Economie- La crise économique
- Ediauphile
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L'aveuglement et l’extrémisme de certains syndicats ne doivent pas être amalgamés avec l'aide que procurent nombre de ces derniers au quotidien (notamment les aspects juridiques comme l'as dit JXH), de la même manière que la patron d'une pme/l'entrepreneur ne peut être comparé à un dirigeant de société cotée au CAC 40.
Sachant que, généralement, les syndicalistes extrémistes sont souvent un contrepoids aux "entreprises extrémistes" ou seuls les apporteurs de capitaux (actionnaires) sont rémunérés ("surenchère" logique somme toute)
Il est normal qu'ils le soient, mais la balance est bien souvent vraiment, vraiment trop déséquilibrée dans ces dites entreprises ou l'aspect financier prédomine (conseil d'administration qui vire les patron qui ne leur file pas la part du lion).
Du coup cela crée un cercle vicieux très difficile à briser
Même si leur utilité et leur marge de manoeuvre peut être discutée (attention, je n'ai pas dit "discutable"), leur simple présence en tant que contre pouvoir est importante.
Il suffit aussi d'ouvrir un code du travail pour voir qu'il en est quand même régulièrement fait mention de syndicats/représentants du personnel et qu'à la lecture du code, ils apparaissent comme un élément important de l'entreprise
Enfin c'est mon point de vue (sans considération politique aucune et en essayant d'être le plus objectif possible)
Sachant que, généralement, les syndicalistes extrémistes sont souvent un contrepoids aux "entreprises extrémistes" ou seuls les apporteurs de capitaux (actionnaires) sont rémunérés ("surenchère" logique somme toute)
Il est normal qu'ils le soient, mais la balance est bien souvent vraiment, vraiment trop déséquilibrée dans ces dites entreprises ou l'aspect financier prédomine (conseil d'administration qui vire les patron qui ne leur file pas la part du lion).
Du coup cela crée un cercle vicieux très difficile à briser
Même si leur utilité et leur marge de manoeuvre peut être discutée (attention, je n'ai pas dit "discutable"), leur simple présence en tant que contre pouvoir est importante.
Il suffit aussi d'ouvrir un code du travail pour voir qu'il en est quand même régulièrement fait mention de syndicats/représentants du personnel et qu'à la lecture du code, ils apparaissent comme un élément important de l'entreprise
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la seule force des syndicats allemands c'est le nombre de leurs adhérents et de leurs électeurs
le reste ce sont des foutaises
C'est ainsi que considerer la CFDT par exemple mais aussi la CFTC la CGC comme des forces politiques est un non sens, pire une grosse bêtise.
La cas de la CGT est plus complexe mais dans l'entreprise au moins et je bosse pas pour le charcutier du coin mais dans un groupe important la politisation si elle existe n’empêche pas les gens de faire leur boulot
en passant quand Parisot cause elle fait pas de la politique elle ? ; elle défend pas une position libérale qu'on peut approuver ou désapprouver certes mais qui est éminemment politique ?
le reste ce sont des foutaises
C'est ainsi que considerer la CFDT par exemple mais aussi la CFTC la CGC comme des forces politiques est un non sens, pire une grosse bêtise.
La cas de la CGT est plus complexe mais dans l'entreprise au moins et je bosse pas pour le charcutier du coin mais dans un groupe important la politisation si elle existe n’empêche pas les gens de faire leur boulot
en passant quand Parisot cause elle fait pas de la politique elle ? ; elle défend pas une position libérale qu'on peut approuver ou désapprouver certes mais qui est éminemment politique ?
There's a dream I keep having, where my momma comes to me
And kneels down over by the window, and says a prayer for me. Got my own way of praying, but everyone's begun With a southern accent, where I come from
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- barz13
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MerciEdiauphile a écrit :L'aveuglement et l’extrémisme de certains syndicats ne doivent pas être amalgamés avec l'aide que procurent nombre de ces derniers au quotidien (notamment les aspects juridiques comme l'as dit JXH), de la même manière que la patron d'une pme/l'entrepreneur ne peut être comparé à un dirigeant de société cotée au CAC 40.
