Si un terme ou une expression vous semble obscur le Lexique de test de Tellement Nomade est là!
Salut à toi l’ami(e),Avant que tu ne commences à parcourir ce que je nomme une « brève (?!!) de comptoir », j’aimerais t’en toucher deux mots.
Si tu es désireux de trouver toutes les réponses à tes questions, une analyse approfondie, de la rigueur, le pourquoi du comment par A+B, des données techniques, des courbes de réponses fréquentielles, et caetera. Je vais être franc avec toi, ce qui suit a bien des chances de te laisser sur ta faim ou pire, de t’ennuyer ferme. Ne te méprends pas, ta démarche est on ne peut plus légitime et je la respecte. Mais pour ma part, un retour d’expérience, alias feedback, ne saurait être assimilable à un test.
Si tu te décides malgré tout à aller plus avant, garde à l’esprit que même si cette « brève de comptoir » prendra parfois des allures de test dans sa forme et son déroulement, elle n’en est donc absolument pas un, à l’instar de toutes celles que j’ai écrites dans ce lieu et ceux qui l’ont précédés. Elle est le reflet de ce que je suis depuis un bon bout de temps et de ce que je suis attaché à demeurer : un amateur, un aficionado avec un peu, beaucoup de subjectivité, son lot de questions sans réponse, aujourd’hui empreint de ces certitudes qui ne seront peut-être plus celles de demain, mais toujours avec sa passion et sa sincérité.
Voilà, tu sais désormais ce qui t’attend, si j’ose dire. Le cas échéant, il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne lecture. Dans le cas contraire, je te souhaite de trouver prochainement ton bonheur dans cette quête du Casque idéal.
Isalula
… Dites, Goldring, à un hifiste amateur de platines vinyles ou de cellules et il dressera l’oreille. A contrario, dites, Goldring, à l’amateur de Casques que j’étais devenu et… Pschitt !
Donc, en découvrant des Casques estampillés Goldring en vitrine, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une marque aussi éphémère qu’exotique. Pire encore, même après avoir fait la corrélation, j’avais imaginé que cela était le fruit d’un rachat du nom par une firme dont la philosophie de conception et la qualité de production n’avaient plus aucun rapport avec la réputation de la marque. Un petit tour sur le Net plus tard et j’avais révisé mon opinion.
Bigre ! Je ne pensais pas que cette marque était aussi ancienne : 1906 ?! Cela dit, je vous rassure, le DR150 est quant à lui une production appartenant au troisième millénaire. Un Casque de conception anglaise… et de fabrication chinoise. Une démarche industrielle omniprésente à laquelle nous sommes désormais confrontés à travers la grande majorité des acquisitions que nous sommes amenés à faire dans notre vie quotidienne. Grosso modo, le DR150 est donc un modèle de conception électrodynamique, circum-aural, d’architecture semi-ouverte, à faible impédance (32 Ω) et de forte sensibilité (110 dB)
La Dame de mes pensées souhaitant s’essayer au Casque lors de soirées audiovisuelles, j’avais donc revêtu sans coup férir mon armure et enfourché mon destrier afin de battre la campagne, sans illusion dans cette quête à priori stérile vu l’offre pléthorique locale en matière de Casque Hi-Fi à l’époque. Cette rencontre était donc aussi inattendue que fascinante. Je décidais sans plus tarder de mettre pied à terre afin d’y tendre une oreille. Il ne s’agissait que d’une saine curiosité comme vous vous en doutez certainement, en dépit du buzz sur Head-Fi dont la teneur avait de quoi filer un frisson aux porte-monnaie des aficionados. J’aurais donc dû m’approcher de cette boîte à musique avec plus de prudence…
Voyons voir… Le design du Goldring DR150 tend résolument vers la sobriété et le classicisme. Il affiche un poids acceptable sur la balance (330 grammes) et jouit d’une certaine robustesse. Les matériaux qui le composent sont basiques (plastique mou et tissu) De facto, il est loin d’avoir la finition classieuse de mon Sennheiser HD 650, mais mettre le DR150 en lice face à lui serait inéquitable. Le Sennheiser est effectivement plus séduisant dans l’esthétique, plus raffiné dans le choix des matériaux, plus abouti dans la finition, mais il faut garder à l’esprit qu’il ne se situe pas du tout dans la même fourchette tarifaire.
