Je remercie Dunu de m’avoir prêté deux de ses modèles et davidmolliere d’avoir organisé leur prêt tournant sur TN.
Je remercie Soundsquare de m’avoir longuement confié sa paire de FiiO FH7 : je sais combien cela lui a coûté…
Les ISN Audio H40 m’appartiennent (et je les ai payés de ma poche).
Je ne suis lié en rien à aucune des marques que je cite dans ce comparatif.
Tout ce qui suit est l’expression de ma subjectivité et ne saurait être tenu pour une vérité universelle.
A l’exception de la réponse fréquentielle des FiiO FH7 mesurée par crinacle, je n’ai consulté aucun retour, ni test ni graphe concernant ces intras avant de procéder à ce comparatif et de le rédiger.
Technologie, impédance, sensibilité et prix fdpin (en dollars, sur Penon Audio) des quatre paires d’intras classées par tarifs, de la plus chère à la moins chère :
— Dunu DK-4001 : 1 DD au béryllium + 4 BA Knowles, 32 Ω, 112 dB, $899.
— FiiO FH7 : 1 DD au béryllium + 4 BA Knowles, 16 Ω, 111 dB, $470.
— Dunu DK-3001 Pro : 1 DD au béryllium + 3 BA Knowles, 20 Ω, 112 dB, $469.
— ISN Audio H40 (deuxième version) : 1 DD à je ne sais quoi + 3 BA de je ne sais quelle marque, 22 Ω, 105 dB, $195.
Les écoutes de ce comparatif ont été réalisées pendant une huitaine de soirées sur deux sources : 1) un dongle DAC-ampli E1DA #9038S V2 branché en USB à un xDuoo X20 rockboxé et 2) la sortie symétrique (muni d’un adaptateur XLR4 vers jack 2,5 mm TRRS) d’un Massdrop x THX AAA 789 relié à un PC via un Pioneer U-05-S fonctionnant sous protocole WASAPI.
Faute de temps, ma play-list pour ce test s’est résumée à trois morceaux, tous en format WAV : « The Package » d’A Perfect Circle (metal prog), « In The Morning » de Swell (folk) et « La Donna È Mobile » d’Ozark Henry (pop).
Les compensations d’intensité sonore d’une paire d’intras à l’autre (level matching) se sont faites à l’oreille.
Les Dunu DK-4001 ainsi que les DK-3001 Pro étaient munis de leur câble et de leurs embouts d’origine, les FiiO FH7 (avec leur filtre noir) d’un câble FiiO LCD2.5D et d’embouts Final Audio Type E, les ISN Audio H40 d’un câble Alo Audio Pure Silver Litz et d’embouts JVC Spiral Dot. Ce sont, dans chaque cas, les configurations qui m’ont paru les plus plaisantes (ou les moins désagréables) à l’oreille.
Aucune de ces paires d’intras ne m’a posé le moindre problème de fit ni de seal. Il est à noter à ce propos que les Dunu sont assez petits et se logent confortablement et durablement dans la conque de l’oreille (des miennes du moins) alors que les FiiO FH7 et les ISN Audio H40 sont plus volumineux et présentent l’embonpoint traditionnel des hybrides.
Je vous avais préparé un beau tableau comparant les quatre paires d’intras en fonction de cinq critères : le rendu des graves, celui des médiums, celui des aigus, la qualité du soundstage, le couple dynamique+résolution et le respect des timbres. Mais l’aspect visuel de ce tableau était comme les résultats qu’il contient : ennuyeux à force d’être répétitif. Pour le dire clairement, le même classement s’y retrouve d’un critère à l’autre, les ISN Audio H40 venant systématiquement en premier (et se voyant en conséquence attribuer 4 points par critère), les FiiO FH7 en second (3 points), les Dunu DK-3001 Pro en troisième (2 points) et les Dunu DH-4001 en dernier (1 point).
Mais bon, comme cela me chagrinerait quand même un peu de m’être fatigué pour rien, je vous livre ce tableau sous le spoiler — avec quelques remarques d’ordre pécuniaire qui, je l’espère, sauront plus vous distraire.
