Magnifique photo en couv', en tout cas.
Je ne sais pas si Céline était un enfoiré, mais c'était un être complexe.
Il a été un des rares intellectuels français à dénoncer clairement le colonialisme et ses ravages (dans
Voyage au bout de la nuit, notamment) et pas un de ses romans d'avant-guerre (ses trois premiers chefs-d'oeuvre) ne contient, à ma connaissance, la moindre allusion raciste.
Il semblerait que son virage à droite se soit effectué, chez lui comme chez tant d'autres de ses contemporains, en réaction viscérale au totalitarisme soviétique. Je cite la Wiki:
La violente critique du militarisme, du colonialisme et du capitalisme qui s'exprime dans ses livres, fait apparaître Céline, dans ses débuts, comme un écrivain proche des idées de la gauche. En 1936, il est invité en URSS, notamment sous l'influence d'Elsa Triolet, à valider ses droits d'auteur pour Voyage au bout de la nuit (en Union soviétique les droits d'auteurs étaient bloqués sur un compte en banque qu'on ne pouvait utiliser que dans le pays même). Il écrit à son retour son premier pamphlet, Mea culpa, charge impitoyable contre une Russie soviétique bureaucratique et barbare, la même année que Retour de l'URSS d'André Gide.
Son livre qui m'a le plus marqué est
Mort à crédit (ce génie des titres, aussi...). Ses rapports avec son père, notamment, y sont décrits avec une justesse et une violence que je n'ai jamais retrouvées nulle part. Le talent avec lequel il arrive à rendre compte de l'ambivalence de ses sentiments pour lui, mélange à parts strictement égales de tendresse et de haine, est proprement dingue. Céline m'a toujours semblé être un fou intégral qui arrivait, par on ne sait quel miracle, à se raisonner intégralement. Son style est tout entier secoué par ce combat interne d'une impitoyable férocité (d'où, selon moi, sa ponctuation si particulière, son rythme, ses syncopes...)