans faire seulement allusion à l’extension de l’image, au lieu d’être “dans l’air”, ça en aiderait peut-être certains. Car il ne s’agit pas seulement de la capacité à latéraliser, mais bien de la capacité à rendre la dynamique sans exagérer les aigus et de restituer une aération générale du message. Beaucoup de casques essaient de provoquer cette impression d’aération/transparence/dynamique en renforçant la réponse dans le haut médium et l’aigu – au détriment d’une écoute posée et sans agressivité (ça devient alors facilement “fatiguant”). D’autres tentent de reproduire cette luminosité et cette aération dans cette zone, tout en conservant assez de fluidité: je range, dans cette catégorie, à laquelle je suis particulièrement sensible et qui est difficile peut-être à apercevoir, des casques aussi différents que l’Odin, le HE6, le HD600, le K340, le K1000, le Float PS2, l’AMT – et désormais, le HE-1000: lequel passe sur ce critère devant le HD800.
Petit morceau bien connu, la fameuse Bourrée de Bach, dont certains diront que cette version pour luth ne vaut pas une certaine version pour flûte traversière de leur enfance (surtout s’ils étaient des habitués du Grand Échiquier de Jacques Chancel) – n’empêche qu’Hopkinson Smith est un “baroqueux” probablement plus proche de l’authenticité de ce morceau que le célèbre groupe de rock progressif des années 60. Première écoute, avec le HD800. Le luth n’est, à l’évidence, pas l’instrument le plus difficile à reproduire, loin de là, vu la bande passante restreinte qu’il y a à reproduire, le fait que l’image ne compte pas et le fait que ça n’est pas un instrument qui projette fortement. En revanche, il permet d’entendre très facilement la capacité d’un casque à rendre les extinctions de notes avec lisibilité ainsi que le degré de transparence ou d’aération offerte, et ce sans compter la beauté intrinsèque de ces quatre disques, que je trouve en plus particulièrement bien enregistrés. Le HD800 ne s’en tire pas mal du tout, même si je sais qu’un AKG K1000 et, peut-être, un Float PS2 font mieux de ce point de vue.
Le HE-1000, sur cette minute et demie, me semble passer devant haut la main: il y a plus d’appui et plus de lisibilité sur chacune des notes, qui sont moins “noyées” dans l’ensemble de la mélodie. Mais je te vois venir: non, ça n’est pas un problème de gain et d’équilibrage des deux amplis, car j’ai pris soin d’utiliser des fréquences glissantes (en mono) entre 100 et 500 Hz (pour les autres fréquences, désolé, mais mon masochisme est infiniment plus limité que mon épicurisme et que la robustesse de l’émail de mes dents!) et d’équilibrer les deux volumes. Et comme j’écoute à volume bas (je n’ai encore jamais vu quelqu’un qui, venant chez moi et écoutant un peu de musique avec tel ou tel casque, ne monte pas le volume après moi), la différence me paraît assez évidente: c’est plus délié et plus net avec le HE-1000, non parce que le casque “effacerait” une acoustique trop réverbérante, ou encore, à cause d’un trucage (dans le mauvais sens du terme). Sans pousser le volume et en ayant l’impression d’être à peu près à la même distance, – car le HD800 tient nettement la comparaison sur le chapitre de l’image, – on suit plus facilement chaque note, qui paraît plus naturelle et plus évidente.
Mais bon, dans la vie, il n’y a pas, me diras-tu, que le luth, la viole de gambe, les clochettes chinoises et les bols tibétains (composés de sept métaux différents qu’il s’agit de pouvoir différencier). Certes, certes… Il y a également Jane Birkin. Au passage, j’ai réécouté hier entièrement son album Au Bataclan, en 33t sur mes petites enceintes, des Beethoven de chez Vienna, et mes petits amplis, des VR80 à base d’EL34, alias des “amplis pour guitare”, comme me le disait encore récemment une connaissance (évidemment, il n’a pas eu de rab’ de gâteau au chocolat, car, OK, j’ai de l’humour, mais faudrait voir à pas pousser grand-mère dans les herbacées urticantes). Et juste après, pour suivre, le dernier Higelin que je conseille à tout le monde (oui, je sais, rien à voir, mais pendant que tu y es, continue à prendre des notes). Tout ça pour dire qu’il y a, à l’évidence, une nette parenté entre le type d’écoute proposé par le Hifiman et ce à quoi je suis habitué sur mon système stéréo “classique” – ce qui oriente sans doute mes préférences.
De Dah Doo Dee Doo Dah en Dah Doo Dee Doo Dah, le HD800 me paraît tout de même moins précis, même sur ce type de musique. Les applaudissements – par exemple – sont, de manière très audible, moins nets et, pour le dire de manière très radicale, plus proches du “parasite” que de ce qu’ils sont dans la réalité. Mais ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit: on n’est quand même pas en train d’écouter du bruit rose. Reste que le Senn me paraît proposer une restitution plus “simplifiée”, reproduisant moins les nuances. Et c’est surtout sur les extinctions de notes et sur la réverb’ que ça se joue: c’est moins étendu, ce qui contribue à donner l’impression d’une salle de taille “moindre” alors que la latéralisation est comparable, et même peut-être un peu meilleure sur le Senn (il a un peu moins tendance à partir “en arrière” sur les deux extrémités de la scène sonore), et que l’ampleur dans le grave reste honorable sur le HD800 (là encore, un peu moins d’impact, certes, mais rien de bien méchant “dans l’absolu”). Alors OK, je sais: aller détecter, sur de la “variété” (terme employé, en musique classique, pour désigner la chanson de langue française, et en littérature savante, la chanson de langue anglaise imprudemment nobélisée), des nuances qui compte plus quand on écoute du baroque que quand qu’on écoute de la variété, c’est “tordu”. Ben oui, mais c’est ta faute aussi: vu que le luth, les carillons Feng Shui et que les concerts de musique vocale katajjaq t’insupportent…
De Bartok, le Lento du deuxième quatuor, en commençant par le HD800 – et en l’écoutant deux fois de suite, histoire de réhabituer les oreilles, pour constater à nouveau que, pris en soi, il n’y a rien à lui reprocher en termes de restitution et d’équilibre général ou de signature. Certes, les trois ou quatre fois où j’ai pu entendre ce quatuor au concert, ça n’était pas par les Parkanyi (en ce bas monde, rien ne s’arrange jamais comme je veux, et je suis comme toi: je trouve que les circonstances pourraient faire un effort!). Mais je retrouve quand même pas mal d’impressions de concert. Il manque tout de même cette espèce de “petit pincement” que l’on ressent, quand la musique commence et que l’on éprouve le besoin de “vérifier” que, oui, ils sont bien en train de jouer (raison pour laquelle j’ai choisi ce Lento, avec son début très nocturne et très intériorisé, et pas le précédent mouvement Allegro Molto Capricioso). Cet effet, que je n’entends quasiment jamais sur aucun système, casques compris, à part, au moins en partie, sur l’AKG K1000, est absent avec le HD800: l’impression de ne pas avoir entendu la musique “commencer”, et d’avoir du son, de l’air et du silence qui tournent l’un autour de l’autre sans se mélanger. Ici, pas de doute, je conserve de bout en bout l’impression d’écouter de la musique au casque et non, simplement, de la musique (cela étant, j’en dirais autant de 99,9% des systèmes casques/ampli, y compris les miens: tu vas me dire que je suis chiant? Je te réponds que t’as pas idée à quel point!).
Le passage au HE-1000 améliore un peu les choses sur ce point, même s’il n’y a pas des kilomètres, sur les critères que je viens d’évoquer, entre les deux casques. C’est tout de même une différence assez nette pour être audible, l’impression que le HD800 donne plus une atmosphère “de studio”, quand le HE-1000 tend celle “du concert” – ou encore, ça ressemble à la distance entre l’écoute de la couche SACD de ce disque et celle de la couche CD. Les deux pizzicati de la fin de ce mouvement, avec le Hifiman, sont tout simplement somptueux – et les amateurs de quatuors contemporains (moins nombreux encore que ceux qui n’écoutent que des concerts de cascabeles) apprécieront…
Un bon vieux rock de trente ans d’âge: Money For Nothing. Avec le HE-1000 on a bien cette impression de lent envahissement au début du morceau, de quoi se faire des frayeurs si on lance le morceau en oubliant d’avoir baissé le volume après une écoute un peu “forte”. L’entrée de la batterie avec échange entre les deux canaux – entre ~1’12 - ~1’35 – est absolument spectaculaire. Et, si je me réfère à mes impressions, pas si vieille, d’avant rodage (j’entends bien, c’est pas direct: mais tu sais déroder un casque toi? dérider un mélomane, c’est déjà pas si facile…), c’est vraiment sur la précision générale et l’aération que ça a joué, et pas qu’un peu. Il n’y a pas à hésiter: si j’avais l’argent pour rien, j’aurais sans doute aussi les gonzesses gratos (sauf évidemment si c’est encore une pub mensongère qu’on nous chante ici!). Passer au HD800 a – j’en suis navré – tout du retour “en arrière”, ce qui, je le crains, chagrinera les esprits chafouins et chafouinera les esprits chagrins. Mais ce même passage, que je viens d’évoquer, est beaucoup moins spectaculaire: moins d’impact, moins de netteté, moins de… tout…
Et encore une fois ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit: c’est pas mauvais, très, très loin de là. C’est simplement nettement moins bon en comparaison directe. Il faut laisser couler un peu de temps, s’efforcer d’oublier le HE-1000, et là, on redevient le roi du pétrole dans son petit monde… Assez normal quand même, si l’on considère le fait que le tarif fait plus que doubler, et ce, sans compter l’association avec l’ampli, car je pense que le HD800 me paraît quand même plus facile à marier que le HE-1000, et que, même si ce dernier n’est ni un K1000, ni un HE6, ni un Abyss, il faudra tourner autour pour lui trouver la meilleure association possible (ce que je ne prétends nullement avoir fait).
J’aime beaucoup la Turangalîla-Symphonie d’Olivier Messiaen. Certes, mon enregistrement préféré n’est pas des plus récents (mais à une époque, je rêvais d’avoir un système quadriphonique pour pouvoir acheter ce disque). Ça reste quand même, pour moi, une version d’anthologie. L’œuvre, composée juste après la Seconde Guerre mondiale, commandée, je crois, peu après 1945, par un chef d’orchestre américain, aura bientôt 70 ans, mais reste toujours aussi jeune. Le terme sanscrit veut dire, si je me souviens bien, quelque chose comme hymne à la joie et à l’amour et, en même temps, le passage du temps et de la vie. Le dialogue entre la clarinette et les ondes Martenot, pour ne parler que de ce passage bien connu, révèle – en faveur du HE-1000 – la même différence de netteté et de lisibilité. Et de même, le woodblock me paraît plus net, mieux localisé qu’avec le Senn – et tout cela contribue à la restitution des contrastes, des couleurs et des motifs qui font tout le charme de cette œuvre. À quoi s’ajoute que l’assise dans le grave, qui est plus physiologique et propose plus d’impact, contribue aussi à mieux reproduire la large masse orchestrale.
Et donc, pour finir, non pas ascenseur pour l’échafaud mais un “escalier pour le paradis”… Petite habituelle de ce morceau, avec le HD800, que j’utilise aussi souvent pour écouter du 33t au casque, et surtout ce genre de musique – car j’ai oublié de te dire que j’avais ressorti ma bonne vieille galette noire pour l’occasion (il n’y a pas que des fichiers et des ordinateurs dans la vie). Le passage au HE-1000 tient en quatre mots: “it makes me wonder”… Il est rare que la voix de Jimmy Page soit aussi tendue sans pourtant devenir agressive. Va donc l’écouter, juste après le solo, vers ~6’44, si tu ne me crois pas. Alors, décidément, il y existe certes, de nombreux avantages du côté du Sennheiser, pris en lui-même et en dehors de toute comparaison, et il me paraît évident que, comme beaucoup, je pourrais continuer à l’utiliser avec plaisir et sans frustration: il n’est pas “devenu mauvais” subitement! Mais aucun doute pour moi que ma préférence aille de l’autre côté – car la force est puissante en lui…
— M’sieur! M’sieur!