Les Dunu DK-4001 ont une sonorité générale lointaine, maigre, très sèche et terne qui manque singulièrement de chaleur, de présence et de vie. Ils ont le type de signature qu’il m’arrive (assez méchamment, je le confesse) d’appeler une signature « Aspartam » : plate et légèrement montante, elle est trop claire pour être fidèle et respecte mal les intentions des prods. Même si l’on peut s’accoutumer à son manque de basses et apprécier par ailleurs la très grande cohérence entre registres qu’elle permet, elle ne laisse pas de paraître distante et trop (dé)colorée à la fois.
Les basses de ces intras manquent de corps et de présence. Elles ont quelque chose de plat et de terne, notamment au niveau des infra-basses. Quant aux mid-basses, entre 80 et 150 Hz environ, elles m’ont paru très sèches mais par ailleurs précises et plutôt bien texturées. Curieusement, la liaison des graves avec les bas-médiums, aux alentours de 250 Hz, ne m’a pas donné l’impression d’être trop maigre ni encore moins lacunaire, même si en panne de chaleur. En tout cas, les basses, dans ces conditions, n’empiètent en rien sur le registre supérieur et ne le colorent pas — pour le meilleur comme pour le pire : les amateurs de graves « tendus » et « maîtrisés » apprécieront, je suppose, les fans de hip-hop et d’electro (dont je suis) beaucoup moins…
Les médiums sont rendus par les DK-4001 avec une certaine fidélité, du moins dans leur partie médiane, entre 600 et 1200 Hz environ, car leur partie basse, comme je viens de le laisser entendre, est assez molle et froide, en manque de « coffre », tandis que le haut-médium m’a semblé pour sa part plutôt serré et fluet, notamment dans le rendu des voix… mais là encore d’aucuns pourront y voir une preuve de contrôle de ce sous-registre. Ce qui n’est pas faux : les DK-4001 ne génèrent à mon oreille aucun chuintement — même si, comme je l’explique plus bas, ils ne respectent pas toujours les timbres des voix.
Les aigus des DK-4001 ont, pour ainsi dire, les défauts de leur qualité. Ils sont un peu durs, assez stridents, même dans le rendu des voix les mieux enregistrées, et présentent pas mal de sibilances mais en même temps ces intras savent restituer le « frétillement » des cymbales, leur métalléité particulière, avec beaucoup de justesse. En tout cas, les mid-aigus sur ces intras sont plus audibles que sur les FiiO FH7 et les ISN Audio H40. Les DK-4001, à mon avis, sont clairement faits pour les treble addicts, mais de façon malheureusement caricaturale : au moindre frôlement du seuil de distorsion dans le haut registre, ils tombent dans la surmodulation génératrice de duretés et, surtout, de salissures, ce qui, à mon sens, est techniquement peu acceptable.
Le soundstage des DK-4001 est encore moins réussi que leur réponse fréquentielle et nettement plus dommageable pour leur rendu. Non seulement il est assez étroit et peu profond mais en outre très éloigné de l’auditeur. Cela se remarque en particulier dans le traitement spatial des mid-médiums : les arrangements de cordes du morceau de Swell, par exemple, quoique plus clairs que sur les H40, semblent plus distants aussi, comme si les violonistes et violoncellistes jouaient tassés sur le devant d’une scène pour un auditeur situé au dernier rang de la salle… et ce n’est pas vraiment un effet de la prod puisque ces mêmes arrangements de cordes donnent une impression spatiale moins distante et moins comprimée à la fois sur les autres intras de ce comparatif.
Les DK-4001 se rattrapent un peu par leur dynamique et leur résolution… mais pas trop. Si en effet ils présentent en général beaucoup de délié dans le déroulé des transitoires, avec un sens certain de l’articulation et une forme de précision sans raideur dans le rendu des attaques qui est assez appréciable, d’un autre côté, sur des genres peu énervés, cette délicatesse peut tourner à l’anémie, voire à la mollesse. Ce sont des intras détaillés mais pas vraiment entraînants et je les trouve globalement assez lents et, pour ainsi dire, en panne de swing.