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Dz, aucun sport, je juge ce que je vois ici chez moi, et pour ce qu'ils ont servi ici. Mal informé, ben voyons. Certains bossent, la grande majorité, chez moi je le répète, ne serve à rien.
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- manwalk
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Ah si, à servir leur propre cause, ça va plus loin. Ou comme le dit lolo, pas plus.
La seule fois où j'ai fait appel à eux, on m'a demandé si j'avais ma carte de membre... alors les syndicats hein...
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- jxh
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manwalk a écrit :Ah si, à servir leur propre cause, ça va plus loin. Ou comme le dit lolo, pas plus.
La seule fois où j'ai fait appel à eux, on m'a demandé si j'avais ma carte de membre... alors les syndicats hein...
C'est tellement caricatural que c'est probablement vrai
Accessoirement ce n'est évidemment pas le fonctionnement normal
Mais bon cotiser auprès d'une organisation syndicale c'est aussi lui donner les moyens de mieux te représenter
D'ailleurs c'est déductible à concurrence de 66% des sommes payées de tes impôts
Bref chaque année ça me coûte quelque chose comme une paire d'intras très moyenne gamme ou un sans fuze d'occasion
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Jxh, je suis bien d'accord avec toi et dz, je ne souhaite pas faire polémique et généraliser. Néanmoins, c'est ma triste expérience d'avec les syndicats.
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je rejoins les propos de jxh meme si j'ai une mauvaise expérience aussi des syndicats (je suis ds une énorme boîte et la cgt regne en maitre, c'est rien que de le dire, sud fait un contrepoids mais à fond démago mais j'ai vu des syndicalistes honnetes sauver des personnes et rien que ca...
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Entre ceux qui, dès qu'on parle d'un peu plus de justice sociale, pensent égalitarisme et ceux qui ne voient dans les syndicats que des organisations politisées, ou ne servant qu'à la défense personnelle d'un salarié contre les abus...
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Et oui, un siècle en arrière on est revenu. Du pain, des jeux, plus de presse indépendante, des médias trustés anxiogènes, des gens avec des boulets qui s'appellent, hypothèque, emprunt, crédit à la consommation —bref les banques les tiennent par les couilles— et voilà le résultat. Plus de mobilisations, chacun à trop à perdre. L'illusion du confort, de la sécurité.
La lutte pour la liberté, plus de justice sociale, oui, oh... Mais où est passé Bertold Brecht ?!
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Voici une illustration de l'utilité du syndicalisme même si ici, ça va très loin, on se croirait dans un film...
http://www.20minutes.fr/article/1067127 ... or=RSS-176
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Une syndicaliste d'Areva agressée et séquestrée à son domicile
Créé le 19/12/2012 à 12h03 -- Mis à jour le 19/12/2012 à 14h32
FAIT DIVERS - Selon «Libération», elle se serait intéressée d'un peu trop près à un accord de coopération passé avec un électricien chinois...
Cagoulée, bâillonnée, ligotée, séquestrée. Maureen Kearney, secrétaire CFDT d’Areva, a été victime d’une agression, lundi, à son domicile d’Aufargis, dans les Yvelines, indique Libération ce mercredi.
D’après le quotidien, la syndicaliste a été surprise par son agresseur lundi matin, vers 7h, alors que son mari venait de partir. Attaquée par derrière puis saucissonnée à un fauteuil, la femme a entendu cette menace: «C’est le deuxième avertissement, il n’y en aura pas de troisième».
«Les relations avec sa direction s’étaient fortement dégradées»
Le lien entre cette agression et les fonctions syndicales de Maureen Kearney n’est pas pour l’heure établi, et des proches de la victime ont été entendus, mais des soupçons pèsent. Les gendarmes en charge de l’enquête se sont ainsi immédiatement rendus dans les locaux d’une filiale du groupe nucléaire, la SGN, au sein de laquelle travaillait la victime avant de ne s’occuper que de ses fonctions syndicales.
Selon Libération, la femme s’était ouverte récemment de problèmes professionnels. «Les relations avec sa direction dans le cadre de son mandat syndical s’étaient fortement dégradées, et avaient pris un tour presque personnel», indique ainsi au journal un de ses collègues. Et la femme avait déjà été l’objet de menaces téléphoniques ces dernières semaines. «On lui a dit de ne pas se mêler de ce qui ne la regardait pas», raconte encore un collègue au journal.