— Quoi encore!?
— C’est vrai qu’il y a interro surprise la fois prochaine?
— Pour que j’aie en plus des copies à corriger?… et puis quoi encore! j’ai dit ça pour vous restiez sage… Et maintenant, tout le monde se met en rang et on sort gentiment pour aller à la récré.
Cdlt
Bon, c’est pas le tout de ça, mais j’en entends qui râlent dans le fond: “tu commences à nous faire suer, papy, avec tes casques qui ressemblent au HD600 – alors que, nous on déteste le HD600”! OK! OK! OK! De toute façon, la comparaison avec le HD600 n’était pas “équitable” (au point de vue du commerce du même nom): je ne l’ai faite que pour mon plaisir (car si tu crois que je ne pense qu’à toi……).
Puisque c’est comme ça, prenez vos cahiers et écrivez en titre: “Comparaison avec le HD800” (et je vous préviens, il pourrait bien y avoir interro la fois prochaine!).
Voilà un casque qui m’a longtemps à la fois beaucoup plu et laissé sur ma faim. D’ailleurs, la première écoute que j’en avais faite m’avait fait fuir (oui, c’est ça, et pas la peine de ricaner bêtement: il ne ressemblait pas assez à un HD600!) – ou presque. Le terme “ambivalence” décrirait bien la chose – un peu comme le HE-1000 V1 d’ailleurs… Les choses ont nettement changé depuis quelques temps avec le modd “Super Dupont” – grâce à l’ami Sorrodje, à sa ténacité et sa persévérance: car c’est bien lui qui a enfin réussi à vaincre le Senn (la force est puissante en lui!). Cela étant, autant le HE-1000 me paraît bien exploité par mon petit ampli à tubes, autant celui-ci ne convient pas vraiment au HD800 (je ne vais quand même pas acheter aussi un VIIIse), lequel est bien mieux marié avec l’AGD Phœnix (son petit côté soyeux dans l’aigu convient mieux). En un sens, d’ailleurs, ça facilite la comparaison, car il est plus facile de passer d’un casque à l’autre lors d’une comparaison directe – une fois les niveaux équilibrés (toujours avec la même méthode: petit signal glissant sur plusieurs fréquences). Bref, ce sont donc deux sets différents, mais en vue de mettre “tout au mieux” (c’est-à-dire, vu que je suis chez moi, “au moins pire”).
Et petits changements dans la playlist (car à force de zapper sur les mêmes pistes pendant des heures, ça rend chèvre): Fat Old Sun; le premier mouvement du Quatuor n°2 Lettres Intimes de Janacek; Sorry Angel;
Bach, Suites pour Luth par Hopkinson Smith, plage 11 du disque 1: suite BWV996, 5. Bourrée (CD Astrée/Auvidis E8641, ressorti en CD en 1986; on y ajoutera, pour une écoute plus complète, la “suite” de ces deux disques, le coffret comportant les pièces BWV1001 à 1006, sorti chez Astrée E8678 en 2000)
Dee Doo Dah par Jane Birkin; le troisième mouvement Lento du Quatuor n°2 de Bartok par les Parkanyi; Money For Nothing de Dire Straits (album Brothers in Arms de 1985); le troisième mouvement Turangalila de la Turangalîla-Symphonie d’Oliver Messiaen, dans la version d’André Prévin dirigeant l’orchestre symphonique de Londres, avec Jeanne Loriod et Michel Beroff, enregistrement de 1978 ressorti en CD chez EMI (#4793752) en 1994:
et enfin, Stairway to Heaven de Led Zeppelin.
Et donc David Gilmour pour commencer, et sur le HD800 – car j’écoute souvent Pink Floyd et Gilmour avec ce casque, que je trouve particulièrement adapté à ce type de rock – on disait, dans ma jeunesse: du “rock planant” – en vertu de ses capacités de spatialisation en particulier. Certes, comme dirait l’autre, ça “reste” un casque. Mais – et ceux qui sont déjà allés à ce type de concert le savent – à moins de passer au moins en 4.0, reproduire l’atmosphère du Pink Floyd sur scène est en soi une gageure, casque ou pas. Le HD800 ne propose pas une spatialisation aussi remarquable qu’un K1000 (ou même qu’un Float ou qu’un AMT) et on reste dans de la “2D”. Cela étant, l’assise dans le grave de ce casque donne quand même pas mal d’ampleur: il s’agit donc d’un certain type de compromis – ce qui est l’essence même des choses ici-bas à mon sens. Quoi qu’il en soit, je persiste à trouver ce type d’écoute splendide : belle assise dans le grave, belle largeur de scène (à l’horizontale), voix et guitares bien lisibles. Et surtout (je me répète, mais c’est le privilège des vieux singes dans mon genre!), l’espèce d’irritabilité agaçante de l’aigu, dont on a tant parlé, à raison d’ailleurs, a disparu – en tout cas pour mon goût.
Passons au HE-1000: première bonne surprise, la transparence et l’aération sont réellement au rendez-vous, et il me semble même qu’elle est supérieure sur le Hifiman (j’ai quand même fait l’aller et retour plusieurs fois de suite sur les 20 premières secondes, histoire de vérifier). Ça ne m’avait pas paru vraiment le cas sur la V1. En revanche, l’extension en largeur (la latéralisation) est légèrement supérieure sur le Senn, même s’il n’y a pas des kilomètres de distance, là où le Hifiman propose de plus un peu plus d’impact dans le registre grave. Il y a peut-être une petite nuance à apporter, car je ne veux pas forcément dire que le HE-1000 descendrait “plus bas” que le HD800, lequel, à la condition de lui fournir une amplification capable de répondre à sa remontée d’impédance dans le grave, reste l’un des électrodynamiques les plus réussis (avec quelques autres) dans le marché actuel. Simplement, il ne propose pas la netteté, l’impact et la lisibilité dans la modulation du signal qui sont typiques des (bons) orthodynamiques – et auxquels on a droit ici.
Passons à Janacek. Avec le HE-1000, les mêmes qualités sautent aux oreilles: c’est à la fois précis, détaillé, aéré et lumineux sans être agressif. Je me suis fait, juste avant, le matin, un petit programme de quatuors, écoutés avec un Float PS2: il faudra que j’approfondisse cette comparaison, mais ça me semble moins “remontant” avec le Hifiman. Quoi qu’il en soit, on est à la fois dans la douceur des instruments et dans la précision. Le premier violon est clairement présent sans empêcher que l’alto et le violoncelle restent à la fois très distincts et très lisibles. Et je me dis, une fois de plus, que je pourrais écouter ce type de musique pendant des heures avec le HE-1000 sans jamais m’en lasser. Comme on dit, c’est un casque “pour mélomane”, non pas un instrument d’analyse, mais qui propose une écoute entièrement tournée vers la musique.
La bonne nouvelle pour les amateurs du HD800 (donc pour moi: car tu penses bien que je ne vais quand même pas tout faire pour désespérer mon propre Billancourt!), c’est qu’il supporte très bien la comparaison. Faire la comparaison du HD800 vers le HE-1000, ça n’est pas la même chose que l’inverse, car les “retours en arrière” sont toujours plus attristants que les “bonds en avant” (raison pour laquelle, quand on améliore son système, on s’y habitue et, parfois rapidement, on se met à ne plus voir son bonheur). Alors, d’accord, le bas du spectre, le grave et le bas médium sont un peu moins nets, moins directement lisibles, et il y a une sorte de petit – léger, très léger – voile sur l’aigu. Un amateur d’orthodynamique dirait probablement, sur le premier point, que c’est assez typique des casques électrodynamiques, et les fans d’électrostatiques renchériraient de même sur le second point – ce qui n’est pas faux. Là-dessus aussi, il convient de dire quelques mots, car le HE-1000 s’en tire vraiment bien dans l’aigu – alors que je ne me souviens pas du tout avoir noté ce point sur la précédente version. Il propose un aigu plus “chargé” en tension, je veux dire non pas accentué ou plus fort, mais à la fois plus subtile et qui “dure” plus longtemps (en particulier sur les extinctions de notes). C’est particulièrement sensible sur ce type de musique – et peut-être plus sur du Janacek qu’avec d’autres quatuors, car cela fait mieux ressortir les contrastes entre les quatre instruments, en mettant les violons au même “niveau” que l’alto et le violoncelle. D’une certaine manière, le Hifiman donne le sentiment de jouer “plus clair”, je veux dire avec plus d’air entre les instruments, une dynamique meilleure et une transparence accrue. Un peu comme sur le petit électrostatique de chez Sennheiser que j’ai dans un coin (tout petit: ça n’est qu’un Unipolar). En tout cas, ça marque assez la différence pour être plus élégant et plus évident, et donner une impression plus grande de réalisme.
Sur Sorry Angel, je retrouve la même impression – que je n’aurais sans doute pas remarqué si je n’avais pas fait la même comparaison. Cette alliance d’impact dans le grave, de douceur dans le médium et de luminosité ou, pour mieux dire, d’aération dans l’aigu est très plaisante. Et il n’est pas si facile de trouver ce type de restitution dans le monde des casques. Le placement des guitares, de la voix et des percussions est très rigoureux et il n’y a jamais rien qui “recouvre” rien (ce qui n’était pas le cas hier, avec le HD600). La comparaison directe, en revenant vers le HD800, est beaucoup moins discriminante qu’avec le HE-1000. Malgré tout, si on zappe plusieurs fois de suite sur les passages où les guitares “dialoguent” d’un canal à l’autre, le Senn sonne un peu “éteint” sur tout le haut du spectre, à partir du haut médium jusqu’à l’aigu – ce qui paraître un peu paradoxal pour ceux qui reprochent justement à ce casque son côté chameau (d’Arabie: je veux dire la fameuse bosse!).
Au risque de passer pour celui qui raconte n’importe quoi (va savoir: si ça se trouve…), j’insiste sur ce point. Quand je dis “éteint”, je ne veux pas dire descendant dans le haut médium et l’aigu, mais comme si l’ensemble du message était à la fois plus terne et plus retenu: autrement dit, j’essaie avec cette métaphore de désigner la restitution de la dynamique dans le haut médium et l’aigu. Les guitares qui se répondent de chaque coté paraissent moins déliées, la réverb’ moins nette et tout est, pour ainsi dire, plus “collé” au casque – et si je disais “collé aux enceintes”, sans faire seulement allusion à l’extension de l’image, au lieu d’être “dans l’air”, ça en aiderait peut-être certains. Car il ne s’agit pas seulement de la capacité à latéraliser, mais bien de la capacité à rendre la dynamique sans exagérer les aigus et de restituer une aération générale du message. Beaucoup de casques essaient de provoquer cette impression d’aération/transparence/dynamique en renforçant la réponse dans le haut médium et l’aigu – au détriment d’une écoute posée et sans agressivité (ça devient alors facilement “fatiguant”). D’autres tentent de reproduire cette luminosité et cette aération dans cette zone, tout en conservant assez de fluidité: je range, dans cette catégorie, à laquelle je suis particulièrement sensible et qui est difficile peut-être à apercevoir, des casques aussi différents que l’Odin, le HE6, le HD600, le K340, le K1000, le Float PS2, l’AMT – et désormais, le HE-1000: lequel passe sur ce critère devant le HD800.