La restitution des timbres par les DK-4001 est clairement déficiente dans les basses que ces intras édulcorent et assèchent à l’excès. Dans les aigus, ainsi que je l’ai dit, se posent des problèmes de distorsions assez évidents. Au niveau des médiums, la performance est plus contrastée. D’un côté, comme j’en parlais plus haut, les mid-médiums sont plutôt bien rendus, en particulier les violons : il est beaucoup plus facile sur ces intras de « suivre » les arrangements de cordes. C’est à partir des hauts-médiums que la fidélité timbrale des DK-4001 se détériore de nouveau. Les guitares folk, par exemple, sonnent de manière beaucoup plus maigre, aigre et acide que sur les H40, tandis que la caisse claire du morceau d’Ozark Henry me paraît manquer de substance et de présence. Mais c’est avec la voix du chanteur belge que les choses se gâtent vraiment, en ce que les Dunu exagèrent outre-mesure sa raucité ; du coup, elle en devient âpre et râpeuse, un peu trop « serrée » aussi, comme si Ozark Henry avait une angine doublée d’une trachéite !
La sonorité générale des FH7 présente une sorte de clarté douce, de lumière tranquille qui, quoique dénuée de toute agressivité, n’est pas terne pour autant. C’est une luminosité tenue, avec un vrai respect des basses. Elle n’est cependant pas exempte de sècheresse et ne convient pas à tous les genres. Le rendu général de ces intras reste un peu froid, surtout par comparaison avec celui des ISN H40; cela s’entend notamment dans la restitution de morceaux dont la prod est chaleureuse ou se veut telle, comme la chanson d’Ozark Henry. On a affaire là à une signature plutôt analytique à laquelle il manque un peu de chaleur et, in fine, d’émotion.
Les graves des FH7 sont présents comme il faut, avec de belles réserves de graisse et proposent notamment un très joli « rumble » dans la restitution du couple grosse caisse + basse. Je ne suis pas sûr que leur rendu ait vraiment plus de basses que celui des Dunu DK-4001 mais leur présentation de ce registre me semble nettement plus réaliste : il s’agit plus, en l’occurrence, d’une supériorité qualitative que quantitative. Les FH7 ne sont pas dénués de sècheresse par ailleurs — mais pas dans le grave.
Les médiums de ces intras sont bien en avant et beaucoup plus présents que ceux des deux Dunu. Leurs attaques sont toutefois un peu effacées, plus en tout cas que celles des médiums des DK-3001 Pro, ce qui donne parfois l’impression que ce registre est moins détaillé par les FiiO que par les Dunu. Les bas-médiums des FH7 sont cependant réalistes, avec du coffre et de la chaleur, et leurs résonances propres respectées : voix masculine et caisse claire du morceau d’A Perfect circle, par exemple, sont bien pleines et amples sur ces intras. Il en va de même pour les mid-médiums, aussi riches dans leur présentation que les bas-médiums, voire un peu plus… et cela peut-être jusqu’à l’excès car leur sonorité verse par moment dans le tubulaire. Par ailleurs les FiiO paraissent ajouter une sorte de glare ou de chatoiement aux hauts-médiums qui affadit un peu les voix et donne l’impression qu’elles sont comme déphasées — mais c’est un effet plutôt léger, fugace et intermittent
Les aigus des FH7 sont bien maîtrisés tout en étant détaillés. Ces intras reproduisent les cymbales avec finesse et justesse, et cela sans la moindre sibilance. Ils ne présentent par ailleurs que des chuintements occasionnels et leur restitution des mid-aigus (vers 5-7 kHz), très beau, est exempt de toute dureté. Leur rendu de ce registre est néanmoins un peu raidi par une pointe de stridence (qui fait un peu trop siffler les « s ») mais cela reste très tolérable et ne nuit guère à l’impression générale d’exactitude douce que donne leur traitement des aigus.
Leur soundstage est nettement plus immersif que celui des Dunu, avec un bel étagement en profondeur : on est plongé dans l’espace de la prod. La stéréo des effets est bien restituée et la distribution latérale des sources précise : le panoramique des FH7 est bien résolvant.