La syndicaliste était notamment préoccupée par un dossier: L’accord de coopération secret entre le PDG d’Areva, celui d’EDF et l’électricien chinois CGNPC, à propos de la conception d’un nouveau réacteur. Les syndicats avaient demandé au PDG d’Areva, Luc Oursel, qu’il communique le texte de l’accord, sous menace de poursuites judiciaires. L’agression de Maureen Kearney intervient ainsi peu de temps après une lettre de mise en demeure, préalable à une assignation en justice.
Areva veut poursuivre Libération en justice
Interrogé par l'AFP, Michel Toudret, le délégué central CFDT Areva NC, s'est refusé à faire le lien entre l'agression dont a été victime Maureen Kearney et l'accord en question. Il a confirmé l'inquiétude des syndicats à propos de cet accord entre les trois sociétés, craignant des transferts de technologies, mais a indiqué ne pas trouver de raison à l'agression de sa collègue. Il a toutefois confirmé que Maureen Kearney «recevait des coups de téléphone de menaces» depuis quelque temps qui n'ont pas été pris suffisamment au sérieux, selon lui.
Dans un communiqué, Areva indique avoir «appris avec consternation l’agression violente dont a été victime à son domicile Mme Maureen Kearney» et être «en contact avec (sa) famille pour lui apporter tout le soutien du groupe et lui exprimer sa solidarité dans cette douloureuse épreuve».
Par ailleurs, le groupe «annonce son intention de poursuivre en justice le quotidien Libération pour le traitement diffamatoire qu’il fait de cette affaire (...), en indiquant par des raccourcis et des parallèles douteux qu’Areva pourrait avoir une quelconque responsabilité dans l’agression de l’une de ses salariés».
- E.O.
Donner, c'est donner, repeindre ses volets.
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Ha, nucléaire et démocratie, vaste sujet . Quand des milliards sont en jeu, les grains de sables...
...pendant ce temps, à Fukushima ... très gros grain de sable ... qu'ils s'efforcent de faire oublier...
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Allez je vais un peu faire revivre ce topic que j'avais laissé pourrir avec un site que j'aime beaucoup : Demonocracy, qui par ses réalisations graphiques vaut mieux que bien des discours
Ici c'est l'assurance des dépôts qui est le sujet , et comme en france, c'est un bonne ( si on peut dire ) blague...Ca donne le vertige en tout cas
http://demonocracy.info/infographics/usa/fdic/fdic.html
Ici c'est l'assurance des dépôts qui est le sujet , et comme en france, c'est un bonne ( si on peut dire ) blague...Ca donne le vertige en tout cas
http://demonocracy.info/infographics/usa/fdic/fdic.html
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- Denis Gaudineau
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Voilà un article, à mon sens intéressant, sur l'évolution de la population à Paris et ses liens à l'évolution sociale et économique générale. J'ai commencé à lire le bouquin de cette géographe, plutôt pas mal pour l'instant .
http://www.humanite.fr/societe/anne-cle ... cia-551401
http://www.humanite.fr/societe/anne-cle ... cia-551401
Anne Clerval : "À Paris, le discours sur la mixité sociale a remplacé la lutte des classes"
18 Octobre, 2013
Dans Paris sans le peuple (1), la géographe Anne Clerval analyse finement l’éviction des classes populaires de la capitale. Ce processus, appelé gentrification, ne tombe pas du ciel. Il est autant le fruit de la métropolisation que de l’absence, au niveau local, de politiques publiques permettant aux classes populaires de se réapproprier la ville.
Reste-t-il encore des espaces populaires à Paris ?
Anne Clerval : On ne peut pas répondre à cette question dans l’absolu. En Île-de-France, comme à Paris, il y a toujours de moins en moins d’ouvriers et d’employés et de plus en plus de cadres et de professions intellectuelles supérieures. À l’intérieur du périphérique, ces derniers sont passés de 21 % en 1982 à 34 % en 2008. À côté de la bourgeoisie traditionnelle se développe une petite bourgeoisie intellectuelle, avec une surreprésentation des professions de l’information, des arts et des spectacles et des étudiants. Paris intra-muros concentre à elle seule 26 % de ces dernières à l’échelle du pays. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’employés ou d’ouvriers dans la capitale. Mais ils sont sous-représentés par rapport au reste de l’Île-de-France, ou même au reste du pays. À Paris, 20 % de la population des ménages sont des ouvriers ou des employés, contre 33 % en France. Il ne reste que quelques quartiers, comme Belleville ou la Goutte-d’Or, où ils sont encore surreprésentés par rapport au profil moyen de l’ensemble de la ville. Et encore, ces zones apparaissent à peine si on les compare au profil moyen de la région.