Petit morceau bien connu, la fameuse Bourrée de Bach, dont certains diront que cette version pour luth ne vaut pas une certaine version pour flûte traversière de leur enfance (surtout s’ils étaient des habitués du Grand Échiquier de Jacques Chancel) – n’empêche qu’Hopkinson Smith est un “baroqueux” probablement plus proche de l’authenticité de ce morceau que le célèbre groupe de rock progressif des années 60. Première écoute, avec le HD800. Le luth n’est, à l’évidence, pas l’instrument le plus difficile à reproduire, loin de là, vu la bande passante restreinte qu’il y a à reproduire, le fait que l’image ne compte pas et le fait que ça n’est pas un instrument qui projette fortement. En revanche, il permet d’entendre très facilement la capacité d’un casque à rendre les extinctions de notes avec lisibilité ainsi que le degré de transparence ou d’aération offerte, et ce sans compter la beauté intrinsèque de ces quatre disques, que je trouve en plus particulièrement bien enregistrés. Le HD800 ne s’en tire pas mal du tout, même si je sais qu’un AKG K1000 et, peut-être, un Float PS2 font mieux de ce point de vue.
Le HE-1000, sur cette minute et demie, me semble passer devant haut la main: il y a plus d’appui et plus de lisibilité sur chacune des notes, qui sont moins “noyées” dans l’ensemble de la mélodie. Mais je te vois venir: non, ça n’est pas un problème de gain et d’équilibrage des deux amplis, car j’ai pris soin d’utiliser des fréquences glissantes (en mono) entre 100 et 500 Hz (pour les autres fréquences, désolé, mais mon masochisme est infiniment plus limité que mon épicurisme et que la robustesse de l’émail de mes dents!) et d’équilibrer les deux volumes. Et comme j’écoute à volume bas (je n’ai encore jamais vu quelqu’un qui, venant chez moi et écoutant un peu de musique avec tel ou tel casque, ne monte pas le volume après moi), la différence me paraît assez évidente: c’est plus délié et plus net avec le HE-1000, non parce que le casque “effacerait” une acoustique trop réverbérante, ou encore, à cause d’un trucage (dans le mauvais sens du terme). Sans pousser le volume et en ayant l’impression d’être à peu près à la même distance, – car le HD800 tient nettement la comparaison sur le chapitre de l’image, – on suit plus facilement chaque note, qui paraît plus naturelle et plus évidente.
Mais bon, dans la vie, il n’y a pas, me diras-tu, que le luth, la viole de gambe, les clochettes chinoises et les bols tibétains (composés de sept métaux différents qu’il s’agit de pouvoir différencier). Certes, certes… Il y a également Jane Birkin. Au passage, j’ai réécouté hier entièrement son album Au Bataclan, en 33t sur mes petites enceintes, des Beethoven de chez Vienna, et mes petits amplis, des VR80 à base d’EL34, alias des “amplis pour guitare”, comme me le disait encore récemment une connaissance (évidemment, il n’a pas eu de rab’ de gâteau au chocolat, car, OK, j’ai de l’humour, mais faudrait voir à pas pousser grand-mère dans les herbacées urticantes). Et juste après, pour suivre, le dernier Higelin que je conseille à tout le monde (oui, je sais, rien à voir, mais pendant que tu y es, continue à prendre des notes). Tout ça pour dire qu’il y a, à l’évidence, une nette parenté entre le type d’écoute proposé par le Hifiman et ce à quoi je suis habitué sur mon système stéréo “classique” – ce qui oriente sans doute mes préférences.
De Dah Doo Dee Doo Dah en Dah Doo Dee Doo Dah, le HD800 me paraît tout de même moins précis, même sur ce type de musique. Les applaudissements – par exemple – sont, de manière très audible, moins nets et, pour le dire de manière très radicale, plus proches du “parasite” que de ce qu’ils sont dans la réalité. Mais ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit: on n’est quand même pas en train d’écouter du bruit rose. Reste que le Senn me paraît proposer une restitution plus “simplifiée”, reproduisant moins les nuances. Et c’est surtout sur les extinctions de notes et sur la réverb’ que ça se joue: c’est moins étendu, ce qui contribue à donner l’impression d’une salle de taille “moindre” alors que la latéralisation est comparable, et même peut-être un peu meilleure sur le Senn (il a un peu moins tendance à partir “en arrière” sur les deux extrémités de la scène sonore), et que l’ampleur dans le grave reste honorable sur le HD800 (là encore, un peu moins d’impact, certes, mais rien de bien méchant “dans l’absolu”). Alors OK, je sais: aller détecter, sur de la “variété” (terme employé, en musique classique, pour désigner la chanson de langue française, et en littérature savante, la chanson de langue anglaise imprudemment nobélisée), des nuances qui compte plus quand on écoute du baroque que quand qu’on écoute de la variété, c’est “tordu”. Ben oui, mais c’est ta faute aussi: vu que le luth, les carillons Feng Shui et que les concerts de musique vocale katajjaq t’insupportent…
De Bartok, le Lento du deuxième quatuor, en commençant par le HD800 – et en l’écoutant deux fois de suite, histoire de réhabituer les oreilles, pour constater à nouveau que, pris en soi, il n’y a rien à lui reprocher en termes de restitution et d’équilibre général ou de signature. Certes, les trois ou quatre fois où j’ai pu entendre ce quatuor au concert, ça n’était pas par les Parkanyi (en ce bas monde, rien ne s’arrange jamais comme je veux, et je suis comme toi: je trouve que les circonstances pourraient faire un effort!). Mais je retrouve quand même pas mal d’impressions de concert. Il manque tout de même cette espèce de “petit pincement” que l’on ressent, quand la musique commence et que l’on éprouve le besoin de “vérifier” que, oui, ils sont bien en train de jouer (raison pour laquelle j’ai choisi ce Lento, avec son début très nocturne et très intériorisé, et pas le précédent mouvement Allegro Molto Capricioso). Cet effet, que je n’entends quasiment jamais sur aucun système, casques compris, à part, au moins en partie, sur l’AKG K1000, est absent avec le HD800: l’impression de ne pas avoir entendu la musique “commencer”, et d’avoir du son, de l’air et du silence qui tournent l’un autour de l’autre sans se mélanger. Ici, pas de doute, je conserve de bout en bout l’impression d’écouter de la musique au casque et non, simplement, de la musique (cela étant, j’en dirais autant de 99,9% des systèmes casques/ampli, y compris les miens: tu vas me dire que je suis chiant? Je te réponds que t’as pas idée à quel point!).
Le passage au HE-1000 améliore un peu les choses sur ce point, même s’il n’y a pas des kilomètres, sur les critères que je viens d’évoquer, entre les deux casques. C’est tout de même une différence assez nette pour être audible, l’impression que le HD800 donne plus une atmosphère “de studio”, quand le HE-1000 tend celle “du concert” – ou encore, ça ressemble à la distance entre l’écoute de la couche SACD de ce disque et celle de la couche CD. Les deux pizzicati de la fin de ce mouvement, avec le Hifiman, sont tout simplement somptueux – et les amateurs de quatuors contemporains (moins nombreux encore que ceux qui n’écoutent que des concerts de cascabeles) apprécieront…
Un bon vieux rock de trente ans d’âge: Money For Nothing. Avec le HE-1000 on a bien cette impression de lent envahissement au début du morceau, de quoi se faire des frayeurs si on lance le morceau en oubliant d’avoir baissé le volume après une écoute un peu “forte”. L’entrée de la batterie avec échange entre les deux canaux – entre ~1’12 - ~1’35 – est absolument spectaculaire. Et, si je me réfère à mes impressions, pas si vieille, d’avant rodage (j’entends bien, c’est pas direct: mais tu sais déroder un casque toi? dérider un mélomane, c’est déjà pas si facile…), c’est vraiment sur la précision générale et l’aération que ça a joué, et pas qu’un peu. Il n’y a pas à hésiter: si j’avais l’argent pour rien, j’aurais sans doute aussi les gonzesses gratos (sauf évidemment si c’est encore une pub mensongère qu’on nous chante ici!). Passer au HD800 a – j’en suis navré – tout du retour “en arrière”, ce qui, je le crains, chagrinera les esprits chafouins et chafouinera les esprits chagrins. Mais ce même passage, que je viens d’évoquer, est beaucoup moins spectaculaire: moins d’impact, moins de netteté, moins de… tout…
Et encore une fois ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit: c’est pas mauvais, très, très loin de là. C’est simplement nettement moins bon en comparaison directe. Il faut laisser couler un peu de temps, s’efforcer d’oublier le HE-1000, et là, on redevient le roi du pétrole dans son petit monde… Assez normal quand même, si l’on considère le fait que le tarif fait plus que doubler, et ce, sans compter l’association avec l’ampli, car je pense que le HD800 me paraît quand même plus facile à marier que le HE-1000, et que, même si ce dernier n’est ni un K1000, ni un HE6, ni un Abyss, il faudra tourner autour pour lui trouver la meilleure association possible (ce que je ne prétends nullement avoir fait).
J’aime beaucoup la Turangalîla-Symphonie d’Olivier Messiaen. Certes, mon enregistrement préféré n’est pas des plus récents (mais à une époque, je rêvais d’avoir un système quadriphonique pour pouvoir acheter ce disque). Ça reste quand même, pour moi, une version d’anthologie. L’œuvre, composée juste après la Seconde Guerre mondiale, commandée, je crois, peu après 1945, par un chef d’orchestre américain, aura bientôt 70 ans, mais reste toujours aussi jeune. Le terme sanscrit veut dire, si je me souviens bien, quelque chose comme hymne à la joie et à l’amour et, en même temps, le passage du temps et de la vie. Le dialogue entre la clarinette et les ondes Martenot, pour ne parler que de ce passage bien connu, révèle – en faveur du HE-1000 – la même différence de netteté et de lisibilité. Et de même, le woodblock me paraît plus net, mieux localisé qu’avec le Senn – et tout cela contribue à la restitution des contrastes, des couleurs et des motifs qui font tout le charme de cette œuvre. À quoi s’ajoute que l’assise dans le grave, qui est plus physiologique et propose plus d’impact, contribue aussi à mieux reproduire la large masse orchestrale.
Et donc, pour finir, non pas ascenseur pour l’échafaud mais un “escalier pour le paradis”… Petite habituelle de ce morceau, avec le HD800, que j’utilise aussi souvent pour écouter du 33t au casque, et surtout ce genre de musique – car j’ai oublié de te dire que j’avais ressorti ma bonne vieille galette noire pour l’occasion (il n’y a pas que des fichiers et des ordinateurs dans la vie). Le passage au HE-1000 tient en quatre mots: “it makes me wonder”… Il est rare que la voix de Jimmy Page soit aussi tendue sans pourtant devenir agressive. Va donc l’écouter, juste après le solo, vers ~6’44, si tu ne me crois pas. Alors, décidément, il y existe certes, de nombreux avantages du côté du Sennheiser, pris en lui-même et en dehors de toute comparaison, et il me paraît évident que, comme beaucoup, je pourrais continuer à l’utiliser avec plaisir et sans frustration: il n’est pas “devenu mauvais” subitement! Mais aucun doute pour moi que ma préférence aille de l’autre côté – car la force est puissante en lui…
— M’sieur! M’sieur!
— Quoi encore!?
— C’est vrai qu’il y a interro surprise la fois prochaine?
— Pour que j’aie en plus des copies à corriger?… et puis quoi encore! j’ai dit ça pour vous restiez sage… Et maintenant, tout le monde se met en rang et on sort gentiment pour aller à la récré.
Cdlt
Longtemps je me suis casqué de bonne heure…
C'est sûr çà, l'éventualité de prendre des copies, alors que les profs sont en vacances...non mais!
Alors là, Dub, çà demande à être relu...