Côté dynamique et résolution, les FH7 montrent de superbes réserves macro-dynamiques, en particulier dans le haut-médium : les passages plus intenses sont retranscrits tels quels, avec le surcroît de présence requis (et mieux que les Dunu DK-4001 qui sont un peu un trop « polis » dans le traitement des attaques), même si leurs impacts sont parfois un peu trop écourtés, dans le grave notamment. L’un dans l’autre, les FiiO proposent l’un des meilleurs équilibres de ce comparatif entre résolution et musicalité. Comme les DK-4001, cependant, leur dynamique fine peut paraître un peu trop réservée et délicate et donner le sentiment de gêner l’expression du swing. Par ailleurs les FH7 présentent de temps en temps un tableau dynamique un peu confus où tout semble sonner avec la même intensité, ce qui fait que des détails fins se perdent à l’occasion dans l’ensemble des autres sources des morceaux les plus chargés en interventions sonores. J’ai cru enfin percevoir une légère forme de compression ou de tassement de la dynamique dans le bas-médium.
Comme on peut s’y attendre, cet ensemble de qualités de la réponse fréquentielle, du soundstage et de la dynamique produit des timbres plutôt justes. Les guitares, par exemple, sont bien présentes dans le rendu des FH7, sans acidité, avec du détail dans la restitution des cordes grattées, de la finesse et de la résolution. Les voix imposent leur texture propre sur ces intras, avec du délié mais aussi toute la « transparence » voulue par la prod. (Je pense en particulier au mix très fluide et rentre-dedans à la fois du morceau d’Ozark Henry dont les FH7 donnent bien à percevoir les intentions : de l’indie mixé comme du mainstream.) Enfin, les FiiO délivrent probablement les plus beaux arrangements de cordes de ce comparatif : pas trop distants, articulés et à leur place voulue par la prod, tant dans le spectre fréquentiel que dans la spatialisation.
La sonorité générale des DK-3001 Pro est plus en V que celle des DK-4001 et montre encore trop d’acidité à mon goût. C’est une signature néanmoins assez sage mais pas trop fade. Elle est aussi affectée d’une coloration montante qui déforme le signal (cela s’entend en particulier dans les aigus, qui ont pas mal de duretés) mais elle n’est pas trop analytique comme celle des 4001. La restitution de ces intras est très « technique », très « Pro », justement : on sent le bon élève qui veut bien faire, ce qui est respectable... mais peu inspirant.
Les graves des DK-3001 Pro sont beaucoup plus charnus et plus réalistes que ceux des DK-4001, plus présents et plus étendus aussi. Ils auraient même tendance à exhiber une sorte de gonflement un peu artificiel vers 200-250 Hz, lequel s’entend en particulier dans le morceau de Swell. Néanmoins, de manière générale, les mid-graves sont bien articulés et savent rester à la place qui leur est dévolue dans le mix. En résumé, le bas registre des DK-3001 Pro est tenu mais pas asséché ni amaigri comme sur les DK-4001.
Les médiums de ces intras et notamment leur restitution des voix sont encore un peu trop en retrait à mon goût et les hauts-médiums gardent l’« aigreur Dunu ». Ce registre est moins plein que celui des FH7.
De même les aigus sont-ils encore un peu trop durs et stridents, même si les DK-3001 Pro restituent les cymbales avec autant de détail, de réalisme et de précision que leurs grands frères.
Leur soundstage, fort heureusement, est plus proche de l’auditeur que celui des DK-4001 et sait se montrer large et profond quand il le faut — sans pour autant être d’une précision clinique, notamment dans la dimension latérale : la séparation de ces intras manque de précision, rendant la localisation des sources parfois difficile sur le soundstage et leur contour relativement flou. Cette inexactitude du détourage en est même arrivée à me donner l’impression que les deux écouteurs n’étaient pas tout à fait en phase ! Toutefois la scène de ces intras est bien enveloppante et pas du tout distante comme sur les DK-4001, ce qui pour moi représente déjà un gros progrès.
La fidélité dynamique des DK-3001 Pro est peut-être l’une des plus techniques de ce comparatif et produit un résultat assez flatteur en termes de résolution générale. Les attaques des aigus sur ces intras sont moins anémiques que sur les DK-4001, du coup les interventions dans ce registre paraissent être mieux définies et s’imposer avec plus d’autorité car leur impact est plus incisif. De façon similaire, les attaques dans les médiums m’ont semblé plus lourds et plus pleins que sur les DK-4001, en particulier les frappes de caisse claire. Comparativement aux FH7, les DK-3001 Pro proposent également des impacts plus secs qui, pour autant, ne se laissent jamais aller à la surmodulation : si, en un sens, ces intras n’ont pas l’« élégance » des FH7, ils présentent un rendu globalement plus précis et plus contrôlé.