Cet embourgeoisement de la capitale a été rendu visible par l’apparition des « bobos ». Un terme que vous prenez soin de ne jamais utiliser dans votre livre. Pourquoi ?
Anne Clerval : Le terme « bobo », inventé par un journaliste réactionnaire aux États-Unis, n’a aucun fondement scientifique. Aucun chercheur en activité ne l’utilise. Je préfère utiliser les termes de gentrifieurs et de gentrification, qui ont été forgés en partie par un courant de géographie radicale anglophone. Cette notion désigne un embourgeoisement spécifique des quartiers populaires par remplacement de population et transformation matérielle de la ville.
Cette recomposition sociale est-elle la conséquence directe de la désindustrialisation ?
Anne Clerval : La désindustrialisation a plusieurs facettes. Les grandes villes des anciens pays industrialisés ne sont plus des centres de fabrication, sous-traitée aux pays du Sud, mais elles restent des centres de commandement stratégique (direction, conception, gestion, finance). C’est ce qu’on appelle la métropolisation, une nouvelle division internationale du travail qui entraîne la concentration des emplois très qualifiés dans les villes qui dominent l’économie mondiale. La gentrification en est l’une des conséquences. Mais ces recompositions macroéconomiques ne tombent pas du ciel. Elles résultent de choix politiques.
C’est-à-dire ?
Anne Clerval : L’ouverture des frontières et la libre concurrence ont été mises en place par les États à travers l’Union européenne ou l’OMC. Au niveau local, la désindustrialisation de la région parisienne a été accompagnée par la politique de décentralisation industrielle dès les années 1960, favorisant le contournement par l’espace des bastions ouvriers les plus syndiqués à l’époque. S’en est suivie une volonté de « tertiariser » la capitale dans les années 1970, symbolisée par l’édification de la tour Montparnasse. Pour autant, d’autres politiques publiques ont plutôt retardé la gentrification à Paris. Le contrôle des loyers par la loi de 1948 a freiné la spéculation immobilière jusqu’aux années 1980. Avec une indexation des loyers sur la surface et la qualité des logements et non sur les prix du marché, ce système était autrement plus efficace que celui que promeut actuellement Cécile Duflot à travers le projet de loi Alur. Il explique en grande partie pourquoi la capitale française reste encore peu chère par rapport à des villes comme New York ou Londres. D’autre part, les politiques de rénovation par démolition-reconstruction menées par la mairie de droite dans les années 1980-1990 ont eu un effet ambigu. Si elles avaient pour but de faire des bureaux et d’élever le niveau social de la population, elles ont malgré tout conduit à la construction d’un parc non négligeable de logements sociaux, assurant le maintien d’une partie des classes populaires. Certains îlots de rénovation, comme le quartier Couronnes à Belleville, sont aujourd’hui classés en politique de la ville. Cette politique de rénovation a été abandonnée en 1995 avec le remplacement de Chirac par Tiberi et le passage à gauche de six arrondissements du Nord-Est parisien. À la fin des années 1990, la production de logements sociaux s’effondre et la mairie se lance dans une politique de soutien public à la réhabilitation privée à travers les opérations d’amélioration de l’habitat (Opah). Elle encourage aussi l’embellissement de la ville, y compris des faubourgs, avec la création de pistes cyclables, d’espaces verts, qui accompagnent la gentrification de quartiers comme la Bastille… Encore embryonnaire sous Tiberi, cette politique a été amplifiée par Bertrand Delanoë.