Car en plus des pistes de lecture, de leurs mèthodes et versions...ce qui est dêjà pas mal, la référence à des casques que l'on connaît, que l'on peut tirer de leur boîte, pour ..."voir", çà ajoute un paquet de critères...
K1000, hd800, le suisse (même si c'est pas la même version?) cela donne du travail en perspective...
C'est pas un cours magistral, mais un d'expérimentation (tu sais quand on faisait "sauter" nos bureaux destinés à la chimie, ou qu'on se muait en véto légiste de souris, vers de terre, ou araignées -il fallait d'abord aller les'chercher, y compris sur les toits des salles de classes!-
Merci...là cela donne une idée de ce casque...
Une idée qui risque de bien s'installer...
Avec les consêquences -même lointaines- que l'on sait....
Merci Dub
le suisse, tu veux dire l'AMT ou le Float?
je compte aussi faire la comparaison
je compte aussi faire la comparaison
Longtemps je me suis casqué de bonne heure…
Le Float...connais pas l'AMT...
Celui qui m'avait tant perturbée ..la première fois...
Celui qui m'avait tant perturbée ..la première fois...
comme dirait Tintin: ça va viendre!
Longtemps je me suis casqué de bonne heure…
Épisode V: Le réveil du Float
Pour cette petite comparaison avec le Float, autant le dire tout de suite, il y a un point sur lequel, quelles que soient par ailleurs ses qualités, je ne m’attends pas un seul instant à ce qu’il puisse tenir face au HE-1000, et ce, sans avoir besoin de faire l’essai, dans la mesure où je pense connaître mon PS2 par cœur: c’est sur l’exploration et la qualité de restitution du registre grave. Car c’est là une faiblesse bien connue du Jecklin électrostatique, maintes fois signalée, discutée et documentée: inutile donc de se faire des imaginations. En revanche, la qualité des timbres, de la restitution de la dynamique, l’aération dans l’aigu, ainsi que la capacité à imager de ce bon vieux papy, me paraît avoir encore des choses à dire… Je n’avais, à l’époque de sa sortie, pas plus les moyens de me l’offrir que je n’ai ceux de me procurer son actuel successeur, le QA – le flambeau ayant été repris par QAD:
http://www.quad-musik-shop.com/epages/6 ... cialOffers)
Bref, ce petit essai n’a pour propos que d’aider à cerner les personnalités respectives du HE-1000 et de mon Jecklin (qui est branché sur les blocs à tubes de mon système principal). Et puis de savoir comment le papy et le jeune morveux s’entendent! De là aussi un nouveau programme musical, car, comme on dit, changement de pâturages réjouit les veaux:
Nougayork de Nougaro, dans la version live du Zénith Made In Nougaro de 1989:
le même extrait de Bach que précédemment: la Bourrée de la pièce BWV996 de Bach, tirée des Suites pour Luth par Hopkinson Smith;
Simon Groid de Jeff Tain Watts, tiré de l’album live Detained At The Blue Note (plage 4) CD de 2004:
So What de Miles Davis, mais dans la version du live de Miles in Tokyo de 1964 (tiré du coffret intégral Columbia, 70 CD repris par Sony en 2009):
et oui, je sais ce que tu vas dire, mais c’est comme ça: Comme un arbre dans la ville de Maxime le Forestier (futur prix Nobel !), dans la version du live Plutôt Guitare:
enfin, le Stabat Mater Dolorosa tiré du Stabat Mater de Vivaldi, dans la version proposée par Andreas Scholl, Chiara Banchini et l’Ensemble 415 – ressorti en CD en 1998 chez Harmonia Mundi (2981571):
Commençons, donc, par Nougaro et par le HE-1000. L’entrée du morceau est bien marquée, avec une belle scène sonore et une bonne aération. Au-delà de cette chanson, j’aime énormément cet album, dans lequel Nougaro est au plus haut sommet de sa forme, pour l’un de ses meilleurs disques – même si, à mon avis, il n’y a chez lui que de “meilleurs albums”. Évidemment, le Float donne beaucoup moins de profondeur dans le grave, ce qui ne le rend pas le meilleur candidat pour ce type de musique. Ça reste néanmoins très agréable et, pour mon propre goût au moins, peu frustrant (car il ne faut rien exagérer). L’atmosphère générale est plus “claire”, plus détaillée dans le haut du spectre, avec, je crois, beaucoup plus d’autorité et de dynamique dans cette région. La scène me paraît plus large et un peu plus en avant du visage avec le Float qu’avec le HE-1000. Bref, ça n’est pas mal non plus, même si, au regard des goûts actuels et des modèles disponibles sur le marché, même si le bon vieux Jecklin ne se déshonore pas, il y a fort à parier que beaucoup préféreront – comme moi – le Hifiman, ou d’autres ortho sur ce type de musique.
Petit extrait des suites pour Luth de Bach, avec le Float pour commencer: c’est – pour dire le moins – superbe, hyper transparent, et d’une précision absolument redoutable! J’ai bien fait de ne pas inclure mon intégrale des concerts de clochettes chinoises dans cet essai (t’aurais pas supporté, je pense). La restitution générale est aussi beaucoup plus facile, moins stressée dans la mesure où tout le spectre audible n’est pas sollicité, de sorte qu’on a réellement l’impression que rien ne vient s’interposer entre l’instrument, la musique et soi-même. Ici, sur ce type de critères, le HE-1000 me paraît un peu en retrait dans le haut médium, lequel reste légèrement en retrait par rapport à ce dont le PS2 est capable. Il faut cependant souligner qu’on s’en aperçoit en passant directement de l’un à l’autre et en répétant l’opération pour bien se rendre compte de la différence. Le Hifiman est juste un peu moins “aérien”, moins délié et très légèrement plus “tassé” dans cette région, même s’il est évident qu’entre les deux, il n’y a pas non plus des kilomètres.
L’album de Jeff Tain Watts, enregistré en live au Blue Note, est l’une des perles issues de cette salle légendaire. Avec le HE-1000 on a droit à une superbe entrée de la contrebasse, impressionnante de présence. Les cuivres – Kenny Garrett et Marcus Strickland – sont rutilants à souhait et, bien sûr, aux percussions, toujours hyper présent et sans jamais chercher à se mettre en avant de manière inutile, Jeff Watts himself. Évidemment, tout le monde n’a pas la chance, ni les moyens, ni l’occasion d’aller jusqu’à New York pour s’asseoir à une table de ce lieu mythique et…… écouter! Mais voilà le genre du disque qui consolera tout le monde – moi le premier, vu que New York, depuis ici, c’est pas direct en train. Le HE-1000 est, à mon sens, un casque qui rend admirablement cette atmosphère live. Et donc, passons au Float – avec des craintes de pas assez côté contrebasse, mais aussi de trop côté cuivres. Laquelle contrebasse diminue certes de taille, à moins qu’elle n’ait reculé de 4/5m, même si elle reste crédible. En revanche, la bonne nouvelle, ce sont les cuivres et les percu, qui, à nouveau me paraissent nettement mieux rendus. Le registre haut médium n’est pas plus en avant, plus souligné ou coloré, mais ça joue plus clair, parce que c’est tout simplement plus transparent en même temps que plus fluide. J’ai toujours tendance à me rappeler du Float comme “montant”, car, quand on se réfère à sa mémoire, on simplifie. Ce casque est en réalité l’une des meilleures réussites que je connaisse en matière d’aération et de transparence, d’air autour des instruments, ce qui le rend redoutable sur ce type de musique, de petites formations en live. Sur ma préférence ici, je n’ai aucun doute, car autant de relief et d’évidence sur des sax sans jamais une once d’agressivité, ça ne court pas les rues. Cela étant, en repassant au HE-1000, je constate qu’il ne s’agit pas d’un “recul”, et qu’on ne passe pas d’un casque “ouvert” à partir du haut médium à un casque qui manquerait d’extension dans cette zone ou au-dessus. C’est seulement qu’il ne met pas ce registre en avant et reste discret sur ce point — sans pour autant manquer ni de couleur ni de vivacité.
J’en dirais autant de l’album live Miles in Tokyo et de la version de So What qu’on y trouve, et qui vaut, àmha le détour. Ça commence sur un rythme tellement rapide qu’on se demande où on va et si ça va tenir – et bien évidemment, on a Miles toujours en place et inventif au possible. Certes, ça n’est pas un enregistrement d’une qualité des plus époustouflantes, mais pour un amoureux du jazz et de Miles Davis, c’est, je pense, un incontournable. Le Float s’en tire très bien, même si je trouve la contrebasse un peu molle et effacée, et des effets de latéralisation très accentués, avec comme une sorte de “creux” au milieu… En passant au HE-1000, l’accentuation dans le registre grave convient mieux: la contrebasse n’est pas moins molle, mais un peu plus présente. En revanche, la trompette me semble quand même moins brillante et un peu en retrait. Ce qui veut dire que l’on entend exactement les mêmes défauts que précédemment, un creux au milieu de l’image, un grave mal défini et mou et toute la prise de son centrée sur Miles Davis: logique, c’est sur le disque. Dans le cas présent, tout dépend de ce qu’on cherche: si c’est pour Miles et ses solos, je pense le Float préférable, mais si c’est pour le band, le surcroît d’assise dans le grave “rattrape” un peu l’enregistrement et donne un meilleur résultat. Tu me diras que passer un mauvais enregistrement pour essayer un casque, c’est limite: mais c’est quand même Miles!
Avec le Float, l’ambiance live du concert de Maxime (futur nobélisé, je le répète) est très bien rendue et je ne vois pas ce que l’on pourrait demander de mieux. Sur le HE-1000, la voix est moins proche – mais, pour la même raison, moins dure (y compris si on monte le volume). Ce qui donne, certes, moins de présence, mais aussi plus de douceur. Là-dessus, je laisse chacun conclure: les uns diront que le Hifiman est en retrait quand les autres affirmeront que le Float est en excès – le plus probable me paraissant que c’est un peu les deux et que chacun a sa propre tendance, inverse sur le médium, me semble-t-il. Ce qui fait que selon le type de musique et d’attentes, le jugement peut changer. Le Stabat Mater de Vivaldi, dans la superbe version aussi élégante que fiévreuse, aussi élevée que méditative de l’Ensemble 415, permet de bien mesurer la différence. Le HE-1000 propose une restitution à la fois douce et détaille, avec la voix qui se localise un peu en arrière, au lieu d’être au-devant et un peu sur le côté de la scène, là où le Jecklin restitue une voix et des timbres superbes, avec une scène sonore plus large et mieux localisée – et ce sans retrait audible, malgré la présence d’un orgue. C’est pas le morceau le plus gai du répertoire, certes, mais on n’est pas toujours là pour rigoler. Et à chacun de choisir ce qu’il préfère.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, le Float reste en réalité très “à la traîne” sur au moins un registre très important – ce que la playlist précédente a laissé volontairement de côté. Histoire qu’on me comprenne bien, je me suis aussi passé, en fin de session quelques morceaux: le Requiem pour un con de Gainsbourg Initials BB de 1968, La Nostalgie Camarade Mauvaise Nouvelle des Étoiles 1981, et Kiss Me Hardy Love On The Beat 1984, et High Hopes dans les 2 versions de The Division Bell (fichiers 24/96 de chez qobuz) et du Live in Gdansk. Et là, le Hifiman reprend très très largement la main, car le Float manque, par comparaison d’ampleur et d’impact dans le grave, le reste du spectre et la scène sonore étant largement au rendez-vous… et ce sans compter que son haut médium est impitoyable sur les sifflantes et les passages un peu difficiles, en particulier sur Gainsbourg – ça n’est que sur LE point fort du Float, qui se révèle sur certains disques et un certain type de programme qu’on peut et non pas qu’on doit le préférer…… sur du baroque et du jazz en live, en particulier, tout se discute et pour un casque de son âge, le vieux Float se réveille facilement et a de beaux restes, comme on dit: le papy est à l’aise dans l’ancien. En face de lui, le petit jeune, sans avoir les dents qui rayent le parquet, lui tient la dragée haute et, sur du rock ainsi que sur des grandes masses symphoniques, passe devant haut la main en sifflotant. Ce qui ne veut pas dire que le morveux ne serve qu’à écouter du hip hop: il peut, mais il est ouvert aussi à tout le reste… Ça aide, me semble-t-il, à mieux se figurer le médium/haut médium du Hifiman, lequel est à la fois fluide, bien détaillé et pas agressif pour un sou, mais au contraire tout en douceur sans arrondissement importun des détails ou des timbres.
