Tout est parti d'une paire de mousses. Jeudi soir, avant de partir du boulot, j'ai appellé quelques magasins de HI-FI pour trouver des pads "L-cush" à mettre sur mon Alessandro MS1. Bonne pioche, l'auditorium parisien en avait en stock, et le vendeur avait même l'air cordial.
Arrivé sur place quelques minutes plus tard, on me sort la paire de mousse. Un vendeur se présente, Omer, et me demande ce que je pense du 325i. Je lui explique qu'en raison du coût excessif des Grados en France, j'ai un Alessandro. On tape la discute quelques minutes, il a l'air content de voir un jeune qui s'intéresse au son. Il me propose de revenir le lendemain avec des CD pour une écoute. Le rendez-vous était pris :-)
Vendredi
Je repasse au magasin, avec mes CD en poche. L'accueil est toujours aussi chaleureux, surtout que j'avais bien précisé que je n’achèterai rien :
- Bon, vous voulez écouter quoi? SR80, SR125, SR225, SR325?
- C'est possible de "jeter une oreille" aux RS1 et RS2?
- Oui pas de problème. Ah, je n'ai plus de RS2. Un GS1000, ça vous va?
Je pense que vous imaginez bien ma déception, être obligé de tester un casque de cette gamme :-P
On part donc dans la salle d'écoute pour casques. Omer m'installe un fauteuil devant la platine, me branche sur l'ampli Grado RA-1, et me laisse profiter de l'écoute.
J'introduis le CD "One by one" dans la platine, je branche le RS1 à l'ampli, et c'est parti pour la piste 1 ("All my life"), que je connais bien. Ce casque a du charme. On reconnaît bien la signature grado, ce son à la fois dynamique et précis. De souvenir, le son est plus équilibré et moins fatiguant que celui de la gamme "plastique".
Je passe à l'album "In you honnor", et à la chanson du même nom. C'est difficile de rendre cette chanson correctement, elle est très dense. Et le RS1 me déçoit, il n'apporte pas la clarté à laquelle je m'attendais.
Attention, je ne dis pas que c'est un mauvais casque. Mais j'en attendais peut-être trop à force de lire tests et feedback.
Bon, on va essayer le GS1000. Je remet la chanson au début, je branche le casque, et c'est parti. Je trouve le son étouffé. Il doit être plus dur à driver. Je change d'ampli pour un Musical Fidelity M1HPA.
WAOUH!!!
C'est cette sensation que je m'attendais à éprouver avec le RS1. Le son est terriblement net, la scène s'est élargie. Chaque instrument est bien audible de manière individuelle, sans perdre en musicalité. J'ai l'impression d'être au milieu des musiciens. Les basses son bien présentes, plus qu'avec le RS1, sans être baveuses. Quelle claque...
Fin de la chanson. Piste 2, No way back. Incroyable. Je redécouvre cet album. Je ne pensais pas qu'il pouvait y avoir une telle différence entre deux casques de cette gamme. On pense souvent que plus on monte dans les prix, moins l'upgrade est preceptible. Le GS1000 a dû être construit pour prouver l'inverse.
Fin de la chansons. C'est marrant, elle est passée plus vite que d'habitude. À ce moment, je pense encore que je vais remettre la piste au début pour l'écouter avec le RS1. Trop tard, première notes de guitare acoustique de "Best of you". Je reste scotché. Finalement il est bien ce casque sur ma tête...
Plein de bonne volonté, j'arrive à le retirer avant le début de "LOA". Je branche le RS1 sur l'ampli Musical Fidelity. Ah oui, la différence est flagrante. Le son me parait brouillon, les aigus m'agressent les oreilles. Ça veut dire quoi spacialisation, déjà?
Peut-être que l'ampli n'arrange pas les choses, je repasse sur le RA-1. Les aigus sont légèrement adoucis, mais pas de miracle. Quelle idée aussi d'essayer le GS1000?
Omer entre dans la salle, me demande ce que j'en pense. Il est d'accord sur l'ampleur du gap entre le RS1 et le GS1000. Il doit fermer la boutique, il est 19h00. Je suis tombé dans une faille spatio-temporelle, ou quoi?
Il me propose de revenir demain à 15h essayer le PS1000. Ça ne se refuse pas...
Attention, je tiens à modérer ces impressions. Le RS1 est un très bon casque, mais le GS1000 est clairement un cran au dessus (en terme de prix aussi). Ces deux casques ne sont pas comparables, c'était donc perdu d'avance pour le pauvre RS1.
Samedi
Retour à l'auditorium parisien vers 15h. Omer me ré-installe dans la salle découte, en compagnie du GS1000, du PS1000, et du Musical Fidelity M1HPA. J'ai ramené les mêmes CD que la veille, cette fois-ci je vais me concentrer sur l'album "In your honnor", qui a le mérite des comporter des chansons très heavy, mais aussi des pistes acoustiques.
Échauffement. Je branche le GS1000, afin de ne pas tomber dans la comparaison "de mémoire", et j'écoute la piste 1. La scène est toujours aussi large qu'hier soir. Ces basses rondes et précises, quel délice. Fin de la piste. J'ouvre la boite du PS1000. La finition et magnifique, le cuir et l'aluminium vont si bien ensemble. Je l'attrape, et constate son poids conséquent. Rien à voir avec son petit frère. Malheureusement, le confort s'en ressent : l'arceau appuie de manière désagréable sur le haut du crâne, et les rapides mouvements de tête sont à proscrire, sous peine de faire bouger le casque.
Piste 1, lecture. Dès les premières notes, on réalise qu'on a bien à faire à un grado, à ses basses sèches, à ses aigus précis et incisifs. La différence ressentie entre le GS1000 et le PS1000 est inférieure à celle entre le GS1000 et le RS1, car on gagne peu (pas?) en spacialisation. Par contre tous ces détails... Je me concentre sur le batteur. Un plaisir. Chaque coup est audible, la cymbale sonne parfaitement juste...
En contrepartie, l'écoute est plus fatigante, le son est plus agressif. Ajoutez ça à l'inconfort, et vous obtenez un casque taillé pour une écoute courte et concentrée. Je ne m'imagine pas porter ce casque plusieurs heures tout en faisant autre chose.
Bon, passons au deuxième CD, et à la partie acoustique de cet album. Le PS1000 est taillé pour ça, on imagine le guitariste pincer chaque corde. Les aigus et les medium aigus sont bien le point fort de ce casque. Est-ce grâce à l'aluminium?
Une heure est passée, il est l'heure de repartir. J'aide Omer à ranger les casques, on discute de la gamme grado, de mes impressions. Il me dit que le côté fatiguant du PS1000 s'atténue avec le rodage. A vérifier :-)
Il me fait aussi rêver, en parlant des installations HI-FI qu'il a fait récemment, d'ensembles à plus de 50 000€. Je repars de la boutique, la tête ailleurs.
Conclusion
On a bien a faire à deux gammes différentes. Le RS1, pourtant bon, fait pâle figure face à ses deux grand frères. Je trouve par contre les deux autres assez complémentaires, le GS1000 proposant une écoute colorée et reposante (un OVNI dans la gamme Grado), alors que le PS1000 mise tout sur les détails. Reste la question du prix : le PS1000 valant presque le double du GS1000, passer de l'un à l'autre méritera une réflexion approfondie.
Merci à Omer, personnage passionné et sympathique grâce à qui j'ai pu tester ces casques.