Les timbres des hauts-médiums produits par les DK-3001 Pro sont un peu aigres et manquent du moelleux nécessaire pour le folk « velouté » de Swell, par exemple. Les mid-médiums, en revanche, ont de la présence, du corps et de l’ampleur. De manière générale, les DK-3001 Pro m’ont paru mieux respecter les résonances naturelles des instruments que les DK-4001 ; je pense notamment aux voix dont ces intras offrent une restitution que j’ai trouvée presque aussi authentique (mais peut-être moins émouvante) que celle des ISN Audio H40.
La sonorité générale des H40 est moins claire que celle des trois autres paires d’intras : c’est une signature chaleureuse, pesante, solidement ancrée dans ses bases, « terrienne ». Elle peut donner, aux premières écoutes, une impression de confusion, notamment par rapport au rendu proposé par les FiiO FH7 mais, peu à peu, par comparaison (des tableaux dynamiques notamment), la plus grande clarté apparente (et plus immédiatement perceptible) des FH7 semble un peu artificielle. Les H40 se révèlent à la longue tout aussi techniques, sinon plus, et présentent notamment une très grande cohérence entre les registres: c’est chaud et plutôt rond partout mais avec de l’air et de la précision, de la tenue et de la densité.
La qualité des graves des H40 ne se perçoit pas tout de suite. Au début de ce comparatif et par rapport aux performances des trois autres paires d’intras dans le rendu de ce registre, les basses des ISN Audio m’ont paru boursouflées, envahissantes.
En un sens, je leur trouvais trop d’autorité (et c’est toujours un peu le cas à chaque fois que je les écoute !) D’un autre côté, cependant, leur résolution m’a tout aussi immédiatement sauté aux oreilles : les graves des H40 sont certes très présents mais également très détaillés, au moins autant que ceux des Dunu DK-4001. Surtout, leurs résonances sont très tenues ; en d’autres termes, les H40 n’en rajoutent pas dans le sustain… mais ils ne l’écourtent pas non plus !
En fait, les basses de ces intras ne m’ont paru exagérées que sur le morceau d’A Perfect Circle alors que, tout bien réfléchi, sur ce track, elles étaient tout simplement exactes, authentiques, « The Package » étant justement réputé pour être une des chansons les plus basseuses de l’histoire du rock, ses graves ayant été volontairement hypertrophiés à la prod par Billy Howerdel et Maynard James Keenan, sans doute pour bien faire sentir à l’auditeur le poids de l’addiction qui pèse sur les épaules du narrateur. C’est, en partie, ce qui rend ce morceau si difficile à restituer, or c’est peut-être la première fois que j’entends des intras capables de respecter toute la puissance et aussi la finesse de ce registre dans ce track dont la prod flirte sciemment avec les surmodulations et utilise même le clipping pour engraisser le son, à la manière des artistes techno. A ce titre, les H40 sont les seuls intras que je connaisse à ce jour capables de me délivrer un rendu des basses digne des meilleurs casques ouverts…
Il va sans dire que, forts de cette qualité, les H40 savent remarquablement faire fonctionner le duo rythmique moteur du rock — batterie + basse — en ménageant suffisamment d’« air » dans leur restitution pour l’un comme pour l’autre et en respectant la place propre que chacun d’eux occupe dans le registre des graves.
Les médiums des H40 sont également très en avant et précis tout à la fois : ces intras n’ont clairement pas une signature en V… ni même en W, car ce registre est aussi très chaleureux sur ces intras, preuve que ses bas-médiums ne sont pas en reste sur ses mid-médiums. Il m’a semblé toutefois percevoir un léger creux dans les hauts-médiums/aigus, vers 2-3 kHz. En tout cas, c’est par la présence éventuelle de ce creux que je m’explique personnellement le côté parfois un peu mat de la restitution des voix et surtout des guitares par les H40… à moins que cette impression de voile ne soit due à un effet de masquage des hauts-médiums par les bas-médiums, ce qui arrive souvent avec ces deux instruments. La conséquence en est toutefois que, sur certains tracks, comme celui de Swell par exemple, les mid-médiums peuvent donner l’impression d’être en retrait.