Cdlt
Pour cette petite comparaison avec le Float, autant le dire tout de suite, il y a un point sur lequel, quelles que soient par ailleurs ses qualités, je ne m’attends pas un seul instant à ce qu’il puisse tenir face au HE-1000, et ce, sans avoir besoin de faire l’essai, dans la mesure où je pense connaître mon PS2 par cœur: c’est sur l’exploration et la qualité de restitution du registre grave. Car c’est là une faiblesse bien connue du Jecklin électrostatique, maintes fois signalée, discutée et documentée: inutile donc de se faire des imaginations. En revanche, la qualité des timbres, de la restitution de la dynamique, l’aération dans l’aigu, ainsi que la capacité à imager de ce bon vieux papy, me paraît avoir encore des choses à dire… Je n’avais, à l’époque de sa sortie, pas plus les moyens de me l’offrir que je n’ai ceux de me procurer son actuel successeur, le QA – le flambeau ayant été repris par QAD:
http://www.quad-musik-shop.com/epages/6 ... cialOffers)
Bref, ce petit essai n’a pour propos que d’aider à cerner les personnalités respectives du HE-1000 et de mon Jecklin (qui est branché sur les blocs à tubes de mon système principal). Et puis de savoir comment le papy et le jeune morveux s’entendent! De là aussi un nouveau programme musical, car, comme on dit, changement de pâturages réjouit les veaux:
Nougayork de Nougaro, dans la version live du Zénith Made In Nougaro de 1989:
le même extrait de Bach que précédemment: la Bourrée de la pièce BWV996 de Bach, tirée des Suites pour Luth par Hopkinson Smith;
Simon Groid de Jeff Tain Watts, tiré de l’album live Detained At The Blue Note (plage 4) CD de 2004:
So What de Miles Davis, mais dans la version du live de Miles in Tokyo de 1964 (tiré du coffret intégral Columbia, 70 CD repris par Sony en 2009):
et oui, je sais ce que tu vas dire, mais c’est comme ça: Comme un arbre dans la ville de Maxime le Forestier (futur prix Nobel !), dans la version du live Plutôt Guitare:
enfin, le Stabat Mater Dolorosa tiré du Stabat Mater de Vivaldi, dans la version proposée par Andreas Scholl, Chiara Banchini et l’Ensemble 415 – ressorti en CD en 1998 chez Harmonia Mundi (2981571):
Commençons, donc, par Nougaro et par le HE-1000. L’entrée du morceau est bien marquée, avec une belle scène sonore et une bonne aération. Au-delà de cette chanson, j’aime énormément cet album, dans lequel Nougaro est au plus haut sommet de sa forme, pour l’un de ses meilleurs disques – même si, à mon avis, il n’y a chez lui que de “meilleurs albums”. Évidemment, le Float donne beaucoup moins de profondeur dans le grave, ce qui ne le rend pas le meilleur candidat pour ce type de musique. Ça reste néanmoins très agréable et, pour mon propre goût au moins, peu frustrant (car il ne faut rien exagérer). L’atmosphère générale est plus “claire”, plus détaillée dans le haut du spectre, avec, je crois, beaucoup plus d’autorité et de dynamique dans cette région. La scène me paraît plus large et un peu plus en avant du visage avec le Float qu’avec le HE-1000. Bref, ça n’est pas mal non plus, même si, au regard des goûts actuels et des modèles disponibles sur le marché, même si le bon vieux Jecklin ne se déshonore pas, il y a fort à parier que beaucoup préféreront – comme moi – le Hifiman, ou d’autres ortho sur ce type de musique.
Petit extrait des suites pour Luth de Bach, avec le Float pour commencer: c’est – pour dire le moins – superbe, hyper transparent, et d’une précision absolument redoutable! J’ai bien fait de ne pas inclure mon intégrale des concerts de clochettes chinoises dans cet essai (t’aurais pas supporté, je pense). La restitution générale est aussi beaucoup plus facile, moins stressée dans la mesure où tout le spectre audible n’est pas sollicité, de sorte qu’on a réellement l’impression que rien ne vient s’interposer entre l’instrument, la musique et soi-même. Ici, sur ce type de critères, le HE-1000 me paraît un peu en retrait dans le haut médium, lequel reste légèrement en retrait par rapport à ce dont le PS2 est capable. Il faut cependant souligner qu’on s’en aperçoit en passant directement de l’un à l’autre et en répétant l’opération pour bien se rendre compte de la différence. Le Hifiman est juste un peu moins “aérien”, moins délié et très légèrement plus “tassé” dans cette région, même s’il est évident qu’entre les deux, il n’y a pas non plus des kilomètres.
L’album de Jeff Tain Watts, enregistré en live au Blue Note, est l’une des perles issues de cette salle légendaire. Avec le HE-1000 on a droit à une superbe entrée de la contrebasse, impressionnante de présence. Les cuivres – Kenny Garrett et Marcus Strickland – sont rutilants à souhait et, bien sûr, aux percussions, toujours hyper présent et sans jamais chercher à se mettre en avant de manière inutile, Jeff Watts himself. Évidemment, tout le monde n’a pas la chance, ni les moyens, ni l’occasion d’aller jusqu’à New York pour s’asseoir à une table de ce lieu mythique et…… écouter! Mais voilà le genre du disque qui consolera tout le monde – moi le premier, vu que New York, depuis ici, c’est pas direct en train. Le HE-1000 est, à mon sens, un casque qui rend admirablement cette atmosphère live. Et donc, passons au Float – avec des craintes de pas assez côté contrebasse, mais aussi de trop côté cuivres. Laquelle contrebasse diminue certes de taille, à moins qu’elle n’ait reculé de 4/5m, même si elle reste crédible. En revanche, la bonne nouvelle, ce sont les cuivres et les percu, qui, à nouveau me paraissent nettement mieux rendus. Le registre haut médium n’est pas plus en avant, plus souligné ou coloré, mais ça joue plus clair, parce que c’est tout simplement plus transparent en même temps que plus fluide. J’ai toujours tendance à me rappeler du Float comme “montant”, car, quand on se réfère à sa mémoire, on simplifie. Ce casque est en réalité l’une des meilleures réussites que je connaisse en matière d’aération et de transparence, d’air autour des instruments, ce qui le rend redoutable sur ce type de musique, de petites formations en live. Sur ma préférence ici, je n’ai aucun doute, car autant de relief et d’évidence sur des sax sans jamais une once d’agressivité, ça ne court pas les rues. Cela étant, en repassant au HE-1000, je constate qu’il ne s’agit pas d’un “recul”, et qu’on ne passe pas d’un casque “ouvert” à partir du haut médium à un casque qui manquerait d’extension dans cette zone ou au-dessus. C’est seulement qu’il ne met pas ce registre en avant et reste discret sur ce point — sans pour autant manquer ni de couleur ni de vivacité.
J’en dirais autant de l’album live Miles in Tokyo et de la version de So What qu’on y trouve, et qui vaut, àmha le détour. Ça commence sur un rythme tellement rapide qu’on se demande où on va et si ça va tenir – et bien évidemment, on a Miles toujours en place et inventif au possible. Certes, ça n’est pas un enregistrement d’une qualité des plus époustouflantes, mais pour un amoureux du jazz et de Miles Davis, c’est, je pense, un incontournable. Le Float s’en tire très bien, même si je trouve la contrebasse un peu molle et effacée, et des effets de latéralisation très accentués, avec comme une sorte de “creux” au milieu… En passant au HE-1000, l’accentuation dans le registre grave convient mieux: la contrebasse n’est pas moins molle, mais un peu plus présente. En revanche, la trompette me semble quand même moins brillante et un peu en retrait. Ce qui veut dire que l’on entend exactement les mêmes défauts que précédemment, un creux au milieu de l’image, un grave mal défini et mou et toute la prise de son centrée sur Miles Davis: logique, c’est sur le disque. Dans le cas présent, tout dépend de ce qu’on cherche: si c’est pour Miles et ses solos, je pense le Float préférable, mais si c’est pour le band, le surcroît d’assise dans le grave “rattrape” un peu l’enregistrement et donne un meilleur résultat. Tu me diras que passer un mauvais enregistrement pour essayer un casque, c’est limite: mais c’est quand même Miles!
Avec le Float, l’ambiance live du concert de Maxime (futur nobélisé, je le répète) est très bien rendue et je ne vois pas ce que l’on pourrait demander de mieux. Sur le HE-1000, la voix est moins proche – mais, pour la même raison, moins dure (y compris si on monte le volume). Ce qui donne, certes, moins de présence, mais aussi plus de douceur. Là-dessus, je laisse chacun conclure: les uns diront que le Hifiman est en retrait quand les autres affirmeront que le Float est en excès – le plus probable me paraissant que c’est un peu les deux et que chacun a sa propre tendance, inverse sur le médium, me semble-t-il. Ce qui fait que selon le type de musique et d’attentes, le jugement peut changer. Le Stabat Mater de Vivaldi, dans la superbe version aussi élégante que fiévreuse, aussi élevée que méditative de l’Ensemble 415, permet de bien mesurer la différence. Le HE-1000 propose une restitution à la fois douce et détaille, avec la voix qui se localise un peu en arrière, au lieu d’être au-devant et un peu sur le côté de la scène, là où le Jecklin restitue une voix et des timbres superbes, avec une scène sonore plus large et mieux localisée – et ce sans retrait audible, malgré la présence d’un orgue. C’est pas le morceau le plus gai du répertoire, certes, mais on n’est pas toujours là pour rigoler. Et à chacun de choisir ce qu’il préfère.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, le Float reste en réalité très “à la traîne” sur au moins un registre très important – ce que la playlist précédente a laissé volontairement de côté. Histoire qu’on me comprenne bien, je me suis aussi passé, en fin de session quelques morceaux: le Requiem pour un con de Gainsbourg Initials BB de 1968, La Nostalgie Camarade Mauvaise Nouvelle des Étoiles 1981, et Kiss Me Hardy Love On The Beat 1984, et High Hopes dans les 2 versions de The Division Bell (fichiers 24/96 de chez qobuz) et du Live in Gdansk. Et là, le Hifiman reprend très très largement la main, car le Float manque, par comparaison d’ampleur et d’impact dans le grave, le reste du spectre et la scène sonore étant largement au rendez-vous… et ce sans compter que son haut médium est impitoyable sur les sifflantes et les passages un peu difficiles, en particulier sur Gainsbourg – ça n’est que sur LE point fort du Float, qui se révèle sur certains disques et un certain type de programme qu’on peut et non pas qu’on doit le préférer…… sur du baroque et du jazz en live, en particulier, tout se discute et pour un casque de son âge, le vieux Float se réveille facilement et a de beaux restes, comme on dit: le papy est à l’aise dans l’ancien. En face de lui, le petit jeune, sans avoir les dents qui rayent le parquet, lui tient la dragée haute et, sur du rock ainsi que sur des grandes masses symphoniques, passe devant haut la main en sifflotant. Ce qui ne veut pas dire que le morveux ne serve qu’à écouter du hip hop: il peut, mais il est ouvert aussi à tout le reste… Ça aide, me semble-t-il, à mieux se figurer le médium/haut médium du Hifiman, lequel est à la fois fluide, bien détaillé et pas agressif pour un sou, mais au contraire tout en douceur sans arrondissement importun des détails ou des timbres.