Waouh… Chapeau bas pour la qualité de la connectique et du cordon : Un câble Qed asymétrique droit de 3 mètres monté en Jack 3,5 mm, et amovible pour couronner le tout. Le DR150 offre ici une ergonomie digne d’être comparée à d’autres Casques plus hauts de gamme. Je resterais juste un peu perplexe vis-à-vis de sa connectique native et de ses spécifications, celles-ci l’orientant davantage vers une source de type nomade alors que son architecture est clairement inadaptée à cet usage.
Aucun reproche à formuler quant à la stabilité et le maintien, mais le clamping rend son port inconfortable durant les premiers temps pour finir par atteindre un niveau correct. Encore une fois, le HD 650 fait bien mieux, le K340 également, mais au détriment d’une stabilité en deçà pour ce dernier. Enfin, j’émettrais un bémol concernant l’aisance relative au réglage en hauteur de son arceau.
En dépit du fait que le DR150 soit le modèle le plus « élevé » en gamme, son packaging est similaire aux DR50 et DR100 : Un boîtier plastique transparent dans lequel Casque, cordon et adaptateur Jack 3,5/6,35 mm sont enchâssés.
Associé à un lecteur MSB et à mon ampli Casque C.E.C. HD53 Ver. 8.0, le DR150 est impressionnant sur les B.O.F. d’inspiration Classique symphonique. Impressionnant par l’impétuosité de ses envolées, sa dynamique soutenue et sa cohérence. Bien sûr, j’ai entendu mieux en termes d’ouverture, de largeur de bande passante ou de raffinement des timbres, mais pas encore dans cette gamme de prix (en deçà de 150,00 €). On peut suivre la ligne mélodique de tel ou tel instrument assez facilement. La stéréophonie est assez marquée. Les graves sont impactés, exempts du moindre traînage. La palette de nuances qu’il révèle dans le haut du spectre fait son effet. Pour autant, il faut garder à l’esprit le rôle, très loin d’être négligeable, de la source : Une MSB Technology Platinum Reference CD Station II dans ce tableau aux allures un tantinet idylliques.
Vivacité, tenue et homogénéité : Le premier contact est donc plus que positif, même si je subodore déjà que le DR150 ne me conviendra pas pour des sessions de longue durée. Ce qui se confirmera dans un deuxième temps. C'est-à-dire en passant aux écoutes Jazzy et Folk, entre autres.
Damned ! Le charme n’agit plus du tout. Le DR150 est, de prime abord, desservi par son énergie. Là où j’attendais douceur et séduction, je reçois impétuosité et raideur. Mais surtout, quel que soit le temps passé en sa compagnie, je n’ai pas réussi à l’entendre restituer les labiales sans qu’il soit enclin à faire preuve d’une certaine sibilance.
Morceaux choisis…
John BARRY - out of africa - Edition Ultimate Master Disc - karen’s journey/siwaye
Le HD 650 me séduit davantage, porteur d’une ampleur et d’une assise accrues. La scène est plus profonde, plus large, les timbres sont plus charnels.
Le DR150 offre donc une alternative à laquelle j’adhère moins. Sa signature est moins riche de nuances, sa perspective plus étriquée, trop intimiste ici, et enfin, elle est empreinte d’une légère sibilance. J’en conclurais en précisant que si sa sonorité est plus dégraissée que celle du Sennheiser, elle n’en est pas atrophiée pour autant.
John BARRY - out of africa - Edition Ultimate Master Disc - i had a compass from denys
Comme je m’y attendais, le HD 650 n’a plus ma préférence. Certes, le Sennheiser fait preuve de puissance et de lyrisme, mais l’ensemble sonne un peu brouillon. Le DR150 prend aisément l’ascendant, à la faveur d’une signature tonale plus équilibrée. Un voile se déchire, l’image est moins développée mais s'avère plus précise, les instruments sont plus détourés, certaines harmoniques sont moins riches, mais gagnent en vivacité.
Victoria TOLSTOY - pictures of me - women of santiago
Ca « pousse » si je puis dire avec le HD 650, la restitution est pâteuse et la scène manque de relief. Le K340, doux et suffisamment transparent fait mouche. Sous réserve d’être bien associé, il reste bel et bien le Casque que je préfère dans ce style. Le DR150 me donne l’impression d’être mal à l’aise à force de faire preuve, à tout crin, d’une vigueur et d’une sécheresse inappropriées.
