DarkZenith a écrit :"Par le bas", "primaire": un peu idéologique comme langage, non?
Déjà l'expression oxymorique de "développement durable" me donne des boutons: faute de ressources illimitées, aucun développement ne peut, raisonnablement, être "durable".
C'est une question de bon sens.
Il s'agit avant toute chose d'une analyse politique sur le mouvement écologique et ses variantes et non d'un énième bouquin à scandale pour faire marcher la machine à fric sur le fait de sauver le monde ou de dénoncer les méchants êtres humains en prenant des photos depuis un hélicoptère d'un putain d'oasis en cœur... Coucou YAB.
Pour revenir au terme développement durable, il s'agit avant toute chose, sur le plan scientifique du terme, de l'intersection entre le domaine de l'écologie, du social et de l'économie. Le terme développement durable, comme de nombreux autres, a été malmené par les politiques, les extrémistes, les abrutis et les autres.
Toutefois, il s'agit d'un consensus au sein même de sa définition qui est devenu un consensus du politiquement correct. Je ne participerai pas à un débat ou même une discussion sur le bien fondé ou non de ce terme, de son emploi ou de ce qu'il doit ou veut représenter mais afin de vous faire plaisir, je vais vous livrer une petite citation (qui est la première du livre) :
Louis Schweitzer, PDG de Renault¹ a écrit :Le développement durable n'est ni une utopie ni même une contestation, mais la condition de la survie de l'économie de marché.
Pour revenir à l'expression "l'écologie par le bas", il s'agit en fait de reprendre un expression courante dans le mouvement ouvrier français du XIXème siècle «
socialism from below» et «
socialism from above» employé par Hal Draper qui apporte cette distinction dans son ouvrage «
The Two Souls of Socialism». Tu remarques dès lors l'analogie avec le titre de l'ouvrage «Les deux âmes de l'écologie». Je terminerai par citer un passage du livre pour mieux comprendre la distinction apporté à l'écologie par en bas et pas en haut :
Romain Felli - Les deux âmes de l'écologie (p.13 à 15) a écrit :[...]Nous opposons ainsi les idées d'autonomie, d'autogestion, de décentralisation, de critique de la technique, de dépassement du capitalisme pour l'écologie par en bas, et centralisation, de planification, de technique, d'expertise pour l'écologie par en haut. Ces deux pôles structurent la pensée (et la pratique) écologique depuis son origine. C'est cette opposition que nous allons explorer. Ainsi, l'avènement contemporain du développement durable est à comprendre comme la victoire 'partielle et temporaire) de l'écologie par en haut sur l'écologie par en bas, et non la transformation de la seconde en première. [...]
Pour explorer cette opposition, dans la suite de l'ouvrage, nous utilisons la méthode des types-idéaux, qui vise à construire conceptuellement, des objets n'existant pas à l'état brut dans la société, en accentuant les différences et en creusant les écarts.[...]
[...] Il s'agira d'opposer les types idéaux de l'écologie par en bas et de l'écologie par en haut. Cette opposition entre deux types d'écologie prend tout son intérêt lorsque l'on précise que le type idéal de l'écologie par en bas s'incarne en réalité dans la tradition de l'écologie politique, et que celui de l'écologie par en haut, se traduit par le développement durable. Nous assumons cette simplification, en la justifiant avec l'espoir que l'analyse
des oppositions les plus saillantes entre ces deux pôles permettra de comprendre mieux les enjeux de l'écologie, et les choix politiques qui la sous-tendent ; ce que la comparaison des ressemblances ne nous permettrait assurément pas de faire. [/quote]
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¹ Interview
Enjeux Les Echos, mensuel, décembre 2004