Cdlt
Dernière modification par Dub le 26 oct. 2016 22:24, modifié 1 fois.
Longtemps je me suis casqué de bonne heure…
Vive le JF!
Et pas parce que ce sont mes initiales!
Merci Dub...
Je passais un petit moment ce soir justement avec lui...
Et pas parce que ce sont mes initiales!
Merci Dub...
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Travail d'anthologie Dub.
Mille mercis
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Nomade : DAP : Cowon J3 96gb
Casques : Sony Wf 1000XM5 - akg k430 -
Sédentaire : Dacs : Audio-Gd Master 7 Amanero
Amplis : Eddie Current Balancing Act
Casques : Fostex TH900 - Kennerton Odin
Loisirs : Pioneer VSX 831 - système Focal 706 - Gaming PC - VR - Sim Racing
"pour pouvoir mourir il faut déjà avoir vécu" (Wayne Shelton)
Casques : Sony Wf 1000XM5 - akg k430 -
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"pour pouvoir mourir il faut déjà avoir vécu" (Wayne Shelton)
je n'y avais pas pensé — mais c'est un hasard objectif, comme dirait BretonChemichti a écrit :Vive le JF!
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Merci Dub...
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Longtemps je me suis casqué de bonne heure…
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Quel plaisir que de te lire Dub! Et à chaque fois je découvre des perles à écouter de plus cela permet d'avoir des points de comparaison intéressant lors de nos écoutes! Merci infiniment!!!
La saga du Hifiman HE-1000 V2...
Je te rejoins g g : anthologique.
Je te rejoins g g : anthologique.
"Du temps devant moi, une musique que j’aime dans le bouzin, le casque sur les oreilles… Besoin de rien d’autre."
Épisode VI: Un nouvel (ex) espoir
Quoi de neuf dans le juke-box pour cette petite comparaison avec l’AMT, dont j’ai jadis espéré qu’il pourrait être le casque parfait? Quelques bricoles:
- De Bach, le Gloria In Excelsis Deo de la Messe en si m., BWV232, dans la version de Philippe Herreweghe, sortie chez Harmonia Mundi en 1998 (HMX 2951614/15):
Par Gréco, Déshabillez-moi, chanson de 1957 (due à Robert Nyel et Gaby Verlor), dans la version de Gréco à l’Olympia sortie en 1992 (double CD Philips 512357-2):
- Encore le Requiem pour un con, toujours issu de la BO du même film, le Pacha, et avec la même réplique cultissime de Gabin (à Dalban): “Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner”……
- Les Marquises de Brel, tiré de l’album éponyme et dernier, de 1977:
- le Stabat Mater en fa m. RV621 de Vivaldi, mais cette fois dans la version de Jean-Claude Malgoire dirigeant l’ensemble “La Grande Écurie et la Chambre du Roy” (CD “Vivaldi Œuvres Sacrées” sorti chez Sony Classical en 1995, dont je n’ai pas l’illustration et qui n’est pas facile à trouver, mais qui, àmha, vaut le détour)
- de Barbara, Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous dans la version publique Au Théâtre des Variétés 1974 (double 33t Philips 6621021, dont j’utilise le CD ressorti chez Mercury en 2007 #530197-7, acheté en fichiers chez qobuz):
- de Gilmour, High Hopes, tiré de Division Bell (fichiers 24/96)
- de Gainsbourg, La Nostalgie Camarade dans Mauvaises Nouvelles des Étoiles (1981)
- le morceau Freedom, tiré du magnifique album Ilhan Ersahin’s Istanbul Sessions With Erik Truffaz (CD sorti chez Nublu Records en 2010 #NUB00023 et ressorti cette année en 33t):
- de Haydn, Largo des Sept Dernières Paroles du Christ en Croix, enregistré par le Quatuor Ysaÿe et Michel Serres (récitant) (plage 9 du CD sorti en 2006 chez Ysaÿe Records [YR07] et dont j’ai aussi quelque part une version en public):
- Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve par Jane Birkin, tiré de l’album Alone in Babylone (première sortie en 33t en 1983, Philips 814524-1 – et ressorti récemment chez Mercury en CD814 524-2):
- de Gainsbourg, Kiss Me Hardy tiré de Love on The Beat (1984)
- et last but not least, avec Al Di Meola, John McLaughlin et Paco de Lucia dans le fameux live Friday Night in San Francisco, Guardian Angel, morceau dû à John McLaughlin, qui est au centre de la scène, encadré, à droite par Al Di Meola et à gauche par Paco de Lucia (le 33t est sorti en 1981 et il existe un grand nombre de versions: par ex. chez Columbia, FC 37152, ou, en France, chez Philips, 6302137 – et en SACD : Columbia Legacy, CS65168):
Tu vas me dire, car je te connais, t’es toujours en train de râler, “m’enfin, pourquoi changer encore la liste des morceaux!”. Et d’abord, j’aurais pu te coller ma collection de versions de Gloria ou de Stabat Mater par Vivaldi et tous les autres, en ergotant sur chacune des interprétations – et là, tu aurais compris ta douleur. Et ensuite, à toi de repérer les morceaux qui ne sont là que pour prendre l’AMT en défaut – et ceux qui sont là au contraire pour permettre une certaine comparaison… Un indice: on ne peut quand même pas écouter que de l’orgue dans la vie!
L’AMT est l’un des pires casques du marché à amplifier, sauf pour ceux qui, contrairement à la tête de mulet que je suis, ont décidé de s’offrir l’Amp2 de chez Ergo, histoire de ne plus se poser de question, embarque des transducteurs Air Motion Transformer, conçus par Oskar Heil (autrement dit, pas grand-chose à voir avec le Jecklin Float précédemment évoqué, puisqu’il s’agit de mini panneaux ouverts). De mon côté, je me contente de le brancher, via son boîtier d’adaptation d’impédance, sur les amplis de mon système principal – même si mon Phœnix et mon LD donnent également des résultats corrects avec ce casque, ça n’est pas sans une matité générale sur le médium, qu’on entend toujours avec l’AMT quand l’ampli n’est pas adapté). Pour tout renseignement complémentaire, vu que ce casque est devenu le grand absent des discussions autour des casques ces dernières années (voilà ce que c’est de ne pas changer ses modèles tous les quatre matins!), il faut aller voir là:
http://tecsart.com/marques/ergo/produits/1
http://www.precide.ch/francais/fergo/fergo.htm
Commençons par la Messe en si de Bach (dont je signale au passage une nouvelle version, sortie chez Phi [LPH004] en 2011, avec le Collegium Vocale Gent). Le HE-1000 rend bien justice à cet enregistrement, pas forcément le plus facile à rendre en intelligibilité, en raison de la masse et de l’acoustique. Dans cette écoute, les chœurs viennent – comme déjà remarqué ailleurs – un peu trop en arrière et pas assez en largeur, ce qui n’empêche pas le “Gloria In Excellis Deo” de demeurer lisible de part en part, avec une assise enviable dans le grave donne une très belle ampleur, sans “mordre” sur le reste. L’AMT, de son côté, propose un surcroît de transparence dans le haut médium et l’aigu, et une aération supérieure. Les chœurs, de ce fait, me semblent un peu plus lisibles, en raison de ce que j’entends comme un peu plus d’énergie et de dynamique dans ce registre. Reste que cela pourrait aussi être dû au fait que l’ampleur, sans être absente évidemment, reste tout de même un peu inférieure à celle que procure le Hifiman.
Petite chanson de Gréco, écoutée avec l’AMT, qui rend immédiatement présentes toutes les nuances de cette célèbre voix. Car il faut bien reconnaître que ce casque est particulièrement à l’aise dans ce genre-là – ainsi, vers 0’35-37, le “chéri” à moitié prononcé qui s’entend ici sans aucune difficulté – et qu’est-ce que je crois entendre, vers 1’50-54? “déshabillez-moi, putain!”…… Pas difficile, je me retiendrais pas, je monterais sur scène et…… bon, du calme! Avec le HE-1000, le médium semble plus plein, comme si celui de l’AMT était légèrement en retrait – mais, paradoxalement, en même temps un peu moins présent ou plus “distant”. Certes, la voix paraît plus consistante, mais peut-être un peu plus dure dans le haut (sachant que cette particularité me semble être sur le disque, dans la mesure où je l’entends toujours plus ou moins). En revanche, la basse, qui contraste avec le piano et la voix, se détache mieux avec le Hifiman qu’avec l’Ergo. Il est assez difficile, en tout cas pour moi, de savoir ce que je préfère…
Quant au Requiem pour un con, j’aimerais bien qu’on joue ça le jour de mon enterrement (mais on connaît le manque d’humour des croque-morts). J’ai l’impression, à force de réécouter ce morceau et d’autres du même genre, que le HE-1000 arrondit un peu les angles, dans le bon sens du terme, sur cet enregistrement à la sonorité typique de cette époque (je veux dire un peu déséquilibrée dans le haut médium et dans l’aigu). D’ailleurs, oui, en repassant à l’AMT, la voix paraît à la fois plus présente, plus proche et un peu “dégraissée”, en même temps que plus insistante sur les dentales et les sifflantes. Sur ce point, il est possible que l’AMT soit plus proche de l’enregistrement que le HE-1000, toute la question étant de savoir si c’est préférable ou non… En tout cas, l’un des deux joue “plus clair” et plus “immédiat” et l’autre “plus dense” et plus “à distance” (et si mes images ne te conviennent pas, là, franchement, tu le fais exprès).
Bientôt quarante ans après, je ne me lasse toujours pas des Marquises – ni d’ailleurs de l’album. Avec l’AMT, on a droit à un très beau début, avec beaucoup de largeur d’image, une réverb’ très présente et toutes les inflexions de la voix de Brel ainsi qu’à ses reprises de respiration parfois difficiles. Car, oui, c’est toujours Brel, mais, comme on sait, très atteint par le mal qui devait l’emporter moins d’un an après… Reste que cette ultime chanson du dernier disque (ne comptons pas les chansons écartées) dit bien qu’il avait, enfin, trouvé le paradis d’aventure et les lointains qu’il avait toujours cherchés. Sur le HE-1000, j’ai à nouveau cette impression que les violons viennent d’un peu trop en arrière; la réverb’ me paraît aussi un peu en retrait, et la voix, plus lointaine. Je pense que le son du micro employé en studio (mais Brel n’avait quand même pas une panne de micro) est un peu “effacé” ou “enveloppé”. Ce qui procure une écoute qui “passe mieux” parce qu’on en entend moins les défauts, sans que ça tombe dans l’excès: toutes les qualités sont au contraire bien restituées. Et plus il y a nettement plus d’ampleur sur la région grave, ce qui, quand on connaît bien l’AMT, est tout sauf surprenant (c’est pas fait pour écouter Acumen Nation ou Throbbings Gristle: ça tombe bien, le vieux schnock que je suis préfère les subtilités de la musique baroque à celles de la musique industrielle).
Bon, aller, re-Stabat Mater – mais autre version, plus lente et plus en phase avec les derniers souffles de cet enfant dont la mère suit avec angoisse l’agonie. Le HE1000 rend très bien cette atmosphère de recueillement. Mais ici, je dois bien le reconnaître je préfère le rendu plus aéré dans le haut médium/aigu de l’AMT: c’est plus subtil, pas moins dynamique, mais moins systématiquement appuyé que sur le HE-1000 (avec lui les violons me paraissent légèrement trop insistants, à la limite de commencer à devenir “durs”). Certes, la respiration agonisante et lugubre de l’orgue a un peu plus d’ampleur qu’avec l’AMT, mais, après tout, celui-ci ne s’en tire pas trop mal sur ce point, malgré cette restriction.