Il n’est pas impossible qu’aux oreilles de certains auditeurs, les médiums des H40 semblent tout simplement fuckés. Je les préfère néanmoins, avec leur « poids » particulier, à ceux des trois autres paires d’intras de ce comparatif qui ont tendance à « alléger » un peu trop ce registre à mon goût.
Les médiums des H40 ne sont pas parfaits mais je les trouve plus authentiques que d’autres.
Les aigus des H40 présentent pour leur part une exactitude tonale que j’estime tout simplement parfaite, sans aucune sibilance — en dehors de celles véhiculées par le signal, naturellement. Cela se remarque en particulier dans le rendu des voix par ces intras : elles sont sont toujours bien articulées, sans chuintements, ni sifflements, ni stridences, ni duretés.
La scène des H40 est profonde et haute et son panoramique présente une excellente distribution latérale. La très grande précision de leur soundstage (bien supérieur en ce sens à celui des trois autres paires d’intras) permet de mieux percevoir le léger effet caverneux du traitement des reverbs dans le morceau de Swell ; c’est d’ailleurs la première fois que je me rends compte aussi clairement de cette sensation de « creux » que donne la sonorité générale de ce morceau. Par comparaison, la scène sonore des FH7, pourtant excellente aussi, montre ses limites et semble écraser la profondeur.
Les H40 proposent un couple dynamique + résolution tout à fait particulier mais de très haute tenue qui, toutefois, comme le registre grave de ces intras, ne se laisse pas immédiatement appréhender ni encore moins apprécier. Ce qui frappe au premier abord, c’est la douceur (mais sans mollesse) de leurs attaques, l’absence de sécheresse de leur traitement, et cette douceur — ou ce raffinement, comme on voudra — peut, d’emblée, donner une impression de manque de résolution. Or les H40 savent par ailleurs délivrer des impacts aussi francs que lourds quand il le faut : ce sont des intras qui n’hésitent pas « cogner », notamment au niveau des médiums, alors que les DK-4001, quoique secs, manquent trop souvent de force à mes oreilles et que les DK-3001 Pro sont trop « polis ». Les H40 ont même tendance à en rajouter un peu trop dans l’intensité pendant les passages les plus « énervés », à la différence des FH7 qui gardent toujours le contrôle et n’exagèrent rien... ce qui n’ empêche pas les ISN d’offrir un tableau dynamique plus fin et plus contrasté que celui des FiiO, avec non seulement beaucoup plus de délié dans le déroulé des transitoires et beaucoup plus de réactivité dans le rendu des attaque mais aussi un plus grand respect des différences entre les intensités propres à chaque source dans les morceaux les plus chargés.
Cette compétence tant macro-dynamique que micro-dynamique leur permet de rendre tous les effets de prod — et en particulier les échos ainsi que les jeux avec la surmodulation (dans le morceau d’Ozark Henry par exemple)— avec beaucoup d’acuité, à tel point d’ailleurs que je songe sérieusement à utiliser ces intras pour la MAO, comme moniteurs de contrôle !
Comme on aura pu s’en douter à la lecture de ce qui précède, les timbres des H40 sont d’une justesse immédiatement perceptible, qui s’impose, d’une qualité digne du HDG, voire du THDG. Leur restitution de la caisse claire, notamment, est la plus juste des quatre paires d’intras du comparatif, avec de l’ampleur et du tactile qui fait sentir la « peau » de l’instrument. J’entends beaucoup mieux la caisse claire du morceau de Swell que sur les FH7 et je perçois mieux son tuning assez grave. Autre « instrument » traité avec une délicatesse remarquable par les H40 : la voix. Celle d’Ozark Henry est ainsi restituée avec toute sa raucité mais sans dérapage dans le râpeux ni coffre excessif (preuve par ailleurs que les H40, malgré l’impression de chaleur qu’ils dispensent, ne colorent pas le signal au niveau des bas-médiums.) Ce meilleur respect des timbres est aussi ce qui, avec la plus grande fidélité aux résonances propres de chaque source, permet de mieux percevoir avec les H40 les intentions des prods et de jauger plus facilement leur réalisation.