Depuis sa conquête de l’Hôtel de Ville, en 2001, la gauche a pourtant accéléré considérablement la construction de logements sociaux. Lors du dernier mandat, la majorité municipale a même dépassé ses objectifs de construction…
Anne Clerval : Il y a un vrai effort sur le logement social. En termes de budget, il est même difficile de faire mieux, sauf à augmenter les impôts locaux. Le problème, c’est que cette politique ne peut à elle seule lutter contre la gentrification et l’éviction des classes populaires. À Paris, où les terrains libres sont rares, on produit du logement social par la démolition, la réhabilitation de logements insalubres ou le rachat de logements préexistants. Avec ces opérations, on crée des logements plus grands et de bien meilleure qualité, mais, d’un point de vue quantitatif, on réduit le nombre de logements accessibles aux classes populaires. Si rien n’est fait pour garantir l’accessibilité du parc privé aux ménages modestes, 20 ou 25 % de logements sociaux ne suffiront pas quand on sait que les classes populaires représentent 40 % de la population des ménages en Île-de-France. D’autant plus que les logements sociaux ne sont pas tous destinés aux classes populaires. Un tiers des HLM créées depuis 2001 sont des PLS et s’adressent à des ménages dont les revenus sont supérieurs aux plafonds habituels, alors que seuls 5 % des demandeurs peuvent y prétendre. Dans une ville déjà bourgeoise, il faudrait en priorité créer des logements très sociaux (Plai). Et même imposer, comme le demandaient les Verts et maintenant les élus du Front de gauche, le remplacement de chaque logement dégradé par un logement social. Or, ce type d’opération engage des financements de l’État. Et ceux-ci sont toujours insuffisants, malgré le changement de majorité.
Anne Hidalgo a repris l’objectif des communistes d’atteindre 30 % de logements sociaux d’ici à 2030. Parallèlement, elle promet un « effort particulier sur les logements intermédiaires pour les classes moyennes et les jeunes actifs ». Les classes moyennes ne sont-elles pas, elles aussi, victimes de la gentrification ?
Anne Clerval : C’est faux. Toutes les statistiques montrent clairement que ce sont les classes populaires qui déclinent le plus à Paris. Contrairement aux idées reçues, les professions intermédiaires sont en progression régulière depuis les années 1980 (autour de 23 % des actifs à Paris aujourd’hui, une part proche de celle de la région et du pays). Les dirigeants PS de la capitale ne cessent de mettre en avant un déficit de familles, sans dire lesquelles. Ils reprennent aussi l’idée de droite selon laquelle Paris serait une ville « des plus aisés et des plus aidés ». Toute leur politique est destinée aux classes moyennes. La lutte contre l’éviction des classes populaires et la gentrification n’a jamais été affichée comme un objectif. Ils préfèrent mettre en avant la mixité sociale, un but à géométrie variable au nom duquel on peut construire à la fois quelques logements sociaux dans les beaux quartiers et des PLS dans les quartiers populaires. On agit sur la ville comme si elle était figée, comme si le rapport de forces n’était pas en défaveur des classes populaires, chassées de la ville depuis plus de vingt ans. Rechercher la mixité sociale dans les quartiers populaires, alors que la bourgeoisie résiste toujours à celle-ci, et avec succès, dans les beaux quartiers, cela revient à accompagner la gentrification.
Vous critiquez la mixité sociale, mais n’est-ce pas, finalement, une manière d’éviter une ghettoïsation de certains quartiers, de favoriser le vivre ensemble ?
Anne Clerval : Il faut remettre en cause ces idées toutes faites. Qui peut croire que l’installation de classes moyennes à la Goutte-d’Or va améliorer les conditions de vie des ouvriers et des employés vivant dans ces quartiers ? Proximité spatiale ne signifie pas redistribution des richesses. Elle accroît même, parfois, les difficultés. Les familles populaires installées dans les logements sociaux construits en bas des Champs-Élysées, en plein cœur du 16e arrondissement, pour beaucoup d’origine africaine, se heurtent à un racisme bien plus important qu’ailleurs, et perdent des liens sociaux nécessaires pour résister à la crise. L’éviction et la dispersion des classes populaires vers la périphérie entraînent aussi la perte d’un précieux capital social, des réseaux de solidarité, voire des réseaux militants, particulièrement denses dans la ville-centre et certaines communes de proche banlieue. Aujourd’hui, l’injonction au vivre ensemble et la mixité sociale ont remplacé la lutte des classes. Ce ne sont que les succédanés contemporains de la collaboration de classe et de la justification d’un ordre social inégalitaire prônées par le catholicisme social au XIXe siècle pour concurrencer le socialisme. L’hégémonie de ce discours et l’ethnicisation croissante des questions sociales désarment les classes populaires face à la gentrification, et compliquent le développement d’une solidarité de classe. Il n’y a pas de ghettos, ni de ghettoïsation, mais une paupérisation considérable des classes populaires dans le nouveau régime capitaliste d’accumulation flexible. La concentration spatiale des classes populaires a au contraire été historiquement un support d’émancipation par la révolte et la révolution, comme les quartiers noirs états-uniens ont été la base du mouvement pour les droits civiques : à charge d’une gauche de gauche de prendre au sérieux les ferments actuels de révolte dans ces quartiers au lieu de vouloir les supprimer.