Passons à la déclaration d’amour de Barbara à son public dans la version de 74 (l’album éponyme est sorti en 67) – chanson composée en 66 et, dit-on, pour répondre aux acclamations du public lors de la première de son premier spectacle à Bobino à l’automne 65. À la voix hyper présente, mais un peu “sourde” de mes versions 33t, coloration qui se retrouve sur les applaudissements (j’en ai quatre exemplaires, dont deux en état mint, un canadien et un français, mais j’entends toujours ce défaut), je préfère la version “fichier” de chez qobuz. On retrouve enfin un son agréable et plus qu’écoutable. Difficile de savoir ici qui fait “mieux” de l’AMT ou du HE-1000, car la différence se joue surtout sur la proximité ou la distance de la voix, dans sa plus grande consistance ou dans sa plus grande légèreté. Reste que l’essentiel, c’est quand même que le Hifiman tient largement en face d’un casque qui, sur de la voix reste mon préféré: ça tend à prouver, selon moi, qu’on a ici un ortho qui sait ne pas faire un “médium ortho”, dans le sens caricatural que cette expression peut avoir, mais quelque chose de réaliste et superbement riche dans les timbres.
Petite escapade, avec High Hopes sur AMT: écouté pour lui-même je continu à avoir cette même impression de transparence, et, en dehors de toute comparaison, il y a “assez” d’ampleur dans le grave pour que ça ne paraisse pas ridicule ou frustrant. Mais évidemment, même si l’impression de transparence et d’aération recule juste un peu avec le HD-1000, on est carrément ailleurs sur l’ampleur et l’impact dans le grave: très difficile après ça de revenir en arrière, car l’AMT révèle ici ses limites (lesquelles me semblent d’ailleurs non surmontables). – sur La Nostalgie Camarade, on peut se résumer : même motif, même punition, l’AMT révèle sa limitation propre – et évidemment Ilhan Ersahin’s et Erik Truffaz viennent l’achever! Car sur ce superbe disque, c’est même carrément décevant. Alors, certes, on dira que les enregistrements modernes forcent pas mal sur le grave: mais c’est simplement qu’on a désormais les moyens de le reproduire (sans quoi, on ne l’entendrait pas!). Le contraste est exactement le même entre Fuir le bonheur par Birkin et Kiss Me Hardy par Gainsbourg: si, dans le premier cas, ça passe avec beaucoup d’élégance (on est, disons, à jeu presque égal), dans le second, en revanche, l’AMT reste à la peine. Ce qui, d’ailleurs, ne m’étonne pas, car je sais sur quels disques j’utilise ce casque, et ça n’est pas par hasard que j’ai choisi tous ces morceaux (sans blague, tu croyais quand même pas que j’avais rien prévu?…).
En revanche, en revenant au Largo des Sept Dernières Paroles de Haydn, c’est-à-dire sur de la musique baroque (laquelle, avec le quatuor, me décide souvent à dégainer l’AMT), c’est autre chose. À première impression, en écoutant ça avec le HE-1000 au sortir des trois précédents morceaux, je me dis que décidément, ce casque n’est pas “orienté”, mais polyvalent et peut servir à tout – et excellemment. Ce que je te suggère de souligner en gras (avec du fluo et des néons clignotants, si tu as peur d’oublier): si je n’écoutais ça qu’avec ce casque, par comparaison avec la quasi-totalité de ce que je connais dans le marché actuel, mes goûts me diraient qu’il prend le dessus (avec une exception du genre égalité, la balle au centre) – et sans coup férir. Reste que, justement, l’AMT aime bien férir un coup. Sur Haydn, le surcroît de transparence et d’aération comptant beaucoup sur ce type de musique, et dans la mesure où la bande passante disponible n’est justement pas du tout un obstacle (si je me souviens bien, le violoncelle ne descend pas en dessous de 65Hz – raison pour laquelle si peu de groupes de Rock l’utilisent, alors que bon, imagine ZZ Top avec des violoncelles, ça aurait tout de suite une autre gueule), je trouve à l’AMT une magie – que je trouve non pas absente, mais seulement moindre.
En changeant un peu de registre, sur le morceau de McLaughlin tiré du concert Friday Night In San Francisco, c’est la même impression de plus grande dynamique avec l’AMT et d’aération supérieure, qui rend beaucoup mieux l’atmosphère live pour mon goût. Normal, me diras-tu, car on n’a jamais vu une guitare demander un grave à fendre les pierres, ni même un grave devant être plus que correct: ça n’est quand même pas l’instrument le plus difficile à reproduire (et je dis ça en adorant cet instrument que je pratique depuis des dizaines d’années). J’y ajoute un plus côté image, mieux étagée sur l’Ergo, alors que la latéralisation, sur le Hifiman, continue à donner l’impression de se “replier” un peu vers l’arrière sur chaque côté. Certes, ça n’est pas grand-chose, mais ça s’entend – à condition de chercher à l’entendre (c’est-à-dire d’avoir déjà utilisé ce morceau pour des comparaisons directes et attentives).
Je t’entends déjà pousser des cris à mi-chemin de ceux de l’orfraie et du blatèrement du chameau: “c’est comme d’habitude avec le dub, jamais moyen d’avoir un avis tranché et un vainqueur net!”. C’est quand même pas ma faute si tu es persuadé que tout est toujours de l’ordre d’un match de boxe ou d’une partie de pétanque… Mon seul propos était de pousser la comparaison sur la partie que je pense être la plus sensible à l’audition, à savoir le médium et le haut médium, en mettant en face l’un des 2 ou 3 casques que je trouve les plus splendides dans ce registre. Et force est de reconnaître que le HE-1000, avec quelques restrictions mineures, tient largement le choc. Si on ajoute l’extension dans le grave et l’infra grave, la netteté et l’impact dans ce registre, et ce, sans même tenir compte de l’emmerderie que c’est d’amplifier l’Ergo, on aura une idée de mon opinion sur cette question. Tu me diras que je garde mon AMT – ben oui, mais c’est pour seulement aller avec certains disques (et on n’est quand même pas nombreux, je pense, à pratiquer ce genre de choix)…
Cdlt
Quoi de neuf dans le juke-box pour cette petite comparaison avec l’AMT, dont j’ai jadis espéré qu’il pourrait être le casque parfait? Quelques bricoles:
- De Bach, le Gloria In Excelsis Deo de la Messe en si m., BWV232, dans la version de Philippe Herreweghe, sortie chez Harmonia Mundi en 1998 (HMX 2951614/15):
Par Gréco, Déshabillez-moi, chanson de 1957 (due à Robert Nyel et Gaby Verlor), dans la version de Gréco à l’Olympia sortie en 1992 (double CD Philips 512357-2):
- Encore le Requiem pour un con, toujours issu de la BO du même film, le Pacha, et avec la même réplique cultissime de Gabin (à Dalban): “Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner”……
- Les Marquises de Brel, tiré de l’album éponyme et dernier, de 1977:
- le Stabat Mater en fa m. RV621 de Vivaldi, mais cette fois dans la version de Jean-Claude Malgoire dirigeant l’ensemble “La Grande Écurie et la Chambre du Roy” (CD “Vivaldi Œuvres Sacrées” sorti chez Sony Classical en 1995, dont je n’ai pas l’illustration et qui n’est pas facile à trouver, mais qui, àmha, vaut le détour)
- de Barbara, Ma plus belle histoire d’amour, c’est vous dans la version publique Au Théâtre des Variétés 1974 (double 33t Philips 6621021, dont j’utilise le CD ressorti chez Mercury en 2007 #530197-7, acheté en fichiers chez qobuz):
- de Gilmour, High Hopes, tiré de Division Bell (fichiers 24/96)
- de Gainsbourg, La Nostalgie Camarade dans Mauvaises Nouvelles des Étoiles (1981)
- le morceau Freedom, tiré du magnifique album Ilhan Ersahin’s Istanbul Sessions With Erik Truffaz (CD sorti chez Nublu Records en 2010 #NUB00023 et ressorti cette année en 33t):
- de Haydn, Largo des Sept Dernières Paroles du Christ en Croix, enregistré par le Quatuor Ysaÿe et Michel Serres (récitant) (plage 9 du CD sorti en 2006 chez Ysaÿe Records [YR07] et dont j’ai aussi quelque part une version en public):
- Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve par Jane Birkin, tiré de l’album Alone in Babylone (première sortie en 33t en 1983, Philips 814524-1 – et ressorti récemment chez Mercury en CD814 524-2):
- de Gainsbourg, Kiss Me Hardy tiré de Love on The Beat (1984)
- et last but not least, avec Al Di Meola, John McLaughlin et Paco de Lucia dans le fameux live Friday Night in San Francisco, Guardian Angel, morceau dû à John McLaughlin, qui est au centre de la scène, encadré, à droite par Al Di Meola et à gauche par Paco de Lucia (le 33t est sorti en 1981 et il existe un grand nombre de versions: par ex. chez Columbia, FC 37152, ou, en France, chez Philips, 6302137 – et en SACD : Columbia Legacy, CS65168):
Tu vas me dire, car je te connais, t’es toujours en train de râler, “m’enfin, pourquoi changer encore la liste des morceaux!”. Et d’abord, j’aurais pu te coller ma collection de versions de Gloria ou de Stabat Mater par Vivaldi et tous les autres, en ergotant sur chacune des interprétations – et là, tu aurais compris ta douleur. Et ensuite, à toi de repérer les morceaux qui ne sont là que pour prendre l’AMT en défaut – et ceux qui sont là au contraire pour permettre une certaine comparaison… Un indice: on ne peut quand même pas écouter que de l’orgue dans la vie!
L’AMT est l’un des pires casques du marché à amplifier, sauf pour ceux qui, contrairement à la tête de mulet que je suis, ont décidé de s’offrir l’Amp2 de chez Ergo, histoire de ne plus se poser de question, embarque des transducteurs Air Motion Transformer, conçus par Oskar Heil (autrement dit, pas grand-chose à voir avec le Jecklin Float précédemment évoqué, puisqu’il s’agit de mini panneaux ouverts). De mon côté, je me contente de le brancher, via son boîtier d’adaptation d’impédance, sur les amplis de mon système principal – même si mon Phœnix et mon LD donnent également des résultats corrects avec ce casque, ça n’est pas sans une matité générale sur le médium, qu’on entend toujours avec l’AMT quand l’ampli n’est pas adapté). Pour tout renseignement complémentaire, vu que ce casque est devenu le grand absent des discussions autour des casques ces dernières années (voilà ce que c’est de ne pas changer ses modèles tous les quatre matins!), il faut aller voir là:
http://tecsart.com/marques/ergo/produits/1
http://www.precide.ch/francais/fergo/fergo.htm
Commençons par la Messe en si de Bach (dont je signale au passage une nouvelle version, sortie chez Phi [LPH004] en 2011, avec le Collegium Vocale Gent). Le HE-1000 rend bien justice à cet enregistrement, pas forcément le plus facile à rendre en intelligibilité, en raison de la masse et de l’acoustique. Dans cette écoute, les chœurs viennent – comme déjà remarqué ailleurs – un peu trop en arrière et pas assez en largeur, ce qui n’empêche pas le “Gloria In Excellis Deo” de demeurer lisible de part en part, avec une assise enviable dans le grave donne une très belle ampleur, sans “mordre” sur le reste. L’AMT, de son côté, propose un surcroît de transparence dans le haut médium et l’aigu, et une aération supérieure. Les chœurs, de ce fait, me semblent un peu plus lisibles, en raison de ce que j’entends comme un peu plus d’énergie et de dynamique dans ce registre. Reste que cela pourrait aussi être dû au fait que l’ampleur, sans être absente évidemment, reste tout de même un peu inférieure à celle que procure le Hifiman.
