Si un terme ou une expression vous semble obscur le Lexique de test de Tellement Nomade est là!
Salut à toi l’ami(e),Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… Impédances, coloris, câblage, sérigraphie, etcetera. Diantre ! Le panel d’options que faisait miroiter la Manufaktur selon Beyerdynamic était diablement tentant pour l’heureux auditeur d’un DT 880 que j’étais devenu. Allez quoi ! Noël approche, pourquoi ne pas se faire un caprice en achetant une version customisée ? Pas très raisonnable, hein ? Mais la Passion a ses raisons que la Raison ignore, nan ?
Vu sous cet angle ce caprice, appelons-le par son nom, n’était pas de nature à générer la lutte fratricide qui s’ensuivra. Mais soyons honnêtes, ma démarche n’était pas totalement mue par le fait de m’offrir la compagnie d’un DT 880 customisé tel que le constructeur allemand le proposait sur son site web. L’aurais-je d’ailleurs concrétisée sans ce qui me titillait ? Allez savoir ! J’étais certes désormais convaincu que ce Casque et moi étions fait pour tracer un bout de chemin ensemble, le problème était que je savais qu’il y avait DT 880 et… DT 880 ! Voilà ce qui me trottait dans la tête, voilà en partie pourquoi j’avais le regard braqué vers l’Allemagne, et plus précisément vers la Manufaktur de Beyerdynamic.
Si la plupart des choix étaient simples, il n’en était donc pas du tout de même quant à celui relatif à l’impédance. J’avais, certes, écarté d’emblée la version 32 Ω davantage destinée à une source de type nomade ou informatique. Mais le nœud du problème résidait dans les versions Hi-Fi (250 Ω) et audiophile (600 Ω) qui restaient en lice.
Dans la mesure où je possédais déjà une version Hi-Fi et que la majorité des avis émis étaient enclins à donner la primauté à la version audiophile, je me décidais après moult hésitations pour cette dernière. La confrontation devenait, dès lors, inévitable.
Car je suis ainsi fait : J’aime ces drôles de boîtes à musique, mais je sais aussi que je n’aime pas les accumuler. Et puisque je ne suis pas un auditeur d’un grand éclectisme, je me satisfais généralement de la compagnie de deux modèles : Affaire de complémentarité et rien d’autre. Ce qui, d'un point de vue financier, fait également la paire.
De facto, l’un des deux DT 880 serait de trop, autrement dit seul l’un des deux sauverait sa « tête » au final puisque l’AKG K340 avait encore toute sa place au sein de mon Headphone Café. Je partais donc hardiment du principe que le vainqueur serait la version audiophile (600 Ω) ne serait-ce qu’en regard de l’investissement à consentir. Il était une fois une gageure qui se prenait imprudemment pour une certitude…
Sitôt reçu, sitôt déballu, sitôt écoutu : Hum… Le premier contact avec la version 600 Ω ne m’emballe pas plus que ça. C’est évidemment similaire en termes d’ouverture, d’aération et de relief. La vocation audiophile de cette version transparaît au travers d’une homogénéité plus grande encore que celle de son cadet. Serait-elle cette fois un tantinet trop linéaire, trop droite pour moi ?
Cette version s’avère un peu moins spontanée comme je m’y attendais, accoutumé comme je le suis aux Casques de forte impédance à l’instar de celle dont est affublée le K340. Concrètement, je dois positionner le potentiomètre de mon ampli Casque RudiStor à 11 heures avec le nouveau venu, au lieu des 09 heures habituelles.
Et donc ? Et bien, au sortir de la première confrontation, je resterais davantage séduis par la signature inhérente à la version Hi-Fi…
…Sur le plan strictement sonore, s’entend. Car entre le sitôt déballu et le sitôt écoutu, il y a le sitôt vu. Et là, le look affiché par la version Manufaktur laisse tout bonnement sur place celui de la version standard. Le glamour du premier éclipse insolemment la sobriété du second… Place au raffinement, où se mêlent coloris or et argent à celui du noir laqué.
La différence est certes moins flagrante pour ce qui a trait au confort, mais elle est tout de même bien réelle. Les oreillettes de velours noires et le bandeau d’arceau de cuir noir sont plus moelleux, plus cossus. L’ergonomie n’a pas été oubliée dans mes choix, un cordon asymétrique spiralé ayant remplacé le cordon droit de la version standard. Point de boîte en carton avec cette version, mais qui s’en plaindrait ? L’étui semble également fait d’un cuir plus souple. Ce qui n’a pas changé ? L’adaptateur Jack !
Mais revenons à l’essentiel… Même si j’ai tendance à penser que l’accoutumance auditive intervient au moins autant qu’un rodage des composants, je décide de faire subir au nouvel arrivant la période de rodage préconisée par certains de ces détenteurs avant de le soumettre à nouveau à la question. C’est-à-dire pas moins de 250 heures ! Vraiment histoire de ne rien laisser au hasard, je le dis en toute franchise.
Ce qui m’a laissé tout le loisir de faire grise mine et de ressasser in petto, Et m...e ! J’ai l’impression que j’ai fait une belle connerie !
Parbleu, c’est qu’avec un exemplaire estampillé Manufaktur, on est bien au-dessus du prix de vente de la version « standard » et lui trouver un nouveau bar n’est pas vraiment chose facile dans nos contrées, les aficionados n’y étant pas légion. On en rencontre davantage si l’on est prêt à franchir les frontières, mais plus c’est loin, plus c’est cher à expédier.
Fin de ces considérations jouissives pour un nouveau face à face. La différence est toujours là, mais moins pénalisante, semble-t-il. Effet placebo ou autre, je m’en fiche un peu à vrai dire, la question n’est pas là, il faut trancher. Il ne peut en rester qu’un ! Et pour en arriver à ce chiffre, il ne me faudra pas moins d’une bonne demi-douzaine de confrontations durant les jours suivants pour arrêter mon choix.
Si la version 250 Ω a eu pour la seconde fois ma préférence, je suis néanmoins moins catégorique. Le doute s’installe en catimini. Certes, j’apprécie toujours le chouïa de grain supplémentaire qu’il apporte aux labiales, mais, je dois bien reconnaître qu’il peut se montrer parfois un peu trop insistant lorsqu’il se voit confronté à son homologue en 600 Ω. Déprécié sur cet aspect dans les premiers temps, ce dernier va contre toute attente marquer des points au fur et à mesure des sessions.
Effectivement, cette version-là fait preuve de plus de justesse dans son interprétation, sans qu’il soit question de tempérance, donc en plein accord avec sa vocation audiophile. L’équilibre est, toutes proportions gardées, moins montant et le nouveau venu fait, par ailleurs, preuve d’un peu plus de présence dans le bas du spectre.
Le seul point sur lequel je suis resté mitigé se situe dans leur degré de transparence respectif. Est-ce dû strictement au fait que la version Hi-Fi exhalait une signature plus affûtée dans le haut du spectre, me donnant l’illusion d’une transparence accrue ? En effet, je suis tout de même resté avec le sentiment que la version audiophile du DT 880 offrait un degré de transparence subtilement en deçà.
Le gong vient de retentir… Vainqueur aux points et seulement aux points : La version 600 Ω ! Car honnêtement, la version 250 Ω s’en sort avec tous les honneurs. Au point que je me suis plu à imaginer que dans une configuration différente, associé à un ampli ayant une subtile tendance à la rondeur, à tubes par exemple ? L’issue de ce que j’ai nommée ironiquement, une histoire d’Ohms, aurait peut-être été différente.
Headphone Road
Novembre 2008