Existe-t-il un contre-modèle pour faire le lien entre les moins fortunés des gentrifieurs, qui votent souvent Front de gauche, et les classes populaires ?
Anne Clerval : Pour cela, il faut d’abord poser la question du mode de production capitaliste de la ville. Pourquoi la capitale exclut-elle autant de personnes ? Parce que la production de la ville n’est pas faite pour satisfaire les besoins des gens. Elle vise d’abord à rentabiliser le capital, à immobiliser au sol les surplus de capitaux pour une rentabilisation ultérieure. La ville est un stabilisateur du capitalisme mondial. Lutter contre le processus de gentrification suppose de remettre en cause le capitalisme. C’est la condition nécessaire à la réappropriation de la ville par tous, et en particulier les classes populaires. Cela rejoint la proposition d’Henri Lefebvre pour le droit à la ville, autrement dit le droit collectif de produire et de gérer la ville, qui oppose la propriété d’usage à la propriété privée lucrative et remet en cause à la fois le pouvoir des propriétaires ou des promoteurs et celui des édiles au profit d’un pouvoir collectif direct. Cette lutte contre la production marchande et inégalitaire de la ville s’incarne, aux États-Unis, dans un mouvement appelé Right to the city. Cette coalition de collectifs locaux s’affirme clairement contre la gentrification, milite pour le droit au logement, ou se bat pour sauver un commerce populaire menacé par un promoteur… Une lutte multiforme qui permet d’ancrer la lutte des classes dans chaque quartier et de fédérer différentes luttes sectorielles au niveau local. Elle peut aussi inclure ceux qui fréquentent la ville, qui la font vivre, sans toutefois y résider. Parfois, ce sont d’anciens habitants qui continuent d’y passer du temps, comme à Château-Rouge (18e). La ville, longtemps réduite à la question du cadre de vie, peut être un levier aussi efficace que le monde du travail pour une prise de conscience anticapitaliste.
(1) Paris sans le peuple – la Gentrification de la capitale. Éditions La Découverte, 2013, 24 euros._____________________Qui sont les gentrifieurs ?
« La barricade de la rue Saint-Maur vient de mourir, celle de la Fontaine-au-Roi s’entête. » Ce livre sur l’éviction des classes populaires de Paris, issue d’une thèse, s’ouvre sur les derniers instants de la Commune décrits par Louise Michel. Ce n’est évidemment pas un hasard. Les transformations matérielles actuelles de Paris trouvent leurs racines dans « l’embellissement stratégique » d’Haussmann, et elles sont, comme à cette époque, le résultat du mode de production capitaliste de la ville. En menant ce travail abouti sur la gentrification, la géographe Anne Clerval permet de faire le lien entre la mutation de la ville et les rapports de domination, entre le changement de la rue et l’évolution du capitalisme mondial. Son livre, parfait révélateur des politiques publiques actuelles, écrase le mythe des « bobos », expression faisant croire à une catégorie homogène. À côté des « gentrifieurs stricto sensu », de catégories intermédiaires ou supérieures, propriétaires qui transforment leur logement, se trouvent aussi d’autres professions intellectuelles moins fortunés, souvent locataires, qui ne participent qu’à la marge à la gentrification. Ils sont souvent plus à gauche et plus critiques vis-à-vis du Parti socialiste.
Entretien réalisé par Pierre Duquesne
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