Petite chanson de Gréco, écoutée avec l’AMT, qui rend immédiatement présentes toutes les nuances de cette célèbre voix. Car il faut bien reconnaître que ce casque est particulièrement à l’aise dans ce genre-là – ainsi, vers 0’35-37, le “chéri” à moitié prononcé qui s’entend ici sans aucune difficulté – et qu’est-ce que je crois entendre, vers 1’50-54? “déshabillez-moi, putain!”…… Pas difficile, je me retiendrais pas, je monterais sur scène et…… bon, du calme! Avec le HE-1000, le médium semble plus plein, comme si celui de l’AMT était légèrement en retrait – mais, paradoxalement, en même temps un peu moins présent ou plus “distant”. Certes, la voix paraît plus consistante, mais peut-être un peu plus dure dans le haut (sachant que cette particularité me semble être sur le disque, dans la mesure où je l’entends toujours plus ou moins). En revanche, la basse, qui contraste avec le piano et la voix, se détache mieux avec le Hifiman qu’avec l’Ergo. Il est assez difficile, en tout cas pour moi, de savoir ce que je préfère…
Quant au Requiem pour un con, j’aimerais bien qu’on joue ça le jour de mon enterrement (mais on connaît le manque d’humour des croque-morts). J’ai l’impression, à force de réécouter ce morceau et d’autres du même genre, que le HE-1000 arrondit un peu les angles, dans le bon sens du terme, sur cet enregistrement à la sonorité typique de cette époque (je veux dire un peu déséquilibrée dans le haut médium et dans l’aigu). D’ailleurs, oui, en repassant à l’AMT, la voix paraît à la fois plus présente, plus proche et un peu “dégraissée”, en même temps que plus insistante sur les dentales et les sifflantes. Sur ce point, il est possible que l’AMT soit plus proche de l’enregistrement que le HE-1000, toute la question étant de savoir si c’est préférable ou non… En tout cas, l’un des deux joue “plus clair” et plus “immédiat” et l’autre “plus dense” et plus “à distance” (et si mes images ne te conviennent pas, là, franchement, tu le fais exprès).
Bientôt quarante ans après, je ne me lasse toujours pas des Marquises – ni d’ailleurs de l’album. Avec l’AMT, on a droit à un très beau début, avec beaucoup de largeur d’image, une réverb’ très présente et toutes les inflexions de la voix de Brel ainsi qu’à ses reprises de respiration parfois difficiles. Car, oui, c’est toujours Brel, mais, comme on sait, très atteint par le mal qui devait l’emporter moins d’un an après… Reste que cette ultime chanson du dernier disque (ne comptons pas les chansons écartées) dit bien qu’il avait, enfin, trouvé le paradis d’aventure et les lointains qu’il avait toujours cherchés. Sur le HE-1000, j’ai à nouveau cette impression que les violons viennent d’un peu trop en arrière; la réverb’ me paraît aussi un peu en retrait, et la voix, plus lointaine. Je pense que le son du micro employé en studio (mais Brel n’avait quand même pas une panne de micro) est un peu “effacé” ou “enveloppé”. Ce qui procure une écoute qui “passe mieux” parce qu’on en entend moins les défauts, sans que ça tombe dans l’excès: toutes les qualités sont au contraire bien restituées. Et plus il y a nettement plus d’ampleur sur la région grave, ce qui, quand on connaît bien l’AMT, est tout sauf surprenant (c’est pas fait pour écouter Acumen Nation ou Throbbings Gristle: ça tombe bien, le vieux schnock que je suis préfère les subtilités de la musique baroque à celles de la musique industrielle).
Bon, aller, re-Stabat Mater – mais autre version, plus lente et plus en phase avec les derniers souffles de cet enfant dont la mère suit avec angoisse l’agonie. Le HE1000 rend très bien cette atmosphère de recueillement. Mais ici, je dois bien le reconnaître je préfère le rendu plus aéré dans le haut médium/aigu de l’AMT: c’est plus subtil, pas moins dynamique, mais moins systématiquement appuyé que sur le HE-1000 (avec lui les violons me paraissent légèrement trop insistants, à la limite de commencer à devenir “durs”). Certes, la respiration agonisante et lugubre de l’orgue a un peu plus d’ampleur qu’avec l’AMT, mais, après tout, celui-ci ne s’en tire pas trop mal sur ce point, malgré cette restriction.
Passons à la déclaration d’amour de Barbara à son public dans la version de 74 (l’album éponyme est sorti en 67) – chanson composée en 66 et, dit-on, pour répondre aux acclamations du public lors de la première de son premier spectacle à Bobino à l’automne 65. À la voix hyper présente, mais un peu “sourde” de mes versions 33t, coloration qui se retrouve sur les applaudissements (j’en ai quatre exemplaires, dont deux en état mint, un canadien et un français, mais j’entends toujours ce défaut), je préfère la version “fichier” de chez qobuz. On retrouve enfin un son agréable et plus qu’écoutable. Difficile de savoir ici qui fait “mieux” de l’AMT ou du HE-1000, car la différence se joue surtout sur la proximité ou la distance de la voix, dans sa plus grande consistance ou dans sa plus grande légèreté. Reste que l’essentiel, c’est quand même que le Hifiman tient largement en face d’un casque qui, sur de la voix reste mon préféré: ça tend à prouver, selon moi, qu’on a ici un ortho qui sait ne pas faire un “médium ortho”, dans le sens caricatural que cette expression peut avoir, mais quelque chose de réaliste et superbement riche dans les timbres.
Petite escapade, avec High Hopes sur AMT: écouté pour lui-même je continu à avoir cette même impression de transparence, et, en dehors de toute comparaison, il y a “assez” d’ampleur dans le grave pour que ça ne paraisse pas ridicule ou frustrant. Mais évidemment, même si l’impression de transparence et d’aération recule juste un peu avec le HD-1000, on est carrément ailleurs sur l’ampleur et l’impact dans le grave: très difficile après ça de revenir en arrière, car l’AMT révèle ici ses limites (lesquelles me semblent d’ailleurs non surmontables). – sur La Nostalgie Camarade, on peut se résumer : même motif, même punition, l’AMT révèle sa limitation propre – et évidemment Ilhan Ersahin’s et Erik Truffaz viennent l’achever! Car sur ce superbe disque, c’est même carrément décevant. Alors, certes, on dira que les enregistrements modernes forcent pas mal sur le grave: mais c’est simplement qu’on a désormais les moyens de le reproduire (sans quoi, on ne l’entendrait pas!). Le contraste est exactement le même entre Fuir le bonheur par Birkin et Kiss Me Hardy par Gainsbourg: si, dans le premier cas, ça passe avec beaucoup d’élégance (on est, disons, à jeu presque égal), dans le second, en revanche, l’AMT reste à la peine. Ce qui, d’ailleurs, ne m’étonne pas, car je sais sur quels disques j’utilise ce casque, et ça n’est pas par hasard que j’ai choisi tous ces morceaux (sans blague, tu croyais quand même pas que j’avais rien prévu?…).
En revanche, en revenant au Largo des Sept Dernières Paroles de Haydn, c’est-à-dire sur de la musique baroque (laquelle, avec le quatuor, me décide souvent à dégainer l’AMT), c’est autre chose. À première impression, en écoutant ça avec le HE-1000 au sortir des trois précédents morceaux, je me dis que décidément, ce casque n’est pas “orienté”, mais polyvalent et peut servir à tout – et excellemment. Ce que je te suggère de souligner en gras (avec du fluo et des néons clignotants, si tu as peur d’oublier): si je n’écoutais ça qu’avec ce casque, par comparaison avec la quasi-totalité de ce que je connais dans le marché actuel, mes goûts me diraient qu’il prend le dessus (avec une exception du genre égalité, la balle au centre) – et sans coup férir. Reste que, justement, l’AMT aime bien férir un coup. Sur Haydn, le surcroît de transparence et d’aération comptant beaucoup sur ce type de musique, et dans la mesure où la bande passante disponible n’est justement pas du tout un obstacle (si je me souviens bien, le violoncelle ne descend pas en dessous de 65Hz – raison pour laquelle si peu de groupes de Rock l’utilisent, alors que bon, imagine ZZ Top avec des violoncelles, ça aurait tout de suite une autre gueule), je trouve à l’AMT une magie – que je trouve non pas absente, mais seulement moindre.
En changeant un peu de registre, sur le morceau de McLaughlin tiré du concert Friday Night In San Francisco, c’est la même impression de plus grande dynamique avec l’AMT et d’aération supérieure, qui rend beaucoup mieux l’atmosphère live pour mon goût. Normal, me diras-tu, car on n’a jamais vu une guitare demander un grave à fendre les pierres, ni même un grave devant être plus que correct: ça n’est quand même pas l’instrument le plus difficile à reproduire (et je dis ça en adorant cet instrument que je pratique depuis des dizaines d’années). J’y ajoute un plus côté image, mieux étagée sur l’Ergo, alors que la latéralisation, sur le Hifiman, continue à donner l’impression de se “replier” un peu vers l’arrière sur chaque côté. Certes, ça n’est pas grand-chose, mais ça s’entend – à condition de chercher à l’entendre (c’est-à-dire d’avoir déjà utilisé ce morceau pour des comparaisons directes et attentives).
Je t’entends déjà pousser des cris à mi-chemin de ceux de l’orfraie et du blatèrement du chameau: “c’est comme d’habitude avec le dub, jamais moyen d’avoir un avis tranché et un vainqueur net!”. C’est quand même pas ma faute si tu es persuadé que tout est toujours de l’ordre d’un match de boxe ou d’une partie de pétanque… Mon seul propos était de pousser la comparaison sur la partie que je pense être la plus sensible à l’audition, à savoir le médium et le haut médium, en mettant en face l’un des 2 ou 3 casques que je trouve les plus splendides dans ce registre. Et force est de reconnaître que le HE-1000, avec quelques restrictions mineures, tient largement le choc. Si on ajoute l’extension dans le grave et l’infra grave, la netteté et l’impact dans ce registre, et ce, sans même tenir compte de l’emmerderie que c’est d’amplifier l’Ergo, on aura une idée de mon opinion sur cette question. Tu me diras que je garde mon AMT – ben oui, mais c’est pour seulement aller avec certains disques (et on n’est quand même pas nombreux, je pense, à pratiquer ce genre de choix)…
Cdlt
Longtemps je me suis casqué de bonne heure…
Eh, eh Dub, que de finesse d'approche...
Tu n'es pas loin du master class "casqué? Vous avez dit : 'casqué'. "
Avec ces comparatifs, j'ai les noisettes pour tout l'hiver..AMT, Jecklin Float et autres comparatifs...
Grand merci Dub...
Et comme disait l'autre, aussi merci pour les références qui nous offrent des pépites...
Cordialement
Tu n'es pas loin du master class "casqué? Vous avez dit : 'casqué'. "
Avec ces comparatifs, j'ai les noisettes pour tout l'hiver..AMT, Jecklin Float et autres comparatifs...
Grand merci Dub...
Et comme disait l'autre, aussi merci pour les références qui nous offrent des pépites...
Cordialement
oui, de quoi redécouvrir sa discothèque en baroque et en quatuors — et d'ailleurs, je ne l'ai pas dit, mais ça va de soi: mais j'ai refait défiler pas mal de Savall, etc etcChemichti a écrit :Eh, eh Dub, que de finesse d'approche...
Tu n'es pas loin du master class "casqué? Vous avez dit : 'casqué'. "
Avec ces comparatifs, j'ai les noisettes pour tout l'hiver..AMT, Jecklin Float et autres comparatifs...
Grand merci Dub...
Et comme disait l'autre, aussi merci pour les références qui nous offrent des pépites...
Cordialement
Longtemps je me suis casqué de bonne heure…