Loreena McKENNITT - the book of secrets - dante’s prayer
A nouveau, ça pousse fort, au détriment de l’aération avec le HD 650, lequel est affublé par ailleurs d'un registre bas-médium envahissant. Un trait de caractère imputable au câble Cardas Headphone avec lequel je l'ai équipé ? Sans surprise, le Sennheiser n’exhale pas une once d’acidité. On pourrait reprocher à l’AKG un manque de corpulence sur les chœurs, mais la sensualité dont il mâtine la voix de l’artiste supplante aisément le Sennheiser et, à fortiori, le Goldring. Le DR150 marque des points sur l’ouverture (chœurs) même si son image est moins ample. L’atmosphère empreinte de solennité s‘incarne davantage, les notes de piano qui s’égrènent sont judicieusement appuyées, même si davantage de fluidité ne serait pas malvenue. Les différents chœurs se détachent aisément les uns des autres. Une introduction globalement prometteuse qui sera ensuite altérée par des sifflantes lors de certaines envolées vocales s’échappant de la gorge de cette, ô combien, talentueuse diva du Folk Celtique.
Kenji KAWAI - avalon - voyage to avalon (orchestra version)
Le HD 650 ? Si l’écoute est reposante, les basses font preuve d’embonpoint. Ici encore, la scène n’est pas aussi aérée que je le voudrais, les échos sont moins bien retranscrits. Le DR150 ? Une fois encore, il s’impose dans son interprétation des chœurs qui composent l’ouverture. C’est aéré, transparent et ciselé. Les basses sont plus tendues que pléthoriques, dépourvues d’emphase. Mais, comme précédemment, certains passages d’emblée perfectibles, en particulier ceux de la soprano, feront l’objet d’une sibilance accrue.
Chapitre I - Page 01 du Manuel : Un Casque facile à driver ne signifie pas qu’il soit aisé à associer. Même si le C.E.C. HD53 Ver. 8.0 est moins transparent et moins droit qu’un Sugden Headmaster, il faudrait une bonne dose de rondeur pour tempérer l’âpreté qui se manifeste ponctuellement dans le haut du spectre. Ce qui n’est pas le moins du monde dans la nature de la MSB, source audiophile par excellence.
250 heures… Ce serait le délai nécessaire afin de s’affranchir de cette tendance à la sibilance, dixit certains Head-Fi’ers... Illusion ou réalité ? Je vous laisse juge du bien-fondé de cette théorie. Ce n’est pas le propos de cette brève de comptoir.
Pour ma part, je ne peux que supposer que le DR150 est très sensible aux maillons qu’on lui associe. Ne serait-ce que par sa tonicité naturelle. Rien de tel pour accentuer l’agressivité, exacerber les imperfections de mastering ou le caractère montant des maillons qui lui sont associés.
Une deuxième et éphémère rencontre l'année suivante me confortera dans cette opinion, pour s’être avérée infructueuse et ce en dépit d’une source beaucoup moins intransigeante. A savoir celle qui officie dans mon bar depuis cette époque, une Thule CD150B, d'une nature plus mélomane qu’audiophile, la MSB étant vraiment trop exigeante vis-à-vis des masters.
En résumé ? Le DR150 délivre un registre grave moins profond et plein qu’un HD 650. Son aigu est moins raffiné et son médium est bien moins séducteur que celui d’un K340. Je serais tenté de dire qu’il simplifie les deux extrémités du spectre. Son soundstage est en-deçà de celui de ses deux rivaux, plus stéréophonique. Sa présentation est plus frontale. Mais il m’a tout de même plu, durant un temps. Pourquoi ? Parce que ce qu’il peut faire, il le fait très bien. Associé, il est vrai, à une source de haut niveau, J’ai accroché d’emblée à sa spontanéité et à l’expressivité qu’il sait donner aux instruments lors d’écoutes de bandes originales d’inspiration Classique. Détenteur d’une belle franchise dans les attaques, Il a su faire naître l’émotion dans le cœur de l’auditeur que je suis, à l’instar de la restitution de la dimension dramaturgique, de la furia contenues dans the lord of the rings the two towers de Howard SHORE, et qui resteront dans ma mémoire comme l’un des exemples les plus édifiants.
Dommage qu’il n’ait pas su s’imposer davantage dans les styles que j’affectionne, par la faute d’une synergie qui aura brillé par son absence, probablement.
Headphone Road
Janvier 2007
Février 2008